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EAN : 9782322388196
112 pages
Books on Demand (05/01/2022)
4.5/5   15 notes
Résumé :
Pouvais-je savoir, ce jour-là, qu'une visite au Louvre par un sombre après-midi de novembre allait devenir un des moments importants de ma vie d'amateur d'art ? Deux lumineux petits tableaux de Johannes Vermeer avaient bouleversé ma vision de la peinture."La Dentellière" méditait sur son ouvrage et je ne voyais qu'elle et ses doigts si fins. Je flottais dans un monde où tout était facile, simple, à son image...
Enfermés dans mon musée, peut-être ressentirez-v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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"Deux petits tablaux-Si les oeuvres parlaient" - Alain Yvars - Nouvelles- Lu en juillet 2021.

Merci de tout coeur Alain pour m'avoir envoyé ton recueil de nouvelles avec une dédicace tellement délicate.

Alain Yvars n'est plus à présenter sur Babelio, sous le pseudonyme de jvermeer, cet amateur d'art pictural et pastelliste nous a déjà ravis avec ses précédentes publications.

Cher Alain,

Je suis entrée dans ton livre sur la pointe des pieds comme j'entre dans un musée où le chuchotement est de rigueur pour laisser en paix les âmes de ces merveilleux artistes qui nous ont laissé la beauté en cadeau.

Le Louvre, en voilà un lieu qui mérite que l'on s'y perde car les découvertes y sont nombreuses et tu m'en as fais découvrir quelques unes. Tu t'attardes sur "La dentelière" de J. Vermeer, ton peintre préféré avec Vincent van Gogh . Sa dentelière est d'une finesse inégalée, la sérénité et la concentration de la jeune femme sur son travail est absolument divine. Et puis, ô surprise, je découvre "L'astronome", que je ne connais pas. Là aussi c'est l'éblouissement. Cette lumière qui traverse la fenêtre pour se poser sur le globe terrestre attire aussitôt l'attention de mes yeux.

Et puis, me voilà transportée à Bougival en compagnie d'Auguste Renoir et de Rose si fraîche et si vivante, petite servante qui adore les plaisirs de la danse et quoi de plus naturel pour Renoir de la peindre en plein élan.
J'ai visité cet été sa maison, son atelier extérieur, son jardin... à Cagnes-sur-Mer. Vue imprenable sur la grande bleue, c'est d'ailleurs sous un cèdre du Liban, près des pins-parasol, des lauriers roses et des oliviers centenaires que j'ai lu ton livre accompagnée par le chant des cigales pour parfaire le tout et le soleil en abondance.

Mais je continue, me voici devant un Delacroix, et pas des moindres puisqu'il s'agit de "La Liberté guidant le peuple" relatant une page de l'histoire de France. Liberté représentée par une femme aux seins dénudés avec un enfant à ses côtés. Tableau qui comme tu l'écris, "ne manquera pas d' en offusquer plus d'un". Quel élan vers l'Espoir dans cette peinture !

Tout à coup, par je ne sais quel mystère, je me trouve aux obsèques d'Edouard Manet, entouré par ses amis, Proust, Zola, Monet, Stevens, Fantin-Latour, Théodor Duret, Rudolf Leenhoff son beau-frère qui sculpta sa pierre tombale. Berthe Morisot, au bras de Renoir est en grande détresse. Elle fut la muse de Manet, j'aime particulièrement "Berthe Morisot au bouquet de violettes" peut-être parce que la violette est ma fleur préférée, humble et poussant à l'ombre des arbres comme demandant leur protection.

Ensuite ? Et bien ensuite j'ai croisé le grand Jan van Eyck à Bruges, que l'on surnomme ici en Belgique la Venise du Nord. Son tableau "Le portrait des époux Arnolfini" est d'une austérité étrange pour une scène de mariage. Mais lisez le livre, vous en apprendrez plus !

Auguste Renoir, encore lui, m'attendait cette fois-ci à Montmartre, au "Bal du Moulin de la Galette" en galante compagnie, et plus particulièrement celle d'Estelle qui fût son modèle.

Un cri me sort de ma rêverie avec Renoir, celui de Vincent van Gogh qui se trouve à Auvers-sur-Oise peignant "L'église d'Auvers" sublime peinture qui si l'on prend le temps de s'y attarder devient "vivante", tourmentée comme l'était Vincent ces derniers temps. "Elle est devenue un être vivant. Elle a une âme ! - page 76. Vincent se suicidera peu de temps après avoir peint l'église d'Auvers.

Mais je me rends au pas de course vers des horizons plus joyeux sur "La montagne Sainte Victoire" auprès de Cézanne , accompagnée par les parole de la chanson écrite par Michel Berger "Cézanne peint" qu'Alain fredonne tout au long de la balade jusqu'à Aix-en-Provence, vibrante de lumière, où Cézanne vit le jour.

Quel voyage ! nous faisons un saut à Amsterdam pour retrouver J. Vermeer, et "La laitière" un petit tableau d'un quotidien qui pourrait paraître banal, mais que les pinceaux sous l'impulsion des doigts de Vermeer prend littéralement vie. le pain sur la table me donne faim. Ceinte de son tablier d'un bleu profond, elle accomplit ces petits gestes du quotidien avec beaucoup de grâce.

Et hop, Alain, en deux temps trois mouvements, nous voilà au cirque avec Toulouse-Lautrec, étrange peintre disgracieux qui s'adonne à la boisson pour oublier sa laideur. Il a peint plusieurs tableaux sur le thème du cirque, ma préférence va "Au cirque Fernando, Écuyère". Va-t-il sortir de son addiction, reprendre ses pinceaux ?

Me voilà à la fin de mon périple avec un peintre que je découvre pour la première fois, Jean-Siméon Chardin et son "Autoportrait à l'abat-jour", un pastel, par l'intermédiaire de François, pastelliste amateur, admirateur de Chardin, qui, persuadé de ne jamais arriver à un tel résultat, se décourage et ferme son coffret de pastels.

Cher Alain, j'espère que ce n'est pas toi ce François qui renonce, il faut continuer, pour toi, pour le plaisir de poser des couleurs sur le papier, pour l'évasion que cela procure, pour le rêve. Et pourquoi pas pour l'admiration d'un public ?

Après avoir lu "Que les blés sont beaux" avec bonheur, j'ai été conquise par "Deux petits tableaux" qui sous la plume élégante, poétique et raffinée d'Alain Yvars donnerait envie de découvrir la peinture au plus obtus .

Je souligne la qualité de coeur d'Alain Yvars qui consacre ses droits d'auteur à une association pour enfants afin qu'ils puissent réaliser un rêve.

J'espère bien encore pouvoir te lire Cher Alain. Sous ta plume, tous ces tableaux reprennent vie et m'ont parlé..





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Puisse le souvenir de vos « amis peintres qui [vous] ont conté ces récits » (et que vous remerciez page 111) être aussi vif que sera celui de votre livre, cher Alain, dans ma mémoire de lectrice !
Vous nous accompagnez avec une puissante passion et bienveillance certaine dans une découverte étonnante. On pose simplement des regards curieux sur vos reproductions en couleurs qui zooment parfois sur des détails et on se laisse porter par vos récits délicats.
Dans la série « Si les oeuvres parlaient », voici, après « Conter la peinture », un nouveau recueil de 11 textes consacrés à des tableaux plus ou moins connus.
Les « deux petits tableaux » sont deux oeuvres (majeures) de Johannes Vermeer, La Dentellière (De kantwerkster) tableau peint entre 1669 et 1670, exposé au musée du Louvre à Paris (huile sur toile, 24,5 × 21 cm) et L'Astronome (De astronoom), (huile sur toile, 51 × 45 cm), peint vers 1668, et actuellement conservé également au musée du Louvre, d'où le titre « Balade au Louvre ». Pour définir l'indicible émotion qui s'empare du narrateur à la vue de ces deux petits bijoux, celui-ci s'interroge tout simplement « comment deux minuscules tableaux pouvaient-ils provoquer un tel émoi ? » (p. 19)
C'est « l'esprit joyeux » que l'on aborde la suite : « Rose-Auguste Renoir ». Avec Alice et son amie Rose, le narrateur participe à une guinguette. Tous nos sens sont en éveil grâce à une description très vivante de cette fête.
Le troisième récit tourne autour du tableau d'Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple (1831), très pertinemment comparé par le personnage du baron Louis-Auguste Schwiter au Radeau de la Méduse de Géricault.
Dans « Un noir joyeux - Édouard Manet », c'est Berthe Morisot qui évoque le souvenir de cet « enfant terrible de la peinture moderne » (p. 44).
Lors de l'observation du tableau analysé dans le cinquième récit, n'oubliez pas les oranges (sur la table) !
On croise ensuite et à nouveau Auguste Renoir, ce « magicien de la lumière » (p. 69). Cet instantané d'un bal sur le butte de Montmartre est « féerique », en effet.
Moi qui aime tellement Vincent van Gogh, j'ai trouvé le texte sur L'église d'Auvers (1890) d'une grande subtilité dans l'interprétation.
Je crois que le tableaux qui m'a le plus impressionnée (sic !) est bien celui évoqué dans « Étrange mimétisme » où la montagne est comparée aux « courbes d'un corps de femme » (p. 82).
Concernant la « fabuleuse laitière » l'auteur nous démontre l'impressionnisme du peintre et nous met au passage l'eau à la bouche : « la croûte de pain paraît tendre, cuite à point. Ce pain croustille, monsieur ! » (p. 89).
Brève, mais salutaire rencontre avec Henri de Toulouse-Lautrec qui nous conduit au cirque avec l'avant dernière oeuvre. le narrateur est Thadée Natanson qui parle également de son épouse Misia Sert. Nous constatons avec lui que « de chaque dessin [effectué de mémoire], une perfection hallucinante se dégageait » (p. 97).
Le dernier récit est le plus triste à mes yeux. En marge de l'Autoportrait à l'abat-jour (1775) de Jean-Siméon Chardin, l'auteur évoque l'histoire de François et de ses pastels (des bâtons de toutes les couleurs), avec en filigrane des notions de désir de perfection, de besoin d'outils appropriés et même de sacrifices consentis par l'artiste.
C'est lumineux et subtil, c'est agréable et surprenant.
À lire et faire lire sans compter !
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Deux petits tableaux, Si les oeuvres parlaient… Plus que le titre du livre d'Alain Yvars, c'est le sous-titre qui fournit la clé du livre, c'est lui qui dévoile l'ambition, à la fois modeste et folle, qui l'anime : faire parler les oeuvres de quelques uns des plus grands peintres de l'histoire de l'art en onze récits, onze courtes nouvelles suggestives plutôt qu'explicatives, onze rêveries, onze évocations savoureuses… en se glissant dans le tableau.
Alain est tour à tour danseur, bohème, chien de compagnie, servante, muse et peintre, et nous voici transportés dans une guinguette en bord de Seine au milieu des rires des cousettes et des interpellations des canotiers, ou à Auvers-sur-Oise face au chevet d'une église « enveloppée d'un lourd manteau sombre qui la fait ployer », ou dans l'intimité d'une chambre à coucher inondée d'une lumière dorée, ou bien encore au pied de la montagne Sainte-Victoire reposant lascivement sous un soleil brûlant.
Qui n'a pas rêvé, en contemplant un paysage d'été, une partie de campagne, une scène de bal aux couleurs chatoyantes, d'entrer dans un Renoir? Qui n'a pas rêvé de se fondre dans les camaïeux de bleu d'un Van Gogh? Dans la lumière orangée et provençale d'un paysage de Cézanne? Dans les délicieuses scènes d'intérieur, paisibles et douillettes, d'un Vermeer?
Moi, j'en rêve depuis toute petite, depuis que, après être tombée par hasard chez un bouquiniste sur un lot de revues éditées dans les années soixante — Chefs-d'oeuvre de l'art - Grands peintres — ma mère m'a mis entre les mains les plus merveilleux des livres d'images. Des livres souples, peu épais mais solides, que je pouvais manipuler facilement sans les abîmer, que j'ai contemplés des dizaines, des centaines de fois sans jamais me lasser, attentive, réceptive comme seuls les enfants savent l'être. Sans préjugés, sans idées préconçues, sans volonté particulière, sans plan pré-établi, sans objectif à remplir. J'étais une page vierge, un oeil neuf, et ces peintures que des mains inconnues avaient tracées des dizaines d'années ou des siècles plus tôt, s'imprimèrent à jamais dans ma rétine. Les toits rouges de Pissarro, le mystère insondable des portraits de Manet, les aplats maritimes de Marquet, les cyprès tortueux de van Gogh, l'infinie délicatesse de la dentelière de Vermeer, les clairs-obscurs énigmatiques de Georges de la Tour, le monstrueux bestiaire de Jérôme Bosch, m'étaient aussi familiers que la vue que j'avais chaque jour sous les yeux depuis la fenêtre de ma chambre. En parcourant le livre d'Alain, j'ai renoué avec la sorte d'enchantement qui m'enveloppait, enfant, quand, me glissant dans les fabuleuses images, je découvrais des mondes si différents du mien, m'imprégnant de leur beauté, de leur poésie, de leur étrangeté sans le vouloir ni même le savoir.

« Grâce à l'art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu'il y a d'artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l'infini et, bien des siècles après qu'est éteint le foyer dont il émanait, qu'il s'appelât Rembrandt ou Vermeer, nous envoyant encore leur rayon spécial. »

Frappée par le rayon spécial qu'évoque Proust dans le temps retrouvé, j'ignorais alors combien ces artistes, combien leur regard allaient profondément et durablement modifier le mien. Les champs de coquelicot de Monet, les cyprès de van Gogh, les noirs de Soulages, les pins parasol de Cézanne…tout se passe encore aujourd'hui comme si leur vision, en se sur-imprimant à la réalité que j'ai sous les yeux, venait l'enrichir, la poétiser, la transcender. Grâce à eux, il m'arrive parfois, souvent, de voir la vie en vers et non plus seulement en prose.
Il m'arrive parfois, souvent, de penser que sans l'art, sans ceux qui le servent avec une humilité et une obstination sans pareille, sans la beauté qu'ils apportent au monde, la vie ne vaudrait pas d'être vécue.

« Il n'y a aucune raison dans nos conditions de vie sur cette terre que nous nous croyions obligés à faire le bien (...) ni pour l'artiste athée à ce qu'il se croie obligé de recommencer vingt fois un morceau dont l'admiration qu'il excitera importera peu à son corps mangé par les vers, comme le pan de mur jaune que peignit avec tant de science et de raffinement un artiste à jamais inconnu, à peine identifié sous le nom de Vermeer. »
Marcel Proust, La prisonnière
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Une jolie couverture au touché peau de pèche et une émotion intense à la vue de la Dentellière ont accompagné ma découverte du dernier livre d'Alain Yvars, « Deux petits tableaux », qui fait suite à « Conter la Peinture ». Vermeer ouvre majestueusement la visite du musée intime que nous propose l'auteur. Fascinante « Dentellière » qui crée un désir de méditation devant tant de délicatesse et de sérénité et qui ouvre la porte sur onze petites chroniques en relation, chacune, avec une toile de Maître.

Il appartient à la lectrice ou au lecteur de prendre, tout simplement, le temps de s'asseoir confortablement et de s'offrir le luxe de tourner les pages doucement, d'admirer les toiles qui sont illustrées et de se laisser porter par la voix du narrateur que l'on perçoit du plus profond de soi. Chaque tableau bénéficie d'un récit en corrélation avec l'oeuvre qui se trouve sous nos yeux et sous la plume d'Alain Yvars, les personnages s'animent, la magie opère, la mélodie narrative nous les rend plus consistants, plus proches de nous. Nous sautons les époques subrepticement et pénétrons auprès d'eux dans le tableau. Mais ce joli récit possède aussi une vertu pédagogique. Je ne pourrai plus admirer certaines toiles sans être accompagnée du texte d'Alain Yvars. Il sait nous enseigner à la fois l'histoire mais aussi la technique sous l'apparence d'un récit imaginaire sorti tout droit de son esprit vagabond. Il nous fait partager son regard d'initié.

Certaines toiles nous sont familières selon nos préférences comme celle de Delacroix « La Liberté guidant le peuple » ou Berthe Morisot et son extraordinaire sensibilité qui nous est devenue si proche au fil du temps ou encore « le bal sur la butte » de Renoir. Comment ne pas se laisser bouleverser à la vue de l'Église d'Auvers-sur-Oise de Vincent van Gogh. L'auteur qui le connait si bien, le laisse exprimer sa souffrance dans une très émouvante citation. Vincent se confie. Les mots, les pensées qui lui sont prêtés sous la plume de l'auteur, nous le rendent tellement accessible !

Mais la leçon que je reteindrai, c'est le mystérieux « Mariage italien à Bruges – le portrait des époux Arnolfini» de van Eyck. Au premier abord, ce n'est pas une toile qui m'attire mais à bien y regarder, avec le livre d'Alain sous le bras, moult détails et symboles apparaissent et c'est passionnant de découvrir le langage pictural de ce peintre flamand.

L'auteur nous offre une magnifique promenade au Louvre avec ce recueil. La Beauté nous a été refusée pendant tout ce temps où les musées nous étaient fermés, nous étions en manque, nous étions les orphelins de la Lumière « L'Art est la preuve que la vie ne suffit pas » - Cesare Pavese. Aussi, ouvrir ce recueil, c'est se laisser emporter là où les sentiments négatifs n'existent pas, c'est entrer en contact avec ses propres émotions, retrouver sa propre créativité, s'éveiller à son propre imaginaire.

Je remercie chaleureusement Alain Yvars de nous offrir un si beau voyage au pays de l'Art pictural sans oublier que ce dernier reverse ses droits d'auteur à l'association Rêves qui permet aux enfants gravement malades de vivre le plus beau jour de leur vie.

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Après l'édition l'an dernier de son premier recueil de nouvelles « Conter la peinture », Alain Yvars récidive, pour notre plus grand plaisir, avec onze petits textes additionnels, chacun consacré à une oeuvre majeure qui a marqué son parcours d'amateur d'art.


Cézanne, Chardin, Delacroix, Manet, Renoir, Toulouse-Lautrec, van Eyck et Van Gogh… Un pas devant tous ces maîtres, c'est Vermeer qui préside cet ouvrage, lui offrant son titre et sa couverture, et nous introduisant dans le musée personnel de l'auteur où il semble occuper la place d'honneur, à la faveur d'une émotion et d'une fascination inversement proportionnelles à la si petite taille de ses deux tableaux visibles au Louvre. La balade se poursuit de toile en toile avec la même force émotionnelle, et surtout en procurant la sensation magique de pénétrer à l'intérieur de chaque tableau, dans une scène rappelée à la vie le temps de quelques pages.


Invité à guincher au bord de l'eau ou au bal du Moulin de la Galette, enveloppé de l'odeur de poudre flottant sur les barricades, engourdi par les séances de pose où, pour quelques heures, se figent muses et modèles, le lecteur voit soudain les tableaux s'animer, leurs sujets reprendre vie et l'accueillir dans une tranche d'existence saisie sur le vif. Les fidèles d'Alain Yvars retrouveront un des plus beaux passages de son roman « Que les blés sont beaux », lorsque l'église d'Auvers se met à vibrer sous le pinceau de van Gogh. Je me suis personnellement attardée avec curiosité dans l'intérieur bourgeois des si désassortis époux Arnolfini, intriguée par les multiples lectures possibles de cette scène truffée de messages codés. Enfin, l'on sourit du texte de clôture, où le peintre amateur – alter ego de l'auteur ? - , se sent si petit face à ces géants de l'art.


Soulignons l'agréable toucher peau de pêche de la couverture et la qualité des reproductions en couleurs qui font de cette lecture un petit moment de bonheur, et il ne reste plus qu'à mentionner le reversement des droits de l'auteur à l'association Rêves qui soutient les enfants gravement malades, pour vous convaincre de découvrir ce petit ouvrage plein de charme.


Un grand merci à Alain Yvars pour la découverte de son dernier-né.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Je ressentais de l’affection pour Jan. Il avait toujours un mot gentil pour moi lorsqu’il venait. Un artiste célèbre : Jan Van Eyck, peintre de la cour de Philippe le Bon, notre duc de Bourgogne ! Les bourgeois de Bruges se l’arrachent. Tous veulent avoir leur portrait […]
Ce double me dérange ! Toute la journée je l’observe. Je ne supporte plus ce quadripède placé par Jan aux pieds des époux sur le panneau, tout petit, la queue en l’air, le poil long. Son regard amorphe surveille tous mes mouvements. […] Les chiens sont un symbole de fidélité et de prospérité, m’a dit Jan. […]
Chaque début d’après-midi, lorsque le soleil pénètre par les petits carreaux tout en haut de la fenêtre et inonde la pièce d’une lumière dorée, je m’installe confortablement pour regarder le couple immobile se tenant la main. […]
Elle, c’est Giovanna, la fille d’un banquier italien. […] Le peintre a su la mettre en valeur : superbe robe verte ourlée d’hermine. […] La coiffe blanche éclaire son joli visage poupin. […] Lui, c’est Giovanni Arnolfini. Il est riche et le montre.
[…] Aujourd’hui je suis seul. Mes maîtres sont sortis en ville […] Condamné à l’oisiveté, je me suis nonchalamment étalé sur le lit. Ce parfum… Chère Giovanna ! [...] Je l’aime. Toujours joyeuse, elle chantonne toute la journée malgré la mine lugubre de son nouveau mari. Heureusement il n’est jamais là.
Elle seule sait me caresser. […]
Décidément, cette peinture m’horripile ! Je ne comprends pas ma maîtresse qui accepte, passive presque servile, de poser ainsi sa main dans le creux de celle de cet homme qui va devenir son mari. […]
Je le trouve laid : profil chevalin, gros nez aux narines dilatées, yeux peu francs. De plus, il est maigrelet, les épaules étroites et tombantes. Ses mains blanches sont aussi fines que celles de sa femme. Je la plains…
Revêtu d’une tunique en velours, fourrée de vison, la teinte foncée du vêtement le rend encore plus triste… même macabre. Je n’ai jamais vu rire ce sombre personnage.
[…] Sera-t-elle heureuse avec cette brute qui ne cesse de me donner des coups de pieds dès qu’il me voit ? J’en doute…
[…] Pourvu que l'enfant ne ressemble pas au père ! *

* J’aime tellement cette nouvelle que j’ai fait un feu d’artifice de citations réunies en une seule ! Pour être fidèle au texte d’Alain Yvars, mon long extrait est criblé de crochets indiquant des coupures. C’est le chien, sorti de la toile de Jan van Eyck « Le portrait des époux Arnolfini », qui nous parle !
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Pourquoi ce barbouilleur s’intéresse-t-il tant à moi ? Je ne suis qu’une cousette, une habituée de ce bal populaire montmartrois. Deux fois par semaine, je m’y rends pour rire, danser, et débusquer parfois quelques margoulins pour finir la soirée. Est-ce ma robe rose à rayures bleues qui a plu à ce peintre ? […]
La robe rose de Margot écrasée contre son partenaire souriant béatement envoyait des reflets chauds sur son gilet. La polka avait réchauffé l'ambiance. […]
Je tentai de m’intéresser au tableau. […]
- Ces taches sont de la lumière, mademoiselle ! Regardez votre robe, Estelle, elle vibre : le tissu rayé de bleu clair et de rose mêlés est traversé d’ondes lumineuses. Votre visage me fait penser à ces larges corolles de fleurs ouvertes dans les champs, l’été. Cette toile est vivante, Estelle !
Ceux que je rencontrais habituellement ne me parlaient jamais de cette façon.


Nouvelle 6. Bal sur la butte – Auguste Renoir
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La danse… je n’avais jamais aimé… Il est vrai que le souvenir de ma première expérience de danseur me traumatisait encore. J’étais bien jeune, une quinzaine d’années, lorsque des amis vinrent me chercher un dimanche pour le bal organisé à l’occasion de la fête du village. Dès mes premières foulées maladroites sur le sol en terre battue, la jeune paysanne qui me faisait face se plia de douleur lorsque, sur un mouvement de jambes hasardeux, elle reçut mon sabot en plein sur le tibia que je faillis lui casser. Ce premier échec avait installé le doute en moi et je n’avais guère eu envie de renouveler l’expérience par la suite.
[…] Tranquillement assis, je me servis un verre de Chablis. Je me croyais revenu à l’époque déjà lointaine de ma vie où je traînais dans les cabarets parisiens, vers la Butte Montmartre. Je ne dansais pas mais j’aimais y retrouver cette gaîté débraillée, grossière er colorée. Cela sentait le vice et la débauche.

Extrait de la nouvelle « Rose – Auguste Renoir ».
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Les miches de pain sont peintes avec des teintes terre et ocre… Bien ! Mais qu’a fait l’artiste ensuite ? Avec la pointe du pinceau, il a rajouté sur ces couleurs de base un fourmillement de petites touches légèrement plus claires dans les parties ombrées. Dans les zones où l’éclairage est plus fort, le pain est éclaboussé de taches brillantes carrément blanches, juxtaposées, qui accentuent l’intensité lumineuse…N’est-ce pas de l’impressionnisme, ça ?[…]
Le procédé se répète sur le pot bleu foncé criblé de points bleu pâle et blancs. Les bords de la cruche rougeâtre sont perlés d’un blanc presque aussi vif que le liquide qui s’en écoule. Partout vous retrouverez la touche fragmentée : sur la table, la corbeille à pain, le tablier bleu de la femme, ses bras, son bonnet…

(Fabuleuse Laitière de Johannes Vermeer)
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J’aimais cet homme, ces moments d’intimité joyeuse où il me racontait tout ce qui lui passait par la tête, les longue heures de pose offerte à son regard malicieux, nos fous rires.
[…] J’aimais me rendre dans son atelier de la rue Saint-Pétersbourg où les odeurs de peinture et de tabac se mêlaient aux parfums des corps de femmes, des demi-mondaines venues poser avant moi.
[…] Je prenais plus de plaisir à venir poser dans le bric-à-brac de son atelier qu’à travailler dans le mien trop méticuleusement ordonné par ma mère qui ne supportait pas que je laisse traîner mes pinceaux, peintures et autres palettes.


(Extrait de la nouvelle 4, « Un noir joyeux – Édouard Manet », écrite à la première personne où le texte prête sa voix à Berthe Morisot.)
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