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La romancière Sylvie Yvert s'incarne en Elisa de Lamartine, anglaise née Mary Ann Elisa Birch, plus connue comme Marianne de Lamartine … dont le buste serait devenu le symbole de notre république lors de la révolution de 1848. J'avoue rester songeur si notre symbole national fut emprunté à la perfide Albion, mais après tout quand je vois le ministre délégué à la Citoyenneté présenter son projet « nous sommes Toutes Marianne » avec mission d'accoucher d'une figure plus « inclusive et transgenre » pour orner les timbres-poste, je me dis que le choix improbable de nos aïeux était sage et séduisant. « Au moins le souvenir » fait revivre avec passion Alphonse de Lamartine en se penchant plus particulièrement sur son rôle politique et les vingt années 1830-1850 qui virent le diplomate, après la mort de leurs enfants, s'orienter vers la politique et l'histoire en publiant « L'histoire des Girondins ». Ce qui lui façonna une image « républicaine et socialiste » et le propulsa au premier rôle lors de la chute de Louis Philippe en 1848 et la proclamation de la seconde république. Hostile au bonapartisme, le romantique suranné fut écarté et oublié sous le second empire et mourut dans la misère. En quatre cent pages, la romancière publie une biographie historique et littéraire qui rappelle ce que fut l'époque dans laquelle vécut Lamartine (né en 1790 à Mâcon ; mort en 1869), analyse l'évolution de sa pensée politique et rappelle la richesse et la variété de l'oeuvre de celui qui fut poète, romancier, historien et … perpétuellement contraint de publier pour régler ses dettes. Au fil des chapitres le lecteur rencontre Chateaubriand, Dumas, Hugo, Sand, Thiers et se régale de multiples anecdotes. J'ai autant apprécié cet ouvrage que le précédent « Mousseline la sérieuse ». Sylvie Yvert s'appuie sur de solides bases historiques et rédige d'une plume élégante qui restitue le style charmant et un peu désuet du XIX siècle. Ceci incite à relire Graziella et donne envie de visiter Milly pour retrouver « Laurence » et « Jocelyn », l'abbé Dumont, le précepteur De Lamartine. + Lire la suite |
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Son père était collectionneur de livres anciens, des ouvrages reliés qui tapissaient les murs de l'appartement familial. Loin de la dégouter de la littérature, c'est bien dans cet univers que Sylvie Yvert a construit sa vie après avoir apprécier les charmes de la haute administration.
En 2008, prouvant sa connaissance des grands courants littéraires, elle publie « Ceci n'est pas de la littérature », recueil de quelques-unes des critiques les plus acerbes des grands classiques.
Pourtant, il faudra attendre huit longues années pour retrouver Sylvie Yvert en librairie, dans un autre registre, le roman historique.
En 2016, elle connait un beau succès avec « Mousseline la sérieuse ». C'est le surnom donné par Marie-Antoinette à sa fille Marie-Thérèse, la seule qui échappera au massacre de la famille royale. L'originalité de la romancière : faire parler la jeune princesse à la première personne tout en étant rigoureuse sur la véracité historique et en respectant scrupuleusement la langue de l'époque. Suivra en 2019, « Une année folle », récit romancé de 1815, avec ces fameux Cent jours durant lesquels Napoléon et Louis XVIII se disputèrent le sort de la France.
Voilà le nouveau titre de Sylvie Yvert, « Au moins le souvenir » aux éditions Héloïse d'Ormesson. Poursuivant son exploration de la France du milieu du XIXème siècle, nous voici en 1862, quand Alphonse de Lamartine décide de quitter la vie publique alors que Louis-Napoléon Bonaparte, à qui il s'était opposé, bafoue allègrement les préceptes de la 2ème république. Sylvie Yvert choisit de nous raconter le destin de cet homme, connu pour sa poésie mais dont a été complètement oublié le rôle politique qui fut pourtant décisif pour notre pays. Plutôt qu'une biographie classique, Sylvie Yvert garde sa plume de romancière en donnant la parole à l'épouse De Lamartine, Marianne. C'est elle qui va nous raconter les heures glorieuses ou plus sombres de l'auteur des Lamentations.
Un personnage incroyable et injustement méconnu, une belle écriture, un procédé narratif original font de ce livre une vraie réussite. On ne s'étonnera donc pas qu'il ait été sélectionné pour le Grand Prix de l'Académie française.
Le livre de Sylvie Yvert « Au moins le souvenir » est publié chez Héloïse d'Ormesson.