C'est ça que j'apprécie dans les vacances ... Le ralentissement des choses. Toutes ces découvertes dans une si courte durée. La marche du temps se relâche comme dans un rêve.
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J'ai besoin de bruit. Je ne veux pas rester seule avec mes pensées. On ne peut pas leur faire confiance.
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le plus triste dans l'affaire, c'est que nous n'avons pris la route 66 qu'une seule fois au cours de nos déplacements pour Disneyland . John et moi, comme le reste de l'Amérique, avons succombé aux charmes des autoroutes plus rapides, des itinéraires plus directs, des limitations de vitesses moins contraignantes. Nous n'avons plus jamais songé à emprunter la route secondaire. A se demander si quelque chose en nous ne sait pas que notre vie va s'écouler plus vite que nous ne pouvons le concevoir. Alors, nous courons à l'aveuglette comme des poulets sans tête.
Le type qui prétend n'avoir jamais rencontré quelqu'un qu'il n'aimait pas, c'est qu'il n'a pas bien cherché. ( p 85 / 86 )
La vieillesse n'est pas un délit; du moins pas encore.
On est concerné par la disparition de ses parents, des proches, du conjoint, mais rien ne prépare à celle des amis. Feuilleter son carnet d'adresse les remet en mémoire: elle n'est plus là, il n'est plus là, ils ne sont plus là ni l'un ni l'autre. Des noms, des numéros, des adresses s'effacent. Et, page après page, pluslà,plus là. Ce n'est pas tant la personne elle-même que l'on pleure que sa jeunesse, la fête, les discutions animées et les verres trop nombreux, les longs week-end, les épreuves et les victoires partagées, les secrets échangés, les souvenirs que seuls nous deux possédons.
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"On peut se demander si c'est la meilleure idée possible. Ce couple de vieux débris, l'une avec plus de problèmes de santé qu'un pays du tiers-monde, l'autre sénile au point de ne pas savoir quel jour on est, partant sillonner les routes du pays.
Ne disons pas de bêtises, bien sûr que c'est pas une bonne idée".
- Je ressemble au poème de Longfellow, Le Naufrage de l'Hesperus, grogné-je.
John se tourne vers moi et dit :
- Je trouve que tu es belle.
[....]
- Tu me racontes des bobards.
- C'est vrai, mais je trouve quand même que tu es belle.
Maudit bonhomme. Comment ose-t-il m'aimer après tout ce temps ?
Le décor du restaurant est supposé évoquer les années 1950, mais rien ne ressemble à quoi que ce soit dont je me souvienne. A un moment donné, on s'est mis à croire que cette période se résumait aux socquettes, aux jupes évasées, au rock'n'roll, aux coupés Ford rouges, à James Dean, Marilyn Monroe et Elvis. Amusant de voir comment une décennie a été réduite à quelques clichés collectés apparemment au petit bonheur.
De la banlieue de Detroit où nous avons passé toute notre existence, nous avons pris plein ouest à travers le Michigan. Jusqu'à présent, la promenade est agréable, régulière et paisible. Le courant d'air, à la fenêtre, produit un sifflement muet et soyeux à mesure que les kilomètres nous arrachent de notre cocon. Les idées s'éclaircissent, les douleurs s'atténuent, les soucis s'évaporent, au moins pour quelques heures.