Dédale mortel

L'esthète des règlements de compte.

S.Craig.Zahler, un blaze sur mesure pour figurer sur des génériques de séries B, est une sommité dans la représentation de la violence et un portraitiste de l'instinct de survie. Chez cet auteur, l'homme descend plus du Tricératops que du singe.
Nourri par le cinéma de Sam Peckinpah et de Tarantino, ce romancier qui est aussi réalisateur, scénariste, compositeur et batteur, collectionne les dialogues décalés et des scènes très chorégraphiées. le bonhomme n'est pas avare d'hémoglobine mais il la consomme avec une paille.
Darren Taskin, son truand de héros, est un souteneur protégé par une organisation plus ou moins mafieuse. Plus que moins. Très organisé, beau parleur, prêt à élaborer les plans les plus alambiqués pour recruter de nouvelles filles, il a laissé la morale au vestiaire et la probité aux toilettes. Pour lui, il y a deux catégories de personne : les gens à priori honnêtes sont « Nord » et ceux qui sont en marge de la société sont « Sud ». Ses faveurs voisinent l'Antarctique.
Prudent à l'extrême, le proxénète ne manque pas de style et il évite de se salir les mains. C'est ce talent d'architecte de la magouille qui le rapproche du Dédale du titre et de celui de la mythologie Grecque. On l'oublie souvent mais Dédale a conçu le labyrinthe qui enferme le Minotaure.
Ses affaires vont se compliquer quand il recrute Erin pour jouer les hôtesses dans un de ses clubs, car la créature irrésistible va lui chauffer les sens. Erin sonne comme Ariane mais elle va rompre le fil et Taskin (Thésée) va devoir improviser. le mélange Boulot dodo, associé à des gugusses un peu soupe au lait et la rancune tenace d'un chasseur de dettes amateur de catch, vont dérégler la mécanique. Extorsion de fonds et distorsion d'os au programme.
Le héros de Zahler partage plus que des gènes avec le Parker de Westlake (quand il écrivait sous le pseudonyme de Richard Stark) et avec certains personnages d'Elmore Leonard. de belles références et Taskin ne fait pas pâle figure dans cette distribution de crapules. Même avec des gènes, il peut donc y avoir du plaisir.
J'ai beaucoup apprécié le rythme du roman, ses personnages qui traversent toujours hors des clous, qui vivent la nuit pour échapper au conformisme du jour.
Seul le dénouement m'a un peu refroidi… certes moins que certains protagonistes, mais si dézinguer une partie non négligeable du casting permet de faire des économies sur la masse salariale, le massacre va heurter les âmes sensibles. Adeptes de la pensée positive, gourous du développement personnel qui aiment enlacer des arbres et déguster du tofu, les livres de S.Craig.Zahler sont à éviter si vous ne voulez pas parasiter vos prochaines séances de méditation par des idées noires.
Cet auteur a la plume insolente. Il est allergique à la bien-pensance et aux gardiens de la morale. Cette irrévérence s'était déjà bien exprimée dans ses oeuvres précédentes.
Sur une trame finalement assez classique, l'auteur arrive à surprendre son lecteur par son inventivité, par des scènes qui squattent la mémoire pour un bon moment et un humour qui flirte avec un cynisme assumé. Une bonne cure de lecture qui n'est pas garantie sans oxydants.

Un rencard tant attendu : tu espères, tu te prépares, tu imagines déjà les shoots d'adrénaline et de bonheur à venir, tu as l'oeil qui scintille et les doigts qui frétillent, prêts à transmettre un max d'enthousiasme dans une chronique de feu. C'est l'effet S. Craig Zahler.

Et puis, ça ne se passe d'abord pas comme prévu : fini l'ambiance western des Chacals ou des Spectres, les chevauchées sanglantes, le combat contre le Mal, les déversements d'hémoglobine à faire passer Tarantino pour un enfant de choeur. Déstabilisation temporaire, perte de repères, début du doute.

Pauvre @jiemde, lecteur de peu de foi. Car sitôt la surprise passée, la sauce Zahler prend rapidement, comme d'hab' et les 550 pages de Dédale Mortel – traduit par Janique Jouin-de-Laurens – s'avalent d'une traite, avec une efficacité redoutable.

À Great Crown en Floride, Darren Tasking maquereau-raketteur-entrepreneur a peu à peu construit sa place au soleil, régnant sur plusieurs bordels, bars et tripots dont il relève les compteurs chaque fin de nuit en faisant la tournée. Un équilibre solide qui tient par la violence, le chantage et les intimidations, rarement effectuées lui-même mais sous-traitées à un réseau de seconds couteaux sans états d'âmes. Encore quelques années, et Darren pourra se retirer tranquille dans les Caraïbes.

Mais un grain de poussière imprévu va venir enrayer la mécanique à fric, lorsque la belle Erin Green rejoint l'écurie des putes de Darren. Petite cause, grands effets, tout va alors partir en sucette : Darren découvre qu'il a un coeur et baisse la garde ! Les ambitions peuvent s'exprimer, les alliances et protections s'inverser et la violence se déchaîner. Et me voilà rassuré : on est bien chez Zahler !

Dédale mortel est donc un bon cru à l'intrigue solide mais surprend. Zahler y semble apaisé et lève – un peu - le pied sur le déjanté, pour travailler davantage ses personnages, leurs faiblesses et leurs doutes, donnant l'impression d'un livre entre deux où il tenterait d'investiguer un ton nouveau. À suivre donc pour confirmation dans le prochain.

DÉDALE MORTEL de S. CRAIG ZAHLER
Summer vit de ses charmes, élève son fils Butch et vient de passer très près d'une expérience désagréable avec un client. Elle se dit que travailler seule est désormais trop risqué, elle contacte Darren Tasking, entrepreneur. Souteneur, joueur, escroc, ses affaires illégales étaient couvertes par un consortium auquel il versait 10%. Ce que Summer ne savait pas c'est que le mystérieux client qui l'avait terrorisée était Darren en personne, c'était sa méthode pour récupérer des filles qui travaillaient pour lui. Dans un bar topless, il admire Erin qui s'y produit et lui propose de travailler pour lui dans des bars. Elle hésite, peu encline à tapiner, mais juste après, des clients se plaignent, elle se fait virer et accablée par le montant de ses dettes, se tourne vers Darren. En échange elle lui demande de tenir à l'écart Chester, 2.00 mètres, 147kilos, dont l'outil de travail pour encaisser les dettes est …le marteau! Pas simple, d'autant que Darren se fait tirer dessus dans sa voiture. Mais qui peut bien en vouloir à un si brave garçon.
Zahler s'est fait une spécialité des vraiment méchants sans états d'âme. Après avoir exploré la noirceur humaine dans les coins isolés de la Virginie ou les confins du Mexique, il nous propose une plongée urbaine où l'homme ne semble guère plus enclin à une vie paisible. Excellent.

550 pages terminées à l'instant et super bien ficelées.

Darren, le souteneur, souhaite avoir Errin dans son équipe de belles de nuit et pour ce faire va user de subterfuges vraiment pas reluisants...
Mais il y a un hic, Errin est très, très attirante. le souteneur va être séduit mais malgré cela va surtout pensé aussi à sauver sa peau car au fil des pages on rencontre des personnages aussi dingues les uns que les autres. Des psychopathes dont le plus gratiné de tous étant Chester, un usurier hyper violent qui passe ses journées à récupérer du fric que la moitié de la ville lui doit. Et ce de façon particulière...

L'auteur utilise très rarement les prénoms des personnages. le souteneur, la belle de nuit..ce qui m'a permis de garder mes distances avec tous ces pourris.
Pas un pour rattraper l'autre. Seule Errin, prostituée, sort du lot à mes yeux.

Quant aux cent dernières pages, c'est du grand art. Tarantino bien sûr, tant ça défouraille à tout va. Tout va très vite, Je n'ai pas lu mais avalé les pages.
Les actions sont génialement trouvées. J'ai été bluffée et j'ai adoré. Par contre, faut s'accrocher car ce ne sont vraiment pas des enfants de coeur.

Gallmeister est vraiment une maison d'édition que j'apprécie.
Tout récemment j'ai lu l'île des âmes et aujourd'hui celui-ci. J'y fais vraiment de belles découvertes.

Dia bo lique...
Trop super ce Darren. ..on l'aimerait comme pote, discuter devant une pinte bien fraîche avec son copain le culturiste , bien sympa lui aussi. Bon, d'accord, c'est un mac, d'accord mais. .. Et puis y'a Erin, un canon! Bon d'accord il va la mettre au tapin, d'accord, mais elle y met du sien, quand même ...N'empêche que c'est un bon gars, regardez, il va même en tomber amoureux , c'est dire !
Et puis y'a les vilains , ceux qui récoltent les dettes pour les usuriers, ceux là il va se les mettre à dos, erreur !
Et puis y'a les méchants, les malfrats bien teigneux qui ne reculent devant rien pour lui piquer son pognon, jusqu'à lui buter son meilleur pote le culturiste. ..Alors là ça part en vrille gravos ,ça flingue, ça séquestre, ça torture , ça casse, ça broie,ça dissout, ça "met au courant ", chacun son tour, mais on a bien encore un peu mal pour lui...RIP.
Du grand art dans cette spirale infernale, d'un ton badin de promenade printanière au delà des portes de l'enfer. Chapeau l'artiste !!!

Darren Tasking excelle dans sa profession d'entrepreneur, comme il se qualifie vaguement lui-même. Task est un homme intelligent, séduisant, peu scrupuleux : il n'hésite pas à avoir recours à des moyens douteux pour arriver à ses fins, notamment pour recruter de nouvelles poules de luxe. C'est par un stratagème bien retors qu'il recrute la très jolie Erin, nouvelle star de ses belles de nuit.
Accompagné de son fidèle ami Nowski, il fait chaque matin la tournée des tripots et des bordels clandestins pour en récupérer les gains ; mais un jour de tournée pas comme un autre, le souteneur et le culturiste font une mauvaise rencontre…
Même si je n'ai pas trouvé dans ce roman l'extrême originalité et la force qui m'avaient totalement séduite dans les westerns de l'auteur, j'y ai retrouvé le style si particulier de S. Craig Zahler, en plus pondéré toutefois : le côté très cinématographique des scènes et du scénario remarquablement bien ficelé, l'hémoglobine et les hématomes en abondance, une bonne dose d'humour, les personnages charismatiques d'une belle épaisseur psychologique. Rares sont les auteurs qui peuvent nous faire pleurer sur les malheurs d'un affreux macho proxénète !
S. Craig Zahler semble donc réussir tout ce qu'il fait ! Même s'il frappe un peu moins fort que d'habitude, certaines scènes vont me hanter longtemps… et ça c'est tout bon !

J'avais adoré Exécutions à Victory et Une assemblée de chacals mais j'avais eu un avis très mitigé sur Les Spectres de la terre brisée. Dès lors j'attendais ce nouveau livre avec intérêt afin de savoir de quel côté mon avis allait basculer.

Sans avoir un avis aussi enthousiaste que pour les deux premiers titres, Dédale mortel a su plus me plaire que le troisième et j'ai ainsi pu renouer avec l'univers de cet auteur. Pourtant le pari n'était pas gagné d'avance car l'intrigue proposée n'avait pas forcément de quoi me séduire. En effet je ne suis pas une adepte absolue des histoires de malfrats mais l'auteur a réussi à me convaincre !

Ce livre nous présente un personnage principal charismatique et loin d'être manichéen, un antihéros très intriguant : Darren Tasking. Celui-ci gère un business lucratif et illégal, il a pu éviter tous les pièges et sa prudence en fait un homme redoutable et redouté. Néanmoins comme toujours dans ce genre d'intrigue un élément va mettre à mal les projets du personnage : l'arrivée d'une femme.

Il est clair que ce roman n'est pas très original et fait penser à beaucoup de livres et surtout de films du siècle dernier, c'est donc un titre assez nostalgique mais très efficace que nous offre l'auteur. Un livre où les personnages sont travaillés et mis en valeur. Même si ce livre fait plus de 500 pages (et on aurait pu douter que l'auteur réussisse à capter notre attention aussi longtemps sur une intrigue a priori déjà vue) je peux vous assurer qu'on ne s'ennuie pas une seule seconde.

En définitive, Dédale mortel n'est pas le meilleur roman de cet auteur mais c'est un livre efficace dans l'ensemble !
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