Un scénar qui avait tout pour plaire : D'abord du mariage glamour dans l'air, en plein far west, entre un ancien boxeur gangster, incognito, et la jolie fille naïve d'un shérif rigoureux ; puis une fête bien arrosée à coup de très minces délires ; enfin, une vengeance manigancée de longue, très longue haleine - de chacals - par des jumeaux à la langue bien… pendue ; Ça sent le souffre, tout ça, et les mauvaises nouvelles comme les péripéties vont se répandre telle une trainée de poudre au cours du roman. Parmi les invités, les anciens membres du gang du marié, venus incogni… Combien vous avez dit qu'on a lancé d'invitations à travers tout le pays déjà, pour ce mariage…? Des anciens membres du gang, donc, qui repérés pour repérés, viennent prêter main forte à ce qu'ils prédisent devenir une tuerie. Et les gangster, c'est bien connus, ont un sixième sens pour les emmerdes. Tant mieux, car les 5 autres vont être soumis à de rudes épreuves.
L'histoire est bien pensée et les personnages tiennent leur rôle. Certaines scènes deviennent d'anthologie pour être excellemment décrites, tel le bal avant le mariage, quand les notes de piano ponctuent tout ce qui se trame de beau comme de suspect dans le saloon. Mais (c'était trop beau, il manquait une étoile et demi de shérif). Que de violence, pour des vacances ! Ceux qui trouvent violents les westerns de
McMurtry, passez votre chemin.
McMurtry laisse toute la place aux histoires et vies de ses personnages, même les plus secondaires, pour faire respirer son lecteur et le cueillir en douceur par l'intrigue principale - qui finalement en devient presque secondaire. Et là où l'on s'attend à ce que ça dégomme à tout va, il nous surprend à nous intéresser à tout autre chose que ce pour quoi on est venu. Ici avec Zahler, vous êtes venus pour du western noir, vous aurez du noir.
Seule loupiote dans cette nuit d'encre, « La lune était une rognure d'ongle abandonnée sur un champ de coton, éclairant d'une lueur bleutée le rancher et le porche sur lequel il était agenouillé. » Pour le reste, noir, c'est noir ; Il n'y a plus d'espoir qu'un accident de décoloration survienne au rinçage. Ah pour ça, vous serez rincés ! Ça sort les armes et ça arrose, mais pas seulement ; à partir de situations et personnages originaux, l'auteur ne manquera pas d'imagination pour torturer son lecteur d'images sanguinolentes et de souffrances par procuration. On est loin de ma blessure de cactus dans « Les Rues de Laredo » !
A choisir, je repartirai plutôt avec
McMurtry. J'ai mis autant de temps à lire les 350 pages de Zahler que j'en ai mis pour lire les 750 de
McMurtry. La plume de ce dernier est plus coulante (ou la traduction, allez savoir). L'histoire prend plus d'ampleur, j'y prend finalement davantage de plaisir - ce qui est très subjectif puisque certains aiment ces deux auteurs. Zahler nous emprisonne dans l'unique direction qu'il donne à son histoire, et finalement je m'y suis sentie trop à l'étroit. J'ai aimé le découvrir, mais je m'en retourne trottiner vers d'autres horizons, voir si l'herbe est plus verte sur les plaines d'à côté. Par chance, c'est un one shot. Pas étonnant, mais je vous laisse en découvrir la raison… A lire pour les amateurs, mais âmes sensibles s'abstenir !