Un texte court, de 130 pages, d'une grande densité et intensité, sans rien de superflu. Cela se passe dans les années 30 du siècle dernier dans l'Union soviétique qui s'enfonce dans le totalitarisme stalinien. Nous sommes dans un endroit indéterminé, n'importe où dans le pays.
Anna, le personnage qui donne son titre au roman, vit chez les seuls parents qui lui restent, parents pas très proches sans doute, mais qui ont bien voulu la prendre en charge après la mort de sa mère. Nous sommes à la campagne, son « oncle », d'origine lettone, est un paysan aisé, trop aisé dans le pays des soviets, et la menace d'être dépossédé plane sur lui.
Anna est amoureuse d'un homme plus âgé, noble, qui n'est pas en trop bonne santé. Elle se décide à vivre avec lui, mais il décède, et elle revient dans sa famille, mais les menaces se précisent.
Une grande finesse dans l'analyse des personnages, une façon de les saisir par les gestes du quotidien, les petits incidents, les paroles banales et une écriture épurée, économe mais qui laisse la place à une forme de lyrisme discret, sans pathos, mais non sans émotion, font tout le prix de ce livre, beau et intense.
Boris Zaïtsev est décidément un écrivain remarquable et trop peu connu, tout au moins en France, où il a pourtant vécu de nombreuses années, jusqu'à sa mort. Je compte continuer à explorer son oeuvre, enfin ce qui est accessible.