« Antonia » est un premier livre qui mérite que l'on s'y attarde.
Gabriella Zalapì, peintre, artiste plasticienne réalise une oeuvre d'une belle densité, avec des phrases fortes, qui restent, de vrais choix littéraires et stylistiques. le sens de la construction narrative aussi, pour évoquer l'histoire d'Antonia, jeune femme palermitaine, mariée, avec un enfant et une situation apparemment enviable.
Gabriella Zalapì explique avoir choisi le genre du journal intime pour se sentir plus proche de son héroïne, et cela fonctionne tout autant pour le lecteur.
Pour en avoir parlé ici à deux reprises, je trouve dans ce livre des prolongements aux romans et nouvelles de
Maria Messina. La Sicile d'abord, puisqu'Antonia vit à Palerme, ville dans laquelle naquit et grandit
Maria Messina, et bien sûr, l'évocation du statut des femmes au sein de la famille italienne. Avec un décalage dans le temps d'environ un demi-siècle, qui permet de constater que la façon de considérer les femmes avaient bien peu évoluée. A ceci près que les héroïnes tragiques de
Maria Messina, cloîtrées, muselées, ne pouvaient rien oser contre leurs pères, ou leurs maris. Au milieu des années 1960, Antonia montre que le germe de l'émancipation commence à sortir de terre.
Mais ce livre est tout autant un regard sur le poids que peut représenter la famille, son microcosme parfois délétère, les souffrances qu'elle engendre et de là, une interrogation sur ce que nous devons faire d'une mémoire, d'une histoire familiale dont nous devenons un jour dépositaire. Pour Antonia, cette héritage agira comme un déclencheur.