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EAN : 9782889074112
176 pages
Editions Zoé (23/08/2024)
4.13/5   46 notes
Résumé :
Un jour de mai 1980, Ilaria, huit ans, monte dans la voiture de son père à la sortie de l’école. De petits hôtels en aires d’autoroute, l’errance dans le nord de l’Italie se prolonge. En pensant à sa mère, I’enfant se promet de ne plus pleurer. Elle apprend à conduire et à mentir, découvre Trieste, Bologne, l’internat à Rome, une vie paysanne et solaire en Sicile. Grâce aux jeux, aux tubes que les deux chantent à tue-tête dans la voiture, grâce à Claudia, Isabella o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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[Rentrée littéraire 2024]

On n'y fait peut-être pas vraiment attention au début, mais la photo sur la couverture est de ces flous que l'on obtient quand la mise au point n'est pas exacte. Ou n'est pas faite sur l'endroit où l'on aurait attendu qu'elle le soit. le point de fuite que dessine un ensemble de barrières basses conduit à une nuée d'enfants devant un bâtiment, une école sans doute. Des verts tendre font la végétation à gauche. Les chemises et robes claires comme de joyeuses taches de blanc. Au presque premier plan, la silhouette juvénile d'une femme, une grande petite fille peut-être, elle aussi tout immaculée vêtue. Elle regarde vers la nuée d'enfants, son corps tourné vers eux, sa tête encore davantage. Comme si elle nous tournait le dos ? Un écho au « ou la conquête de la désobéissance » qui fait le sous-titre de ce roman ? Une page intérieure indique que cette couverture prend une photo des archives personnelles de l'autrice pour base de composition.

Ilaria a huit ans en mai 1980 quand elle fait le cochon pendu dans un jardin. Juste avant que son Papa lui intime de se dépêcher, de le rejoindre car le programme a changé et il ne s'agit plus d'attendre Ana ici. Il parait qu'on se retrouve tous chez Léon à la place.

Les parents d'Iliana et Ana sont séparés. Leur père est installé à Turin. Elles en Suisse. Se retrouver au restaurant chez Léon évite qu'ils se disputent trop fort.

Mais ce jour-là, apparemment, la Maman d'Iliana a changé d'avis et ils ne se verront pas tous ensemble. A la place, son Papa l'emmène passer le week-end avec lui. Un week-end de quatre, cinq jours. Bien plus ensuite. Une escapade qui se meut en enlèvement dans l'Italie des brigades rouges, dans les années 80, dans l'égrenage de destinations variées et jamais définitives, les cabines téléphoniques où elle ne peut jamais parler à sa Maman. Des hôtels, des bars, des stations-services.

A vue d'enfant, dans le dénuement d'une observation qui ne peut se retrancher derrière rien de connu, les déchirements d'un couple, les dérives d'un père qui boit trop, même au volant, ses mensonges et ses dérobades. Ses larcins et ses grandeurs. La menace sourde de ses colères ou de ses tristesses. Les mois passent. Un peu de lumière et de chaleur ici ou là. Les vendanges en Sicile. Pas de tremolo, l'histoire suffit.

Des paragraphes très courts, pas de chapitre vraiment. Une errance, ça n'est jamais vraiment structuré. Des loyautés contradictoires, des adieux qu'imposent les adultes. Comment exister dans cette toile bien trop lâche et étouffante pourtant ?

C'est sans doute l'écriture elle-même qui apporte la plus précise des réponses, même si Ilaria, c'est le dessin qu'elle semble aimer. Et aussi coudre de petits livres et confier à Barillo, un énorme ours en peluche, les menus secrets qu'elle sera parvenue à préserver.

Un roman où notre savoir de grande personne ne servira pas à grand-chose sinon à constater avec plus d'acuité encore les dégâts causés, la violence profonde qu'infligent des adultes prenant un enfant comme champ de bataille. L'écriture de Gabriella Zalapì tout en sobriété et en concision n'en est que plus efficace pour instiller quelque chose du désarroi et du vide autour d'Ilaria.

Le livre refermé, je reviens à la couverture. Moins une désobéissance qu'une nécessaire prise de conscience que le choix de la mise au point joue beaucoup mais qu'il faut encore, pour la faire, savoir depuis où et sur quoi accommoder. Moins une conquête que la poursuite alors d'un point fixe depuis lequel chercher à voir. le travail d'une vie.
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Roman d'apprentissage délicat et percutant, d'une grande beauté.
 
« Tu sais, ta mère et moi… on s'aime. Mais on ne se comprend pas, elle dit que je l'empêche de vivre. Je ne sais plus comment faire. La vie avec elle est devenue impossible. Tu te souviens comment elle change d'humeur ? Comment elle change tout le temps d'avis ? le soir c'est oui, et le lendemain matin, c'est non. »
 
Ilaria est un texte court qui se lit d'une traite.
C'est un texte bouleversant, fort.
C'est un texte d'une beauté inattendue étant donné le sujet. Quel est-il justement ? Les parents d'Ilaria sont séparés. Lui habite en Italie à Turin, sa mère, elle et sa soeur Ana vivent à Genève. Les relations étant tendues entre adultes, les « retrouvailles » se déroulent au restaurant chez Léon.
Mais ce jour-là, tout ne se déroule pas ainsi. La mère a changé d'avis, et le père embarque Ilaria avec lui pour le week-end… qui durera deux ans.
 
« Je veux rentrer. Puis l'idée de quitter Papa me glace. Je ne peux pas le laisser seul. »
 
Le père embarque Ilaria dans un road trip sur les routes italiennes. Bars, hôtels, stations-service, l'alcool coule à flot, le nuage de fumée obstrue habitacle ou chambre. Et à chaque fois la recherche d'une cabine téléphonique par le père. Sauf qu'Ilaria ne peut jamais parler à sa mère, son père trouve toujours une explication, un mensonge…
Il y a l'internat, puis la maison de grand-mère et enfin celle d'Isabella, l'amie de cette dernière.
 
« Je dois me débrouiller seule. Papa dit que je suis grande, que je n'ai plus besoin de lui. C'est comme ça. Moi, avec mes neufs ans presque et demi, je me sens vieille. »
 
Ilaria apprend seule, Ilaria se construit à chaque rencontre, à chaque discussion, à chaque abandon de son père.
 
Les paragraphes sont courts, certaines pages majoritairement recouvertes de blanc. Cette construction traduit le vide, les silences auxquels est confrontée Ilaria, son incompréhension, ses doutes mais aussi sa naïveté de jeune fille de 8 ans. Elle pointe également la sobriété, la concision. le choix de la narration est également magistral : c'est l'enfant qui vit, qui voit, qui ressent et qui s'exprime. Humain, déchirant, émouvant, bouleversant.
Des télégrammes s'insèrent, s'intercalent entre les différentes aventures, augmentant tension et questions.
 
Ilaria ou la conquête de la désobéissance est un roman d'apprentissage qui marque durablement.
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Ilaria de Gabriella Zalapì est à paraître aux éditions indépendantes suisses Zoé pour la rentrée littéraire 2024. Dans la même collection sont déjà parus Antonia (2019, Grand prix de l'héroïne Madame Figaro) et Willibald (2022).

Ilaria est un roman court, en fait je dirais qu'il s'agit d'une nouvelle, du fait de l'intensité et de l'immédiateté de l'action, du nombre réduit de personnages et de la construction narrative qui fait que tout le récit, dès le début, tend vers sa fin.

C'est un texte très délicat, intime, qui relate l'histoire d'un kidnapping vu à travers les yeux d'une enfant. Son ton qui tombe très juste est un atout, tout comme son rythme de road trip, mais sa qualité principale tient à l'espace donné à l'enfance.

I/ L'enfance comme focale

L'enfant, Ilaria, est seul sujet de cette histoire. Les adultes gravitent autour d'elle et leurs motivations restent obscures. D'ailleurs il n'y a pas d'interrogation autour de ce qui motive le geste du père d'Ilaria.

Gabriella Zalapì a laissé ça de côté et il nous semble que c'était un bon choix, le meilleur à vrai dire.

Effectivement, le fait que la protagoniste est Ilaria et que l'histoire est racontée de sa hauteur, à travers ses yeux, sensations et sentiments, permet de donner un aspect de songe à l'histoire tout en la rendant tout à fait vraisemblable et même réaliste.

Une place importante est donnée aux liens qui lient Ilaria aux adultes, cette façon de dépendre de leurs gestes et de leurs mots. Cela devient cocasse quand par un effet de miroir, ce sont les figures adultes qui paraissent immatures.


II/ Être au monde comme un enfant

Ce parti-pris explique par ailleurs que le récit paraisse lacunaire mais cette “lacune” n'en est pas une. D'autant plus qu'en compensation, Gabriella Zalapì mobilise tout un système de “lumières” éclairant là où l'attention de l'enfant s'attache, s'arrête, s'écrase. Créant une certaine poésie.

Parallèlement à ça, le style est plutôt dépouillé, il y a une économie des mots qui sont pour autant très choisis, pesés, éloquents. le texte paraît très ouvert, y affleurent les sentiments de l'enfance, décrits avec pudeur. Il n'est en rien choquant ou racoleur. Et j'ajouterais aussi qu'il serait injuste de le réduire à une tentative de témoignage car il est littéraire.

Et ce côté très littéraire est annoncé dès le départ, avec le sous-titre du livre.

Parce que ce récit c'est celui d'un kidnapping mais c'est aussi une aventure version road trip italien, un apprentissage et une rébellion. L'enfance vagabonde d'Ilaria lui apprend la vie, l'amène à faire des rencontres déterminantes, l'incite à rêver d'autres existences et lui donne le goût de l'indépendance.

Ilaria ou la conquête de l'indépendance est un beau titre assurément, là aussi les mots sont bien choisis.

En résumé donc, Ilaria ou la conquête de l'indépendance est road trip original, pudique, sensible. L'enfance y est explorée dans sa temporalité propre, dans ses sentiments et dans ses liens _ notamment dans la relation parents-enfant mais pas seulement.

Gabriella Zalapì réussit à saisir un peu de la présence au monde des enfants, une présence au présent à la fois hégémonique, innocente, inconsistante, magique et déjà disparue.
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Je rentre d'Italie et le road trip de l'homme fou de douleur et de sa gamine m'a plu : l'errance, les haltes au hasard, le temps qui s'étire sans but ni fin comme en suspension… du nord au sud de la botte il s'éloigne physiquement tout en maintenant le contact d'une cabine téléphonique à l'autre, désespéré, acculé à la fuite et au chantage pour retrouver l'amour de sa femme.
Lecture sur une espèce de crête où à chaque page tout peut basculer d'un côté ou de l'autre. Ce qui donne au récit un mélange de suspense et de résignation.
Ilaria ou l'apprentissage d'une petite fille qui doit grandir loin de sa maman, de sa soeur, de sa langue, le français.
Ilaria ou le divorce à l'italienne d'un couple qui se brise en mille morceaux au mépris de la sensibilité de l'enfant qui subit la guerre parentale, victime à qui l'on demande de choisir entre l'amour de son père ou de sa mère.

La désobéissance affleure sans jamais vraiment éclore. Horizon intangible. Sable qui file entre les doigts.
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Road movie dans l'Italie des années 80. C'est Ilaria, 9 ans, qui raconte, qui raconte la route, les hôtels, son père. Touchant, émouvant, on ne peut qu'avoir de la tendresse pour cette petite fille qui atterrit du jour au lendemain dans le monde des grands. Elle écoute, elle comprend, elle se tait et confie ses secrets à son ours en peluche Birillo. Elle glisse quelques uns de ses mots d'enfants à l'intérieur de la peluche légèrement décousue. Nous ne pouvons que regarder les jours passer et attendre... Très beau roman
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critiques presse (4)
Bibliobs
04 septembre 2024
L’autrice d’« Antonia » confirme sa maestria avec ce livre à l’éclat métallique.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
SudOuestPresse
01 septembre 2024
Une œuvre qui brille d’un éclat irréductiblement singulier, qui organise un dialogue secret et durable entre son auteur et son lecteur. Une œuvre de soie, de moire. Un bijou qui, rentrée ou pas, sera à jamais plus que de saison.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LeMonde
23 août 2024
L’écrivaine et plasticienne s’inspire, dans ses romans, de son histoire familiale. Ainsi, dans « Ilaria », de la cavale italienne de la petite fille et de son père. Un récit teinté d’effroi mais, surtout, éclatant de sensibilité.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
23 août 2024
Quasi-cavale à travers l’Italie, Ilaria est aussi un très beau livre sur ce pays, non pas sur le mode de la description décorative ou touristique, mais à travers l’ellipse et la suggestion qui laisse deviner des paysages particuliers d’autoroutes, avec leurs Autogrill, leurs stations-service et toute une esthétique presque photographique s’accordant à la succession des saisons...
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Quand Isabella lit, elle coule à l’intérieur de sa respiration, ralentit, accélère. Chaque mot tombe dans mon corps, l’ouvre, l’engourdit. Des images défilent sous mes paupières. Je deviens mer, je deviens fil, je deviens baleine, je deviens sel.
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Je ne suis pas une victime, moi ! Je suis un grand emmerdeur ! Il avait pointé le mur et les affiches rouges d’où se détachaient des grosses lettres blanches Luttes ouvrières. Lutte des classes….
En regardant le panneau d’affichage, je ne peux m’empêcher de penser que lui aussi se rebelle, qu’il désobéit. Désobéir. Ce mot tombe en moi comme un caillou. Il me traverse tout entière. Quelque chose s’effondre, me vivifie. Si je veux, je peux moi aussi inventer des mots, comme ce panneau.
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Papa regarde la mer. Des fois je m’assieds à côté de lui et ensemble nous observons le vent soulever l’écume, la faire virevolter dans les airs. Il dit que j’ai grandi. Que mes genoux sont deux boules à mi chemin entre mes cuisses et mes mollets. Tout comme les flamants roses.

Je vais t’appeler comme ça maintenant. Mon Flamant rose.

Papa veut être gentil. Quand est ce qu’il recommencera à se fâcher ? Je me méfie. Un jour ou l’autre il explosera. Je sais qu’il n’a pas oublié ce qui s’est passé à Rome, ce qu’il a appelé ma trahison. Il est imprévisible. Le même mot peut provoquer chez lui deux réactions opposées. Rester sur mes gardes.
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Videos de Gabriella Zalapì (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gabriella Zalapì
Gabriella Zalapi vous présente son ouvrage "Ilaria ou La conquête de la désobéissance" aux éditions Zoé. Rentrée littéraire automne 2024.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3135532/gabriella-zalapi-ilaria-ou-la-conquete-de-la-desobeissance
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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