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Critique de Isa0409


La vie est un cycle éternel, perpétuel, sempiternel. Ainsi, le début d'une chose marque la fin d'une autre, et inversement. Si la vie nous a fait un cadeau, c'est pour reprendre plus tard ce qu'elle nous a offert jadis.

Cette histoire est celle d'un homme qui a fui son village, ravagé, saccagé, démoli puis brûlé, en y abandonnant sa femme, prise par les flammes, et en emportant leur petite fille, survivante de cette tragédie.
Le chemin vers la liberté et un monde meilleur est long, semé d'embûches, et ce père esseulé le sait, ce chemin requiert des sacrifices, de l'abnégation et du courage, mais sa petite fille, son étoile, est la seule lumière qui sera son guide vers le continent.

Alors les bateaux, les camps de fortune et autres formalités ne sauraient tâcher son ambition de survie. Et il faut parler de survie oui, car on ne peut vivre, on ne peut pas ré-apprendre à vivre après un tel drame, on ne peut que survivre, amputé de son âme soeur, de son unique amour, c'est pour elle, en sa mémoire, et pour le fruit de leur vie qu'il continue. Pour sa petite fille.

Et il a réussi. Oui, il a réussi à fouler le sol de ce continent dont le champ des possibles est infini, où, où que l'on regarde, les opportunités se bousculent, les changements s'opèrent, le mieux chasse le bien, tout ceci au nom du Bonheur. Sa fille aussi a eu sa chance, comme n'importe quelle petite fille ici. Certes, le quotidien n'est pas rose, il y a des jours difficiles dans la morosité du gris des cités mais après tout, ils sont en vie, et c'est déjà bien assez.

Pourtant, les choses ne prennent pas exactement la tournure que le narrateur aurait imaginé... Et s'il avait trop protégé sa fille ? S'il ne lui avait pas assez enseigné l'amour pour la vie, la reconnaissance, le bien tout simplement ?

Alors, mauvaises fréquentations, mauvais choix au mauvais moment, erreur de jeunesse et fougue adolescente deviennent les ingrédients d'un bien malheureux destin que l'on n'avait osé envisager.

Si seulement...

Dans Feu pour Feu, Carole Zalberg réussit le pari fou en seulement 72 pages de narrer l'histoire d'un père qui a bravé les pires épreuves et les plus grands malheurs de la vie pour le bien de sa fille comme seul objectif. Sa vie à lui pour elle. Cette vie et ces sacrifices qu'elle ignore, ces flammes auxquelles elle a survécu, ces terres foulées dans le noir, la peur au ventre, sans savoir où aller ni de quoi demain sera fait, ces camps sales, les regards qui blessent, la rage qu'on lit dans les yeux des autres. Tout ça pour quoi ? Pour vivre !

Ces flammes, disais-je, auxquelles elle a survécu et qui pourtant la rattrapent, tel un boomerang, je te donne et je reprends, et qui marquent la fin de sa liberté.

Un roman merveilleux et profond, qui explore différents thèmes très actuels : la migration, les drames, les génocides, l'égoïsme et la peur de l'étranger, l'inévitable cloisonnement et la marginalisation qui en découlent, et l'adolescence, sa stupidité, sa rage, son absence de fondement dans le réel, trop occupée à se créer une vie virtuelle, sans mesurer la portée de ses actes.

L'ignorance est un feu qui brûle tout sur son passage ...

« Cause in the darkness I hear somebody call my name
And when you realize how they tricked you this time
And it's all lies but I'm strung out on the wire
In these streets of fire »

(Bruce Springsteen - Streets of fire)



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