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Critique de SophieLesBasBleus


Elle dansait.
AVANT elle dansait et la vie ruisselait sur ses 13 ans. Un regard qui ne se détourne pas, et un homme au visage brûlé s'arroge le droit de s'approprier cette vie-là qui ne lui appartient pas. Il souille cette pureté-là, éteint cette joie, anéantit celle qui dansait.
"Par amour" croit celui qui, reclus dans son apparence monstrueuse, enferme la joie vivante dans une cave. Pour lui, cet amour justifie qu'il force Marie à l'aimer, qu'il la séquestre et la viole. C'est ce qu'il nous dit, ce qu'il nous affirme. Il aime tellement Marie et elle va l'aimer puisqu'elle n'a pas détourné le regard.
Mais la voix de Marie raconte la liberté confisquée, la chair entamée, le corps sali. En complète antinomie avec les certitudes fantasmées de son ravisseur, Marie décrit la réalité d'une prise de pouvoir inique d'un être sur un autre. Crûment. Brutalement. Et c'est insoutenable.
Comme sont insoutenables les images que fait surgir le récit parallèle d'autres enlèvements, d'autres viols, qui ne sont habillés, eux, d'aucune fiction. le roman de Carole Zalberg en devient un cri de colère, de révolte et d'effroi, un cri d'alarme. Ce regard porté par Marie sur un homme entre dans l'interminable et épouvantable liste des arguments insidieux invoqués par les agresseurs. Un regard, un geste, une apparence, une attitude, un mot... et la certitude masculine que cela vaut permission. "Nous sommes pour la plupart encore entre leurs mains".
Pourtant, prisonnière du délire et du désir de cet homme, Marie parvient à entretenir une étincelle vitale. Cette force inconcevable qui permet de résister au pire et de survivre. Et, en survivant, de dépasser les rôles de victime et de bourreau que d'autres ont distribués.
L'écriture de Carole Zalberg plonge au plus profond du cauchemar et parvient à dénicher cette flamme vivante. Cette flamme qui continue de danser. Comme Marie dans ma mémoire.
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