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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Mélissa - Mélie - petite fille qui grandit dans une famille tout en pudeur, presque trop, à tel point que cette retenue de sentiments pourrait faire penser à de l'indifférence.

Mélie aimée, mais à qui on ne l'avouera pas - toujours cette pudeur affichée - se voit enjoindre d'étudier, de travailler à l'école : il faut progresser, pour avoir un métier, "s'en sortir".
Ses parents "s'en sortent" eux, difficilement, quand la mère se fait gardienne de son intérieur où rien ne vit, le père se fait écho des propos amers devant les informations télévisées.

Alors Mélie se remplit la tête de connaissances, elle ne se la remplit pas d'idées, pas de ses avis qu'elle se forgerait, non, elle la nourrit pour réussir. Et elle réussit, - aux yeux de ses parents - elle intègre une classe prépa.

Là, un nouveau monde, là elle rencontre des jeunes comme elle, plus porteurs de savoir que d'opinions, même si certains fanfaronnent pour faire croire le contraire. Là, encore, elle réussit, même si les questions commencent à se poser, même si l'armure se fissure.

Dans la vie professionnelle, Mélie excelle dans la théorie, moins dans les relations humaines, peu habituée qu'elle est à laisser parler ses sentiments. Là voilà évincée, remerciée, pour ce manque de communication qui doit exister, si artificiel soit-il, dans le monde du travail.

Mélie erre, chancelle et rencontre , au milieu des petits boulots qu'elle endosse pour essayer de se raccrocher à la vie, une jeune femme qui l'emmène dans un groupe de réflexion, elle y rencontre Marc, plus âgé, homme sûr de lui qui professe idées et convictions. Mélie se sent regardée, elle existe à travers ces yeux séducteurs plus que porteurs d'empathie, ces yeux qui convoitent, à travers ces propos qui excluent davantage qu'ils ne rassemblent.
Elle fait siens les arguments de cet homme à qui elle veut plaire. Pour une fois, elle se sent réceptrice de sentiments qu'elle croit louables et sincères.

Quand au cours d'une manifestation contre la présence d'étrangers, de migrants, Mélie en première ligne de ceux qui accusent, apprend la mort – ses convictions nouvelles et les idées de Marc en portent la responsabilité - d'un tout petit que le froid a emporté parce que les portes lui étaient fermées, elle perd pied, s'effondre, se questionne enfin réalisant le côté superficiel de ses relations avec Marc, se reprochant de s'être laissée manoeuvré mais il est trop tard.
Alors elle fuit et sa fuite prend des allures de rédemption...


Carole Zalberg a le don de secouer les consciences d'en faire goutter ce jus noir, ce jus de l'intolérance. Elle parle de ces êtres qui ont reçu - ou reçoivent - tellement peu d'amour sincère ou, qui le reçoivent sans en prendre la valeur, qu'ils ne savent pas en donner à leur tour, de ceux qui n'écoutent pas l'autre et ne peuvent ainsi pas l'entendre, de ceux qui regardent les différences de culture comme une barrière là où sont enfouies des trésors à découvrir.
Ils se regroupent, se confortent dans des nationalismes qui excluent, dans une violence qui expulse, dans une attitude qui ne se nourrit que de rejet et d'amertume. Ils sont persuadés de leur légitimité, et d'ailleurs les moyens de communication actuels leur prouvent qu'ils ne sont pas seuls, et qu'ils fédèrent.

Mais Carole Zalberg entrevoit toujours la luciole qui brille dans les ténèbres, la possibilité d'un renoncement au poing fermé, une possibilité d'ouvrir cette main et de la tendre. Ecouter en silence, regarder l'Autre comme un être à protéger, être curieux des différences est toujours possible et bien plus enrichissant que nourrir le ressentiment encore et encore.

Mélie agace, Mélie attriste, on a souvent envie de la secouer , de la réveiller de cet aveuglement… Mais Mélie révèle, d'une certaine façon, le mal de cette société qui est nôtre. A force de "construire" des êtres que le profit et la consommation obnubilent, on les désincarne pour en faire des êtres privés de sentiment, d'empathie, trop égoïstes pour ouvrir les yeux sur l'Autre. Heureusement, il y a ceux qui résistent, détachés qu'ils sont du matériel bien souvent, plaçant souvent la nature au creux de leur existence et au milieu d'elle, l'Homme quelles que soient sa couleur, sa race, son ethnie, qui est toujours regardé avec bienveillance et dont on s'enquiert perpétuellement…

Un livre pour réfléchir.
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Dans ce roman,la narratrice s'adresse soit à nous, lecteurs " elle..." Soit à Melissa " tu". Cette forme de narration pose une distance qui incite à l'observation, à la réflexion,voire au jugement et n'ouvre pas à l'identification comme c'est souvent le cas dans de nombreux romans. Pourtant il interroge et nous ramène finalement à nous. Aurions nous agit différemment de Mélissa ? Est-il si facile de se perdre?
Melissa est née d'une famille modeste,peu cultivée mais elle n'en prend conscience qu'une fois partie pour faire de brillantes études. Ce décalage n'est pas sans rappeler le concept de névrose de classe si bien décrit par Annie Ernaux.
Elle ne trouve de place nulle part,et se heurte à son incapacité à assumer les responsabilités professionnelles qu'on attend d'elle. C'est dans ce profond mal-être et sentiment d'échec qu'elle se laisse aveugler par le gourou d'un mouvement politique aux pratiques et valeurs fascistes jusqu'à participer à une action dont elle portera la culpabilité à jamais. Son chemin ne s'arrête pas là et sa quête n'est peut-être qu'une quête d'amour et de réparation?
Ce n'est pas un coup de coeur mais cette lecture m'a marquée car C.Zalberg trouble,confronte le lecteur dans ses certitudes et joue avec tact de la distance avec son personnage et un rapprochement pour créer une sorte d'introspection.
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Carole Zalberg possède indéniablement une belle plume. C'est un réel plaisir de lire un auteur qui sait manier les mots.On se laisse facilement emporter avec l'héroïne, jeune fille si peu sûre d'elle qui se retrouve à suivre des personnes peu recommandables dont ce Marc, leader d'un groupuscule identitaire à la chasse aux migrants. Mélissa s'enfonce à son corps défendant dans l'obscurité de la haine meurtrière. Elle prend conscience de l'horreur de cette situation qui s'inscrit en filigrane dans le roman sans que cela soit clairement dessiné mais que l'on devine. C'est tout le talent de l'écrivain de présenter ce fait avec une grâce indéfinissable. Mélissa s'évade, s'égare à nouveau.... Osez ce roman court que l'on n'arrive pas à lâcher. Une belle découverte pour moi.
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