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EAN : 9782915518061
300 pages
Kryos Editions (15/01/2008)
4.25/5   4 notes
Résumé :
La vie à la campagne est le roman du crépuscule d'un monde: celui, vieilli, fatigué, des grands propriétaires terriens roumains, dont les nouveaux enrichis viennent, à la fin du XIXe siècle, prendre la place. Un bouleversement profond qui fera fi des règles anciennes, de la morale, de l'humanité même.
« Le public français se doit de faire accueil à […] la publication du présent volume, traduction du roman La vie à la campagne de Duiliu Zamfirescu. Il ne serai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Avec plus de 800 livres non encore « critiqués » dans ma bibliothèque babelio, et impatiente de donner de plus en plus d'aperçus (même rapides) de mes lectures (surtout roumaines) je ressens parfois l'envie de me faire aider. Voici que pour ce livre de 1939, réédité en 2008, dont j'ai beaucoup aimé la lecture en VO, ainsi que cette belle traduction, j'ai trouvé judicieux de laisser la parole à Alexandre Cioranescu, l'auteur d'une « Introduction ». Il vole à mon secours avec cette longue citation :

« “La vie à la campagne“, le roman que nous présentons ici, est le premier d'une série de cinq romans, dont les principaux personnages appartiennent à la famille Comaneșteanu. Les quatre ouvrages qui lui font suite s'intitulent “Athanase Scatiu” (1895), “La Guerre” (1897), “Orientations” (1901) et “Anna, ou ce qui ne se peut pas” (1911). Quant à “La vie à la campagne”, elle fut publiée dans les “Entretiens littéraires”, en 1894 – 1895, et éditée séparément en 1895, puis dans plusieurs autres éditions successives, qui témoignent toutes de son succès.
Il est évident que, dans ce cycle de romans, l'auteur se proposait de présenter une fresque de la société contemporaine, comme Balzac l'avait fait dans sa “Comédie humaine”, et, plus récemment, Émile Zola dans la série consacrée aux Rougon-Macquart. Cette fresque existe, bien qu'elle n'ait pas l'ampleur ni la richesse des couleurs de ces grands modèles. La Roumanie contemporaine s'y trouve présentée sous quelques-uns de ses aspects les plus caractéristiques ; les personnages ont en même temps cette variété et cet air de famille qui laissent deviner qu'ils ont été peints sur le vif.
D'ailleurs, à notre sens, c'est là que réside, pour ses lecteurs étrangers, l'intérêt du roman de Zamfirescu : dans la présentation d'un monde qu'ils ne connaissent pas, dans la peinture vivante et fidèle des sentiments les plus universels, au milieu du tableau particulier d'une société qui garde, pour celui qui l'approche, tout le charme des paysages inédits. Pour comprendre et pour aimer ce monde, on n'a pas besoin de lettres d'introduction ; le lecteur désireux de mieux s'expliquer les choses trouvera dans cette présentation seulement l'indication, bien sommaire et dépourvue de toute prétention, de la société qui servit de sujet à cette peinture et de la manière dont l'auteur s'y prit pour la représenter.
le milieu dont l'écrivain se proposait de dresser le tableau dans cette suite de romans était déjà, à cette époque, en voie de désagrégation, et s'est presque complètement transformé depuis. Il s'agit de la noblesse terrienne, dont les origines se confondent avec celles de la première organisation sociale du pays, et qui, à travers des fluctuations et des renouvellements incessants, s'est maintenue jusque vers le milieu du XIXe siècle.
Après la Grande Guerre, cette classe reçut le coup de grâce par l'expropriation des terres et leur distribution aux paysans, opérations qui morcelèrent les grands domaines en une infinité de petits lots. Mais leurs propriétaires avaient commencé à disparaître avant même cette grande liquidation ; les causes de leur décadence sont à chercher dans les défaillances de la classe elle-même autant que dans la somme des conditions extérieures.

À ses commencements, la noblesse de Roumanie avait eu, comme dans tous les autres pays de l'Europe féodale, un double caractère rural et guerrier. le caractère guerrier s'atténuant peu à peu, par suite de la décadence politique, les boyards ne furent plus que des courtisans des propriétaires. Ces derniers s'employaient à cultiver eux-mêmes leurs terres, jusqu'au moment où, attiré par la vie nouvelle des villes et par le charme encore plus puissant de l'étranger, et surtout de Paris, ils commencèrent à abandonner ces soins ménagers entre les mains des fermiers ou d'intermédiaires : ils quittèrent tous, ou presque tous leurs maisons de campagne pour les hôtels qu'ils possédaient déjà ou qu'ils se firent construire à la ville. »
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Né en 1858, Zamfirescu appartenait à une famille de fermiers. De cette famille et de ses premières années de l’enfance, écoulées dans les propriétés que ses parents possédaient ou affermissaient dans les plaines de la Valachie, il devait lui rester cet amour profond de la vie rurale, dont il allait bientôt se séparer, cette nostalgie du monde dont il était parti sans retour, et qu’embellissait encore le souvenir. L’empreinte des premières impressions est si profonde, que son âme de poète la retrouve à chaque instant. Il n’avait pas encore vingt-trois ans, quand il commençait déjà à se raconter ses souvenirs d’enfance : il peignait, avec la mélancolie que l’on met dans le récit des amours disparues, l’église de sa petite ville de province, le crépuscule où « l’on sent dans l’air un reste du parfum qu’a la terre au printemps ; le son des cloches se perd dans le bruit infini de la ville, et la voix du temps qui passe murmure : Vivez, vivez car votre fin n’est pas loin ».
Dans l’âme de l’écrivain, le rêve est né avec le souvenir. Mais en même temps ce rêve prend conscience de soi, s’analyse ou se réalise, selon les dispositions de l’esprit. Zamfirescu lui-même nous avait signalé ce dualisme de l’esprit, qui « se divise en deux êtres distincts : l’un qui sent la beauté, la voit et la comprend, et l’autre qui comprend cette compréhension, et s’en réjouit ».
La jeunesse, l’amour du rêve et de la beauté, tout cela faisait de lui un poète. C’est, en effet, comme poète qu’il fit ses débuts dans la littérature en 1880, salué avec beaucoup de chaleur par la plupart des critiques.
Dans l’espace des huit ans qui suivirent, jusqu’à son départ à l’étranger, il publia encore des vers, des chroniques, un volume de nouvelles intitulé « Sans Titre » est un roman intitulé « Devant la vie ». Il se rattache au mouvement littéraire connu sous le nom de Junimea, dont l’expression était la revue « Entretiens littéraires » ; il devint le collaborateur assidu de cette publication, et ce fut dans ses salons qu’il connut les écrivains les plus en vue. Il se lia surtout avec Titu Maiorescu, personnalité éminente et chef reconnu de ce mouvement littéraire ; celui-ci montra beaucoup de considération pour les mérites de notre écrivain, et lui facilita la carrière littéraire, autant que celle qu’il s’était choisie dans la diplomatie.

(p. 3-4, Introduction)
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Un simple regard sur l’Europe du jour montre aussitôt que la balance du commerce des esprits est loin d’être favorable à l’accroissement du capital intellectuel. Les échanges se raréfient. Leurs mouvements naturels sont contrariés. Des difficultés et des obstacles de plus d’un genre paralysent la production et la consommation de l’ordre spirituel, et un remarquable parallélisme s’observe entre l’état précaire et déplorable de cette économie immatérielle, et le malaise, les troubles, l’instabilité qui règnent dans l’économie proprement dite.

(début de la préface de Paul Valéry)
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Tout ce qui tend à restituer la plénitude de la vie des pensées et à nous permettre de ne plus désespérer du développement de la conscience européenne doit donc être signalé et encouragé. Je le souhaite d’autant plus vivement que je voudrais voir la France, dans l’état actuel des choses de l’esprit auquel j’ai fait allusion, prendre à cœur de se faire le refuge central de la liberté des idées et le sanctuaire où le culte de la forme se préserve et se célèbre.

(Paul Valéry, Préface)
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L'alouette, se balançant dans la fraîcheur du matin, escortait, le long de la Ialomița, les voitures qui se rendaient à la gare. Entassés sur le siège de l'une d'elles, les enfants regardaient avec admiration et en silence l'attelage à quatre chevaux, conduit par Michel : c'est dans cette voiture reluisante de propreté que devait revenir Mathieu. La santé et le bonheur rayonnaient sur tous les visages.
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