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EAN : 9782882506047
93 pages
Phébus (04/02/2021)
4/5   5 notes
Résumé :
Le Fléau de Dieu est un roman sur la jeunesse d'Attila, otage de l'empereur romain Flavius Honorius. Ce Barbare, ce garçon à l'état de nature, sauvage et indomptable, observe l'empire corrompu et forge son caractère en opposition à une société mourante. Le récit se déroule sur deux plans : d'un côté la découverte d'une civilisation décadente à travers les yeux d'un jeune « sauvage », de l'autre l'observation de ce même pourrissement par l'historien byzantin Priscus ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Zamiatine réécrit à sa façon la jeunesse d'Attila, située à une époque où une alliance militaire existait encore entre Rome et les Huns. L'Histoire dit que pour garantir ladite alliance, Attila fut envoyé par son père Moundzouk comme otage des romains à Constantinople. Mais c'est directement à Rome que l'expédie Zamiatine, dans un choc allégorique entre la civilisation et l'état de nature. le Attila qui nous est dépeint ici est en effet un loup pour l'homme, un être totalement hermétique au monde romain déclinant, inassimilable par celui-ci, et dont la seule vocation est de le balayer et de le remplacer. C'est ce que montrent des scènes très significatives où Attila s'identifie littéralement à un loup et se rêve en aigle : les deux emblèmes de l'empire romain sont ainsi symboliquement transférés à l'un des principaux artisans de son effondrement, et sont à travers lui rendus à la sauvagerie.

Symboles et métaphores s'orchestrent chez Zamiatine en une mosaïque symphonique qui donne à voir la Rome décadente dans une cascade de sons, des clameurs de la foule aux feulements du loup. Les couleurs s'organisent en une alchimie du verbe où la blancheur de la neige des steppes hunniques précède la noirceur des bas-fonds de Rome et les tons vermillons de l'incendie annonçant la chute prochaine de la ville.

Les images fortes et signifiantes sont ressassées, étirées et ramifiées à l'échelle de chapitres, tissant des réseaux de correspondances à même de créer un écho entre l'effondrement de Rome et celui de la Russie tsariste. Les craintes des lettrés romains de voir la culture périr évoquent ainsi la situation des artistes et des intellectuels sous Staline, déjà décrite éloquemment dans le magnum opus de Zamiatine, Nous autres.

À noter que Zamiatine n'aura hélas pu achever que la première partie de ce roman. En l'état, celle-ci compose déjà un court récit flamboyant.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Bassus était dans la bibliothèque, il s’entretenait avec un médecin à barbe noire. De côté, sur le rebord d’un énorme fauteuil de cuir, le petit Longobard Aystulf tremblait comme un moineau en hiver, ses yeux luisaient sans éclat. Le médecin dit tout bas à Bassus que le garçon vivrait encore une semaine, pas plus. Bassus lui tapota l’épaule : « Un peu de gaieté, mon garçon ! Tu n’as plus longtemps à attendre, le docteur dit que dans une semaine, tu seras guéri. Va ! » Le médecin emmena le petit Barbare. Maintenant Bassus était libre, il s’approcha de Priscus et commença à parler de ce que toute la ville commentait : l’approche des Barbares.
Comme toujours, il plaisantait et souriait. Il semblait que le tissu impénétrable de ses sourires le protégeât de tout, qu’il pouvait d’un sourire parer à tout danger, à toute souffrance, peut-être à la mort elle-même. Il dit joyeusement à Priscus : « Ainsi, mon jeune ami, il se peut que dans quelques jours nous aussi, comme tout Rome, soyons guéris à jamais de tous nos maux, comme ce petit Barbare. Tu dois être content : pour ton livre, c’est une aubaine, tu verras un spectacle extraordinaire. De nouveau le chaos, de nouveau le premier jour de la création. La seule différence par rapport à la Bible, c’est que les bêtes seront créées le premier jour, et l’homme peut-être après, si le dieu de l’histoire trouve un instant libre, et sinon… »
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Vidéo de Evgueni Zamiatine
Evgueni Zamiatine (1884-1937) : Une vie, une œuvre (1991 / France Culture). Par Françoise Estèbe. Avec Jean-Pierre Morel (critique aux Nouvelles Littéraires), Leonid Heller et Bernard Kreise. Réalisation : Annie Flavell. 1ère diffusion sur France Culture le 30 mai 1991. Peinture : Portrait de Ievgueni Zamiatine par Boris Koustodiev, 1923. En 1988, la publication pour la première fois en URSS du roman anti-utopiste prophétique de Zamiatine, “Nous autres”, oeuvre politique-fiction, fut l'événement littéraire de la Perestroïka. Esprit lucide et courageux, Zamiatine qui avait pris parti pour la Révolution en 1905, fut un des premiers à analyser la nature profonde du totalitarisme bolchevique et à dénoncer le despotisme nouveau jusqu'au terme de sa vie, en dépit des persécutions. Dans les années 20, Zamiatine, mathématicien, ingénieur naval et écrivain, ami des peintres et des musiciens, est la figure centrale du champ littéraire russe. Prosateur, dramaturge, critique, journaliste (il écrivit notamment dans la revue de Gorki), il est l'auteur de nombreux récits, de nouvelles : “L'inondation”, “Le pêcheur d'hommes”, “La Caverne” ; de romans : “Le fléau de dieu” ; de pièces de théâtre et de scenarii. Rattaché à la tradition de Gogol dans ses premiers récits, il devient le symbole de la culture occidentale au sein des lettres russes et le maître de toute une génération d'écrivains nés après la Révolution. Il s'oppose à la montée du conformisme révolutionnaire en art :
« Il n'est de vraie littérature que produite non par des fonctionnaires bien pensants et zélés, mais par des fous, des ermites, des hérétiques, des rêveurs, des rebelles et des sceptiques. »
Trotsky le désigne comme un émigré de l'intérieur et “Le diable des lettres russes”, après une lettre célèbre à Staline, est contraint à l'exil. Il mourra oublié à Paris en 1937, à l'âge de 53 ans, ignoré des intellectuels occidentaux fascinés par le modèle soviétique, qui n'ont pas su percevoir dans le cri solitaire de Zamiatine l'oracle de la dissidence.
Des extraits de “Seul”, des “Ecrits oubliés”, des “Actes du colloque de Lausanne”, de “Nous Autres”, de “Le pêcheur d'hommes” et de “L'Inondation” sont lus par Jacqueline Danaud et Michel Derville.
Sources : France Culture et Wikipédia
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