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Critique de Osmanthe


Ce court récit de 60 pages s'apparente plutôt à une nouvelle. C'est un bijou, un chef d'oeuvre de la littérature russe !
Nous sommes à Saint-Pétersbourg, sur une rive de la Neva, dans les années 1920. le couple Sofia et Trofim n'a pas d'enfants. Une situation qui pèse et menace chaque jour un peu plus de disloquer cette union. L'espoir renaît en Sofia lorsqu'ils décident d'adopter une jeune orpheline du voisinage, Ganka. Trofim retrouve de l'entrain en instruisant Ganka toute heureuse…mais un jour, Sofia les surprend dans une situation compromettante…Sofia est dévastée, mais intériorise cette blessure. Rien n'est pourtant résolu, les trois vivent ensemble, dans une atmosphère de plus en plus pesante, taiseuse, chargée de sous-entendus…Sofia bouillonne, sa colère monte, comme les eaux de la Neva…Elle ne pourra bientôt plus la retenir et commettra un geste meurtrier, d'une sauvagerie inouïe. Pour un temps libérée, comme apaisée, elle tombe enceinte et semble retrouver l'amour de Trofim…Mais sa conscience revient la tourmenter…
C'est un livre d'une densité exceptionnelle. Au fil des pages, l'auteur parvient à tisser autour du trio un cocon, qui s'avère bientôt oppressant. Ils deviennent comme prisonniers d'un huis-clos auquel la Neva s'invite dans sa menace de tout emporter dans l'inondation qui s'avance…Le lecteur comprend que le drame est inévitable dans cette ambiance de plus en plus poisseuse.
La qualité narrative est remarquable. La concision ne cède en rien à la qualité d'écriture, le style est superbe. L'auteur ne présente pas ses personnages, n'en décrit pas la personnalité, guère les sentiments, il nous laisse le soin de les capter au travers justement des non-dits, des regards, des actes. Et ils sont complexes ! Sofia la femme en apparence douce et naïve, encore jeune mais désespérée de ne pas enfanter, bascule dans la folie meurtrière et l'illumination. Trofim est-il un séducteur brutal ou un homme manipulé, falot et indécis ? La jeune Ganka, est-elle victime ou calculatrice et perverse ? Sans doute tout cela à la fois pour chacun.
Sofia est la figure centrale. Son crime est le point d'orgue du livre, le geste et ceux qui s'ensuivent sont décrits avec une précision clinique et glaçante, voire écoeurante. Sofia est alors un zombie qui ne s'appartient plus (Cela m'a fait penser au Meursault de l'Etranger de Camus). le Destin a pris la main...

Un auteur injustement un peu oublié, qu'on redécouvre avec plaisir depuis peu, et un livre à dévorer de toute urgence !
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