"Doit-on être indulgent parce qu'on lit un roman ancien ? Doit-on tenir compte de l'évolution des goûts, se replacer dans un contexte antérieur ? Pas sûr. Je lis
Molière et je ne me force pas à le trouver génial. Je lis
Flaubert et je le trouve extraordinaire. Je lis
Zamiatine et je le trouve médiocre. [...]
Il est supposé pourfendre le régime communiste que
Zamiatine lui-même a contribué à mettre en place et dont il a ensuite souffert - et même s'il était bolchevik, même pas menchevik, on ne le lui reprochera pas. Ce roman se présente sous la forme d'un long monologue assez peu fluide et ce manque de fluidité - les retournements, les ellipses - est censé témoigner du désordre de l'esprit du narrateur.
Sur le plan psychologique, c'est le vide. Il n'y a qu'un
seul personnage dont l'épaisseur est proche de celle du papier-cul soviétique en 1942. [...]
Je ne ferai aucune critique sur le sexisme du livre - là, il faut considérer l'époque.
En revanche, je serais plus sévère sur cette charge permanente de la science, et en particulier des mathématiques montrées non pas comme une ouverture sur le monde et une manière de le penser à travers la physique, mais comme le plus sûr moyen de s'aveugler. [...] Imaginons qu'au lieu des maths, il ait brocardé la pensée juive en disant à peu près n'importe quoi sur la Tora. Est-ce que ça n'aurait pas été un peu nauséabond ?"
Extrait de ma critique de ce livre où tu trouveras aussi un comparatif des traductions et une réflexion sur le texte originel russe
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