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3,81

sur 105 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Dérangé que je suis » s'ouvre sur un narrateur en bien fâcheuse posture : ligoté, battu, enfermé et promis vraisemblablement à la mort… Pourquoi ? Retour sur les quelques jours qui précèdent cette désolante situation, avec le récit de Dérangé, notre narrateur.

« Dérangé », ce n'est bien évidemment pas son véritable nom – que nous ne connaîtrons d'ailleurs pas – mais le surnom que lui ont valu sa nature un peu fantasque et ses comportements décalés. C'est encore un jeune homme, employé comme docker à décharger les bateaux dans le port de Mutsamudu, aux Comores - une vie misérable à courir tout le jour avec son chariot de marchandises à transporter vaille au vaille dans les rues encombrées de la ville. Une vie misérable mais dont il se contente, faute de mieux, et dont il nous raconte le quotidien et les péripéties, en compagnie de son irascible voisin surnommé « Casse-pieds », et d'un improbable trio de dockers concurrents – les « Pi-Pi-Pi », Pistolet, Pirate et Pitié. Une vie difficile mais relativement tranquille, en somme. Jusqu'à sa rencontre malencontreuse avec une femme très belle, très riche et très mariée qui l'aguiche sans vergogne et à qui, pour son plus grand malheur, il va se refuser…

Il ne se passe en fait pas grand-chose dans ce roman très bref et qui se lit d'une traite… Mais l'écriture vive et bondissante, les réparties pleines d'humour de personnages hauts en couleur auxquels on s'attache aisément, aux prises avec des mésaventures totalement rocambolesques, font de ce troisième roman d'un tout jeune auteur comorien au talent prometteur un bon moment de divertissement, plein de drôlerie, d'humour, de charme et de poésie.

Un auteur à suivre ?
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Dérangé est un pauvre diable : il fait partie de la nuée de misérables dockers, qui, chaque jour, guettent l'arrivée des bateaux dans ce port des Comores, et se disputent les clients dont ils vont charroyer la marchandise ou les bagages en échange de quelque monnaie. Lorsque s'ouvre cette histoire, Dérangé gît dans un lieu obscur, où il est enfermé, ligoté et ensanglanté. Que lui est-il donc arrivé ?


D'emblée, le récit nous embarque dans une atmosphère remuante et colorée : en quelques mots, exactement comme en deux coups de crayon, se dessinent des personnages plus vrais que nature, saisis sur le vif avec un réalisme et une puissance d'évocation saisissants. Il n'est pas une ligne qui ne crée l'impression de voir et d'entendre, comme si on y était vraiment.


Pauvre Dérangé ! Alors qu'il nous relate ses aventures tragi-comiques dont on se demande jusqu'à la fin comment elles ont pu se refermer en un piège si cruel, nous sommes emportés par une verve pittoresque et chatoyante, où se déploie le plaisir des mots le plus pur. Car Ali Zamir use des mots rares comme il enfilerait des perles, ciselant un texte truculent et poétique, où chaque terme inattendu mais si bien choisi vous arrache un sourire.


Ce petit livre si bref est un condensé de plaisir qui change de tout ce que vous avez lu jusqu'ici : précipitez-vous sur cette histoire injuste et féroce mais si réjouissante, à l'atmosphère prenante et aux personnages criants de vérité, mais surtout, à la langue si magique.


Prolongement sur les tardigrades (petit nom dont s'affublent les dockers de Dérangé que je suis) dans la rubrique le coin des curieux, à la fin de ma chronique sur ce livre sur mon blog :
https://leslecturesdecannetille.blogspot.com/2019/05/zamir-ali-derange-que-je-suis.html


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Dérangé qu'il est, le gars docker tout autant que raconteur qui ne cesse de le ratiociner et le ressasser qu'il l'est, oui, Dérangé. Même s'il s'agit de son surnom local, alors que d'araignée au plafond ou de logis sans habitant, selon son mode accoutumé d'illustrations pittoresques, on ne peut affirmer sans frémir du sourcil qu'il soit concerné. Pourtant les autres ne manquent pas de le consigner, à la vue de ses guêtres dont on sait à leur lecture quel jour les rayons ensoleillés de l'île d'Anjouan sont en train de darder. Car il a ses petites manies de toilette, Dérangé qu'il est, à chaque journée suffit son enjolivure selon lui, et si les coqs de son Casse-pieds de voisin n'y ont pas fienté dessus il saura les remettre et les reconnaître, car il a écrit méthodiquement dessus leur procuration journalière. Un moyen comme un autre de s'y remettre dans sa routine sur le port, à héler les voyageurs débarqués là pour qu'il leur transbahute leurs effets sur sa Carlewis de carriole, lui plutôt que d'autres, surtout si ce sont ces vauriens de Pipipi, le trio de Pirate Pilote et Pitié. Mais un beau jour une bellâtre jupitérienne le choisit à lui, le belître, plutôt que tous les autres. L'évènement est pour le moins déclencheur, notamment d'une rivalité conclue par une course avec Pipipi, où les jambes ne devront pas se retrouver en flanelle dans l'enchevêtrement tortueux des venelles.
Court roman rapide à courser des carrioles et des mots, Dérangé tient le haut du pavé parmi les personnages aux chromatismes pimentés, son langage déflorant une cavalcade acidulée sans être affectée. Et même si l'on est amené à ouvrir souvent le dico, le rythme et la saveur exotique de la lecture n'en pâtissent pas.
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Une prose qui interpelle de par sa beauté et sa poésie. L'écrivain comorien nous conte l'histoire d'un docker affublé du surnom de Dérangé. On se régale de ses réflexions sur son travail à courir après les clients, les frasques avec son voisin, les assauts d'une belle femme. Parfait pour un beau voyage linguistique et exotique
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Dans ce roman, c'est le narrateur Dérangé qui nous conte son histoire, un docker sans-le-sou que l'on découvre ficelé, blessé au tout début de ce récit. Comment en est il arrivé là ?
Une fable, un conte parfois dramatique, parfois réjouissant mais tout au long de ce roman c'est l'écriture d'Ali Zamir qui m'a réjoui, une écriture pleine d'inventivité, colorée, imagée et poétique qui porte le roman. Un écrivain à découvrir pour le plaisir de la langue.
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C'est dans l'ambiance crasseuse du port d'Ajouan dans les Comores que nous rencontrons Dérangé.
C'est un simple docker, un peu naïf, qui gagne misérablement sa vie en transportant des marchandises dans son chariot. Malgré les apparences, Dérangé a des principes et n'y déroge pas.
Un jour sur le port, il va rencontrer une femme, une cliente, qui l'amènera à accepter un stupide défi contre une bande d'énergumènes : les Pipipi.
S'ensuivront alors une multitudes de péripéties, tantôt drôles ou cruelles, à un rythme endiablé, pour notre plus grand plaisir.

Une délicieuse fable venue des îles.
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Un roman dépaysant tant par l'écriture d'Ali Zamir : riche, parsemée de mots anciens délicieusement surannés, mais également par l'intrigue en elle-même : l'histoire de Dérangé, un pauvre docker du port international Ahmed-Abdallah Abderamane de Mutsamudu aux Comores, qui trimbale son vieux chariot pour transporter les marchandises descendues des bateaux. Ce petit homme tranquille, un peu à l'écart du reste du monde, est pourtant bien remarquable avec ses vêtements portant le nom des jours de la semaine. Il a la malchance de rencontrer les Pipipi et une étrange et séduisante femme, qui transforment sa vie ...
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Un court roman, mais très intéressant. Et très original également. C'est l'avis d'une copinaute qui m'a donné envie de le lire, et j'ai bien fait... J'ai découvert une plume un brin décalée, mais riche et dense. Nous y suivons Dérangé, qui travaille sur les docks, et qui nous raconte les misères de son île, les misères de sa vie... C'est beau et dur à la fois. Et drôle, souvent... tragique aussi. Bref, c'est un amalgame de sentiments que fait naître Zamir à son lecteur... Mais une chose est certaine, c'est que c'est un roman atypique, qui détonne et qui fait du bien par son originalité. A lire, ne serait-ce que parce que vous n'aurez rien lu de pareil !
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“Dans ma chienne de vie, j'ai toujours dérangé ceux que dérangent les vies rangées”.
Le port de Mutsamudu sur l'île d'Anjouan dans l'archipel des Comores pour décor. Des dockers déchargent des bateaux et utilisent leurs chariots pour livrer les clients. La concurrence est rude entre les dockers et les Pipipi (Pirate, Pistolet et Pitié) règnent en maîtres sur leur territoire. Mais notre Dérangé, mal habillé et d'une hygiène douteuse va empocher le marché du siècle et qui plus est, séduire bien malgré lui sa belle cliente qui considère que si le cerveau du docker semble effectivement bien dérangé, le sexe peut très bien fonctionner et qui s'apprête à lui en faire la démonstration. Voilà de qui attiser les convoitises des Pipipi.

Une lecture qui dépayse totalement mais en nous entraînant dans ce petit port bien loin de notre quotidien, l'auteur nous déroule les grands thèmes de la littérature, les puissants et ceux qui ne sont rien, le pouvoir, la cupidité, la jalousie, la vengeance, la cruauté. Dans une écriture riche et très originale, on éprouve de la sympathie pour ce pauvre diable qui n'a rien demandé à personne et qui souhaitait “laisser son cerveau tourner à vide”

“Oh ! Que ce curieux monde serait beau s'il n'était pas une longue nuit peuplée de cris affreux et d'inquiétude fiévreuse”.
Ali Zamir : un auteur à découvrir.

Challenge Multi-Défis 2022
Challenge ABC 2022:2023
Challenge Riquiqui.
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Un merveilleux conte que voici, les mots sonnent justes, poétiques et même si la pauvreté règne il y a une certaine richesse d'esprit chez Dérangé. Sa vie d'itinérance tragi-comique m'a bien plu, le verbe de l'auteur est haut en couleur mais toutefois accessible. La femme qu'il croise va totalement changer la donne mais Dérangé reste fidèle à lui-même, et ça me plaît aussi, j'aime beaucoup ce personnage qui porte bien son pseudonyme. L'histoire ne met pas trop de temps avant de démarrer, ça aussi j'aime, et l'action reste discrète mais présente.
Ce n'est pas un livre feel-good mais il m'a fait du bien, se poser avec un livre amusant et profiter du soleil, rien de mieux contre le blues de l'hiver.
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