TIC-TAC
II
Plaine, planitude de doux-or, qui va,
fougue sèche de minuscules hardiesses
été, été, été qui ne sais [sic] plus, qui chœur oublieux, va,
oublieux, en très fines clartés
Quel sursens, gentillesse et opiniâtreté
brûlée de nouvelles rouilles et poussières, large d’obliquités,
es-tu en train d’introduire au-delà de tout équinoxe, de tout
poemerium, toute structure ou ruine ―
toi, nonchalance des plus tranquilles, des plus égarées dans tes rêves
parce que tu es si sûre de ta démesure, sans
aucune rugosité de démesure,
depuis quel jamais-avant-été reviens-tu, deviens-tu ?
Et toi tu intimidas les sœurettes, effaças les traces aquifères
― et qu’importe ―, de petites langues tu fis taire,
mais innocent, mystériquement
mais non moins que ces nouveaux silences enchevêtrés,
tu débordas vers d’autres affinités
sur tout autre variante aqueuse, tout désir d’autres couleurs,
ta singulière fiabilité a trop d’instincts,
trop de destin est en chacune de tes fantaisies d’acquisitions
et manigances des temps linéaires, tu convoites ce qui sans l’être
est néanmoins premier-entre-tout et brise et rallume
en d’autres or-rouilles, ors et simili-ors et ors ; et rien
ne te distingue de l’en-soi de la lumière qui pour
autant qu’elle s’irradie, avance, repose, repose néanmoins toujours,
10000 sont les gratitudes qu’on
te dédie
de tout partout, auxquelles tu t’attends,
il est bon de ne pas se rassasier de ce non-boire infini
oh en toi que de
milliparties hyperboles, infloration et
défloration de toute [ ] entité de saison,
épisodes à la hausse, en sursauts se font
Toute pensée plus pulvérulente sait que tu sais
même si de malins rayons t’attisèrent peut-être
et, inaudibles grillons, tes tic-tac se font guet-apens
ou soupçon, mais néanmoins toujours dans le plus subtil instable équilibre,
tu es un acte de [ ] maxi-évident,
été pour lui-même ultime, or post-mental
pp.48-50
Traduction de Philippe Di Meo.
Avec Antonella Anedda, Michel Deguy, Jacques Demarcq, Benoît Casas, Andrea Inglese, Sophie Loizeau, Valerio Magrelli, Claude Mouchard, Guido Mazzoni & Martin Rueff
Andrea Zanzotto est né il y a cent ans et mort il y a dix. Ce double anniversaire, marqué par d'importantes publications posthumes, Erratici, disperse e altre poésie (1937-2011 – Francesco Carbognin éd., Mondadori, 2021), Traduzioni, trapianti, imitazioni (Giuseppe Sandri éd., Mondadori, 2021) est l'occasion de nombreuses célébrations en Italie comme en France. Dans le cadre d'un colloque de trois jours, « Zanzotto europeo, la sua poesia di movimento » (25-27 novembre 2021), organisé par Giorgia Bongiorno, Laura Toppan, Andrea Cortellessa et Martin Rueff, la Maison de la Poésie accueille cette soirée exceptionnelle. Des poètes de France et d'Italie évoqueront la figure d'Andrea Zanzotto, l'importance de son oeuvre, la fécondité de son héritage.
Le programme du colloque est consultable sur le site de l'Institut Culturel Italien
À lire – Andrea Zanzotto, Venise, peut-être, trad. de l'italien par Jacques Demarcq et Martin Rueff, éd. NOUS, 2021.
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