AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,61

sur 14 notes
5
2 avis
4
3 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis
Un roman écrit à deux voix. Celle de Moul (diminutif de Mouloud), l'humain, ou tout du moins ce qui en reste ; celle de Harys (qui aurait préféré être appelé Quitmir), le caniche de compagnie (ou d'infortune). Deux «orphelins» de la société.

Moul vit seul, son épouse Farida l'ayant quitté, sa belle-mère Sultana dont il était l'amant décédée sans avertir, sa fille unique étant partie vivre sa vie ailleurs, un homme à l'aise matériellement mais déjà plus jeune, certes pas encore vieux, la cinquantaine encore assez verte, malgré la sédentarité, la cigarette et le whisky à gogo, et au vu de ses exploits amoureux avec la réfugiée syrienne du dessous (sensuelle et bouleversée par la guerre, donc fragile) ou la vétérinaire... célibataire, soignant son chien.

Moul vit seul donc, se contentant de lire (la presse et les livres), d'observer les autres (de son appartement dominant les rues grouillantes de monde d'Alger), de chanter Cheikha Remiti ou Jacques Brel... et de parler à son chien... un animal presque humain.

Un homme et son chien. le premier incapable de s'attacher à un autre être humain et le second vivant au rythme des besoins et des sentiments de son maître... et ayant, lui aussi, des penchants de jouisseur... aimant les chiennes de la véto, le chocolat noir... et urinant avec plaisir sur les Unes des journaux (surtout celles arborant des portraits de politiciens) lui servant de litière.

Un duo ? Un trio ? Un quatuor ? En tout cas, un groupe bancal, cacophonique, parsemé de passions et de déprimes, de joies tranquilles et de tristesses dans un univers plein d'hypocrisie, d'intolérance, de voisins voyeurs, de mensonges et de haines souvent sans raison.

Un univers qui ne tarde pas à s'écrouler lentement mais sûrement. Lara, la Syrienne chrétienne (qui était obligée de cacher sa croix en Algérie), part au Canada ; Farida, l'épouse, toujours amoureuse, meurt au loin d'un cancer des deux seins et Tanila la fille unique décède dans un accident... Quand à la vétérinaire, elle en a marre de ses animaux et cherche un homme de compagnie. Harys, ne tarde pas à mourir... et Moul, désormais réellement bien seul, se retrouve.. Où ??? Devinette...
Assez originale comme écriture... au style difficile à saisir au départ mais prenante par la suite. Toute l'histoire de la solitude. Triste mais émouvant. Et, un auteur toujours sévère (une critique faite de «piques» que je trouve «objective» car franche et lucide) à l'endroit de sa société
Commenter  J’apprécie          100
Chronique complète à lire sur le site.

Le chien philosophe Harys aime son maître Moul aux chaussettes puantes qui aime Lara, une chrétienne réfugiée de Damas. Dans son neuvième roman, conte de liberté et d'ivresse, démasquant les vanités qui font le présent, l'écrivain Amin Zaoui met en scène le journal de ce trio improbable pour dire l'Algérie gangrenée par l'islamisme des Tartuffes. S'y déploient ses obsessions – la religion, les femmes, la culture, l'identité – qui innervent son oeuvre et construisent un manifeste contre toutes les intolérances. A rebours de toute prison mentale.

Une lecture jubilatoire et impertinente, hymne à la liberté de penser, de vivre et de créer face à toute forme d'autorité !
Lien : http://www.undernierlivre.ne..
Commenter  J’apprécie          40
Prenez un chien comme narrateur, son maître moitié misanthrope moitié jouisseur absolu, prenez l'Algérie d'aujourd'hui avec ses beautés et ses travers, prenez également Nietzsche, les régimes autoritaires d'Afrique du Nord, l'islam et plusieurs autres choses encore. Remuez allègrement. Disposez le tout au fil d'une plume en pleine explosion. Parsemez votre préparation de talent et de justesse. Dégustez. Vous voulez d'autres secrets sur cette recette de L'Enfant de l'oeuf d'Amin Zaoui publié chez le Serpent à Plumes ? Lettres it be vous les donne nulle part ailleurs que dans cette chronique.

# La bande-annonce

Harys, le narrateur, est un bon chien, un caniche qui aime son maître, qui aime ses chaussettes puantes, son haleine parfumée au vin rouge, sa voix quand il chante Bécaud. Ils habitent tous deux à Alger et son maître a pour maîtresse une chrétienne réfugiée de Damas, au corps vibrant de désir et à l'âme bouleversée par la guerre. Ce trio bancal, cacophonique, passionné, tient le journal de sa lente destruction dans une Algérie rongée par l'islamisme des Tartuffes. Magnifique, douloureux et fantasque, tel est L'Enfant de l'oeuf, neuvième roman d'Amin Zaoui où l'auteur, avec un plaisir et une méthode qui rappelle le Sade de la Philosophie dans le boudoir, s'en prend systématiquement à toutes les formes d'autorité, au nom de la liberté.

# L'avis de Lettres it be

Vous l'aurez compris, ce roman est un petit feu d'artifices où se croisent et se recroisent diverses thématiques abordées par un narrateur canin pas piqué des hannetons. Oui, oui : Harys, gentil chien-chien à son maî-maître est bel et bien le narrateur de cette histoire. Allez, trahissons un secret tout de suite : son maître, Moul, prend la parole de temps à autre. de sorte à ce qu'on puisse confondre, chapitre après chapitre, le maître et son chien. Une heureuse confusion. le meilleur ami de l'Homme, on vous l'a déjà dit !

Amin Zaoui propose un roman terriblement intelligent, malin. Chaque chapitre est un aboiement joyeux, un avertissement des écueils qui nous rongent et nous menacent jour après jour. Mais loin de n'être qu'un avertisseur de moralité qui clignote trop fort, L'Enfant de l'oeuf se positionne avec une justesse impeccable entre la légèreté de la drôlerie et la gravité du regard sur notre époque. On développe petit à petit l'impression de lire du Nietzsche qui aurait forcé sur les croquettes Royal Canin. Cette hauteur de vue sur nos sociétés, ce pessimisme lucide, autant d'éléments qui confèrent tout l'aplomb de ce roman. Ainsi parlait Harys-toustra …

La suite de la chronique sur le blog de Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
Commenter  J’apprécie          30
Récit à deux voix d'une grande originalité avec des mots ou expressions à chaque fois commentés soit par le chien philosophe Harys, soit son maître Moul sous forme de chroniques de leurs vie réciproque, de leur quotidien comme de leur passé dans un Alger actuel entre rupture avec le passé et une certaine forme de ré - islamisation d'un monde arabe qui les entoure et des conflits générés par Daech.

A travers les conquêtes féminines de Moul, ce sont des chroniques douce amères sur les excès que peuvent amener les systèmes et les hommes politiques corrompus, le mauvais traitement réservé aux femmes dans des sociétés dominées par les hommes, sur les relations entre hommes et femmes, les excès de la colonisation, de la religion. Un plaidoyer pour une ré humanisation de nos sociétés contemporaines, des relations sociales et sociétales et une vision où les chiens sont plus sages que leurs maîtres. 

Truculences et fulgurances, c'est une lecture à recommander par ses temps d'obscurantisme et de troubles.


Lien : http://passiondelecteur.over..
Commenter  J’apprécie          30
Un roman qui se passe dans l'Algérie d'aujourd'hui. Roman ? non, plutôt un journal avec deux narrateurs :  le premier Harys est un chien, le deuxième Moul est son maître.  Pendant quelques semaines ces deux personnages vont nous raconter leur quotidien à Alger : les aller-retours entre le présent et le passé sont nombreux : l'arrivée de Harys dans le foyer de Moul suite au départ de sa femme, la naissance de la fille de Moul, les visites chez la vétérinaire, visites de plus en plus fréquentes car Harys vieillit.

Moul, journaliste ou écrivain, la quarantaine, vit seul avec son chien, il passe beaucoup de temps chez lui, a quelques aventures (notamment avec la vétérinaire mais aussi sa voisine). Chaque paragraphe commence par un petit encart, on ne sait pas toujours si c'est le chien ou si c'est Moul qui va parler au début (quelques exemples d'entrées : balcons d'Alger / sagesse de grand-mère / dentier de mon grand-père / geôlier / laisse de soie  / chien de faïence / pipi GPS / printemps automnal / sur les pas de mon père / en une d'un quotidien / Gad Elmaleh Jacques Brel / pistaches et Oum Kalthoum / songe ou mensonge).

Au début du livre Harys prend beaucoup la parole puis de moins en moins ce qui correspond à la « vieillesse » de Harys qui s'approche de son dernier voyage.

Dans l'immeuble de Moul vit Lara une réfugiée syrienne qui a quitté son pays pour fuir Daesh

Sur un ton naïf et ironique Harys critique le régime en Algérie et en Syrie et ce que la folie des hommes fait de la religion, il se permet de dire et de faire des choses qu'un homme ne pourrait pas sans risquer l'emprisonnement.

Tout le pays est comme muselé, les femmes sont voilées et méfiantes, la suspicion est permanente, le chien dont la santé décline se radicalise, veut changer de nom et récupérer un nom plus « arabe » pour accéder au paradis…

Au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture le ton simple de l'humour avec un comique de répétition laisse la place à un ton plus absurde et désespéré.

En conclusion  : ironique et drôle au début, ce livre glisse lentement vers un désespoir palpable, la fin m'a vraiment attristée.
Commenter  J’apprécie          30
C'est un roman surprenant, par son propos et sa forme. Plus qu'un roman d'ailleurs, il s'agit en réalité d'une série de petites anecdotes racontées par deux narrateurs, un Algérien quelque peu solitaire, Moul, et son fidèle compagnon, Harys. C'est surtout pour ce dernier choix que j'ai choisi de découvrir ce livre, sans trop savoir à quoi m'attendre. Les passages qui adoptent le point de vue de Harys sont assez souvent savoureux et drôles, on en oublierait presque qu'il marche à quatre pattes et qu'il fait ses besoins sur des journaux déposés sur le balcon par son maître. Moul est plus contrasté, c'est sans doute tout à fait normal et, si j'ai trouvé certains passages intéressants, d'autres m'ont laissée complètement en marge. Il faut dire que le bandeau présent sur le livre annonce « Sade en liberté à Alger » et je ne l'avais pas vu venir en sélectionnant le livre. Alors… Sade, c'est peut-être un peu fort, mais des scènes crues sont bien présentes et elles ne m'ont pas spécialement enthousiasmée. de fait, il est assez difficile pour moi de porter un jugement sur ce livre car j'ai l'impression de ne pas l'avoir apprécié à sa juste valeur. Mais je dois toutefois dire que j'ai beaucoup aimé la fin, que j'espère avoir comprise, même si un doute subsiste encore dans mon esprit !

Merci à Babelio et aux Editions du Serpent à plumes pour cette découverte !

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
Commenter  J’apprécie          20
Dans une Alger qui s'islamise, Moul, diminutif de Mouloud, ainsi l'appelait Farida sa femme qui l'a quitté quelques années plus tôt, vit dans un appartement avec son caniche Harys. Il partage sa vie entre les visites chez la vétérinaire, fréquentes, car Harys est souffrant, Lara sa voisine, réfugiée syrienne, chrétienne qui monte souvent chez lui où ils font l'amour, souvent, régulièrement et la boisson, car Moul boit beaucoup de vin algérien, du whisky maltais et du café.

Moul et Harys se comprennent sans se parler, et pourtant, Harys, il ne lui manque que la parole, encore que...

Je finis volontairement par ces points de suspension, censés ouvrir un suspense terrible, qui laisse mes lecteurs pantelants. Eh bien, oui, en fait Harys, s'il ne parle pas, ben non, c'est un chien, s'exprime tout de même et il est le principal narrateur de ce roman. Roman que j'ai commencé dubitatif, car un chien-narrateur, ça me fait présager du pire. Mais que nenni, j'ai remisé très vite mes petites -je minimise, je ne vais quand même pas m'autoflageller sur le blog- arrogance et assurance, et me suis laissé embarquer par les phrases d'Amin Zaoui. Si je chipote un peu en regrettant quelques répétitions inutiles et autres procédés répétitifs et un peu trop systématiques, je n'ai pas boudé mon plaisir et je suis à deux doigts d'en faire un coup de coeur. C'est pour le moins un roman qui m'a plu tant par le fond que par la forme. le fond d'abord qui parle de l'Algérie qui change, s'islamise, les femmes se voilent, les hommes ne tolèrent plus les dérapages, même pour Harys uriner sur un journal arabophone peut présenter un questionnement, car Harys urine sur des journaux que Moul dépose sur le balcon. La réflexion et le constat sont profonds sur le pays qui change, la religion qui mange les libertés, la Syrie en guerre, la radicalisation, le racisme, l'intolérance de la religion d'état envers les athées ou les croyants d'une autre religion. Moul ne se plie pas au règles de l'islam, il boit, fume, ne prie pas, ne respecte pas le ramadan, entretient des rapports avec une chrétienne, c'est Harys qui est comme la "bonne" conscience de Moul, celle qui lui dit quoi et comment faire selon les préceptes de la religion, qui parfois le questionne sur ses pratiques, mais il entend vivre et penser comme bon lui semble. Il faut dire pour le défendre que Lara est jeune, belle et vibrante de désir auquel Moul répond dans des paragraphes sensuels, chauds et vivants.

La forme maintenant. Amin Zaoui écrit par petites touches, un peu comme un abécédaire ou un dictionnaire : un mot ou une expression en avant et en gras et suit un petit texte en rapport. Parfois, ils se suivent, parfois non et c'est alors au lecteur de les lier, ce qui se fait très aisément. Une écriture simple et fluide, parfois très sensuelle, jamais vulgaire même lorsque Lara, qui ne porte jamais de sous-vêtement débarque dans l'appartement de Moul qui l'attend prêt, quasiment au garde à vous si je puis m'exprimer ainsi. Même si je n'ai pas toutes les références dans mes bagages, les noms des écrivains, poètes, prophètes ou musiciens cités par Amin Zaoui, ce n'est pas un souci pour suivre ce roman qui enserre le lecteur et ne le lâche qu'au bout, et encore, pas dit que Moul, Lara et Harys nous quittent sur le simple geste de tourner la page.

En voici le tout début, très court, juste pour initier le désir :

"Peau

Et je la serre dans mes bras comme un mythe vivant, Lara !" (p.9)
Lien : http://www.lyvres.fr/
Commenter  J’apprécie          10
magnifique
Commenter  J’apprécie          00
Commenter  J’apprécie          00
Je découvre cet auteur avec ce livre qui est pour moi une agréable surprise. Dans l'enfant de l'oeuf, nous suivons le quotidien de Moul, son amante Lara une réfugiée syrienne et son chien Harys dans une Algérie en mutation sous l'influence d'un islamisme qui souhaite amputer les personnes de leurs libertés fondamentales.

Concernant la construction du récit, la narration alterne entre celle du chien Harys et celle de Moul avec un texte découpé en chapitres très courts, en petits paragraphes comme dans un glossaire. Cela m'a fait penser aux recueils de pensées positives qu'on peut trouver dans certains livres de développement personnel. Sauf que dans ce cas c'est un recueil de pensées plus ou moins délirantes sur la vie et sur la religion ou sa perception du moins. L'humour est très présent, le texte est très drôle voir parfois absurde. Au fur et à mesure qu'on avance dans la lecture et dans l'intrigue qui devient de plus en plus dramatique, l'humour diminue jusqu'au point où on ne rit plus du tout. J'ai trouvé cela vraiment habile. Dans cette folie généralisée et décadente de la société on se demande si tout cela est bien réel.

L'auteur utilise un humour décapant pour dénoncer tout un système. Tout y passe, la religion, les politiques, les hommes ou encore le racisme anti-Noir des arabo-musulmans. La vision de Moul sur sa copine ne portant pas de dessous et le vin reviennent sans cesse de manière obsessionnelle dans le texte tout comme l'acharnement de celles et ceux qui utilisent la religion pour séparer, juger, condamner et dicter la conduite des Hommes.

C'est un livre qui peut déranger certains et peut être vu comme blasphématoire. Je n'ai pas senti une critique de la religion mais plutôt une critique de ce que les Hommes en ont fait et en font. C'est un combat contre la pensée unique et la revendication des libertés individuelles, la liberté de penser et la liberté de choisir de pratiquer la religion comme on la comprend comme on la sent et comme on le veut.
Lien : https://lacalebassealivres.c..
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (30) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1830 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}