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EAN : 9781096906049
Goutte Dor (19/10/2017)
3.75/5   243 notes
Résumé :
Où s’arrête le réel, où commence la fiction ? Zarca raconte les coulisses du guide des bas-fonds parisiens qu'il rédige depuis 2016. Love Hotel de la rue Saint-Denis, Afghans du Square Villemin, Belleville des lascars, La Chapelle des toxicos, backroom sordide de Montparnasse, QG des fachos de la Rive Gauche, combats clandestins à porte d'Aubervilliers…

L’auteur enchaîne les rencontres et les substances pour raconter le off de la capitale. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
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Adolescent, comme beaucoup, j'ai lu « L'orange mécanique » d'Anthony Burgess et j'en ai gardé une appétence toute particulière pour les textes écrits dans un langage jamais lu auparavant… « Paname underground » est de ceux-là.
Dans cette autofiction, l'auteur nous explique comment il va palper un peu de blé en scratchant vite fait un petit guide sur le Paris interlope. Visite rapide des trottoirs à gagneuses, des porches à charclos, des boîtes à travalos, des squats à camés… c'est glauque à souhait…
Puis l'Ecrivain va perdre Dina, « sa pote, son amie et plus que ça », d'une overdose d'héroïne alors qu'il est bien connu qu'elle n'y touche pas.
Changement de ton, plus le temps de musarder dans les catacombes, l'heure de la vengeance a sonné… de la poudre plein le nez, Zarca va rendre sa justice…
A lire pour l'écriture hallucinée…
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Paname Underground est une descente en enfer dans le milieu des noctambules. L'auteur nous embarque pour un voyage dans le monde des clodos, des camés, des dealeurs, des prostituées, des homos, et des baltringues en tout genre. Un roman à la Despentes en beaucoup plus hard, qui sonne vrai.
Pour ceux qui ont envie de découvrir les bas-fonds de Paris, n'hésitez pas une seconde.
Bonne lecture
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Ce n'est pas un guide, et ça ne parle pas de Paris. le guide, c'est le prétexte. Paris, c'est la surface. Paname Underground, un titre ambivalent, où les choses, entre elles, semblent se confondre. le narrateur, par exemple, est-il totalement l'auteur ? Il en a le nom, les fréquentations aussi, mais quant aux situations qu'il traverse, on espère que le vrai Johann Zarca ne les a pas toutes affrontées. Pour savoir le vrai, sans doute faut-il aller en profondeur, sous la surface, under ground : laissons l'identité du narrateur nimbée de mystère, et intéressons-nous à ceux de Paris.

Le guide, c'est l'idée de Dina, l'amie, l'amante, la muse du narrateur, Zarca. Quelques pages pour faire découvrir au lecteur un Paris caché, violemment vivant. C'est justement parce que la violence imprègne littéralement ce milieu underground que, dans la deuxième partie du roman, celui-ci bascule dans une quête vengeresse qui, de lieux sordides en lieux sordides, mènera à coup sûr vers la mort. Pour établir son guide, Zarca sillonne la capitale, active ses réseaux : Dina qui travaille dans les bars chauds de Pigalle, Azad, un réfugié afghan, Bibo, un clochard, Seb, un fasciste de la rive gauche, Slim, un dealer du 20ème, Erik qui pratique un certain type de massage ... de quartier en quartier, une capitale interlope est mise à jour, de façon inhabituelle : rivalités entre quartiers, bars identitaires et bars où les clients trouvent boissons et prestations sexuelles tarifées, combats illégaux, misère des clochards, squats crades et bidonvilles coupe-gorges.

L'underground de Zarca est multiple par nature. Toutes les nationalités se côtoient, chacune avec leurs spécialités. Celles-ci sont diverses, aussi, et n'ont pas forcément de rapport les unes avec les autres. Trois thèmes les rassemblent : la drogue, la violence et le sexe : ce sont les bornes des territoires à la marge. La drogue, omniprésente dans le roman - notamment parce que le narrateur est un grand consommateur - alimente l'économie tout comme elle semble indispensable à tous ceux qui la consomment pour accepter ce qu'ils vivent. La violence a plusieurs formes : verbale de façon constante, physique et sexuelle, elle peut même être esthétisée à travers les combats d'arts martiaux ou à travers une certaine philosophie fasciste. Mais cette violence est toujours implacable, réglant les comptes bien mieux que les mots, s'exerçant même contre les plus proches alliés : ainsi en va-t-il de Dina, dont la mort sera le point de départ de la quête hallucinée de Zarca. Quant aux pratiques sexuelles, elles aussi sont multiples, empreintes d'amour comme dans la relation entre Zarca et Dina, ou de violence comme dans la descente dans la backroom de Montparnasse, le Gouffre. L'underground est ce qu'il est parce qu'il s'affranchit des lois et des règles, non pas pour défier l'autorité par simple insolence, mais parce que ce qui est convenu, toléré, normé par la société ne suffit pas à ceux qui vivent dans l'underground pour vivre et survivre.

La grande attraction qu'exerce le roman ne tient pas tant de la trame narrative que de la langue et du rythme imposés par l'auteur. Johann Zarca manie avec brio un langage populaire et argotique qui sonne vrai. Pêle-mêle se mélangent verlan, argot, mots gitans, arabes, trouvailles en tout genre qui démontrent le caractère vivant de la langue française et d'une science, l'étymologie, qui n'est pas seulement réservée aux dictionnaires. de la gova à la garrot, du zbeul au tièque surgit tout un vocabulaire qui percute et dynamite un texte d'un rythme incessant. En faisant de la pratique orale de la langue une pratique écrite, Johann Zarca affirme une certaine radicalité de la littérature, qui ne se départit que de façon extrêmement ténue du réel. On pourra reprocher au roman des défauts inhérents à sa radicalité, mais on ne pourra pas lui reprocher des incohérences : car dans le Paris underground, la raison ne régit pas forcément les hommes. Plus qu'ailleurs probablement, c'est une forme désespérée et enragée de la vie qui les agite. Plus qu'écrivain, Zarca en est ici un témoin.
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Descente aux Enfers ou l'en(f)(v)er(s) du décor

Johan Zarca, c'est le mec de l'underground. Logique qu'après un livre sur l'univers du Bois de Boulogne (pas lu) et d'un autre sur l'underground thaïlandais (lu : Phi Prob), le Zarca se lance dans la rédaction d'un guide de l'underground panaméen.

Zarma ! le mec il fait ça intelligemment en plus. Tout d'abord, il n'écrit pas le guide mais le guide du guide, le making off de son livre. Ensuite, il pique allègrement dans son expérience personnelle et y mêle ses potes (de nuit, de beuverie, de défonce, de solitude, de dèche, de débauche et de sexe. La liste n'est pas exhaustive), et Dieu sait qu'elle est riche sa vie, mais en mêlant à tel point réalité et fiction qu'on en perd le nord. Impossible de démêler le vrai du faux même si on espère tout de même que les scènes les plus violentes font parties de la parti fictionnesque du récit ! Enfin, Zarca désacralise la langue. Quand bien même le récit est-il structuré et ses visites des undergrounds parisiens (parce qu'ils y en a autant que de protagonistes, que de lieux) répondent-elles à la logique de l'évolution de l'histoire dans laquelle Zarca se met lui-même en scène, il dynamite tout ça par l'argotisme et la violence de son propos.

Mais attention, Zarca ne provoque pas pour le plaisir de provoquer et il n'omet pas de se remettre lui-même en cause dans son histoire. Il s'est donné le rôle central mais il ne s'est pas pour autant donné le beau rôle. Zarca ne se voit ni en chevalier blanc, qui va redorer à lui seul le blason terni de l'underground qui n'en a par ailleurs rien à faire de se redorer quoi que ce soit, ni en petit diable, bon ou mauvais. Il est lui-même déjà à la marge du milieu qu'il fréquente, qui l'attire : les puristes le renvoient régulièrement à son rôle d'écrivaillon délateur qui montre ce qu'ils voudraient garder secret.

Au fil de ses déambulations, Zarca parle du Paris du sexe, du Paris des migrants, du Paris de la drogue, du Paris des fachos, du Paris de la nuit, celle qui fait peur, celle qui représente toutes nos faces cachées, nos angoisses, nos fantasmes, nos hontes. Cette lecture se fait au pas de course, sur les traces de Zarca, en une sorte d'apnée gigantesque parce que Zarca va là où ça craint, là où ça pue, là où ça schlingue, là où on ne s'embarrasse pas de salamalecs, là où le temps mort ne tue pas que lui-même, là où la fuite en avant est un mode de vie. Mais il va aussi là où se nouent de vraies amitiés, bâties sur un affectif, sur des rencontres.

Littérairement, Zarca argotte. Sans que le lecteur détienne forcément tous les codes, tous les tics de langage, et moi le premier !, ce style ne provoque aucun décrochement de sa part et participe a contrario à la désacralisation de l'objet littéraire à laquelle s'attaque Zarca et à l'éclatement des genres.

J'ai aussi tout à fait conscience, de ma position très extérieure, très inculte, d'avoir un regard à la limite de la considération morale de ce qui, pour d'autres, constitue un quotidien nocturne pour eux alors que pour moi il est diurne.

Le Paname de Zarca est le négatif de notre Paris diurne, bien policé, bien fréquentable. Il attire autant qu'il rebute. Contrairement au livre, qui ne vous rebutera pas, j'espère.

Lien : http://wp.me/p2X8E2-TK
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Si un pote ne me l'avait prêté, je n'aurais pas lu Paname Underground, enfin pas de sitôt. Malgré le buzz du prix de Flore, le bouzin ne se trouve pas encore bien en vue sur une étagère de ma médiathèque chérie alors que le mec de l'underground en est devenu le mac. Mon pote connaît Zarca, Zarca le connaît. Zarca a l'air de connaître pas mal de monde, de tous les mondes. du prétendu beau et de l'immonde. Comme le bouzin de Zarca je ne suis pas manichéen ; tous ces mondes communiquent par les boyaux sordides de l'humanité.
Je me sens comme l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'auteur, l'exemplaire dédicacé à mon pote dans les pognes. Alors c'est quoi les bails ? Zarcanoïd casse des briques.
Paname Underground est une autofiction. Une quête de l'essence de l'interlope parisien qui se transmute en enquête. C'est un polar et d'un genre pas piqué des vers : le hard-boiled. Une plongée dans un gouffre sans fond ; l'escalade de la violence. C'est de pire en pire, donc de mieux en mieux. Si pour vous un polar c'est du Julie L'escroc en charentaises avec une verveine, passez votre chemin.
Le monde est petit, je ne vous apprends rien. Bien que l'underground soit tentaculaire comme une entité innommable, celui de Paname est minuscule. « Paris ça s'écrit M.E.R.D.E. » dixit Daniel Darc dans les années 80. Vous vous défoncez pour dénicher vos gars sur quand vous en avez le plus besoin et les embrouilles vous trouvent. Une vengeance en avorte d'une autre dans ces égouts à ciel ouvert. Comme dans la vie, il n'y a qu'une seule fin.
Bémol pour les incultes, le langage de rue fleurit dans les pages du bouzin. Rien d'insurmontable. Si tu allumes tes neurones le contexte permet d'entraver. Mais si tu captes rien miskine, fais pas ton fomblard et choufe Google OKLM dans ton teum-teum.
Bon, j'ai pas que ça à foutre, comme j'ai pas le seillo faut que j'aille faire les yeux vaudou à une bibliothécaire michto pour qu'on lui bicrave le Boss de Boulogne.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Direct, je flanque à l’épave une golden dans la bouche, le fils de pute se rétame sur le sol sablonneux. Sans pitié, je plonge à terre pour le finir en ground and pound, lui balance un steak dans la face, puis deux, puis trois, puis quatre… Dix, onze, douze… Je l’éclate, lui envoie trois coudes et deux coups de plafonds. – T’es mort, enculé ! Je le défonce encore et encore, ne cesse de me défouler sur ce crevard, l’expédie dans le coma. Le corps contracté à balle, le poing droit flingué, je me relève et ajoute un penalty dans la boîte crânienne de ce chien. Je pense à Diana, récupère mon sachet de coke et me le vide dans la bouche. L’Underground c’est moi.
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Lui même le dit: "Les Kalashnikovs, pour nous les Afghans, c'est un peu comme vous et le camembert."
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Contrairement aux idées reçues, les combats clandestins sont réglementés : interdit de viser les yeux, la pomme d’Adam et les bouliches. Pour le reste, c’est 100 % freestyle. Celui qui tombe K.O. ou abandonne la baston a perdu. Le rabouin rappelle ces quelques règles aux deux combattants et lance le « Start » avant de s’évaporer dans la foule compacte.
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Les Champs-Élysées. La plus belle avenue du monde… Seul un touriste jap ou un redneck de Floride peut te débiter une connerie pareille. Il suffit juste de scanner le périmètre en pleine nuit pour sonder le foutoir, entre lascars en virée, bastons et embrouilles, tireurs, arnaqueurs et voleurs à la ruse. Un dépotoir parsemé de verre pilé, sacs plastoc, flaques de gerbe et ordures.
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Bezbar est un boxon à ciel ouvert et encore, je ne te parle pas du marché des voleurs, cet immense foutoir de où se concentrent tireurs et chouraveurs, en toute gente, biffins, manouches et enfants de la misère, brocanteurs spécialisés dans les slibards, les calcifs et les renifleuses. Tu pourras y dégoter un nouveau téléphone de chez Tati, un ordi, des sapes, des produits électroménagers et même des yaourts presque pas périmés.
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