Ce petit livre contient trois
nouvelles de l'auteure afghane
Spôjmaï Zariâb, reproduits dans le texte persan en fin d'ouvrage, ainsi qu'une très instructive et agréable postface par
Michael Barry qui illustre à la fois la biographie de la nouvelliste, dans l'extraordinaire contexte historique et scolaire-universitaire des années 70 où elle a eu la chance de se former, et un bref aperçu de la littérature afghane d'expression persane depuis le Moyen Âge.
Les trois
nouvelles expriment, de manières complémentaires, le même sentiment de suffocation. « La carte d'identité », le fait par le réalisme, en peignant la claustration d'un jeune homme, par sa mère qui tente de le protéger ainsi de la guerre ; « À la chasse aux anges », le fait par une subtile antithèse, en campant dans un intérieur idyllique le personnage d'une mère et sa petite fille émerveillée par la chute de flocons de neige, pour laisser filtrer en catimini l'angoisse (définitive et irréversible) provoquée par la transmission trans-générationnelle d'un récit religieux apparemment anodin ; «
Ces murs qui nous écoutent », le fait par le symbolisme : cette nouvelle bâtie sur un double récit – celui de la narratrice et celui du collègue – fait référence presque explicitement aux univers kafkaïen et anti-utopiques (
Ray Bradbury, Orwell...).
Par une expression très succincte, fortement poétique (certaines images sont répétées à l'identique à plusieurs reprises à différents moments du récit), une violence inouïe se dégage contre une oppression multiforme et étouffante qui parvient à ne jamais mentionner l'occupation soviétique ni les talibans ni même seulement la misogynie.