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Critique de Apoapo


Apoapo
28 décembre 2018
Voici un recueil de sept nouvelles qui ont pour thème les relations entre mères et enfants, parfois narrées à la première personne, d'où le soupçon, le doute, presque le souhait ou l'illusion qu'elle recèlent une certaine part autobiographique, parfois au contraire narrées à la troisième personne, dans des situations et de temps évidemment éloignés de la propre biographie de l'auteure. Il y a une seule l'exception : « Dans les griffes des chiffres », où il n'y a ni mère ni enfants, mais où par contre l'autobiographisme semble presque une certitude, tant est précise et intime la description de la nostalgie qu'éprouve une jeune étudiante résidant en France de l'usage de sa langue maternelle, et tant est réaliste le personnage de son voisin Youssouf Behrouz.
Comme dans les autres nouvelles de Zariâb que j'ai lues, il plane ici aussi une désespérance tantôt diffuse, tantôt aiguë, une angoisse liée à la condition féminine ressentie autant au plus jeune âge qu'à l'âge adulte.
Une caractéristique technique qui m'a surpris dans plusieurs de ces nouvelles est la présence de deux récits, parfois même presque d'une longueur comparable, à l'intérieur d'un texte : s'ils finissent par s'emboîter parfaitement l'un dans l'autre, le mécanisme de cet engrenage est étonnant. Dans la première nouvelle éponyme, qui est la plus longue, il y a d'abord une évocation trans-générationnelle (j'avais déjà lu ce procédé dans une autre nouvelle de Zariâb) de la même image : le dessin du coq ; mais on peut également penser à la digression des personnages masculins croisés dans ce fameux onzième jour du mois, jour de la préparation et distribution de l'helva. Dans « Le chant de l'Indépendance », une place assez équivalente occupent le souvenir de l'accident du puits et le récit principal de la petite fille avec son travail manuel confectionné par sa mère, alors que la chute qui donne son titre à la nouvelle peut n'être qu'un clin d'oeil politique (éventuellement ironique). Dans « Quand les chats deviennent des hommes », il semble que la description des les sentiments respectifs et opposés de la mère et de ses filles lors de la visite au zoo n'a qu'un lien assez éloigné (voire « capillotracté »!) par rapport à la cruauté de l'histoire du petit voisin qui martyrise les chatons du quartier. Enfin dans « Le combat des géants », l'on se demande si le malaise de l'enseignante, dont les filles provoqueront un déclic salutaire de remise en question, est un dépit vis-à-vis des élèves cancres ou une gêne vis-à-vis des collègues et de la surveillante, dont la description se situe en parallèle avec l'action et le lieu principaux. Cette forme composite de narration avec plusieurs récits parallèles contribue naturellement à la vraisemblance de la nouvelle, elle offre aussi davantage de profondeur et de complexité aux personnages et aux situations, mais elle peut, pour le moins, surprendre.
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