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Critique de FungiLumini


J'aime tout ce qui sort de l'ordinaire, que ce soit sur le fond ou sur la forme. C'est donc le format atypique de ce roman qui m'a attirée en premier lieu : livre en accordéon qui se déplie sur plusieurs mètres et qui nous présente deux versions de la réalité. Ensuite, le thème des zombies me plait toujours beaucoup, et j'avais gardé un excellent souvenir de le Club des punks contre l'apocalypse zombie, également chez ActuSF. Il me tardait donc de découvrir ce livre-objet hors-norme. Quand je l'ai reçu, j'ai été un peu étonnée par sa taille, qui est plutôt petite, mais c'est un format type carnet de croquis, qui tient dans la poche et qu'on sortirait quand l'inspiration arrive, et donc plutôt adapté à cette formule.

Zariel (ou un narrateur anonyme également artiste, comme vous préférez 😉 ) est en haut de son immeuble, derrière sa fenêtre et décrit ce qu'il voit. Pile ou face, l'auteur/illustrateur nous propose deux visions de la réalité : on commence avec notre monde, visuel d'existences mornes, ordinaires, des gens dans les transports en commun, image qui devient de plus en plus pessimiste au fur et à mesure qu'on avance dans la fresque. Des gens qui courent après le temps pour gagner toujours plus d'argent pour pouvoir le dépenser à des choses inutiles, sans prendre soin des personnes qui les entourent, ni même d'eux-mêmes.

L'autre face, plus sombre et trash, est la version apocalyptique de notre monde, si le virus Z avait contaminé la planète. Les zombies se promènent sous les fenêtres de l'immeuble, et le plus triste, c'est qu'à part leur apparence physique, rien n'a changé, leurs comportements semblent les même que dans notre présent. Toujours la routine, l'indifférence, la léthargie… brisée uniquement lorsqu'un objet de désir se dresse sur leur chemin, ils sont alors prêts à s'entretuer pour l'obtenir. Un livre dont le contenu préoccupant et très noir sonne étrangement juste en cette période de pandémie…

Le rendu visuel est assez coloré, en noir, jaune, rouge (vive la Belgique :D), ce qui donne un très beau résultat. Zariel nous propose dans cet ouvrage un gigantesque croquis, aux traits épais et précis, une esthétique qui m'a beaucoup plu. J'ai aussi beaucoup aimé la couverture, qui est aussi à double sens : personnage (autoportrait?) avec son carnet de croquis sur la première, ce qu'il reste de lui après le passage des zombies sur la quatrième. 😉 le noir n'y est pas tout à fait noir, il est texturé, donnant forme aux ombres qui s'y cachent, tout comme le narrateur se cache derrière sa fenêtre.

Les textes ne prennent pas beaucoup de place, laissant parler la fresque, mais sont percutants de vérité. « Rien n'a changé » revient comme une sentence, condamnant notre génération de zombies à se contempler dans sa propre apathie. de brèves pensées qui reflètent bien notre époque qui vit dans l'instantané, sans se soucier des conséquences.

Ce qui serait encore plus chouette ? Faire de ce livre à part une oeuvre transmedia, de ces écrits percutants, une chanson punk !

Un objet-livre hors norme : une fresque sombre et colorée à la fois qui se déroule sur plusieurs mètres, une réalité entre présent et futur version apocalypse zombies, à pile ou face, dans laquelle pourtant « rien n'a changé ». Des phrases courtes et percutantes pour une dénonciation de notre société individualiste et consumériste. Une belle réussite pour cet OLNI (objet littéraire non-identifié) et une expérience visuelle à réitérer d'urgence !
Lien : https://livraisonslitteraire..
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