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Critique de MarianneL


Zyrànna Zatèli est -selon Michel Volkovitch son traducteur- une véritable star en Grèce, notamment grâce à ses nouvelles dont ce texte a la tonalité étrange (parait-il très «zatélienne»), d'une cinquantaine de pages.

Anatolie est une vieille femme - et non l'Asie mineure -, malade, amaigrie et fiévreuse, et mise en quarantaine, dans un village du nord de la Grèce. La narratrice, enfant, est la seule à oser s'approcher d'elle et elle devient son lien avec le monde des vivants. Une relation proche se développe ainsi avec cette femme âgée et mourante, tour à tour rude, sarcastique ou simplement fascinante.

Les habitants du village, personnages merveilleux, tels le bijoutier qui met des pompons aux oreilles des chats, disparaissent totalement dès que l'enfant rencontre, et est comme happée dans sa relation avec la mystérieuse Anatolie. Anatolie lui raconte le départ de sa soeur, de son frère aimé et celui de son père.

La façon de raconter de Zyrànna Zatèli a quelque chose d'oblique ; elle donne une dimension fantasmagorique aux choses les plus simples et même un boucher mangeur de viande crue et dépuceleur général devient poétique, et une paire de chaussures vertes comme des poivrons deviennent fantastiques.
Et (tant pis si cette expression est totalement galvaudée) c'est donc un petit bijou !

« Quand je m'approchai, l'impression de rêve persista et je vis Anatolie – ce ne pouvait être qu'elle – assise sur une chaise, un peu penchée en avant, au-dessous d'une lampe à pétrole accrochée au mur, le verre entouré d'une feuille de gélatine jaune. Que faisait-elle dehors de grand matin dans un tel brouillard ? Rien. Elle restait là. J'apprendrais bientôt qu'elle aimait sortir dans sa cour à l'aube, ou le soir, avec sa lampe, et s'asseoir ainsi. Elle entendit mes pas, tourna légèrement la tête et suivit mon approche, le visage tout à fait dénué d'expression, à cela près que ses yeux, quoique inexpressifs, avaient de quoi troubler : enfoncés, fendus, très humides, parfaitement sombres, ils luisaient comme un marécage, comme une boue d'un vert noir sous les rayons du soleil ou de la lune. »
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