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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un Zelazny au top niveau !

C'est grâce à la récente liste de Walktapus - que les Dieux Très Anciens lui soient favorables - consacrée à l'auteur que j'ai enfin extrait Dilvish le Damné de sa prison de bois contreplaqué (ma bibliothèque). Je ne sais pas si, comme le vin de garde dans la cave, il a gagné de l'arôme avec les années, mais il est intrinsèquement adapté à mon palet pour sûr !

Dilvish est un demi-elfe, un soldat qui sauva jadis la ville de Portaroy. Mais il fut tristement transformé en statue par le puissant sorcier Jérélak qui s'apprêtait à offrir une jeune fille en sacrifice à un dieu ou un démon quelconque. Les gens de Portaroy ramenèrent la statue et la placèrent sur la place principale. Une légende naquit, annonçant le retour à la vie du héros quand la ville le nécéssiterait.
Longtemps après, Portaroy fut menacée… et la légende devint réalité. Alors que son corps était figé, l'âme de Dilvish vécut en Enfer des temps difficiles mais riches en enseignement. Revenu à la vie, il maîtrisait les Douze Abominables Formules, il chevauchait un cheval de métal et portait des bottes vertes d'elfe.

Ce livre regroupe l'ensemble des écrits consacrés à Dilvish. L'histoire éditoriale de ce personnage est originale. Les premières nouvelles ont été publiées entre 1965 et 1970. Elles baignent dans une ambiance celtique modernisée qui fait penser au « Seigneur des Anneaux » mais aussi (j'ose) à « La Sève et le Givre » de Léa Sihol. Dans ces premières courtes histoires, Dilvish cherche à sauver à nouveau Portaroy des armées de Lylish, le colonel de l'Ouest. L'épique domine. La maigreur des nouvelles peut frustrer le lecteur car on se contente de goûter un plat qui s'annonce extrêmement savoureux. Elles sont cependant comme les pièces d'un puzzle qui suffisent à donner une représentation de l'univers. Les histoires sont agréables mais c'est l'ambiance qui m'a envouté.

Zelazny ne reprend son personnage qu'en 1979 et jusqu'en 1982. Entretemps, il aura écrit la plupart de ses chefs d'oeuvre – le premier cycle des Princes d'Ambre, Toi l'Immortel, Seigneurs de Lumière. Les nouvelles sont plus longues (hormis « La Bête des Neiges » qui fait seulement 6 pages) et l'épique laisse la place à une affaire plus personnelle : la vengeance que Dilvish veut assouvir contre le sorcier Jérélak. En cela il me fait penser au Cugel de Jack Vance, et comme lui Zelazny n'hésite pas à faire usage de l'humour dans ses dialogues. La plus grande longueur des histoires lui permet de faire intervenir des personnages qui nous offrent leur propre point de vue (« La Tour de Glace », « le Démon et la Danseuse »). Cela culmine avec le roman « Terres Changeantes » - autrefois publié en France sous le nom « La Terre Mouvante » - où Dilvish n'est plus qu'un personnage parmi les autres. le roman fait la part belle aux sorciers (organisés en Société très fonctionnarisée), aux démons et aux Dieux Très Anciens dont Tooaloa, tentaculaire et baignant dans la merde, est un clair hommage à Lovecraft. Zelazny est cependant resté dans l'aventure teintée d'humour et n'a pas poussé l'hommage jusqu'à imiter les atmosphères lourdes du créateur de Cthulu.

Je suis sorti de ce livre ravi, et frustré. Car des pans entiers de l'histoire de Dilvish, de ses ancêtres héroïques, de son cheval d'acier Ténèbres et de son ennemi Jérélak restent inexpliqués. J'en aurais volontiers consommé beaucoup plus. J'en veux à Zelazny d'avoir oublié Dilvish aussi longtemps même s'il a l'excuse d'avoir créé Corwin d'Ambre.

Mais quand je goûte à cette frustration, cette curiosité à jamais inassouvie, nourriture de riches conjectures futures et futiles. C'est un goût sucré que je sens. J'en ai souvent fait l'expérience : mieux vaut parfois ne pas tout savoir plutôt que gâcher avec des explications sans saveur.
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Il était une fois un temps où la Fantasy ne se résumait pas à des héros adolescents qui sauvent le monde guidés par une prophétie, ou à des héroïnes sexy qui fricotent avec des vampires et des loups-garous.
Dilvish le Damné appartient à cette autre époque : dieux oubliés, magiciens surpuissants, démons récalcitrants, héros déchus qui ne peuvent pas s'empêcher de continuer à sauver la veuve et l'orphelin… bienvenu dans le monde de Roger Zelazny, l'un des rares auteurs à avoir été aussi à l'aise en Science-Fiction qu'en Fantasy.

C'est bien évidemment de la Fantasy vintage, mais il ne faut pas bouder son plaisir : la plume et l'univers de Roger Zelazny sont toujours très agréables à retrouver. Malgré les 20 années qui séparent les différentes nouvelles, les histoires s'enchaînent très bien malgré quelques hiatus (le duel avec Lance à l'armure indestructible, le réveil des légions maudites de Shoredon et la 2e libération de Portaroy, l'épée de Sélar, le sort de Rhina…).

Les 1ères nouvelles m'ont semblé du même tonneau que celle du "Dit de la Terre Plate", en nettement moins capiteux : narration détachée, ambiance éthérée, univers de conte de fées/démons. Après on revient à de la Sword & Sorcery plus classique avec notre Colonel de l'Est, le Libérateur de Portaroy, bon épéiste et maître en sorcellerie, même si sa mystérieuse monture Ténèbres, espèce de Jolly Jumper démoniaque, en sait bien plus que lui sur les arts magiques.
Les nouvelles suivantes changent de ton, gagnent en consistance et montent en puissance : j'ai ainsi vraiment bien aimé la "Tour de Glace" (et son épique duel de sorcellerie), et la "Danseuse et le Démon" (et son final doux-amer).

Le roman en lui-même est aussi plaisant qu'intéressant avec son Château-Hors-du-Temps situé au coeur des indescriptibles Terres Changeantes qui nous rappelle au bon souvenir des Cours du Chaos des "Princes d'Ambre".
Entre les mages noirs, blancs et gris qui se la jouent "Grande Evasion", 2 histoires d'amour entrecroisées, un Jélérak plus fourbe que jamais et les machinations de Melbriniononsadsazzersteldregandishfeltselior, les pages défilent très vite.
Fil des pages au cours duquel d'ailleurs on s'attache de plus en plus à Dilvish et Ténèbres conçus sur le même moule que Corwin et Ganelon des "Princes d'Ambre" : c'est à grand regret qu'on doit les quitter au terme cette ultime aventure.

Lien : http://www.chemins-khatovar...
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Dilvish le Damné est un recueil de nouvelles associées à un roman, centrés sur ce personnage flamboyant s'il en est. Notre homme est un héros emblématique du sword&sorcery, engagé dans une lutte sans merci contre Jélérak, un puissant sorcier. le contentieux entre les deux hommes est profond et ancien, c'est également un des secrets de Dilvish que vous dévoileront les textes de Roger Zelazny.

Il y a peu à dire sans gâcher le plaisir de la lecture et de la découverte de ce protagoniste dont la profondeur d'âme et la complexité de caractère apparaissent au fur et à mesure. Sachez qu'il monte un cheval de métal qui lui vole presque la vedette tant l'animal est charismatique (oui, il cause aussi).

Question héroïc fantasy, nous sommes servis, et si j'avais quelques réticences initiales, cette compilation les a effacées.

Le recueil propose donc 11 nouvelles plus ou moins longues et un roman se déroulant dans le même univers avec les mêmes protagonistes. Les textes ont été écrit sur plusieurs années; cet étalement dans le temps exerce une influence sur le style et l'ambiance des récits. Initialement nous sommes bien dans une veine épique avec une atmosphère vintage, le ton me faisait penser à Lord Dunsany et le Roi des Elfes. Roger Zelazny a débuté par la poésie, et son style est loin d'être lourd et ampoulé malgré l'emphase de sa prose. Les mots sont justes, les phrases précises et malgré l'aspect épique du propos, le tout reste efficace et prenant.

Puis, l'écriture évolue subtilement pour s'apparenter à une résonnance plus proche de Fritz Lieber et son Cycle des Épées, dans la lignée des Conan et autres romans d'HF. le roman Terre Mouvante, en fin de volume, est quasiment dans ce ton. Je dois avouer une préférence pour la partie initiale dont le lyrisme et la poésie plus légère m'ont davantage séduite – ou était-ce la découverte de Dilvish et de l'étendue de sa tâche ?…

Nous avons un personnage qui semble coller parfaitement au cadre du héros type : chevaleresque, courageux, noble, humble et qui défend la veuve et l'orphelin. Puis, nous découvrons qu'il n'est pas un parangon de vertu, Dilvish est obsédé par la vengeance. Tout son être, toute son énergie, toutes ses ressources sont tournés vers ce but unique et ultime. En cela, il s'écarte du paladin voué aux forces du bien et de la lumière pour pénétrer dans un territoire plus obscur. Pensez-vous à un célèbre héros (ou anti-héros) du cinéma ?

Évoquer Dilvish sans son compagnon équin tout de métal ne rendrait pas justice au recueil. Ténèbres qui porte merveilleusement bien son nom, parle et peut même cracher du feu, même s'il n'est pas le produit d'un croisement avec un dragon. le duo forme une paire épique, qui semble invincible. Par ailleurs, ce cheval d'acier est source de sagesse et semble parfois doté d'un sixième sens, il est un élément essentiel dans leur quête de vengeance. Leurs interactions franches et amicales sont agréables et empreintes d'humour. Ténèbres n'a pas son pareil railler son compagnon, et souligner ses contradictions. Oubliez Lucky Luke et Jolly Jumper ou Zorro et Tornado, la relation de Dilvish et Ténèbres est sans pareille, proche d'un hôte et son symbiote.

Quant à la trame – qui finalement n'est pas l'essentiel de ce recueil, le voyage comptant plus que la destination – elle demeure très classique. Notre protagoniste est engagé dans sa mission, rencontrant sur son chemin des obstacles, volant au secours de la veuve ou de l'orphelin, cédant à la séduction d'une superbe femme toute en ambiguïté, affrontant des dangers et des épreuves…

Bien plus sur mon blog
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Roger Zelazny nous prend dans ses filets.
Nous rencontrons ici un homme (demi-elfe), soldat mais aussi gentilhomme en quête de vengeance,qui est sortit de l'enfer après 2 siècle d'enfermements, suite à la rencontre avec un mage noir.
J'ai littéralement été prise par l'histoire, qui nous est présenté sous forme de nouvelle,
Chaque chapitre que nous commençons , nous invite dans les aventures de divilsh notre héros et de son fidèle destrier ténèbres qui est un démon .
Je vous recommande cette lecture qui nous emporte .
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Une intégrale dans la plus pure tradition de l'heroic fantasy classique qui montre l'évolution de l'écriture d'un des grands auteurs de SFF.

Dilvish le Damné rassemble tous les écrits de Zelazny mettant en scène ce personnage tragique. le travail d'éditeur est très bien réalisé, même si je regrette l'absence d'une préface et d'une chronologie pour mieux comprendre comment l'auteur a travaillé ce corpus de textes au fil de sa carrière.

Car Dilvish le Damné n'a pas été rédigé d'une seule traite, et la variété des textes qui composent cette épopée l'atteste largement. Nouvelles et novellas, constituent le prélude à un roman court qui constitue l'apothéose du héros. Composées à différentes époques dans la carrière de Zelazny, chacune de ces aventures est particulière et différente en termes de construction et de ton.

Avec Dilvish le Damné, il s'agit avant tout de Fantasy, au sens le plus noble du terme, renvoyant aux classiques Conan de Robert Howard, au cycle des Epées de Leiber, ou aux cycles Corum et Elrix de Moorcock, sans en atteindre toutefois l'ampleur. Dilvish n'est pas le chef-d'oeuvre de Zelazny, mais est tout à fait agréable à lire, même lorsqu'on n'est pas forcément fan de l'heroic fantasy.

Acheté à sa sortie, et entamé dans la foulée, ce livre m'a pourtant fait caler sans qu'il n'y ait vraiment de raison logique juste avant Terres Changeantes, le court roman qui clôt les aventures de Dilvish. Il a fallu attendre début 2015 pour que je m'y replonge, avec beaucoup plus d'entrain.

On y trouve tout ce qu'il faut pour passer un très bon moment de lecture: combats à l'épée, magie, humour, tragédie, vampires et démons, fantômes et dieux... Il ne marquera cependant pas le lecteur habitué aux Moorcock, Eddings et autres: Dilvish, rédigé à des époques différentes, souffre d'une sorte de syndrome du "second plan". Bien qu'elle présente toutes les caractéristiques d'une excellente histoire, cette épopée n'a pas été le centre de l'attention de son auteur, déjà focalisé sur le cycle des Princes d'Ambre. Or, cela se ressent fortement, et c'est vraiment dommage.

Même si j'ai beaucoup aimé Dilvish le Damné, je regrette énormément sa forme hétérogène et ce petit goût de manque qui persiste dans la bouche tout au long de la lecture, et reste encore longtemps après que l'on ait tourné la dernière page. Une réussite, donc, mais en demi-teinte...
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Critique certifiée sans révélation.
Des éléments peuvent préparer de futurs lecteurs à certaines perturbations.

Ce gros livre de 590 pages regroupe toutes les aventures de Dilvish le Damné. Une histoire épique 100% fantaisie, fait plutôt exceptionnel pour l'auteur, s'offre à nous derrière cette magnifique couverture d'un chevalier en armure à l'épée scintillante sur un cheval cuirassé, affrontant sans peur une nuée de flèches devant une imposante citadelle.

11 nouvelles introduisent l'oeuvre principale, Terres changeantes (que je critiquerais en second temps). Elles sont toutes intéressantes, chacune à sa manière, et bourrées de qualité. Malheureusement, leur lecture a également été gênée par quelques perturbations.
J'ai mis du temps à passer outre la première, la faute à la couverture : s'il est bien question d'un cheval d'acier (et quel personnage, tout droit sorti des enfers !), il n'est question ni d'armure ni d'épée scintillante. le héros est un elfe tout en souplesse, muni de bottes magiques. Cela implique un comportement du héros très différent de l'image mentale de bourrin que l'on m'avait suggérée avant l'ouverture du livre. Dommage, il est toujours frustrant de se faire une représentation fausse d'un personnage.
Dès les premières pages, l'histoire est intense. Une chasse à l'homme, un cheval d'acier, une guerre qui s'annonce, douze Abominables Formules, un héros en quête de vengeance, de redoutables ennemis. Tous les éléments d'une grande épopée se mettent en place en quelques nouvelles avec un réel brio, il faut bien le souligner. Lorsque le héros passe à l'offensive, survient alors ma seconde perturbation : la nouvelle suivante raconte une toute autre histoire de notre héros. Les événements en cours sont du passé, des personnages oubliés, seul reste un goût d'inachevé. Je me suis sérieusement demandé si je lisais bien l'histoire dans l'ordre chronologique, s'il ne fallait pas introduire la lecture de Terres changeantes à un moment ou à un autre.
Une fois ce saut temporel admis, l'histoire de Dilvish rappelle agréablement les légendes Arthuriennes, dont les nouvelles n'ont d'autre lien que le fil rouge de l'histoire (ici, la vengeance personnelle promise dès le début par le héros). Elles sont de rythmes, de durées et de genres différents, mais jamais décevantes. du quotidien et de l'anodin surgissent spontanément des dangers dans ce monde dangereux, riche en histoires, en lieux et en personnages.

En un sens, le roman Terres changeantes est lui-même une troisième (et dernière !) perturbation : Dilvish et son surprenant cheval d'acier ne sont plus les seuls dans la danse. Ce n'est plus une épopée, tout se concentre en un lieu où les plus puissants sorciers semblent vouloir se rassembler. Beaucoup de forces en présence avec leurs propres ambitions entourent notre héros qui progresse doucement. La base de l'histoire est solide, et l'idée de ce château Hors-du-Temps, au centre de ces terres changeantes, est absolument géniale. le tout a un véritable air de final.

Mis à part l'une des nouvelles (La tour de Glace), aucune n'est vraiment en lien avec cette histoire. Dommage qu'aucun personnage n'y ait été introduit pour donner un peu plus de sens et de cohérence à l'ensemble, mais au moins nous permettent-elles de nous familiariser avec ce formidable duo de héros. Encore une fois, Zelazny nous fait preuve de son imagination et de son talent de conteur. Un univers et une histoire à la hauteur des productions habituelles de Zelazny.
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Cet ouvrage me laisse un goût assez étrange. Autant j'ai adhéré quasi sans réserve aux nouvelles, je suis resté sur ma faim quant au roman proprement dit.
J'ai trouvé Zelazny plus à l'aise, plus concis et plus "juste" dans les formes courtes que dans la forme longue. Bien que celle-ci conclut le cycle de Dilvish, il lui manque l'ironie et le tranchant des nouvelles.
Après, on ne pourra que saluer l'éditeur d'avoir rassemblé ces écrits au sein d'un même volume.
Merci Lunes d'Encre
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