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Critique de thimiroi


"Les dieux aveuglent ceux qu'ils veulent perdre." (proverbe grec)

Le maître des rêves est le premier roman de Roger Zelazny (il est paru en 1965 en magazine sous le titre « He who shapes », « Le Façonneur ») et il a reçu le Prix Nebula du meilleur court roman.
Charles Render est un « Façonneur », autrement dit un psychiatre « neuroparticipant » qui crée des rêves permettant à ses patients endormis de découvrir leurs désirs cachés. Cette pratique nécessite une maîtrise, un art, qui est aussi évidemment une métaphore de la création littéraire.
Render rencontre une autre psychiatre, Eileen Shallott. Celle-ci est aveugle et demande à Render de lui faire voir le monde, de façon à ce qu'elle aussi puisse devenir une « façonneuse ». Mais cette demande est risquée, car Eileen pourrait perdre totalement le contrôle de ses émotions en découvrant tout ce dont elle a été privée, basculer dans la folie et y entraîner Render. Mais Render a confiance en ses capacités et veut réaliser ce qui n'a jamais été tenté auparavant…
Render et Eileen sont deux personnages tragiques. Render est victime de son « hubris », il est trop sûr de lui, alors qu'en fait il a été meurtri par la mort de sa femme et de sa fille quelques années auparavant, ce que montre d'ailleurs son comportement vis-à-vis de son fils qu'il surprotège ; il néglige toute une série d'expériences de ses confrères qui ont mal tourné ainsi que les avertissements de celui qui l'a formé. Quant à Eileen, elle aussi refuse de prendre en considération toute une série de signes inquiétants.
Dès lors, la catastrophe semble inéluctable…
Le roman comporte de nombreuses références qui auraient gagné à être explicitées par quelques notes de l'éditeur. le début se réfère à la mort de Jules César (voir le récit de l'historien Suétone, repris par Shakespeare dans sa pièce Jules César), mais pour sa démonstration, Render fait mourir le lieutenant de César, Marc-Antoine, au lieu de César ! de même les pages qui concernent Tristan : pensant qu'Yseult ne viendra pas le retrouver parce qu'on lui annonce que son bateau porte une voile noire, il en meurt de désespoir…
Une oeuvre tout à fait fascinante.
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