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EAN : 9782070447954
400 pages
Gallimard (30/08/2012)
3.77/5   139 notes
Résumé :
Il a pour nom Mahasamatman, Bouddha, Tathagata ou, plus simplement, Sam. Il est également le prince Siddhartha. Tout juste revenu à la vie, il décide de se mettre en marche et de se soulever contre Brahmâ, Vishnou et Shiva, ces immortels composant la Trimoûrti qui règne sur les habitants d'une planète isolée. En montrant la Voie et en disant la vérité aux mortels, il espère bien faire des ravages dans les rangs des Seigneurs de Lumière...

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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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C’est de la Science-Fantasy : c’est même à la fois très Science Fiction et très Fantasy. Une fois qu’on a compris de quoi il retournait, c’est vraiment très plaisant que de glisser de la SF à la Fantasy et vice-versa, ainsi les Yakashas sont-ils de véritables démons où une forme de vie autochtone alien ?
Les deux lectures sont possibles d’ailleurs dans ce Planet Opera qui relit magistralement l’hindouisme et le bouddhisme, car la technologie peut-être indiscernable de la magie aux yeux des profanes, et l’illusion est bien maintenue dans une sacrée bonne partie du roman. D’ailleurs le personnage principal ne se prive parfois pas de brouiller les cartes.
Cela a été écrit en 1967, mais c’est plus moderne, et à la fois plus frais et plus profond que bien des trucs sortis ces dernières années.

C’est aussi fort agréable de découvrir derrière le masque des divinités hindoues des psioniques surpuissants se faisant passer pour des dieux mais qui étaient autrefois de simples humains partis à la conquête des étoiles (Nirriti le Noir, aumônier de l'Étoile de l'Inde, se retrouve à la tête d'une armée de zombis totalement soumis qui s'agenouillent à la moindre occasion pour l'accompagner dans la prière). Le pouvoir infini corrompt infiniment et ces faux dieux infiniment puissants et infiniment corrompus nous offrent aussi une plongée dans les profondeurs de nos egos respectifs, à l’image du Francis Sandow de "L’Île des Morts" et du "Sérum de la Déesse Bleue" du même auteur qui nous expliquait que pour obtenir des pouvoirs divins il faut se prendre pour un dieu.

Comme Dilvish, Corwin, Merlin, Kai Wren et même Snuff le chien, Mahasamatman, « Sam » pour ses amis, est un héros ambigu mais profondément humaniste, ici doté en plus d’une farouche volonté d’éradiquer un système injuste. Ce demi-dieu rebelle, ce Prométhée moderne va une nouvelle fois affronter ses pairs, pour aider l’humanité en menant cette fois-ci une révolution sociale inspirée du bouddhisme.
Et on retrouve donc avec plaisir un Dallas Fantasy avec ce panthéon hindou où chacun possède ses amitiés et ses inimitiés, ses amours et ses haines… d’où une longue lutte faite d’intrigues retorses, d'alliances contre-nature, de trahisons en veux en voilà et de batailles dantesque entre super-héros cosmiques à grands coup d’Attributs (ADM portatives) ! Bref l’épique côtoie l’éthique grâce au style original et quasi inimitable de Roger Zelazny.

Attention toutefois à la narration sophistiquée car il y a 3 trames temporelles bien distinctes dans le roman et l’auteur ne prévient pas quand il passe de l’une à l’autre : grosso modo : le monde d’avant, la 1ère rébellion de Sam, la 2e rébellion de Sam. On peut suivre la narration de l’auteur mais pour ceux que cela pourrait rebuter, on peut aussi suivre les chapitres dans l’ordre chronologique du récit : 2, 3, 4, 5, 6, 1, 7.
Le style ne fait pas trop dans la fioriture en dépit de nombreuses citations et références orientales. Et c’est tant mieux car sinon l’imagination débordante de l’auteur serait inabordable, lui qui déjà ne réussit pas toujours à extirper une vision bien claire de son imaginaire. Mine de rien les pages se tournent sans que l’on s’en rende compte tant on a envie de savoir comment Sam va s’en sortir…

Et encore une fois (ou plutôt déjà à l’époque !) un énorme subtext progressiste :
- hier comme aujourd’hui élite surpuissante mais enfermée dans ses tours d’ivoire dirige la destinée de peuples à la limite la misère
- en transférant leur psyché d’un corps artificiel à un autre, les colons acquiert l’immortalité et conservent indéfiniment leurs position dominante
(Dans notre monde réel, on parle désormais d’allongement de la vie à 150 ans, mais à un prix prohibitif qui le réserverait aux plus riches…)
Et dans le processus ils acquièrent des pouvoirs psioniques surpuissants en accord avec leur personnalité souvent narcissiques… (Sam l’Enchaîneur domine l’électromagnétisme, Kubera peut insuffler des émotions aux objets inanimés, Yama & Kali peuvent tuer d’un seul regard les pékins moyens)
- on accorde la grâce de la réincarnation à ses adorateurs les plus courtisans : quiconque n'a pas le bon karma, c.a.d. ne se conforme pas aveuglément et servilement au système, est réincarné en animal
Bref le conformisme le plus stupide et la courtisanerie la plus éhontée se marient bien pour faire office d’erzatz d’ascenseur social
- pour se préserver d’une éventuelle concurrence toute forme de technologie utile est condamnée sans une once de pitié y compris dans le domaine des WC…
- on maintient ainsi les peuples dans l’ignorance pour mieux préserver sa position, comme le font les dictateurs de tous les lieux et de toutes les époques (C’est d’ailleurs la principale thématique du final de l’adaptation animée de "Valérian & Laureline", véritable chaînon manquant entre "Doctor Who" et "Star Wars")
Bref pour qu’une vie meilleure s'installe chez les humains, il faut faire choir de son piédestal des élites qui verrouillent toujours le système dont elles profitent éhontément. Mais ce n’est vraiment pas une mince affaire !


En 1979 était prévue une adaptation cinématographique avec Jack Kirby « The King of Comics » ("Captain America", "X-Men", "Fantastic Four", "Hulk", "Thor", "Avengers", "X-Men"…) comme conseiller artistique. Comment cela aurait pu grave le faire !!!
Et pour être complet, sachez que ce film mort-né a été récupéré par la CIA comme couverture pour infiltrer l’Iran en plein révolution islamique pour trouver en marge du zozogate une solution à des expatriés américains en fâcheuse posture. D’ailleurs cette histoire est devenue le film "Argo".


En conclusion 4,5 étoiles arrondies à 5 étoiles, car on suit la quête d’un dieu progressiste qui se lance dans une théomachie à plusieurs temps pour rompre les chaînes d’une humanité asservie aux caprices d’une élite narcissique. Ce "Seigneur de Lumière" est vraiment brillant : arrivé au dénouement on ressent un terrible sentiment de manque. Pourquoi le roman ne fait pas 200 ou 300 pages de plus ? (mais j’ai lu que le prescripteur d'opinion nebalestuncon (sic) parlait d’expérimentation littéraire datée, d’emphase, d’ennui, de manque de fond, d’un écrivain surestimé… tous les goûts sont dans la nature mais mdr quand même).
On retrouve "Seigneur de Lumière" dans l’anthologie "Seigneurs de Lumière", une petite bible Zelazny à posséder absolument, merci bien Lunes d’Encre !
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Un homme tout de rouge vêtu, aidé d'une femme voilée et d'un petit singe, dans un monastère, s'affairent autour d'un corps inanimé et attendent une grande tempête. Leur objectif est de faire passer inaperçue l'utilisation d'une machine électronique qui sera à même de ramener l'âme et la conscience de "Sam", le Maitreya, Seigneur de Lumière, Kalkin le lieur de démon, bref, le Champion qui s'est battu contre les Dieux, âme envoyée par ces derniers, lors de la dernière guerre, dans le nuage électro-magnétique de la planète.
Mais Sam n'est pas forcément ravi d'avoir quitté le Nirvana pour reprendre la lutte contre le panthéon hindou, composé de ses anciens compagnons d'exil avec lesquels il a colonisé la planète. Il a besoin de temps, pour reprendre gout à la vie, à la lutte, trouver une stratégie inattendue pour jeter à bas les dieux du firmaments et donner à tous l'accès à toutes les technologies, comme l'imprimerie ou les toilettes, considérées comme impies par les Dieux et détruites dès que découvertes. D'abord, il doit se souvenir, et après, il le promet : " J'arracherai ces étoiles au ciel et les jetterai à la face des dieux, si c'est nécessaire. Je blasphèmerai dans chaque temple du pays. Je prendrai les vies au filet comme le pêcheur, s'il le faut. Je remonterai dans la Cité Céleste, si même chaque marche est une flamme ou une épée nue, si même le chemin est gardé par des tigres. Un jour les dieux regarderont du haut du Ciel et me verront sur l'escalier, leur apportant le don qu'ils craignent le plus au monde. Ce jour-là commencera le nouveau Yuga. Mais d'abord, il me faut méditer."

J'ai découvert Zelazny il y a un peu plus de 25 ans, et jusqu'à il y a quelques petites années, Seigneur de lumière était pour moi SON chef d'oeuvre. Je pourrais essayer d'être objective. de dire par exemple que ce livre à reçu le prix Hugo en 1968. Qu'il reprend des thèmes chers à l'auteur, comme une certaine forme d'immortalité (de l'âme, se transmettant de corps en corps via des machines), l'exploitation très réussie, comme toujours, d'une "mythologie" (hindoue) pour en faire une "fiction" (SF ? Fantasy ? je n'en sais rien, et franchement, l'étiquette, je m'en contrefiche comme de ma première liquette !). Ce livre évoque également le pouvoir, que l'on a, que l'on développe, que l'on utilise. Bref, je pourrais écrire une looooooongue critique sur tous ces aspects très rationnels de ce livre.
Mais ce n'est pas vraiment ce que j'ai envie d'en dire ! Moi, ce que j'aime par exemple, dans ce Seigneur de lumière, c'est la problématique du choix (être ou ne pas être un dieu, telle est la question !), et de ses conséquences, de l'éthique, de la responsabilité que l'on porte lorsque l'on dispose d'un peu plus de connaissance ou de forces que les autres. J'aime cette façon qu'à Zelazny de nous parler de ce que c'est qu'être humain, en proie au doute, à l'égoïsme, au côté sombre de chacun, à la latitude que l'on a d'y succomber ou pas (que la force soit avec vous !). Les échanges sur ce sujet entre Sam et Yama, ou entre Sam et les Rakashas sont passionnants à cet égard.
J'aime également ce passage au cours duquel Sam se rend compte qu'en prêchant une vieille doctrine à laquelle il ne croit pas vraiment, il amène Rild l'assassin à devenir le premier et le vrai "Eveillé". J'aime la façon dont Sam, pour "effacer" des souvenirs de prêtres safran, souvenirs qui ne devront pas apparaitre lors du sondage sur les machines à Kharma, choisit de présenter l'esthétisme comme valeur primordiale au sein de la vacuité, de l'illusion du réel, démontrant ainsi que la réalité de chacun n'est pas la même que celle des autres.
Il y a un peu d'humour dans ce Seigneur de Lumière, et certains paradoxes bien ciblés peuvent faire naitre une certaine ironie dans l'esprit du lecteur : par exemple, Nirriti, ancien aumônier, choisissant de représenter la religion catholique, marche à la guerre à la tête d'une armée de zombies (pour une religion "de la résurrection", ça me parait un comble !). Ou encore, et bien sur, pour mener à bien sa destruction du panthéon, Sam choisit d'incarner la "religion" la plus inattendue : le bouddhisme.
Mais Seigneur de Lumière, ce n'est pas que des dialogues bien sentis ou des blablas mystiques ; les scènes de combats sont magnifiques, il y a des morts, des vols, des possessions, des exécutions, des factions secrètes, et une ligne téléphonique directe vers Brahma, qui ne peut être qu'un homme (car si ceux qui jouent aux dieux sont interchangeables, ce qu'ils représentent est en revanche immuable).
Bref, Seigneur de Lumière est un texte magnifique qui nous donne envie de mieux connaitre l'hindouisme et son panthéon. Plutôt accessible pour un Zelazny (qui n'est pas un auteur facile, loin s'en faut !), les "incipits" des 7 chapitres de cette histoire permettent d'amorcer le contenu du chapitre qui va suivre et de se positionner "dans le temps" (certains chapitres relatent la lutte menée par Sam avant son exécution, les autres évoquent les actions menées après que Yama, Ratki et Tak la Lance étincelante (personnage magnifique !) l'ont ramené du nuage électro-magnétique). Et puis, c'est un livre qui "nourrit", qui amène à réfléchir parfois, qui nous rappelle que chacun, à sa propre échelle, doit faire ses propres choix et en assumer les conséquences. Et aussi, que le merveilleux est en ce monde. "Mais regardez autour de vous... La Mort et la Lumière sont partout éternellement, et elles commencent, finissent, luttent, veillent dans le Rêve de l'Etre Sans Nom qu'est le monde, mots brûlants en le Samsara, pour créer peut-être de la beauté."
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« Une épopée intense et baroque récompensée par le prix Hugo en 1968. » (S. Barets)

Voici une histoire mémorable qui comme indiqué sur la 4ème de couverture mêle « fort habilement mythologie hindoue et science-fiction. »

Maintenant, pour prendre toute la mesure de cette aventure fabuleuse, il faut avoir lu tout le livre (et prendre un peu de recul). Je trouve cela vraiment dommage car il faut un certain temps pour comprendre de quoi il est question.

J'ai trouvé la narration un peu lourde ce qui fait que j'ai lu lentement. Pas pour savourer (comme c'est parfois le cas) mais parce que c'était une lecture un peu difficile.

Au-delà des mots, cela reste cependant une histoire d'une originalité étonnante et je remercie BazaR pour cette pioche estivale.




Challenge défis de l'imaginaire 2019
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Un pouvoir infini corrompt infiniment. Tels sont les dieux de Seigneur de Lumière: infiniment puissants et infiniment corrompus. Ces migrants de la Terre d'un futur très éloigné possèdent des technologies si avancées qu'elles se confondent avec la puissance divine. Sur leur nouvelle planète, ils ont apporté leurs différentes croyances et développé un mode de vie qui soumet leur descendance au joug de la religion. Mais ils sont très susceptibles et querelleurs. Il arrive que certains d'entre eux ne connaissent pas le bout de leur éternité. On doit les remplacer. de nouveaux avatars avec les mêmes pouvoirs sont donc choisis à partir d'un système de promotion basé sur le karma et la réincarnation qui permet une certaine ascension "sociale".
Un des premiers colons, qui connait les classiques de l'ancienne Terre, finit par se lasser de cette société figée qui n'évolue plus et ressuscite le bouddhisme pour lancer une révolte. Vaincu, il n'est pas anéanti mais libéré de son enveloppe charnelle. le livre commence quand ses anciens associés le ramènent parmi les vivants. Pour ma part, j'ai trouvé les personnages très attachants même s'ils n'étaient pas toujours tout blancs. En particulier, les amants terribles : Yama Darma et Kali, respectivement le dieu de la mort et la déesse de la destruction dans le panthéon indou, leur relation chaotique finit dramatiquement.
A mon humble avis, le meilleur roman de Zelazny, juste un peu devant ceux consacrés à Francis Sandow ( L'île des morts et le Sérum de la déesse bleue).
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Des colons humains ont réussi à poser les pieds sur une planète assez isolée. Leur technologie avancée et quelques capacités mentales bien pratiques leur ont permis de conquérir la planète sans trop de difficulté. Mais quitte à régner, autant le faire avec classe. Les colons se font donc passer pour des dieux, reprenant à leur compte la mythologie hindoue, rétablissant en même temps le système de castes. L'hindouisme se prête d'autant mieux à leur projet qu'il leur est possible de transférer l'esprit d'un homme dans un autre corps, ce qui rend la réincarnation très concrète.

Un des colons pourtant apprécie peu la manière dont ses compagnons de voyage abusent de leur pouvoir, et préférerait que la technologie soit disponible à tous. Il répand alors à son tour la doctrine de Bouddha pour pousser la population à la révolte contre ce système inique.

J'avais opté pour ce livre comme lecture légère, et il semble que ce fut une erreur ! Son contenu est beaucoup plus dense qu'il n'y paraît, et le picorer entre deux rendez-vous stressants n'est sans doute pas la meilleure manière de l'aborder. Je lui présente donc platement mes excuses, et lui promet de le relire prochainement en lui consacrant le temps qu'il mérite.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
- Tu m'as dit que je prenais autant de plaisir que toi aux souffrances que tu provoquais. Tu avais raison. Car tous les hommes ont en eux les ténèbres et la lumière. Un homme est fait de mille parts; et n'est pas une flamme pure et claire comme tu le fus. Son intelligence est en guerre contre ses émotions, et sa volonté contre ses désirs. Ses idéaux sont en désaccord avec son milieu, et s'il leur est fidèle, il ressent profondément la perte de l'ancien monde ; mais s'il leur est infidèle et ne travaille pas pour eux, il ressent la douleur d'avoir renoncé à un rêve neuf et noble. Quoi qu'il fasse, il gagne et il perd en même temps, c'est une arrivée et c'est un départ. Il pleure toujours ce qui a disparu, et craint une partie de ce qui est neuf. La raison s'oppose à la tradition, les émotions s'opposent aux barrières que leur imposent les autres hommes.
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Etre dieu est une qualité : celle de pouvoir être soi-même à un tel point que nos passions correspondent avec les forces de l'univers, si bien que ceux qui nous regardent le comprennent sans même qu'on leur dise notre nom. [...] Etre dieu signifie reconnaître en soi ce qui est important et le faire concorder avec tout ce qui existe. Alors, au-delà de toute morale, de toute logique, de toute esthétique, on est le vent, le feu, la mer, la montagne, la pluie, le soleil, le vol d'une flèche, la fin d'un jour, l'enlacement amoureux. On règne par les passions qui gouvernent les hommes. Et ceux qui contemplent les dieux disent alors, sans même savoir nos noms : "Il est le Feu. Elle est la Danse. Il est la Destruction. Elle est l'Amour."
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Comment donc justifier l’homme qui lutte contre les puissances du mal? "
[...]
La réponse, la justification, est la même pour les hommes et pour les dieux. Le bien ou le mal, disent les sages, ne signifent rien, car ils sont part du Samsara. Acceptez les paroles de ces sages qui ont instruit notre peuple depuis l’aube de la mémoire des hommes. Mais considérez aussi une chose dont ne parlent point les sages. C’est la "beauté". Un mot, peut-être, mais regardez derriere ce mot et considérez la Voie du Sans Nom. Et quelle est cette Voie ? C’est la Voie du Rêve. Pourquoi l’Etre Sans Nom rêve-t-il ? Ceux qui vivent dans le Samsara ne le savent point. Il vaut mieux demander ce que rêve le Sans Nom.
[...]
L’Etre Sans Nom dont nous sommes tous partie rêve la forme. Et quel est le plus bel attribut que puisse posséder une forme ? La beauté. Le Sans Nom est donc un artiste. Et il n’y a donc point de problème du bien et du mal, mais un problème d’esthétique. Lutter contre les puissants parmi les rêveurs, contre ceux qui mettent leur puissance au service du mal ou de la laideur, n’est point lutter pour ce qui n’a point de sens en termes du Samsara ou du Nirvana, comme nous l’ont appris les sages, mais lutter pour la symétrie d’un rêve, en termes du rythme et de l’équilibre qui en feront une chose belle. De cela, les sages ne disent rien — cette vérité est si simple qu’ils ont évidemment négligé d’en parler. L’esthétique de la situation m’oblige donc à attirer la-dessus votre attention. La lutte contre les rêveurs qui rêvent la laideur, qu’ils soient hommes ou dieux, est nécessairement la volonté de l’Etre Sans Nom. Cette lutte entrainera également la souffrance, et le fardeau du Karma de chacun en sera ainsi allégé, tout comme il le serait en supportant la laideur.
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- J'arracherai ces étoiles au ciel et le jetterai à la face des dieux, si c'est nécessaire. Je blasphèmerai dans chaque temple du pays. Je prendrai les vies au filet comme le pêcheur, s'il le faut. Je remonterai dans la Cité Céleste, si même chaque marche est une flamme ou une épée nue, si même le chemin est gardé par des tigres. Un jour les dieux regarderont du haut du Ciel et me verront sur l'escalier, leur apportant le don qu'ils craignent le plus au monde. Ce jour-là commencera le nouveau Yuga. Mais d'abord, il me faut méditer.
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- Alors, Raltariki est un démon ? demanda Tak.
- Oui et non. Si par "démon" tu entends une créature maléfique, surnaturelle, douée de grands pouvoirs, de très longue vie et capable de prendre temporairement toutes les formes, la réponse est non. C'est là une définition généralement acceptée, mais ici, elle est fausse en un point.
- Oh ! Et lequel ?
- Il n'est pas une créature surnaturelle.
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