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Critique de MicheleP


Dur de rendre compte d'un livre pareil ! Il m'a semblé assez objectif, sur un sujet difficile et controversé sur lequel s'est longtemps fait le silence et pour lequel les archives commencent à peine à s'ouvrir, un sujet chargé de tant de souffrances et de haine que l'objectivité totale me semble impossible, même 50 ans après. « Silence d'état » comme dit l'historien Jean-Jacques Jordi (il aurait aussi bien pu mettre « état » au pluriel), « Tragédie dissimulée » selon Jean Monneret, historien lui aussi. Les faits : le 5 juillet 1962, alors qu'Oran fête l'indépendance de l'Algérie, des coups de feu éclatent – on ne saura jamais ni d'où venus, ni tiré par qui - et il s'en suit une immense chasse à l'Européen, mais pas seulement, les « arabes renégats » sont aussi visés. Enlèvements, tortures, meurtres, poursuites dans les rues et jusque dans les appartements, fosses communes dans le quartier du « petit lac ». Pour donner un exemple de la difficulté du sujet, le nombre estimé de morts va de 20… à 5000, le chiffre moyen proposé par les historiens tourne autour d'un peu moins de 700, ce qui est déjà beaucoup.
Guillaume Zeller, petit fils d'un général putchiste de ces années-là, et qui ne cache pas ses sympathies de gamin pour « l'Algérie française », s'est livré à un travail que j'ai trouvé honnête, en quatre partie : ce qu'était Oran, la ville la plus européenne d'Algérie, la montée en puissance de l'OAS et la violence qui s'ensuit, la journée du 5 et, en dernière partie, la recherche des responsabilités. Un bon travail journalistique, avec confrontations de sources (livres, mémoires, documents officiels, entretiens). Plus encore que par l'horreur de ce que fut cette dernière année de violence, on est atterré par l'inertie (pour ne pas dire plus) du gouvernement français, qui a tranquillement laissé faire et par l'hypocrisie des responsables algériens, qui ont, à tout le moins accepté cette montée de violence, sinon plus. Toutes les hypothèses sont évoquées, je n'ai trouvé dans cet ouvrage aucune mauvaise foi, même si l'auteur ne peut s'empêcher de privilégier certaines hypothèses.
Ce drame s'est déclenché dans l'entre-deux d'une passation de pouvoir, bonne raison pour n'en pas parler. Ainsi, la somme d'Yves Courrière sur la guerre d'Algérie s'arrête deux jours avant, alors qu'on aurait aimé avoir les réactions à chaud de cet auteur. Des analyses sérieuses ont été faites dernièrement par Jordi et Monneret, mais cet essai, qui ressemble davantage à un récit de journaliste, est plus agréable de lecture (sur un sujet pareil !!!), dans un style coulant, facile et sans pathos.
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