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sur 572 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le cadre : Mirhalay une petite ile perdue des Hébrides

Les circonstances : le pèlerinage d'un panel d'intellectuels fétichistes, passionnés par la vie et l'oeuvre d'un maitre incontesté du polar : Galwin Donnell, disparu mystérieusement alors qu'il vivait en reclus sur l'île.

Les personnages : hormis le grand absent qui constitue le pivot de l'intrigue, Emilie, qui prépare une thèse sur les femmes dans l'oeuvre de Donnell, et son compagnon, Franck.

L'intrus dans l'histoire c'est bien lui, Franck, le seul qui ne succombe pas au charme de l'écrivain et ne participe pas à la grand-messe célébrée en sa mémoire, paré d'une aura magnifiée par sa disparition . Franck qui finalement en apprendra beaucoup plus sur la fin tragique de l'auteur par le gardien de l'île, à l'écart des élucubrations des élites universitaires, sur fond de confidences arrosées à l'alcool de céréales maltées. C'est aussi une mise à l'épreuve des sentiments qu'Emilie éprouve pour lui, l'infirmier (elle le déclare docteur!), assez dépressif, avec qui elle partage sa vie depuis huit ans, sur les bases d'un équilibre précaire, et que le voyage pourrait bien mettre à mal. C'est un peu comme si un tableau que l'on est habitué à contempler, apparaissait très différent sous une autre lumière, révélant des reliefs insoupçonnés.

Le lecteur est ainsi sollicité à plus d'un titre

•L'énigme autour de la disparition de Donnell
•L'avenir du jeune couple
•l'oeuvre du fameux auteur de polar, et la lecture qui en est faite, argumentée à coup d'articles issus de wikipédia, de coupures de journaux, d'extraits de critiques, magnifiquement imités! Combien de lecteurs, et j'en fais partie, ne manqueront pas d'ajouter les romans de Donnell à leur PAL?

C'est d'autant plus remarquable que le roman est court, au vu des entrées multiples qu'il propose

Alice Zeniter pointe avec finesse les travers des érudits (« Intellectuel n'est pas toujours synonyme d'intelligent » affirme alexandra David-Néel), sans omettre la question centrale et incontournable en littérature : repérer dans l'oeuvre écrite, fut-elle de la pure fiction, l'empreinte en filigrane de la biographie de l'écrivain.

C'est un excellent roman, l'auteur pratique avec brio le mélange des genres, le pastiche et l'intrigue amoureuse, le polar et la bluette, dans un style parfait.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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« On ne peut pas exister dans ses propres yeux »

Afin de célébrer un écrivain de polar renommé, quelle meilleure idée que d'organiser des journées d'études tous les trois ans sur l'ile imaginaire de Mirhalay, face à l'ile Barra aux Hébrides ou justement Galwin Donnell a disparu sans livrer le dernier chapitre de son ultime roman ?
Pour cette session, Emilie qui prépare une thèse sur le personnage en sera le bras armé accompagnée d'universitaires et de gens de lettres distingués.

Avec les mots ciblés d'Alice Zeniter, ce « pitch » succinct se pare de toute la finesse des tempéraments et des humeurs des protagonistes. S'enfle de leurs attentes et de leurs prémonitions. S'enrichit de la beauté sauvage de cette ile de rochers battues par les vents.
L'écrivain-squelette s'avère être un individu solitaire, mal-léché, aigri. S'est-il suicidé ?
Le petit ami décalé d'Emilie, Franck venu lui déclarer son amour pour la vie et son envie d'enfant sera le gugusse de ce cirque guindé. Sera-t-il déçu à jamais ?
Jock, le gardien, fils de la gardienne et du gardien de cette ile qu'il n'a jamais quitté ou si peu, exaspéré par le comportement des spécialistes de l'écrivain et de l'écrivain lui-même, va-t-il résister à ses démons ?

Comme un ressac malicieux Alice Zeniter se sert à merveille de cette ambiance de bout du monde pour frapper aussi fort que l'océan aux flancs des falaises par des digressions sur la sexualité, l'amour, la morale, la solitude et la mort.

Ce roman insolite m'a capté tout autant qu'il m'a agacé, je n'ai pas toujours réussi à me focaliser sur l'intrigue qui m'apparait trop dépendante de ces fameuses digressions, un peu comme un exercice de style, déroutant mon intérêt pour une aventure somme toute assez convenue.

« Il ne restait aucune trace du bateau, rien que les vagues et les rochers, mais selon le gardien, c'était ce rien, justement, qu'il fallait contempler, ce potentiel qu'avait la mer à se refermer sur son histoire, à paraitre toujours neuve malgré ses millénaires d'accidents et de traumatismes. La beauté d'un corps totalement dépourvu de cicatrices. »

Une fois la dernière page refermée, me restera-t-il une trace de ce roman ou justement ce « rien » qu'il fallait contempler ?


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D'abord, il y a le décor : une île des Hébrides. C'est bien, les îles. Cela donne tout de suite une atmosphère particulière à un livre. le confinement, la nature sauvage, la mer, la lande, l'histoire, les légendes...

Ensuite, il y a Émilie et Franck. "Que c'est triste une île, quand on ne s'aime plus..." aurait pu chanter Aznavour. Leur amour est terminé ; depuis longtemps en fait ; mais ils ne le savent pas ; pas encore...

Et puis il y a Donnell, ce maître du polar, qui réunit tout le monde en colloque sur cette île où il habita et mourut. Et qui va servir de révélateur.

Révélateur des chemins qui s'écartent, révélateur des vanités intellectuelles, révélateur de la vacuité de certaines vies sans sens, révélateur d'autres versions d'une histoire maudite qui arrangeait bien des gens.

Le livre d'Alice Zeniter est assez difficile à classer, ce qui n'est d'ailleurs pas grave : pourquoi faudrait-il toujours classer les livres (à part pour les insignes de Babelio...) ? Roman assurément, polar oui (un peu) et non (beaucoup), essai parfois (avec quelques belles digressions sur le temps ou la fascination des êtres, d'autres plus convenues sur l'amour et la passion). C'est en revanche assurément un "travail" d'écriture atypique et assez plaisant, mêlant au travers des chapitres des formes diverses de narrations dans un ensemble qui fonctionne plutôt bien.

Et d'autant mieux que l'écriture d'Alicia Zeniter est agréable, très fluide, mêlant au hasard de phrases simples des mots et des réflexions plus ardus qui conduisent à lever la tête une minute pour réfléchir. Mais juste ce qu'il faut, en passant, avant de nous replonger dans son intrigue.

Prises séparément (la relation entre Émilie et Franck, l'intrigue sur la fin de Donell, le colloque...), aucune des histoires ne m'emballe. Mais ensemble, elles forment un tout inclassable, qui m'a particulièrement réjoui.
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Avec «L'Art de perdre», je découvrais une auteure talentueuse, et c'est tout naturellement que j'ai ajouté à ma PAL ses précédents romans, dont celui-ci «Juste avant l'oubli».
Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre, je me suis plongée dans cette lecture sans rien connaître de l'histoire et j'ai été bluffée ! La construction de ce roman autour de cet écrivain charismatique Galwin Donnell, personnage tout droit sorti de l'imagination de l'auteure (ça je ne l'ai compris qu'après avoir été vérifié sur le Net;-)) est fascinante. Alice Zeniter a créé de toutes pièces ce personnage, ses romans, le personnage phare de ses oeuvres, le très énigmatique Adrian Dickson Carr, sexuellement peu recommandable, un héros à la fois enquêteur et criminel... L'exercice est réussi, et tellement réaliste ! Chapeau bas !

Alice Zeniter a définitivement beaucoup de talent, elle plante une atmosphère, un décor, son écriture sonne juste, elle est maîtrisée, peut-être un peu trop d'ailleurs dans ce roman; j'ai eu parfois la sensation d'être laissée un peu au bord du chemin, mon émotion restant en berne parfois.
Mais bien plus souvent, j'ai été conquise par les descriptions, belles, poétiques, par l'humour parfois grinçant qui se dégage de ce roman; les intellectuels universitaires en prennent pour leur grade.
Elle évoque l'insularité et nous amène à nous interroger sur les fragilités du couple, quand les espoirs, les aspirations, les passions de l'un ne sont plus compatibles avec celui de l'autre... juste avant l'oubli justement, cette période de troubles avant la séparation, comment être en mesure d'envisager la vie après, nous sera-t-il possible d'oublier l'autre ?

[...] c'est bien le silence qui parle le plus, c'est par l'absence que l'on mesure l'intensité de la douleur.

Un triangle amoureux (triangle ? tiens, je ne vous ai pas tout dit et je ne vous en dirai pas plus ;-)) passionnant aux allures de polar et de roman noir, intelligemment écrit... Laissez-vous tenter !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Prenez deux des romans de la rentrée littéraire, Intérieur nuit de Marisha Pessl et Juste avant l'oubli d'Alice Zeniter, décrivez les analogies, cherchez les différences et analysez le savoir faire des deux romancières à l'aune de leur nationalité : américaine et française. Vous avez deux heures ! Bon, davantage si vous voulez, parce qu'on pourrait argumenter pendant longtemps sur les qualités des deux livres d'autant qu'il y aura autant d'avis différents que de lecteurs. Leur point commun est d'inventer un créateur mythique, cinéaste ou écrivain, dont l'oeuvre est abondamment commentée et décortiquée au point de chercher à savoir s'ils ont vraiment existé. Et si on disait que Intérieur nuit a la précision d'un produit fabriqué pour susciter l'admiration et que Juste avant l'oubli possède le charme des oeuvres imparfaites mais séduisantes par leurs défauts ? Pas satisfaisant comme conclusion ? Sans doute. Attardons-nous plutôt sur Juste avant l'oubli qui est au fond l'histoire d'une séparation de deux êtres trop différents pour continuer à vivre ensemble. Alice a choisi de se consacrer à une thèse sur un auteur de polar devenu culte ; Franck aurait bien voulu un enfant et une vie tranquille, lui dont le métier d'infirmier est une vraie vocation. L'incompatibilité des désirs nuit gravement à la santé du couple : c'est évident. le roman ne saurait cependant être résumé à ce simple sujet : Julie Zeniter catapulte ses deux personnages dans une petite île des Hébrides où l'auteur dont il est question plus haut a fini sa vie, suicidé, en "oubliant" d'écrire le dernier chapitre de son ultime polar. Dans cet environnement désolé, entre cormorans et phoques, Franck et Alice vont prendre conscience de la distance qui les sépare, elle au milieu d'un congrès d'universitaires, lui au contact du gardien de l'île, misanthrope invétéré qui vomit les intellectuels par tous les pores. Julie Zeniter a un style très personnel, vif argent et sous-tendu par un humour placide hormis dans sa conclusion, un poil pompeuse et convenue. Son livre, relativement court, se distingue par ses ruptures de ton et se révèle passionnant au-delà de son thème central, justement pour cette richesse insérée dans une vision panoramique et kaléidoscopique. Il paraîtra pour ces mêmes raisons ennuyeux et bancal à certains d'autant qu'il peut être difficilement classé dans un genre particulier : thriller, mélodrame, comédie, satire, documentaire sur les îles du nord de l'Ecosse. Voici un roman qui fascine par son caractère désorientant comme une boussole affolée par des vents contraires.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Emilie prépare une thèse sur Galwin Donnell, grand auteur de polar. L'occasion lui est donnée d'organiser les Journées d'Etudes consacrées à Donnell sur la petite île écossaise où l'auteur a vécu et où il a mystérieusement disparu. Franck, son fiancé, s'apprête à la rejoindre et à la demander en mariage. Mais ces retrouvailles s'annoncent compliquées…
En effet l'auteur, même disparu, prend beaucoup de place au sein du couple et l'île semble encore habitée par sa présence.
Entre roman noir et drame amoureux, Alice Zeniter mène d'une main de maître cette envoûtante histoire.
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Alice Zeniter invente avec son nouveau roman, l' Urbanisme Littéraire, imaginer et créer un environnement à un écrivain plutôt peu connu pour pouvoir lui donner une empreinte, une place, bien plus qu'une rue, mieux un vrai territoire.
Et quel plus beau site qu'une île flottante au milieu des Hébrides, inhabitée pareille aux Blaskets et moins people que Guernesey.
Le choix de l' humanisme avec Joris-Karl Huysmans ayant été pris par Houellebecq, Malcolm Lowry ayant un fan club pointilleux, son choix s’est porter sur Galwin Donnell, écrivain peu connu, et admirateur de Arthur Conan Doyle, à qui on pouvait sans provoquer un séisme le déclarer un addict au sexe, c'est à la mode, et sur cette île des Hébrides,Mirhalay, le ciel est toujours paré de diverses nuances de grey.
Pouvoir laisser son esprit vagabonder, lui inventer une histoire sur une île inhospitalière c'est l'ambition réussie de Alice Zéniter en nous proposant, sa bibliographie, son conservateur et son mentor Martin Stafford tout droit sorti de Cambridge...
Cette belle fiction commence avec le congrès des spécialistes de Cet Auteur de romans noirs qui réunit tous les trois ans, sur l'île de Mirhalay tout ce que le monde littéraire compte de Dollériens...

Blasphème, vous diront certains agrégés, un tel auteur de romans noirs porté au faîte des écrivains majeurs, au même titre qu'un James Joyce ou d'un Samuel Beckett !
Une normalienne, représentée ici par Emilie la protégée de Martin Stafford organise ce colloque avec gourmandise, son œuvre est analysée par les meilleures pointures universitaires, comme celles d'Oxford, ses archives font l'objet d'un soin particulier, sa mort en 1985 apparaît légendaire et son suicide suscite des enquêtes, son dernier chapitre disparu,le roman inachevé devient culte.

Mais Alice Zeniter jubile, car ces savantes voix paraissent bien académiques et vieillies par leurs analyses qui depuis 1985 de colloques en colloques s'étiolent.
Deux personnages vont précipiter la fête en Hommage à Galwin Donnell, en roman Noir, l'homme de Mirhalay, Jock le gardien de l'île, pièce essentielle pour la réussite du colloque, observe en silence, il passe tel un souffle d'air dans cette comunauté de docteurs, il a pourant connu Donnell comme son père, et Frank l'accompagne, le petit ami d'Emilie, toute jeune universitaire .

Jock se lie d'amitié avec Frank.Lui est infirmier il touche la mort de près et cette réalité le hante, il est dans le réel pas dans la fiction, Jock est un dur qui affronte la mer et la solitude depuis qu'il est né.

Ces deux personnages vont peu à peu nous faire découvrir le vrai visage de Galwin Donnell.
Ce sont leur propos qui vont exprimer pour nous lecteurs, la vision d' Alice Zeniter sur l'écriture, «  Frank en était conscient,ce n'était pas très bon » ou encore « ses personnages se trainaient de page en page comme des clochards du bonheur ».
Frank et Jock nous offrent une humanité forte, profonde et des dialogues incisifs, drôles, et d'un inventivité délicatement écossaise »on vient de découvrir une maladie et déjà l'Ecosse bat des records »P252 ou « encore «  le super héros Dr House, il nous a salopé le boulot ».

Alice Zeniter en vrai universitaire nous guide dans le labyrynthe de la création littéraire, mais pas seulement, c'est la nature humaine qui est son champ de prédilection.Elle n'a pas besoin de passer 4 ans dans des archives pour nous donner de beaux personnages tourmentés loufoques et poétiques.

Le roman est un laps de temps juste avant l'oubli, entre une histoire d'amour qui se délite « tous leurs derniers instants avaient été une suite de séparations minuscules », et une ferveur pour Golwin Donnell qui se défait, l'île va retrouver l'oubli, comment cette île fantôme, va se défaire ce « dernier livre fantôme », Alice Zéniter s'efface juste avant l'oubli mais nous laisse une perle baignée de vents.

Oh j'ai lu dans Télérama c'est trop construit !
Elle doit jubiler Alice Zéniter car cette belle construction par à la dérive, c'est même le sujet du livre !
L'île retourne aux vents aux mousses et aux fantômes....
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Emilie et Franck sont à un moment charnière de leur amour. Lui est infirmier urgentiste, sensible et désireux d'avoir un enfant. Elle est universitaire, littéraire, et aimerait démarrer une thèse sur un auteur mort quelques années auparavant et auquel elle voue un culte. Comme d'autres.

L'histoire va prendre place sur une île aux larges des Hébrides. Une île où Galwin Donnell, l'écrivain-culte, avait établi sa résidence avant de disparaître. Suicide? Accident? Disparition volontaire, orchestrée par l'auteur? Meurtre? Cela n'a jamais été élucidé. Mais la légende se nourrit de ce mystère.

Franck rejoint Emilie sur l'île, alors que vont commencer les journées littéraires annuelles consacrées à Galwin Donnell. Un bel aréopage d'universitaires, profs et étudiants, de tous poils venu commémorer Donnell.

Et au milieu de tout cela, Franck qui se demande ce qu'il fait là et entame une étrange amitié faite de mensonges et de whisky avec Jock, l'homme à tout faire de l'île, fils de l'ancien homme à tout faire de Donnell.

Alice Zeniter, tel que je vois son roman, se livre à un exercice de style en créant un univers littéraire, celui de Galwin Donnell, auteur de polars noirs et équivoques sur la dépendance et la sexualité. L'oubli est alors une métaphore entre l'oubli des lieux (l'île où plus personne ne vit, sauf 5 jours par an pour les journées littéraires) et l'oubli des être (entre la mémoire de Donnell et l'amour qui se délite entre Franck et Emilie). Galwin Donnell va peu à peu prendre de plus en plus de place dans la vie de tout le monde, et surtout entre Franck et Emilie.

Exercice de style, disais-je. Pas évident. Alice Zeniter m'a capté d'emblée, mais elle m'a perdu entre la page 120 et 170 environs, où j'ai trouvé que l'on tournait en rond et que le propos s'épuisait. Les dernières 80-100 pages sont bien plus denses et tendues, aves la relation entre Franck et Jock, révélatrice et venimeuse, et qui va peu à peu amener Franck et Emilie à reconsidérer leur amour.

L'écriture est parfaitement maîtrisée, l'exercice de style est brillant. Mais il m'a manqué un truc, un je-ne-sais-quoi de plus surprenant, qui jaillirait, un peu à l'instar de la fin qui est très bien amenée et orchestrée. Cette fin sauve un peu le propos. Mais le côté sombre de l'âme humaine n'apparaît pas assez, en tout cas pas au niveau de ce qu'Alice Zeniter nous dit des romans sulfureux de Galwin Donnell.
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J'ai aimé le style d'Alice Zeniter, que je découvre, et l'atmosphère enveloppante de cette petite île, située au milieu des Hebrides. Il y règne une ambiance désolée qui m'a à la fois séduite et ennuyée.
Grâce à la correspondance entre les évocations du décor et les émotions du héros, j'ai été particulièrement touchée par le sort de Franck.
Il est venu rejoindre Émilie dans un microcosme où il se sent comme un chien dans un jeu de quille: un colloque d'intellectuels passionnés par le maître du polar, Galwin Donnell. On goûte avec plaisir quelques portraits acides... L'auteure a le talent de nous plonger dans une atmosphère mélancolique et délétère qui nous mène lentement mais sûrement vers une fin inexorable...J'aimerais désormais découvrir L'art de perdre pour confirmer mon goût pour le talent de l'auteure.
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Heureuse surprise que cette lecture après la déception de "Comme un empire dans un empire", je renoue avec la prose et la sophistication d'Alice Zeniter.
Franck est infirmier. Il n'aime pas son prénom. Il aime l'humanité de son métier et est fou amoureux d'Emilie, thésarde invitée sur une île écossaise pour écrire et réaliser des journées d'étude autour de Donnell, écrivain de polar mystérieusement disparu en 1985, ayant laissé un roman inachevé. Alors Franck prend le train, le bateau et retrouve sa belle entourée d'universitaires plus fous les uns que les autres de ce romancier aux histoires trash et parfois malaisantes.
Le roman joue sur plusieurs registres. L'histoire du couple devenu "trouple" avec l'obsession d'Emilie pour le romancier mort. Une peinture, un brin au vitriol, du petit milieu universitaire où chacun fait le paon, la roue ou tire la couverture à soi pour avoir le point de vue inédit (mais pas toujours passionnant) sur des textes parfois bien trop décortiqués. La lande sauvage écossaise et âpre poussant ses gardiens à un peu trop de folie. Et en fil rouge, la question fondamentale et humaine de l'existence, d'être soi en milieu hostile.
Alice Zeniter témoigne d'une aisance et d'un talent fou pour mêler les registres entre faux extraits des 10 polars écrits par cet écrivain de fiction, les actes de colloque avec des analyses assez pointues (et des notes de bas de pages), la romance entre Franck et Emilie se délitant au milieu... bref un bon roman englouti et dévoré que je recommande aux amoureux de la littérature.
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