Après le somptueux «
L'art de perdre » grâce auquel
Alice Zeniter a reçu une pluie de prix, après l'essai corrosif et plein d'humour «
Je suis une fille sans histoire », je voulais continuer de découvrir cette belle auteure.
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Et avec ce roman, comme un conte mystérieux, j'ai été toujours autant séduit par l'écriture limpide, touchante et poétique d'Alice. J'aime beaucoup son style gracieux !
Elle m'a tout de suite, par la description du paysage, par la profondeur des personnages, transporté sur cette île étrange nommée « l'île de Mirhalay » et dans son atmosphère particulière.
Une île et ses rares habitants comme Joke, un solitaire philosophe qui est né et mourra dans ce lieu singulier.
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C'est sur cette île que Galwin Donnel a vécu plusieurs années, mais qui a aussi disparu dans des circonstances non éclaircies.
Le grand et réputé Galwin Donnel était un auteur de polar à succès. Et tout un culte s'est établi petit à petit sur l'ile où son âme maudite hante encore cet îlot de terre, de rochers, son village et cimetière.
Mais cet auteur avait aussi ses détracteurs, Galwin Donnel avait créé Adrian
Dickson Carr, le héros et détective de ses polars.
Mais un détective très glauque et immoral, car il était addict au sexe et couchait avec toutes les femmes et les très jeunes filles qui consentaient le faire.
Beaucoup se posaient la question qui était vraiment Galwin Donnel.
Un auteur névrosé ? Un obsédé ?
Ou voulait-il seulement choquer son public avec son personnage pas recommandable et qui sentait terriblement le souffre ?
Ou voulait-il se rendre par son oeuvre, énigmatique ?
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Avec cette popularité, des « journées d'études » sont organisées tous les trois ans. Sont invités des professeurs, des psychiatres, des criminologues et des étudiants.es universitaires, qui ont tous un point commun, celui d'avoir étudié et analysé les écrits et la vie de l'auteur disparu.
Emilie, qui fait une thèse sur cet auteur, a "lâché" momentanément son ami Franck. Elle voue aussi une admiration sans borne, un grand amour à Galwin Donnel, ce qui rend Franck jaloux.
Emilie est venue sur l'île pour organiser cette année, ces journées spéciales.
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Franck n'aime pas son prénom. Je peux facilement le comprendre car je n'ai jamais aimé le mien. J'aurais voulu m'appeler par mon deuxième prénom.
Mais comme Franck je me suis construit autour d'un prénom que je n'appréciais guère. Il était plus temps, plus tard à l'âge adulte d'en changer.
Franck est surtout un homme amoureux fou de sa brune Emilie. Il ne peut pas concevoir sa vie sans elle, il en mourrait.
Il rêve d'avoir un enfant et de fonder une famille avec elle.
Il la rejoint donc que l'île de Mirhalay, décidé à la retenir, de lui renouveler ses déclarations. Et lui dire qu'il éprouve toujours pour elle des ardents désirs.
Mais les retrouvailles ne se passent pas tout à fait comme Franck l'amoureux l'avait envisagé.
Le couple va-t-il aussi résister aux décisions que prendra Emilie.
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Tout semble très vrai dans le roman d'Alice ; cette belle et triste histoire d'amour, cet écrivain sulfureux disparu, si adulé, cette île perdue.
Tout semble si vrai et pourtant !...
Alice Zeniter a poussé dans l'extrême et le minutieux. Elle a creusé dans le moindre détail celui de lister scrupuleusement des notes trouvées sur Wikipédia concernant Galwin Donnel, en bas des pages de son propre roman.
Elle cite en tête de chacun de ses chapitres, des phrases, des citations glanées dans les livres de ce même écrivain.
L'auteure se paie même le luxe de recopier la définition d'un mot qu'elle aurait trouvé sur Wikipédia. Un mot qui parait si vrai, mais qui est inventé de toute pièce par l'auteure elle-même. Superbe !
Tous les personnages fictifs du roman d'Alice sont des plus convaincants et des plus réels.
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C'est pour moi une véritable prouesse littéraire, un roman qui sort complétement des sentiers battus. Où la fiction prend souvent le pas sur le réel.
Alice Zeniter m'a montré un fois de plus, son énorme talent d'écriture.
Je reste encore sous le charme et l'envoutement du roman, même après avoir refermé le livre. Une vraie réussite !
Merci Alice.