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4,36

sur 4679 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Pour cette rentrée littéraire 2017, Alice Zeniter nous propose un très beau roman sur la recherche d'identité et de ses racines. Plus de cinquante ans après la fin de la guerre d'Algérie et des accords d'Évian, c'est avec un roman que l'auteure a choisi de raconter l'histoire des harkis et de leurs familles, ces Français musulmans qui ont choisi la France plutôt que l'Algérie.

Trois générations, trois personnages, Ali, Hamid et Naïma.
Naïma, la narratrice conte l'histoire de sa famille, la famille Zekkar. Cela commence par son grand-père, Ali, producteur d'huile d'olive, notable de son village en Kabylie. Sa vie en Algérie dans les années 40 et 50, la guerre d'indépendance, son dilemme et son engagement aux cotés des Français, le côté des perdants. Et puis : la fuite, le bateau, Alger-Marseille, les centres d'accueil, le camp de transit de Rivesaltes, l'installation en HLM en Normandie. Son changement de statut, de notable à simple ouvrier illettré, « Je suis devenu jayah. C'est comme cela qu'on désigne l'animal qui s'est éloigné du troupeau et l'émigré qui a coupé les liens avec la communauté. Jayah, c'est la brebis galeuse. Celui qui n'a plus rien à apporter au groupe, qu'il s'agisse de la famille, du clan ou du village. Jayah, c'est un statut honteux, une déchéance, une catastrophe. C'est ce que ressent Ali. La France est un monde-piège dans lequel il s'est perdu. ».
Elle raconte le combat d'Hamid, son père, fils ainé d'Ali, qui ressent la honte de son père et fera tout pour se détacher de sa famille et de son passé.
Naïma relate aussi ses difficultés en tant que personne issue de la troisième génération. le sang algérien qui coule dans ses veines, son éducation française. le poids du passé que sa famille a tout fait pour oublier, sa vie de femme moderne et occidentale.

« L'art de perdre » est une grande fresque familiale qui nous entraine de l'Algérie coloniale à la France d'aujourd'hui. Mais derrière cette histoire, Alice Zeniter nous parle des difficultés de l'intégration. Elle rend un hommage aux harkis et pose des questions sur leurs engagements et leurs répercussions.
Déjà primé par le Prix Littéraire le Monde. Ce roman est aussi présent dans les sélections pour le Prix Goncourt, le Prix Femina et le Grand Prix du Roman de l'Académie française. Un roman à lire !
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***
Naïma est une jeune femme de 30 ans, qui travaille dans une galerie d'art contemporain, et qui, sur la demande de son patron, va devoir traverser la méditerranée pour se rendre en Algérie. Rien d'extraordinaire dans ce voyage, si ce n'est que Naïma est petite fille de harki et que le silence qui entoure l'histoire de sa famille blesse chacun de ses membres de manière plus ou moins profonde. Malgré ses peurs et ses réticences, Naïma va partir a la découverte de ce pays, de ses racines et affronter tous les non dits qui font d'elle une petite fille en perpétuel questionnement...
Alice Zeniter est une auteur qui possède une très belle plume. J'avais déjà pu m'en apercevoir dans ses précédents romans, mais l'histoire qu'elle nous raconte dans ce dernier livre est une nouvelle preuve évidente. le sujet n'est pas simple, mais elle s'y frotte avec justesse. On s'embarque avec cette famille d'une Algérie en plein recherche d'indépendance à cette France qui a tellement de mal à accepter les gens différents. On est touché par Hamid et Ali, on est désolé d'apercevoir comment la grande Histoire impacte douloureusement la plus petite...
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On suit le grand-père Ali, sa réussite dans l'olive, les menaces du FLN et l'espoir déçu que les français ne le lâcheront pas, puis le fils Hamid, l'exil en France, les camps, l'élévation du statut social et enfin sa fille Naïma, historienne à la recherche du passé familial.

J'ai modérément accroché à l'histoire, aux longues phrases opaques, aux recherches wikipédiennes de Naïma.

Par contre j'ai bien aimé les retrouvailles de Naïma avec ses racines kabyles, chez les 'terros'.
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Au vu des critiques élogieuses entendues et lues un peu partout, je me suis plongée sans appréhension dans ce roman dont je ressors avant tout avec un sentiment général d'ennui.
L'histoire est très intéressante et aborde avec intelligence la guerre d'Algérie mais aussi les difficultés d'intégrations de la 2e et de la 3e génération des expatriés Algériens. Ce livre se présente un peu comme un manifeste de la famille d'origine 'Harkis' et n'hésite pas à pointer du doigt les ingérences, les lâchetés et les tortures, sujets toujours terriblement douloureux mais aussi tabous.
Mais, dans l'ensemble, j'ai trouvé ça assez lourd et manquant de sentiments. Je n'ai pas ressenti dans les mots l'émotion qui m'avait touchée dans d'autres romans sur la guerre d'Algérie. Les personnages me sont apparus comme plutôt creux et peu vibrants.
De plus, j'ai eu souvent l'impression de live un ouvrage documentaire plutôt qu'un roman. Quand c'est fluide et que les informations se mêlent à la trame narrative, ça ne me dérange pas, au contraire. Ici, j'ai souvent eu l'impression de lire une page wikipedia.
J'avoue que je suis perplexe quant au déluge de prix qu'a obtenu ce livre. Je me demande si ce n'est pas le sujet, intéressant et brûlant, qui le justifie plutôt que les qualités d'écritures de Alice Zeniter...mais ce n'est que l'humble d'une lectrice qui a souvent un peu de mal avec les romans primés.
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Aucun doute; c'est un très beau roman qu'a écrit ici Alice Zéniter... mais j'avoue m'être ennuyée sur la fin.
J'ai beaucoup aimé le début qui consiste à l'histoire de l'aïeul de Naïma (que l'on devine être le double de la romancière), Ali, petit paysan Kabyle qui va devenir prospère par un coup de chance et beaucoup de courage.
Mais en Algérie, le désir d'indépendance de ses habitants va mettre la pagaille et Ali devra mesurer la conséquence de ses choix.
Arrivé en France, nous découvrons la vie de ces immigrés parqués dans le camp de Rivesaltes, désarçonnés par le dédain dont il sont les victimes, surtout de la part d'un pays qu'ils ont soutenu à leur risque et péril.
La deuxième partie du roman nous raconte l'intégration d'Hamid, fils aîné d'Ali, et futur père de Naïma. Il a enfoui l'expérience du camp au plus profond de lui et se bat contre les éléments qui auraient pu faire de lui un paria: parents étrangers ne parlant pas français, gamin des cités, "arabe bon-à-rien". Il va étudier avec toute la rage dont il est capable de mettre en oeuvre, afin de réussir dans la vie en tant que français.
La troisième partie se recentre sur Naïma, sa fille, qui souhaite retourner en Algérie, à la recherche de ses racines. C'est un passage plus introspectif qui m'a profondément lassée.
Bref, une appréciation plutôt en demi-teinte pour moi.
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Naïma cherche. Quoi ? Un pays. le sien, la France. Celui de son père, l'Algérie, dont il est parti en 1962 et dont il dit ne pas se souvenir. Alors il se tait. Et par obligation professionnelle, elle s'y rend. Trouve t-elle ? Oui, la force (la nécessité ?) de lâcher une chimère, de perdre une fausse identité. Et encore, que perd-elle ? Pas grand chose. Mais grâce à elle, sa grand-mère retrouve un bout de sa vie d'avant, par photos interposées.
Par cette quête, le roman m'a fait penser à la BD Les Mohamed, autour des hommes qui ont quitté leur pays du Maghreb sans plus jamais y retourner, créant un manque dans la génération suivante et chez eux aussi.
Le roman est somme toute assez classique, avec toutefois des petites piques dans la narration, qui rappelle au lecteur qu'il lit une histoire incomplète, entourée de beaucoup de silence et que tout ne lui sera pas révélé. de plus, il aborde un sujet qui reste encore tabou : la guerre d'Algérie et ce que chacun a fait (un peu comme pendant la Seconde Guerre Mondiale) et sa conséquence en France, avec l'arrivée de très nombreux Algériens, avec ou sans famille et parqués comme des animaux dans des camps puis des cités.
Un pan d'histoire française mais aussi familiale douloureuse, mais que Naïma se refusera à porter, refusant de croire que cette tristesse et cette douleur sont héréditaires et inéluctables. Elle prendra la décision d'aller de l'avant. Sans oublier, mais sans se laisser plomber.
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Je referme ce livre un peu déçue, sans m'être vraiment attachée aux personnages…
J'ai apprécié ce récit historique très intéressant et ce formidable travail d'enquête qui m'ont beaucoup appris sur la condition des Harkis et l'histoire de l'Algérie.
Bizarrement l'émotion m'a retrouvée lorsque la famille d'Hamid arrive dans l'HLM de Flers !
Je me suis remémoré les logements de mes amies dans les barres de la cité, mon étonnement d'enfant devant leur ameublement étrange, et tout prend un autre sens avec les mots d'Alice Zeniter : les efforts pour meubler « comme il faut », le souci de bien faire sans rien connaitre de ce mobilier nouveau…
L'auteure écrit magnifiquement le sens des objets dans le déracinement, ceux qu'on a emportés, ceux qu'on a laissés, et la place des objets venus d'ailleurs dans un intérieur de Formica qui les rejette…
Une analyse pleine de finesse qui fait tout le talent de l'auteure !
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Partie 1, "L'Algérie de papa" : m'a plu. Je l'ai lue pratiquement d'une traite.
Partie 2 : "La France froide" : j'ai été nettement moins pris par le récit et les descriptifs. Lecture laborieuse.
Partie 3 : "Paris est une fête". je me suis ennuyé et ai abandonné page 380. Ce qui est une première pour moi, car les rares fois où je remise un livre sans le terminer, cela se passe aux environs de la page 50.
Bien écrit, récit bien conduit, observations fines, thèmes bien ancrés dans notre société... mais je n'ai pas été pris par ce roman. Peut-être justement parce que trop bien ficelé et manquant de fantaisie et de folie.
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« Trahison » le mot domine, emplit l'ensemble de cette saga familiale.


Trahison des harkis envers le peuple d'Algérie selon ses libérateurs, trahison envers les harkis par la France qu'ils ont servie et qui, pourtant, les a si mal accueillis.


Mais alors que défilent les 600 pages de « L'Art de perdre », on se rend compte que jamais l'auteur ne cherche à comprendre les fondements même de cette double trahison.
Pourquoi des algériens firent le choix d'aller se battre en Europe durant la seconde Guerre mondiale ? Furent-ils enrôlés de force, cherchèrent-ils un statut, une solde ? Crurent-ils, en toute bonne foi, immuable la présence déjà centenaire de la France sur leur sol ? Voulurent-ils participer en toute conscience à la lutte contre le nazisme ?
On ne le saura pas.
Pourquoi les supplétifs de Tunisie et du Maroc, pays également sous domination française ne rencontrèrent pas les mêmes problèmes ?
Pourquoi la France enferma-t-elle dans des camps, ceux qui l'avaient servie ?

Tout le reste n'est que littérature.

Je ne dis pas que celle-ci soit inintéressante… Quoique souvent elle aurait mérité, selon moi, plus de concision mais les raisons qui sous-tendent ce drame me semblent éludées au profit de la mise en avant de représentation de la violence ou de la discrimination qui, au fond, ne sont pas strictement inhérentes à ce conflit.

En de multiples épisodes, l'histoire vécue par Ali et sa famille pourrait être celle de ma famille, d'origine maltaise et qui fit le choix de la France en Tunisie. Trahison de la France comme de la Tunisie, menaces sur les personnes et les biens, spoliation et vols, mauvais accueil en France, logements exigus en barre d'HLM sordides, discrimination …
Ma famille aussi eut l'art de perdre sans être d'origine algérienne et comme celle d'Ali, il aura fallu trois générations pour qu'elle surmonte cette double trahison, sans la même violence physique abjecte mais avec la même cruauté morale.

Un roman marquant et qui soulève une multitude de questionnements sur ceux que l'histoire, la politique et la religion ne cesseront jamais de sacrifier à on ne sait quelles chimères étatiques.
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A la fin de cette saga familiale malaxée par l'histoire coloniale franco-algérienne, je suis perplexe.
Je ne peux pas dire que je n'ai pas parfois vibré, et c'est ce que j'attends en plongeant dans un livre.
Par ailleurs, baby-boomer issu de la bourgeoisie catho provinciale où la "sale guerre" n'était pas un sujet de discussion, ayant pourtant pour beau-frère un kabyle, je ne peux pas non plus dire que je ne me suis pas senti concerné. Et je suis désormais mieux informé sur les tiraillements, voire les drames qu'ont dû vivre toutes les familles algériennes à cause de leur relation à l'Europe, et à la France en particulier. Des drames ayant des causes et des conséquences politico-sociales qui interfèrent avec les destinées des individus, ça s'appelle les histoires dans L Histoire et c'est la vraie vie. Ce roman est utile, donc.
Qui plus est, je me sens raccord avec sa tonalité un peu amère qui déplore les silences, oui, raccord avec le message final, ce sentiment de la perte comme issue inéluctable que chacun, que même un peuple peut décider d'accepter avec l'envie d'avancer. Décider de ne pas fermer la porte vers les demain à cause des hier . Même si on les garde en mémoire, ces hier qu'on a osé regarder en face !...
Mais...

Comment dire ?
Passées les deux ou trois dizaines de pages nécessaires pour mémoriser les noms des protagonistes et les situer dans l'échelle des filiations, j'ai d'abord apprécié de plus en plus le style souple et mesuré de Zeniter. Dans les épisodes ayant trait au conflit générationnel, surtout après l'installation de la famille d'Ali en Normandie et la réussite scolaire d'Hamid, j'ai même trouvé le ton assez juste, repérant au fil des pages quelques métaphores percutantes, efficaces.
Mais à partir de la rencontre Hamid-Clarisse, j'ai commencé à trouver les personnages un peu désincarnés, voire stéréotypés. Et dans la dernière partie, le voyage de Naïma n'a pas boosté mon enthousiasme autant que je l'escomptais, même si ça m'a intéressé de découvrir les différences de mentalité entre kabyles et algérois. Pendant que Naïma déambulait dans Alger, honte à moi peut-être, je me suis presque ennuyé, au point de commencer à repérer des maladresses de style...

Au total, je dirai que ce roman, qui pour moi s'essouffle un peu dans sa deuxième moitié disons, est quand même une belle lecture. Elle donne à chacun la possibilité d'entrer dans l'histoire coloniale complexe qui lie la France à l'Algérie, documentée avec objectivité et pondération.
Mais il lui manque un peu de "peps" pour être un choc inoubliable.
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