En 1997, autour d'une table de jeu improvisée au fond d'une arrière-boutique, quatre individus jouent aux cartes. C'est l'occasion pour l'un d'eux de remonter dans le temps. En 1971, dans une Amérique pauvre et désabusée. Un groupe de gosses s'amusent aux dépens de flics, rêvent d'une vie meilleure. Ils sont quelques uns mais deux se démarquent. Deux aux antipodes l'un de l'autre. Don Walden, téméraire, et Chuby, froussard mais suiveux. C'est le début d'une amitié qu'on retrouve en 1975, 1977, 1979. À cette date, ce ne sont plus des adolescents mais Chubby est encore vierge, sa principale occupation consiste à réécouter le dernier Star Wars et à collectionner ses produits dérivés. C'est son pote Don qui lui trouve la femme pour en faire un homme. Mais on se doute bien que ce n'est pas complètement par altruisme et que cela vient avec un prix terrible à payer…
Le début… et la fin est le premier tome d'une trilogie assez unique en son genre. Quel jeune n'a pas rêvé d'améliorer son pauvre sort, de vivre des aventures palpitantes ? de quitter son trou perdu pour voir le monde ? Parfois, on est prêt à tout pour y arriver, même à trahir certaines amitiés. C'est ce que nous propose
Jorge Zentner. Une histoire finement tissée. Il va à l'essentiel pour nous transmettre son histoire. Économie de mots mais dialogues punchés. Violence, rêveries, abus de confiance, amour.
Et ce scénario est appuyé par le coup de crayon de l'illustrateur
David Sala. Son portrait de l'Amérique pauvre et profonde est parfait. Réaliste à l'extrême, il a su capter l'essentiel de cette époque. Les intérieurs jaunâtres et tamisés des repères secrets ou la clarté rougâtre des rayons du soleil à travers les persiennes d'une chambre à coucher... Mais le reste est essentiellement sombre et glauque. Ces dessins ont des qualités exceptionnelles. Parfois, ils ressemblent à des tableaux. Je ne connaissais aucun de ces artistes, j'ai été franchement étonné.