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Critique de Pecosa


Si on m'avait dit que je prendrais plaisir à lire un roman sur le Tour de France, je ne l'aurais point cru … et si on m'avait dit que Jorge Zepeda Patterson, le romancier mexicain qui s'attaque d'habitude à l'univers glaçant des narcos écrirait un polar sur la Grande Boucle je ne l'aurais point cru non plus.
Des Cartels mexicains au Tour Malet, il n'y a décidément qu'un pas, ou plutôt un coup de pédale, et nous suivons les tribulations du sympathique Marc Moreau, fruit des amours malheureuses d'une Colombienne et d'un militaire français, qui se retrouve plongé dans une sombre affaire.
Devenu un as de la bicyclette parce qu'enfant il voulait grapiller des heures de sommeil en plus, il est parvenu à intégrer une équipe professionnelle en tant que grégaire.
Lorsque de graves incidents viennent entâcher cette vénérable institution qu'est le Tour, la police sollicite son aide. Car avant d'être cycliste professionnel, Marc, fils d'officier, a passé quatre années dans l'armée française.
Devenu les yeux et les oreilles de la maréchaussée, Marc doit continuer à vivre au rythme des étapes, et à suivre le programme spartiate des coureurs. Il est un très bon élément, le grégaire de la star de l'équipe, son ami Steve, mais aussi un as de la grimpette. On le surnomme d'ailleurs Annibal, tant il franchit les cols avec facilité.

Dans ce polar sportif et apparemment fort bien documenté, Jorge Zepeda Patterson nous dit tout sur le cyclisme, l'univers du Tour, les impératifs sportifs et économiques, les liens avec la presse… Les enjeux et le prestige de la course semblent tels que l'on se demande pourquoi elle n'est pas encore inscrite au patrimoine de l'Humanité.
Mais le roman pose surtout la question, jusqu'où est-on prêt à aller pour posséder ce qui nous obsède? Que ferions-nous pour assouvir notre soif de victoires?
Le romancier nous offre une intrigue rondement menée (je n'ai rien vu venir, j'étais en queue de peloton de la déduction) ancré dans le milieu très fermé d'une équipe cycliste où compétitions et amitié ne peuvent faire bon ménage, lui même isolé dans l'univers cadenassé de la course la plus prestigieuse du monde.
La structure du roman est très plaisante, une étape= un chapitre, avec à la fin dudit chapitre le classement de l'étape annoté par Marc qui passe en revue les mobiles possibles de ses adversaires.
Car le Tour de France, ce sont des centaines de coureurs, de membres d'équipes, des journalistes…Ce que l'on voit à la télévision, ce n'est finalement que la partie immergée de l'iceberg.
Pour lire un polar masochiste avec des hommes qui souffrent le martyr afin d'arriver en tête et vivre la Grande Boucle de l'intérieur, voici donc une bonne lecture contre la montre, à la gloire des Forçats de la route chers à Albert Londres.
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