AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Allantvers


Ecrite par un auteur hongrois populaire tapi dans une cave en 1944 pour échapper aux nazis puis exilé aux Etats-Unis en 1947 où il la publia, cette formidable saga familiale est une preuve lumineuse que l'écriture est mère de toutes les évasions et la mémoire fantasmée un remède contre le désespoir.
Car c'est un monde perdu que Lajos Zilahy fait revivre dans ce gros pavé propre à enchanter les soirées d'automne, en ravivant les couleurs de la richissime et ancestrale famille Dukay, dont on suit les derniers soubresauts aristocratiques entre les deux guerres : le même monde d'avant de Stefan Zweig, celui de l'Europe joyeuse et insouciante des années vingt, terrain de jeu merveilleux pour les classes cosmopolites aisées; monde en déréliction cependant, sous la charge des idées nouvelles et de l'effondrement des empires, que le comte Dukay persiste à ne pas voir contrairement à ses enfants qui adoptent les temps nouveaux : sa fille aînée qui court après les rois comme après un rêve qui disparaît, Georges l'aîné qui embrasse les nouveaux empires du commerce en Amérique, la délicieuse Zia qui ose le divorce et l'indépendance, et enfin Janos le fils honni qui se jette dans les bras d'Hitler. Seul Rere, le premier fils attardé qui fait honte mais que la famille assume, sera auprès du lit de mort du père pour pleurer avec lui le monde perdu.

Malgré quelques longueurs, difficilement évitables sur 800 pages, on se régale de cet univers ramené à la vie par la magie de l'écriture, on se délecte des péripéties de ces noblions vivant totalement hors sol dans une Europe en pleins bouleversements, perpétuant les traditions, convoquant les ministres pour leur moindre caprice, posant ici et là dans toutes les belles villégiatures européennes leur immense cargaison de valises à la moindre envie, ignorant des nouveaux temps qui grondent.
Quand le roman se referme sur la publication d'un livre qui dénonce les privilèges et possessions exorbitants de cette famille d'un autre âge, ces temps nouveaux sont déjà là.
Commenter  J’apprécie          322



Ont apprécié cette critique (32)voir plus




{* *}