Le grand livre des philosophes

Malgré un titre qui me semblait un peu prétentieux et la crainte d'exposés trop ardus, je me suis lancé dans cette lecture, la surprise a été bonne !

Comme expliqué en quatrième de couverture, l'auteur présente trente et un ouvrages écrits chacun par un philosophe dont le nom est passé à la postérité.

La vie de chacun d'eux est soigneusement resituée dans son contexte historique et culturel. Ceci rend rend la lecture de ce livre très fluide et permet de bien comprendre les enjeux et le caractère novateur des thèses exposées dans chaque ouvrage célèbre commenté par Zimmer.
La présentation de ces philosophes étant chronologique, les évolutions et les articulations entre des courants de pensée sont bien mises en évidence.
Chaque chapitre s'achève pas quelques lignes sur l'influence de l'oeuvre sur ses contemporains et surtout sur la postérité, donnant au lecteur l'envie d'en savoir plus et de poursuivre sa lecture…
Certains passages m'ont paru abscons, notamment celui consacré à Hegel (1770-1831, auteur de la Phénoménologie de l'esprit), probablement à l'image de la pensée des auteurs concernés…

La religion occupe un place centrale dans la pensée des premiers philosophes présentés ici, l'hypothèse divine y étant postulée chez certains, ou justifiée par des raisonnements farfelus en décalage avec la profondeur d'autres réflexions du même auteur.

A la lecture de ce livre, ce n'est que lentement et tardivement que la pensée philosophique semble se détacher de fondements mystiques. Alors que la révélation de Dieu sert de base aux réflexions de Saint Augustin (354-430, auteur de 'Confessions'), Saint Thomas d'Aquin (1225-1274, auteur de la 'Somme théologique') apparaît presque comme un personnage sympathique et sensé, même si « pour ceux qui se décident consciemment contre Dieu et n'abjurent pas ce choix après même qu'on leur a fait la leçon à plusieurs reprises, Thomas demande la peine de mort » (page 104).
Il faut attendre Nicholas Machiavel (1469-1527, auteur de 'Le Prince') pour que l'un des auteurs présentés ne réfléchisse à propos du pouvoir temporel (comment le conquérir ou le conserver) en le détachant du pouvoir spirituel (le pouvoir temporel n'est plus de droit divin). Thomas Hobbes (1588-1679) dans le 'Léviathan' ne légitime plus le pouvoir politique par la volonté de Dieu mais par une nécessité d'assurer un ordre social. Michel de Montaigne (1533-1592 auteur des 'Essais') quant à lui - bien que catholique - centre ses réflexions sur la vie terrestre sans se focaliser sur la conquête d'une vie meilleure dans l'au-delà. René Descartes (1596-1650, auteur du 'Discours de la méthode') ne cherche pas à saper la théologie chrétienne mais expose une méthode de recherche scientifique détachée de présupposés théologiques (doute méthodologique, analyse, puis déduction). Descartes souhaite cependant aussi mener étude rationnelle de l'ordre divin et démontrer l'existence de Dieu. Ce détachement progressif des croyances religieuses dans la pensée philosophique n'est cependant pas linéaire, comme en témoigne Blaise Pascal (1623-1662, auteur des 'Pensées') qui à l'instar de Saint-Augustin fonde ses réflexions sur une révélation de Dieu dont il fut victime (ou élu du point de chacun d'eux).
Selon Emmanuel Kant (1724-1804, auteur de 'Critique de la raison pure') l'existence de Dieu ne peut être démontrée par la raison, mais est simplement nécessaire ! Chez Karl Marx (1818-1883) Dieu apparaît enfin comme une création de la société et de l'être humain.

Ma connaissance de l'histoire de la philosophie ne me permet pas de savoir si cette progression dans la pensée philosophique résulte d'un parti pris de Zimmer ou si la place des religions dans l'organisation sociale et dans le fonctionnement politique des sociétés les plus anciennes interdisait l'expression de pensées agnostiques ou athées.

Je recommande vivement cet ouvrage, même si la philosophie ne vous intéresse a priori pas particulièrement : vous pouvez en effet simplement l'aborder comme un livre d'histoire(s). Les lycéens en particulier pourront trouver dans cet essai un moyen de mieux situer des oeuvres qu'ils étudient peut-être en cours, même si cette lecture reste plus ardue que celle du passionnant roman/doc 'Le monde de Sophie' (Jostein Gaarder) sur les mêmes thèmes.

J'ai mis près d'une année à finir la lecture de ce livre, ce qui est beaucoup.
Non parce qu'il n'est pas intéressant, mais par sa forme résumé par son sous titre « clé d'accès aux oeuvres classiques ».
Il s'agit d'un résumé-explication de 31 oeuvres de 31 philosophes par ordre chronologique qui va de Platon (-400 avant JC) à Popper (1945).

Ce livre est donc plutôt difficile à lire en continu, du moins c'est ainsi que le l'ai perçu, car la compréhension de chaque oeuvre, même présentée succinctement par l'auteur, demande de la concentration pour bien l'appréhender.
Et malgré cela, certaines oeuvres me sont restées complètement incompréhensibles comme celle de Hegel, Heidegger ou Sartre, ce qui n'a pas manqué de m'interroger.
Comment se fait il que la philosophie à partir des auteurs antiques soient si « limpides » et cela pendant de nombreux siècles et quelle soit devenue si « obscure » avec les philosophes plus récents?

C'est tout l'intérêt d'un tel ouvrage : balayer la philosophie et permettre à un « néophyte » comme moi, de comprendre, sans faire d'étude de philosophie véritable, les différences que l'on rencontre chez les différents philosophes et ainsi, peut être appréhender en quoi la philosophie peut rebuter nombre de personne.

Pour les personnes qui aimeraient appréhender la philosophie ce livre me parait être un bon point de départ... On y suit la vie des philosophes et leurs idéologies dans un ordre chronologique, les termes techniques ou pensées complexes sont expliqués de manière à ne pas perdre le lecteur
Très heureux d'avoir lu ce livre