Je suis Denise. Sage-femme. Retirée de la profession pour divergences de vues avec mes employeurs. Médecins. Chirurgiens. Masculins sans exception. Qui manipulent le corps des femmes sans respecter leur anatomie. Ces réunions ont pour but de transmettre les connaissances fondamentales que nous avons acquises sur la physiologie féminine. De prévenir les drames communs de l’existence. Et de parler de sexe infertile. Nous ne sommes pas sur terre que pour pleurer. »
« Pensez au bois… Pensez aux usages qui vont être faits de ce bois… Qui sera débité dans la scierie, énonce-t-il laborieusement. Pensez à cette scierie, qui sera revendue à un prix mirifique… À un patron qui ne vous embauchera jamais ! Pensez aux portes que vous ne pousserez jamais ! Aux voitures dans lesquelles vous ne monterez jamais ! Aux rails qui ne vous mèneront nulle part ! Parce que l’État vous condamne à la pauvreté ! »
Depuis quinze ans que ma sœur y règne. Elle y est entrée comme bonne, à douze ans. Le maître était littéralement fou d’elle. Un amour qui lui donnait des fièvres et des convulsions. Il est mort trois ans plus tard. Léguant la maison à Clotilde. À cette époque elle était déjà excitée par les anarchistes. C’était le temps des bombes. Je ne sais pas ce qui tombait par chez toi mais ici ça pleuvait.
On m’avait dit que cette vie était facile et largement ouverte aux intelligents et aux énergiques, et l’expérience me montra que seuls les cyniques et les rampants peuvent se faire bonne place au banquet. On m’avait dit que les institutions sociales étaient basées sur la justice et l’égalité, et je ne constatai autour de moi que mensonges et fourberie. Chaque jour m’enlevait une illusion.
Depuis que les attentats sont passés de mode, on ne sait plus quoi faire. Ça fait quinze ans tout de même… Il n’est pas simple d’évider l’action de son sang. De l’engraisser d’art ou de politique. Moi je trouve la politique assommante. Elle étourdit les hommes de grandes idées irréalisables. Elle les broie, en voulant les encarter. L’art est dans le vrai. Dans le désir. Le plaisir. »
"Bienvenue aux éditions P.O.L", un film de Valérie Mréjen. Pour les 40 ans des éditions P.O.L, quelques un(e)s des auteurs et des autrices publié(e)s aux éditions P.O.L écrivent une carte postale et laissent un message aux éditions P.O.L.
Avec par ordre d'apparition de la carte postale: Violaine Schwartz, Jean-Paul Hirsch, Lucie Rico, Emmanuel Lascoux, Jacques jouet, Philippe Michard, François Matton, Frédéric Boyer, Catherine Henri, Suzanne Doppelt, Lamia Zadié, Marianne Alphant, Suzanne Duval, Laure Gouraige, Emmanuel Carrère, Jean Rolin, Elisabeth Filhol, Célia Houdart, Nicolas Fargues, Nicolas Bouyssi, Louise Chennevière, Frédérique Berthet, Marie Darrieussecq, Jocelyne Desverchère, Jean Frémon, Kiko Herrero, Julie Wolkenstein, Emmanuelle Bayamack-Tam, Liliane Giraudon, Frédéric Forte, Pierric Bailly, Valère Novarina, Hélène Zimmer, Nicolas Combet, Christian Prigent, Patrice Robin,, Emmanuelle Salasc, Alice Roland, Shane Haddad, Mathieu Bermann, Arthur Dreyfus, legor Gran, Charles Pennequin, Atiq Rahimi, Anne Portugal, Patrick Lapeyre, Caroline Dubois, Ryad Girod, Valérie Mréjen / Dominique Fourcade, Marielle Hubert, Robert Bober, Pierre Patrolin, Olivier Bouillère, Martin Winckler, Jean-Luc Bayard, Anne Parian, Nathalie Azoulai, Julie Douard, Théo Casciani, Paul Fournel, Raymond Bellour, Christine Montalbetti, Francis Tabouret, Ryoko Sekiguchi,
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