Après Heureux les simples d'esprit, que j'ai lu deux fois avec le même plaisir :
Handi-Gang. Je l'ai attrapé hier, enfin, et je ne l'ai lâché qu'à la dernière ligne.
Sam est en terminale, beau garçon métis entouré d'amis d'enfance, il souffre de spina bifida. Paraplégique , il a grandi sans son père qui a disparu dès qu'il a compris la nature de son handicap et sans grands-parents : entre la famille de son père qui n'aimaient pas sa mère Djenna, trop "colorée", et ses grands-parents maternels qui désapprouvaient la vie de leur fille, pas "assez musulmane".
Ils s'en sont sortis haut la main tous les deux, malgré les opérations, hospitalisations et épreuves dues au handicap de Sam.
Djenna a été enseignante, elle est désormais chroniqueuse sur internet. Elle joue sur le net, tue le temps sur le net, cherche l'amour sur le net. Sans grand succès, mais elle y croit, et un jour après l'autre s'éloigne un peu du "vrai monde". Elle n'a que peu d'amis, et ne se rend pas vraiment compte de ce qui se passe sous son propre toit : son fils est devenu le leader d'un groupe de révoltés qui demande l'accessibilité pour tous : cinémas, écoles, magasins, combien ne sont pas aux normes pour l'accueil de personnes à mobilité réduites, porteuses d'un handicap ? le mouvement que Sam a lancé entre copains, connaissances, prend de l'ampleur. Et comme prévu, il échappe aux mains de ses créateurs et les choses menacent de prendre une tournure plus terroriste que revendicative.
C'est un roman à plusieurs voix : celle de la Djenna et de son amoureux, de Sam et de ses potes. Il est fichtrement bien écrit, avec un humour qui égratigne. Les personnages sont vous, moi, nos voisins : pas de supers héros ici mais les petites voix qui tentent désespérément de faire entendre l'aberration de certaines situations, l'injustice des traitements à plusieurs vitesse, l'invisibilité qu'on rajoute à la différence, comme une punition.
Un coup de coeur total, une bouffée d'oxygène lavée de tout faux semblant ou de procédé séducteur.