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Jean-Pierre Pugi (Traducteur)
EAN : 9782277226918
764 pages
J'ai lu (05/03/1993)
4.3/5   20 notes
Résumé :
Dans un lointain futur, la Terre n’est plus qu’un mythe. L’humanité s’est répandue dans tout l’univers. Sur Chute de glace, planète au climat hivernal, la vie est paisible, sauf pour les aspirants pilotes qui ne rêvent que d’une chose : parcourir la galaxie à la recherche de l’origine de la vie humaine. Pour cela, ils devront subir un enseignement long et difficile qui les mènera des confins de l’univers aux peuplades les plus arriérées. Mallory Ringess jeune pilote... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un roman qui réussit l'exploit d'être à la fois le livre qui ressemble le plus et le moins à Dune, un incontournable de la SF Transhumaniste et de la Hard-SF

Dune de glace

Vous avez aimé Dune de Frank Herbert, voire même vous lui vouez un véritable culte et vous êtes à la recherche d'un autre livre qui lui ressemble sur de multiples aspects ? Ne cherchez plus (ou plutôt si, vous allez chercher longtemps, mais pour d'autres raisons ; voir plus loin).

Inexistence est probablement ce que j'ai trouvé, par certains aspects, de plus ressemblant à Dune en trente ans de lectures SF. On y retrouve :

- le même aspect Planet Opera (sauf qu'il s'agit cette fois d'un milieu glacé et pas aride et désertique, la planète se nommant Chute de Glace et pas Dune / Arrakis).

- La même émergence de religions et autres philosophies, mèmes ou cultes étranges.

- La même profondeur quasi-anthropologique (et pour cause, l'auteur a -entre autres- étudié cette matière) et philosophique (la même interrogation sur la différence entre un homme et un dieu).

- Des gens qui explorent leur mémoire génétique (ici appelés Remémorateurs et pas Bene Gesserit), d'autres qui explorent les futurs possibles (chez Zindell, ce sont les Manciens).

- La même ambiance science-fantasy (dans ce roman, il y a par exemple un Ordre de guerriers-poètes).

- La même recherche d'une configuration ADN très particulière au centre de l'intrigue (les Eddas des Anciens, au lieu du Kwisatz Haderach).

- La même importance d'un groupe restreint de gens rendant possible le voyage interstellaire du fait d'un don particulier (ici, les mathématiques, et pas le pouvoir mental catalysé par l'Épice des Navigateurs de la Guilde).

- La même importance donnée dans l'intrigue à un groupe indigène habitant la planète en question, et dans lequel le héros / le lecteur va s'immerger.

- La même importance donnée aux parents, aux enfants et au conjoint du héros, avec des personnages très forts ayant des destinées tragiques.

- le même héros qui acquiert une véritable aura mystique et mythique au cours du récit (dans Inexistence, il revient même à la vie après sa mort !), avec un fort aspect initiatique dans le roman.

« Ah, super ! « , s'écrie alors l'inconditionnel de Dune, « je vais me jeter sur ce roman dans ce cas ! ». « Ah non, ce n'est certainement pas pour moi ! », s'écrie, lui, l'allergique à Dune qui ne jure que par la Hard-SF et déteste l'ambiance de l'oeuvre d'Herbert, le fait que l'arme de prédilection soit le couteau et qu'on soit obligé d'en passer par des pouvoirs mentaux très fantasy ou super-héros pour le voyage interstellaire… Aux deux, je vais répondre la même chose : pas de jugement hâtif, lisez plutôt la suite…

Un Dune… Hard-SF !

Il y a d'un côté la Hard-SF, et d'un autre, la Soft-SF dont Dune est sans doute le représentant le plus emblématique. Pour prendre la mesure de l'exploit de Zindell, il faut réaliser qu'avec Inexistence, il a créé, comme je viens de le démontrer, un roman qui a un très puissant parfum de Dune, mais qui est en même temps un des romans où les aspects Hard-SF et Transhumanistes (post-Singularité) sont les plus poussés qu'il m'ait été donné de lire.

L'aspect Hard-SF est très présent dans l'intrigue : les « Dieux » du roman ne sont rien d'autre que diverses formes d'Intelligences, Artificielles ou naturelles qui ont été uploadées dans des réseaux informatiques, ayant franchi avec succès les différentes Singularités pour atteindre des niveaux d'intelligence et de conscience tout simplement impossibles à imaginer pour un humain normal. Comme chez Charles Stross dans Accelerando (par exemple), la Singularité Vingienne n'est en effet pas un événement unique, mais « à paliers », ce qui fait que l'ordre des Eschatologistes tente de classifier les « dieux » selon leur degré d'évolution dans l'échelle de la « divinité ». Comme on l'a vu, les origines (IA ou humain uploadé), les capacités (niveau de « divinité » / toposophique) et même le substrat physique (l'un est une colonie de nanomachines à l'échelle d'un amas d'étoiles, les autres des megastructures de computronium de type Cerveau Jupiter -en clair, des réseaux de dizaines, voire centaines, d'ordinateurs ayant la taille de la Lune, voire celle de la plus grosse planète de notre système solaire !-) sont très différents. de même, si la plupart soient considérés comme neutres envers l'humanité (bien que leurs modes de raisonnement étranges et bien au-delà de la compréhension humaine, ainsi que leur environnement physique, puissent les rendre dangereux), l'un d'eux, le Dieu Silicone, est considéré comme maléfique et en guerre contre les autres.

Si vous êtes, comme votre serviteur, un admirateur du fameux Orion's arm project, tout cela vous sera familier, mais souvenez-vous que Inexistence date de 1988, et est lui-même issu d'une nouvelle datant de… 1985. L'ampleur de la vision du futur de l'auteur est proprement stupéfiante, et ne s'arrête pas au hardware / à l'informatique, comme nous sommes sur le point de le voir. Il faut aussi signaler que ces « dieux » sont un élément capital du roman, et pas seulement au niveau de l'intrigue : en effet, quelles sont les questions centrales d'Inexistence ? Elles portent essentiellement sur la nature et le but de l'homme, sur la différence entre homme, dieux et Dieu, et ainsi de suite.

Comme je l'ai déjà évoqué, il y a une convergence entre Dune et Inexistence sur l'importance capitale d'un groupe très restreint de personnes dans le voyage supraluminique. La différence, c'est qu'on voyage sur des distances interstellaires grâce à des machines ici, pas du fait d'un pouvoir mental catalysé par une drogue rare. La convergence, c'est que seul un membre de l'ordre des Pilotes possède les capacités intellectuelles pour faire un voyage à longue distance / sur une route inconnue. Les autres capitaines d'astronefs se contentent de sauts à courte portée et surtout sur des routes déjà calculées par les Pilotes.

Les capacités intellectuelles en question sont en fait une aptitude très importante… aux calculs mathématiques et à la résolution d'équations. L'auteur est en effet diplômé en Maths, et le moins qu'on puisse dire, c'est que ça se voit à la lecture de son roman. Pour certains critiques, c'est d'ailleurs un gros point faible de ce dernier : ils estiment ces passages explicatifs inutiles et, pire, pensent qu'ils constituent un gros frein à la fluidité de lecture, en alourdissant la narration. Je ne suis absolument pas d'accord : ces passages, outre le fait qu'ils sont fascinants, sont au contraire un des points focaux de l'intrigue et de la narration, et les faire disparaître n'aurait tout simplement aucun sens.

Les Pilotes sont reliés à l'intelligence artificielle de leur vaisseau par liaison neurale directe, ce qui leur permet de se plonger dans des états de conscience altérés leur donnant la capacité de manipuler virtuellement des équations mathématiques de façon très efficace, quasi-surhumaine. La description de ces manipulations en réalité virtuelle est très intéressante, très visuelle aussi.

Pour finir sur le chapitre Hard-SF et commencer à évoquer le chapitre Transhumaniste (bien que nous en ayons déjà parlé en évoquant les humains devenus « dieux »), l'auteur nous présente en détails une civilisation transhumaniste et panspermique absolument fascinante, sur la planète-océan Agathange. La biotechnologie, la nanotech et la génétique ont une grande importance dans l'histoire, au moins aussi grande que l'informatique, les mathématiques ou les megastructures.

Au final, l'ampleur des technologies utilisées et de la vision de l'auteur donne lieu à des scènes hallucinantes, comme la longue explication de la cause réelle de l'embrasement de supernovas qui menace la galaxie entière.

La guerre du Feu

Et hop, un nouveau twist : après de vastes chapitres complètement Hard-SF, l'intrigue conduit certains des personnages principaux à poursuivre leur quête d'un ADN très particulier chez les indigènes de la planète Chute de Glace. Il s'agit en fait d'humains qui, à un moment donné, ont choisi de faire dé-évoluer leur ADN pour retrouver les caractéristiques des Cro-magnons ou des Néandertaliens, et vivre sans technologie dans les solitudes glacées de la planète. Des Fremens des glaces, quoi, mais en beaucoup plus extrême. Nos héros, donc, vont subir la même transformation génétique (réversible, heureusement), pour aller enquêter incognito chez les primitifs.

Bref, si le reste (un mélange de Dune et de Hard-SF incroyablement visionnaire, des thèmes extrêmement profonds, une écriture plaisante, un rythme bien maîtrisé bien que le roman soit très gros) ne vous suffisait pas, voilà encore un exploit de David Zindell : il réussit à intercaler entre la Soft- et la Hard- SF carrément un passage digne de la Guerre du feu ou de Jean M. Auel ! de façon surprenante pour l'amateur de super-Hard-SF que je suis, ce (très long) passage sans la moindre technologie s'est révélé passionnant. le fait d'avoir gardé toute sa cohérence et sa crédibilité à une histoire qui mélange autant d'influences, de genres et d'ambiances, parfois diamétralement opposées, est un fait d'armes littéraire assez bluffant.

Ecriture, se procurer le roman, et à qui est-il destiné ?

Il y a, outre la vision époustouflante de l'auteur, un souffle extraordinaire dans ce roman, une belle écriture, un rythme maîtrisé, une intrigue passionnante, et des personnages très marquants. Signalons la propension de l'auteur a des scènes érotiques que ne renierait pas Peter Hamilton.

Paradoxalement, bien que je le considère comme un de mes romans de SF « cultes » et comme un chef-d'oeuvre injustement méconnu, j'attire votre attention sur le fait que ce n'est pas une oeuvre facile, par sa profondeur, son jargon très particulier, la forte présence de mathématiques, le côté super-hard-SF, le fort mélange des genres et des influences, et un certain côté science-Fantasy qui pourra rebuter les fans Hard-SF les plus hardcore parmi vous. En fait, comme toute grande oeuvre de SF (on peut aussi citer Hyperion), celle-ci va se mériter.

La fin se révèle époustouflante, et a mené à un nouveau cycle de 3 romans (dont celui-ci est considéré comme une préquelle, bien qu'il ait été écrit bien avant), dont le premier a été traduit en français (en deux tomes). Et c'est là que réside hélas le problème : Inexistence et sa première suite, le Dieu Brisé, ont été (ré)édités en 2002/2003, et plus jamais depuis. Et évidemment, il n'existe pas la moindre version électronique de ces romans en français. Ce qui ne vous laisse que deux choix : l'occasion (il y a des exemplaires sur Amazon par exemple dans divers états pour quelques euros), ou la lecture dématérialisée ou physique en VO (mais vu la complexité des néologismes et des termes mathématiques employés en VF, j'imagine que cela doit être une lecture complexe).

En conclusion

Un roman incroyable, injustement méconnu, injustement non-réédité en France (et en version électronique), une vision du lointain futur de l'humanité d'une ampleur époustouflante, un mélange audacieux de soft- et de hard-SF (avec des hommes de Neandertal !), mais un roman si inhabituel, à l'immersion si brutale (notamment avec des tas de néologismes), si complexe et profond qu'il risque de rebuter certains d'entre vous. Pour moi en tout cas, c'est vraiment un incontournable.
Lien : https://lecultedapophis.word..
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Sur la lointaine planète Inexistence, le jeune aspirant pilote Mallory Ringess fait le serment d'aller découvrir l'ultime secret, celui de la vie, aux confins des galaxies et jusque dans le domaine des dieux. le Maître du temps lui confie un très ancien recueil de poésies qui devrait lui servir de laisser-passer qui lui permettra de rentrer vivant d'un endroit d'où personne n'est jamais revenu. Mais sa quête ne s'arrêtera pas là, il la poursuivra au milieu de primitifs dont l'ADN devrait permettre de percer le fameux secret des Eddas. Malheureusement son obstination, sa témérité et ses réactions peu réfléchies vont l'entraîner dans une suite d'aventures toutes plus étranges les unes que les autres et faire de lui une sorte de mythe vivant.
« Inexistence » est un livre de science-fiction vraiment inclassable tant son propos navigue aux confins de la « Hard Science », de la fantaisie (on ressuscite beaucoup dans cette histoire !), du fantastique, de la philosophie, de la théologie, de l'anthropologie ou du post-apocalyptique teinté de politico-social. On pourrait même y voir une sorte d'ouvrage culte de la trempe du « Seigneur des Anneaux » ou de « Dune » dans la mesure où la description du monde froid et glacé d'Inexistence peut être mise en parallèle avec les déserts de sable de l'univers de F.Herbert, tout comme la dimension christique du Frodon de Tolkien se retrouve chez le Ringess de Zindell. Quête initiatique, délire onirique, conte, légende, fable philosophique caractérisent bien le propos de ces trois auteurs. Mais la comparaison s'arrêtera là. Bien sûr, Zindell nous dépayse et nous bluffe en nous promenant dans ces contrées fantastiques, il nous perturbe avec son langage particulier, ses personnages ambivalents et ses peuples bizarres (le voyage chez les primitifs est une réussite à lui seul...) Mais quel dommage qu'il se soit laissé aller à d'interminables développements scientifiques (ou pseudo-scientifiques, car il doit au moins falloir sortir de Polytechnique pour pouvoir faire la distinction) sur toutes sortes de théories mathématiques aussi arides que filandreuses qui ne font qu'assommer le lecteur et plomber le rythme d'une action qui aurait pu se révéler vraiment passionnante avec 200 pages de moins. (Sur les 765 du pavé !)
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Gros coup de coeur !

Inexistence est une ville, magnifique, dans laquelle vit le protagoniste, Mallory. Ce dernier rêve de devenir un seigneur pilote. Il va donc passer un test, avec Bardo, son ami.

La suite est difficile à détailler sans spoil. Mais l'intrigue se déroule dans un univers dans lequel certaines races d'hommes sont revenues (volontairement) à un mode de vie de chasseurs-cuilleurs préhistorique : les Devakis. Tandis que d'autres sont quasiment des dieux : les dieux-hommes de la planète Agathange. Ces derniers sont mi-hommes et mi-animal aquatique (phoque, baleine, dauphin…).

Le roman parle beaucoup de la chance et du destin. Mais le thème principal du roman est la quête de la vie, sur font d'histoire de famille.

Un roman chaudement recommandé à tous les lecteurs de SF (si vous n'avez pas peur d'un pavé de 765 pages). 😀
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je rejoins complètement la critique précédente... hormis les dernières lignes :-)

certes, Zindell nous parle beaucoup de théories (pseudo ?)-scientifiques mais, perso, j'estime que c'est un ingrédient indispensable à l'équilibre de l'oeuvre et à la satisfaction que l'on éprouve en refermant le bouquin.
(et puis, c'est pas pire que les délires de Dan Simmons dans Ilium ;-) )
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Chers lecteurs, je crois que là, nous tenons une perle, un trésor littéraire à découvrir absolument ! Une sorte de 20 000 lieues sous les mers moderne ! [la suite sur mon blog]
Lien : http://latannieredelork.free..
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