De nos jours, la peur de la vérité n'est pas une peur de l'inconnu, mais une peur de quelque chose qu'on connaît très bien. Les gens ont peur d'eux-mêmes parce qu'ils savent qui ils sont.
Le degré d(instruction d'une société ne défini;t pas son degré intellectuel
Le degré d'instruction d'une société ne définit pas son degré intellectuel.
Chacun sait que le Barbouilleur est un ivrogne, un drogué, un coureur, un homosexuel, un lesbien, un trafiquant, un spéculateur, un combinard, un requin.
Une société intellectuelle est une société qui est capable de se connaître objectivement et de s'opposer aux tendances aveugles et élémentaires qui existent en elle. C'est une société qui est capable de perfectionnement et de progrès spirituel.
Les indépendants. Ceux-là sont des anticorps dans notre société. Ils sont très peu nombreux. Mais ils sont dangereux, parce qu'ils sont maîtres d'eux-mêmes. Un seul de ces indépendants peut nous causer bien plus de tracas qu'un parti d'un million d'opposants. Personnellement, j'autoriserais bien les partis. De toute façon, chez nous, ils dégénéreraient forcément en une comédie d'avortons, et cela sans aucun emploi de la contrainte.
La vérité n'est donné à l'homme qu'une fois, dit le Littérateur, lisait l'Instructeur.
On ne sait jamais ce qui peut nous arriver le lendemain.
Expliquer comment, sur la base d'un volontariat intégral, il peut se développer la contrainte la plus complète et la plus débridée que connaisse un pouvoir, voilà une tâche pour ceux qui se plaisent à résoudre des paradoxes. L'oppression est une résultante des libres volontés des individus et non un dessein maléfique des tyrans. Aux mains de ce pouvoir, les tyrans sont tout autant des pions que leurs victimes. Le prétendu pouvoir illimité des tyrans est une pure illusion, produite par une situation où les victimes du pouvoir sont en fait toutes-puissantes.
Les intérêts du groupe sont les intérêts de certains membres du groupe et avant tout, de ses membres dirigeants. Des intérêts généraux et communs du groupe sont un mythe, une tromperie ou une pure abstraction. A la rigueur, cela arrive, à titre d'exception. La direction du groupe lui impose, sous couleur de ses intérêts communs, quelque chose d'extérieur aux intérêts de ses membres. Bien entendu, on tient quand même compte des membres du groupe, mais on le fait dans la moindre mesure possible. C'est là une source de conflits et de conséquences incontrôlables. L'éducation officielle des hommes cherche à leur faire considérer des intérêts extérieurs comme leurs propres intérêts (selon les principes "Tout cela se fait pour toi", "C'est ton entreprise", "C'est toi, le maître ici", etc.).
Dans la mesure où le pouvoir [...] s'approprie l'intelligence et la volonté de la société, il cherche naturellement à faire approcher l'état réel des choses de cet idéal et il considère les manifestations de volonté des personnes qui commencent, sans son autorisation, à réfléchir sur la société, ses lois, son système dirigeant, son économie, son droit, sa presse, ses arts, etc., comme des immixtions illégales dans un domaine qui lui est réservé. Et si ces personnes commencent à mieux comprendre les problèmes de la société que les représentants du pouvoir (ce qui n'est pas difficile à obtenir, car le niveau officiel de compréhension tend à un minimum de vérité et à un maximum d'erreur), elles apparaissent même au pouvoir comme des criminels, quoique, juridiquement parlant, il ne soit interdit à personne de comprendre le milieu où il vit. On contourne facilement cette absence de sanction juridique en présentant la compréhension de la société comme une calomnie évidente et subversive, sous prétexte qu'elle ne coïncide pas avec les vues officiellement prescrites.