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Critique de PrinceEndymion


Voici le premier des vingt romans qui constituent "l'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire". Une ancêtre hystérique, Adélaïde (elle partage son nom avec l'une des filles de Louis XV, ce qui nous conforte dans l'idée que le roman s'ouvre sur la fin d'une époque) donne naissance à deux branches: celle des Rougon, qui est légitime et destinée à accéder à la bourgeoisie montante. L'autre, bâtarde, celle des Macquart restera du côté du peuple. Ce qui est frappant dans ce roman, en plus des caractéristiques qui renvoient sans cesse le lecteur vers le naturalisme (c'est tout de même prodigieux de réaliser une démarche d'observation scientifique sur toute une famille!), c'est la réalité historique qui le caractérise: Zola relate le massacre des insurgés républicains dans le Var en décembre 1851, et dénonce le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte. L'auteur ne se contente pas de narrer les faits, il procède à une analyse minutieuse des milieux, des mentalités de son époque. Sa démarche documentée est si rigoureuse, qu'aujourd'hui encore, des historiens louent ce roman. le plus beau souvenir que je conserve de ce roman, ce sont bien sûr les rencontres de Miette et de Silvère Mouret, et toute la symbolique qui les accompagne: leurs rendez-vous secrets dans le jardin, puis le cimetière (un signe prémonitoire), l'innocence de la jeunesse sacrifiée que ces deux personnages représentent m'ont très agréablement surpris, puisqu'il m'ont permis de découvrir de nouvelles subtilités venant de l'auteur, que je n'avais nullement subodorées avant de lire cet ouvrage.

L'histoire des Rougon-Macquart est étroitement liée à celle du Second Empire: Zola était considéré jadis comme un opposant à ce nouveau régime. En dépit de ses codes qui se rapprochaient de la monarchie constitutionnelle, le Second Empire n'était qu'une dictature, puisque l'empereur détenait à la fois le pouvoir exécutif et législatif. D'autre part, la presse et les sphères administratives étaient hautement surveillées: une loi de sûreté générale permettait d'incarcérer sans jugement des suspects. L'opposition n'avait par conséquent aucun moyen de tenir tête au régime. Ce qui est déconcertant lorsque nous découvrons ce roman pour la première fois, c'est la structure de l'oeuvre. L'intrigue oscille entre quatre fils narratifs: tout d'abord, nous découvrons l'idylle de Miette et de Sylvère, puis la quête de fortune des Rougon, puis la,marche des insurgés et l'histoire des principaux membres de la famille avant 1851. Ajoutez à cela une narration qui ne suit pas d'ordre chronologique; les analepses sont très récurrentes dans le récit. Quelques prolepses sous-entendent ce que sera la ville de Plassans en 1870. Cela a pour conséquence de créer un très bel effet de dramatisation et de relier les quatre fils conducteurs de la trame du roman. Une oeuvre captivante par la galerie de personnages qu'elle dresse devant nous.
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