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sur 2979 notes
Voici le roman qui inaugure le célébrissime cycle littéraire des Rougon-Macquart. En nous livrant quelques-uns des secrets du " livret de famille ", Émile Zola nous fait constater, en le feuilletant, que toutes les perversions sont en germe, inscrites ici ou là dans les gènes des différents membres du clan : ambition démesurée, avidité, cupidité, cruauté, orgueil, couardise, jalousie, folie, etc.

Le thème en est le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte en 1852, alors président de la république, qui va sonner le glas de cette seconde république pour y installer son propre trône d'empereur...
...et les dérives qui iront avec.

Cependant, derrière les coeurs amers ou défaillants de la famille, on voit tout de même poindre quelques lueurs d'humanité, chez l'infortuné Silvère Mouret par exemple, porte drapeau d'une jeunesse qui veut croire en un idéal ou chez Pascal Rougon, le fameux Docteur Pascal (l'opus 20 de la série et qui la clôt).

Pour l'heure, le rôle principal est tenu par Pierre Rougon et sa merveilleuse épouse (je vous la conseille, elle est vraiment aux petits oignons), prêts à vendre n'importe qui ou n'importe quoi pour arriver à la fortune, et qui utiliseront les troubles du coup d'état pour se poser en sauveurs de Plassans (alias Aix en Provence, dont l'auteur est originaire).

Même si ce roman, n'est pas, à mon sens, le meilleur, loin s'en faut, du grand cycle de Zola, il est cependant tout à la fois plaisant et indispensable, car il permet de bien comprendre les origines, et du coup d'état, et de la famille qui va nous intéresser pendant encore dix-neuf romans. Il est, de plus, intéressant (et tout à l'honneur de son auteur) de noter que ce roman réaliste ultra critique vis-à-vis de l'empire fut écrit alors que celui-ci n'avait pas encore expiré à Sedan.

C'est donc avec toute mon humble considération et grand plaisir que j'accorde à Émile Zola un satisfecit pour cette première pierre à l'édifice majeur de sa carrière littéraire. N'oubliez pas néanmoins que toutes ces menues considérations ne sont que mon avis, rien de plus qu'un coup de feu au loin, c'est-à-dire, pas grand-chose.

P. S. : je remercie la personne (Johnny ou Ginette) qui a gentiment supprimé la critique que j'avais écrite il y a environ dix ans, sans m'avertir, évidemment, et surtout sans vérifier que les fusions abusives n'étaient pas de mon fait. La mécanique est toujours la même : acte 1, Kiki-la-fusion fusionne — ça c'est son rôle — des éditions qui n'ont rien à voir — ça normalement ce n'est pas son rôle — et, fatalement, des doublons apparaissent. Acte 2, Johnny-le-nettoyeur ou Ginette-la-soufflette viennent faire le ménage dans les doublons et tranchent là-dedans à grands coups de machette, sans demander conseil et avec un discernement digne d'éloges : moralité, mes critiques s'envolent périodiquement dans les oubliettes de Babelio. Alors merci Kiki-la-fusion, sans oublier Johnny ou Ginette.
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C'est drôle comme on oublie vite ce qui est si agréable...
J'avais pris comme bonne résolution de relire des classique au 1er janvier 2017. Même si les bonnes résolutions sont faites pour ne pas être tenues c'est à l'aube 2018 que je me décide enfin.

Mais quel bonheur de replonger le nez dans les Rougon Macquart. L'écriture de Zola que j'avais oublié si belle dans ses descriptions et si cynique dans certains de ses commentaires. Et puis je trouve que la saison se porte à lire de tels textes. Installé bien chaudement au fond du canapé avec une tasse de thé et un bon vieux roman, il n'y a rien de tel pour combattre le froid hivernal.

Zola a travers sa saga nous démontre les tournants que certains gènes héréditaires peuvent prendre. Les descriptions physiques ou morales des personnages sont extrêmement travaillés et sont jubilatoires pour le lecteur.
C'est également sans compter sur la critique politique de l'époque, le coup d'état de Napoléon III, et bien évidemment des personnalités qui retournent leurs vestes aussi vite que le courant politique au pouvoir. Zola est sans concession , il est parfois franc et brutal.
Quand aux sentiments humains qui sont terriblement bien décrits une fois de plus, l'auteur est cette fois ci doux et soyeux.

Cette ambiguité d'écriture de l'auteur montre tout le talent de celui-ci.

Tout cela pour dire que je n'ai aucunement regretté de re-plonger dans les textes de Zola, que j'aimais déjà beaucoup dans mon jeune temps, mais dont j'avais oublié la plume agréable et acérée.
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De Zola je n'avais lu qu'Au bonheur des dames et Nana j'ai donc voulu combler mes lacunes en m'attaquant à la saga entière des Rougon-Macquart.
Fortement motivée par les contributeurs de Babelio, me voilà lancée dans ce premier tome qu'est La Fortune des Rougon.

Avec en toile de fond le coup d'Etat de 1851 qui marquera la naissance du Second Empire, Zola nous présente les protagonistes que l'on retrouvera dans les romans suivants.

J'aimerai m'attarder un peu sur les personnages, certains étant au coude à coude dans le vice.
La première et seconde place reviennent à Pierre Rougon et sa femme Félicité. Ces deux affreux occupent le haut du podium par leur fourberie, leur méchanceté et leur esprit de lucre. Ces vautours, relativement méprisés à Plassans, tueraient père et mère pour acquérir gloire et fortune et devenir les plus gros poissons de la mare. Vous les aimez déjà? Attendez de voir qui occupe la troisième place.
Antoine Macquart, le demi-frère de Pierre est lui aussi un magnifique spécimen du genre. Ancien soldat, fainéant comme une couleuvre, a lui aussi tout pour plaire. Vouant une rancoeur sans bornes à Pierre qui a honteusement dépouillé Adélaide, leur mère. le monsieur a la dent longue et veut nager dans l'argent. N'arrivant pas à faire plier Rougon, il va se noyer dans l'alcool et vivre grassement sur le dos de sa femme et de ses enfants. Jaloux, vindicatif et profiteur il a toutes les qualités et complotera a sa manière pour avoir sa part du gâteau.

Autant vous dire que j'ai détesté pas mal de protagonistes dans cette affaire, plus d'une fois mon sang n'a fait qu'un tour et je me suis révoltée contre ce panier de crabes qui ne pense qu'à servir ses intérêts personnels. Heureusement dans l'ombre il y a toujours la lumière et j'ai ressenti un réel coup de coeur pour d'autres. Silvère et Miette par exemple, ces deux enfants m'ont éblouie par leur pureté et leur innocence, j'ai versé une larme quand j'ai vu ce qu'ils sont devenus. Ils sont tellement mignons qu'ils apportent une note de fraîcheur dans toute cette cruauté. J'ai également adoré le docteur Pascal, tellement humain,si différent du reste de sa famille et la Tante Dide(Adélaide), j'ai eu pitié pour cette pauvre vieille qui est traitée comme une paria par ses propres enfants...

Je m'attendais à du très bon j'ai carrément trouvé du grandiose. le livre m'a plu, avec mon tempérament passionné je n'ai eu aucun mal à rentrer dans l'histoire même si je redoutais un peu l'aspect politique, finalement c'est passé comme une lettre à la poste. Tout est beau, même les descriptions qui peuvent paraître longues sont très agréables à lire. Je reste toujours admirative du génie de Zola et j'ai vraiment hâte de commencer les autres volumes. La Fortune des Rougon est un excellent roman préparatoire qui pose l'ambiance et nous permet d'envisager à quoi l'on peut s'attendre pour la suite. Pas un seul instant je n'ai eu le sentiment de lire un classique, je me suis vraiment régalée. A lire!
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J'ai 16 ans lorsque je termine ce livre publié en 1871. Nous sommes dans les années 90 et l'émotion a traversé mes siècles. Je pleure en lisant les dernières pages. A travers l'espace et le temps, cet Emile là a réussi à me faire toucher du doigt son époque, ses injustices sociales et révéler en moi une colère immense contre l'injustice de notre (in)humanité.

J'en suis tout retourné.

Je ne m'en suis jamais remis.

Et depuis j'ai lu l'intégralité de la saga… Pris d'une frénésie de lire. de vivre. de vibrer.

En effet, LA FORTUNE DES ROUGON est le premier volume d'une oeuvre magistrale, la plus belle pour moi à ce jour en littérature. La saga des ROUGON MACQUART regroupera vingt romans et racontera à travers une étonnante généalogie les différents aspects d'une époque à travers des hommes et des femmes inoubliables.

A la fois chroniques d'une époque au contexte social et politique particulier mais également résolument moderne encore aujourd'hui dans ces portraits de personnages hauts en couleur et aux destins souvent édifiants.

Les événements se déroulent ici à Plassans, inspiré d'Aix-en-Provence et racontent l'histoire d'amour entre Silvère et Miette (rien à voir avec Loana au fait), tous deux issus de milieux sociaux différents. Dans une ville de province où hypocrisie et étroitesse d'esprit côtoient grandeur d'âme et belle intelligence, leur amour prend des allures de Roméo et Juliette.

Emile Zola, en peignant des personnages inoubliables et terriblement humains, mêlant la grande Histoire à celle de ses héros construit une oeuvre ébouriffante de sensations. Qui remue à l'intérieur. Et qui parle de choses tellement universelles que sa plume reste moderne.

Roman des origines, il met en place une oeuvre pharaonique qui bouleversera la littérature.

Roman de mes origines, il m'a montré qu'un livre pouvait avoir des effets inimaginables sur son lecteur.


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Zola ! Zola !
Pourquoi il ne signait pas d'un « Z » comme Zorro ? Que suis-je bête ! Zorro n'a commencé sa croisade qu'en 1919 et Zola était mort depuis dix sept ans…
Pourquoi comparer à un vengeur masqué L'auteur du fameux « J'accuse » ? Il avançait à découvert lui ! Il défendait ses idées en les trempant dans l'encre et sa cape avait la forme d'un roman.
Zola ! Zola !
Mais il a été de tant de combats. Je ne vais pas refaire sa bio, c'est pas la peine… Zolaroo..
Zola ! Zola !
Tout a déjà été dit. Il y a ceux qui aiment et ceux qui n'aiment pas…

On peut passer à côté comme on rate le train. On ne sait pas ce qu'on aurait pu vivre arrivé à destination. On a raté le train, donc on ne se rend pas compte. On continue sa vie comme si de rien n'était et puis un jour, on se dit ; « tient ce train, si je tentais de le prendre ? ». On se pointe à la gare, on regarde les horaires, on se met sur le quai. Et quand on monte à bord, on n'en renvient pas…
Quand j'ai ouvert la porte du compartiment du train « la fortune des rougon » j'ai senti que le voyage allait être particulier. J'entendais le tak tak particulier à chaque jointure des rails, ça venait bercer ma contemplation. J'ai vu à travers la fenêtre du wagon que je partais vers une destination que je ne connaissais que d'après les autres.
Il n'y a rien de mieux que d'aller sur place, se rendre compte par soit même. Pendant toute la première partie du voyage, j'ai été subjugué par ce que je voyais.
Pourquoi on ne m'avait pas un peu forcé la main ? Pourquoi n'avais-je pas pris ce train plus tôt ?
La peur ? C'est vrai que le voyage semblait long, fastidieux. J'avais eu peur de m'ennuyer. Tout ça, le nom des villes étranges, « L'assommoir », la bête humaine » ne m'inspirait que de vifs élans de fuites. Même le nom de la compagnie de train « Zola » me semblait poussiéreux et j'avais toujours cru que la ligne était désaffectée. Puis honnêtement, je n'avais pas trop envie d'aller vers des contrées qui me semblaient lointaine.
Première surprise, dans le train, il y avait du monde. J'ai rencontré les Rougon, les Macquart. Avec tous, j'ai eu une conversation. Ils parlaient, buvaient, se restauraient et j'écoutais…
Il y avait de l'ambiance dans les wagons, j'vous dit pas…
Puis il y eu le terminus de la ligne « Fortune des Rougon ». Je me lève, je fais quoi ? Je rentre chez moi ou je continue ? Je quitte le train de province, j'vais à la Capitale. C'est décidé, je vais aller au bout du voyage. Je me renseigne et je prends un ticket pour la ligne Rougon-Marcquart, ligne B, station “La Curée” et c'est décidé, je vais rester là jusqu'au terminus de la ligne, quand je sors à la Station “docteur Pascal” des centaines d'heures plus tard, que je me perds dans les couloirs, je ne marche plus très droit. Je vois double.
J'avais déjà pas mal voyagé en France et à l'étranger. J'avais aimé la fameuse compagnie transatlantique « Victor Hugo », avec ces paquebots majestueux qui vous en mettent plein la vue. J'avais le souvenir de traversées impressionnantes de volupté, ou tout s'orchestrait avec minutie.
Le voyage en première classe à bord du navire amiral « Les misérables » m'avait assommé. Les passagers, les décorations intérieures, le capitaine Javert, les conteurs et les poètes de la troisième classe m'avaient emballé. J'avais croisé accoudé au bastingage une dénommée Cosette ainsi qu'un homme planqué dans son ombre. Un certain Jean Valjean. C'est resté le genre de voyage qui vous laisse exsangue, sans voix.
Là avec la ligne B des Rougon-Macquart. Je découvre un autre plaisir.
La compagnie des chemins de fer « Zola » trace sa voix dans le marbre du quotidien. Les ouvriers sont là, sur la voie et ils attendent que le train passe. On entend les femmes parler des magasins qui s'ouvrent, on entend des hommes parler d'Alcool, des soucis d'éducation, du travail, des difficultés à vivre. On espère, on croit, on vit. Bordel. On vit, on craint pour ces hommes et ces femmes.
Et moi qui croyais la ligne désaffecté.
Sacré démentit que ce voyage en profondeur dans les sous-sols de maintes vies croisées, aperçus.
Là où les paquebots de la compagnie « Hugo » font dans le grandiose, dans le génie des courbes, dans le magnifique décor des maux, les wagons « Zola » vous emmener au plus près de l'humain. Avec ses maladresses, avec ses fulgurances, avec les peines, les joies, les réussites et des déceptions.
A chaque station, des hommes et des femmes montent dans la rame. On entend les conversations des uns et des autres, on est interpelés par untel, on écoute.
Certains, apprêtés, bourgeois, ont réussi, ils sont en bonnes compagnies et on attrape au milieu des murmures, quelques mots.
Le long de la ligne tout n'est pas égal, tout n'emporte pas l'adhésion. Il arrive de vouloir remonter à la surface, à certaines stations, l'arrêt semble un peu long, on s'impatiente. On prend sur soit, on tient le coup, on reste assis, à sa place.
Jusqu'au bout la ligne B du RER Rougon-Macquart surprendra.

J'aimerais vous dire ce que j'ai ressenti. Parler « vrai », mais le train de nuit « Zola », ces wagons couchettes, sa buvette, son arrivé en gare au petit matin, ses petites mains, les passagers, sa ligne de métro, sa ligne B, ses stations tout est là, sans que je sache dire autre chose que tentez le voyage. Montez à bord, par n'importe quelle station. Montez à bord. La ligne n'est pas désaffectée !
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Zola, on aime ou on n'aime pas ; le mieux restant encore de se forger sa propre opinion. En effet, soit Zola vous séduira et vous deviendrez vite addicted, soit Zola échouera et sa lecture vous paraîtra toujours une contrainte.

Ce positionnement dans les extrêmes caractérise bien toute l'oeuvre de l'écrivain dont le style se caractérise par sa flamboyance voire sa violence, physique ou psychologique. Avec Zola, les personnages sont peu nuancés sans pour autant être manichéens ; Zola est un excellent peintre naturaliste de la société humaine, il fouille ses personnages qui restent fidèles toute leur existence à ce qu'ils étaient prédestinés à être de par leur héritage génétique.

« La Fortune des Rougon » est la Genèse des Rougon-Macquart, une épopée littéraire qui compte 20 romans ; chacun pouvant être lu de façon désolidarisée. Cependant, et selon les habitudes de chaque lecteur, on peut choisir de commencer par le commencement…
Au commencement… c'est-à-dire en 1851, il y a la ville fictive de Plassans (assimilable à Aix-en-Provence où Zola a grandi) ; il y a non pas Ève mais Adélaïde Fouque, la racine, la souche d'où sortiront tous les autres protagonistes zoliens, répartis en trois familles, les Rougon, les Mouret et les Macquart ; il y a aussi et surtout les intérêts personnels qui prévalent sur les intérêts insurrectionnels du coup d'Etat du 2 décembre.

Enfin, il y a cette humanité peinte sans fard, noire, tellement noire qu'elle ressemble à une nuit sans étoile dans lequel, telles des comètes lumineuses et porteuses d'espoir, vont furtivement passer quelques êtres purs et innocents, tragiquement destinés à disparaître aussi vite qu'ils seront apparus, laissant aux lecteurs qui les auront contemplés le souvenir d'un émerveillement fugace et attachant... Cette humanité crue qui caractérise si bien les 20 tomes de cette oeuvre colossale que sont les Rougon-Macquart.
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Dans ce premier volume, on fait la connaissance des protagonistes, leurs liens de parenté, leur évolution, alors que la République est en train de trembler, le Second Empire pointant le bout de son nez. le terrain de jeu est une ville de province imaginaire, Plassans, avec ses quartiers bien séparés les uns des autres, ses portes…

« Il y a une vingtaine d'années, grâce sans doute au manque de communications, aucune ville n'avait mieux conservé le caractère dévot et aristocratique des anciennes cités provençales. Elle avait, et a d'ailleurs encore aujourd'hui, tout un quartier de grands hôtels bâtis sous Louis XIV et sous Louis XV, une douzaine d'églises, des maisons de jésuites et de capucins, un nombre considérable de couvents. La distinction des classes y est restée longtemps tranchée par la division des quartiers. Plassans en compte trois, qui forment chacun comme un bourg particulier et complet, ayant ses églises, ses promenades, ses moeurs, ses horizons ». P 52

Emile Zola a choisi de nous présenter d'abord deux jeunes gens, Miette âgée de treize ans et son amoureux Silvère, qui se rencontrent à la tombée de la nuit pour ne pas être surpris et se découvrent. Silvère est un républicain convaincu ; il s'est instruit tout seul en lisant ce qui lui tombait sous la main et donc mal digéré selon les termes de l'auteur. Ils vont suivre le mouvement de la révolte des pauvres pour protéger la République et sont touchants, notamment Miette, enveloppée dans sa cape rouge et brandissant le drapeau.

Ensuite, l'auteur revient sur les différents protagonistes en nous décrivant la mère Adelaïde, ou tante Dide qui a eu un enfant de son premier mari : Pierre Rougon et deux autres enfants de son amant : Antoine et Ursule Macquart… On a ainsi la branche « dégénérée », pauvre, ignorante, les Macquart et celle qui va s'enrichir de manière plus ou moins brillante : les Rougon….

J'ai aimé la manière dont Zola construit ce roman, un premier chapitre qui raconte un évènement et les autres qui évoquent les personnages et leurs vies, sur fond de magouilles pour faire le bon choix et tirer les marrons du feu, opportunistes le plus souvent, retournant leur veste au bon moment estimant ne pas avoir la vie qu'ils mériteraient.

« La révolution de 1848 trouva donc tous les Rougon sur le qui-vive, exaspérés par leur mauvaise chance et disposés à violer la fortune, s'ils la rencontraient jamais au détour d'un sentier. C'était une famille de bandits à l'affût, prêts à détrousser les évènements. Eugène surveillait Paris, Aristide rêvait d'égorger Plassans, le père et la mère, les lus âpres peut-être, comptaient travailler pour leur compte et profiter en outre de la besogne de leur fils; Pascal, seul, cet amant discret de la science, menait la belle vie indifférente d'un amoureux, dans sa petite maison claire de la ville neuve. » P 99

J'avoue une préférence pour Félicité, la femme de Pierre Rougon, qui tire les ficelles de façon magistrale, avec ses réceptions tape à l'oeil dans son salon jaune, tout en lorgnant sur l'appartement d'en face qu'elle rêve de conquérir. de même j'ai pris beaucoup de plaisir à détester Antoine Macquart qui représente ce qu'il y a de plus pourri dans la branche.

Adelaïde n'est pas mal non plus, avec ses crises de folie (hystérie, bipolaire ?) qui ouvre une porte durant la nuit pour pouvoir rejoindre son amant.

J'ai lu, il y a fort longtemps, « L'Assommoir » et « Germinal » mais il manquait des éléments, ce livre permet de situer tout le monde.

Une belle écriture, parfois trop d'emphase, mais le contexte historique est tellement bien utilisé (cela permet de réviser !). Zola a voulu faire pour le Second Empire, ce que Balzac avait réalisé pour la Restauration et la Monarchie de Juillet, il ne s'en est jamais caché mais « Ne pas faire comme Balzac. S'attacher moins aux personnages qu'aux groupes, aux milieux sociaux… Et il n'y a pas d'ouvriers chez Balzac » écrit-il.

Je préfère l'écriture De Balzac, même si digressions, car il est moins chirurgical. A force de vouloir étayer sa théorie, Zola est trop dans l'opposition entre le bien et le mal, il oppose les personnages de manière trop tranchée et soulève moins d'émotions chez moi. Il n'en reste pas moins que sa férocité est jubilatoire pour le lecteur.

En route pour « La Curée »!

Challenge XIXe siècle
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Même un chemin de mille lieues commence par un pas : la saga des Rougon-Macquart s'attaque donc par le premier tome, La Fortune des bougon. Et c'est d'emblée un coup de coeur. L'histoire de cette dynastie démarre dans un contexte politique troublé, , alors que des insurgés, sans gilets jaunes (la matière et la couleur n'a pas encore été inventée), et sans rond-point à bloquer, se lancent sur les routes armés de fourches et de pétoires, afin de s'opposer au coup d'état du 2 décembre 1851, alors que Louis Napoléon a décidé de renverser la république.
Pierre Rougon, fils d'Adélaïde, jeune femme handicapée par une épilepsie sévère, toise de tout son mépris ses deux frères et soeurs, nés après la mort de son père, du braconnier Macquart. Ses origines modestes n'empêchent pas Pierre de voir grand,. Sa roublardise et son opportunisme le conduiront à une ascension sociale inespérée, bien aidé par les événements historiques en cours.

C'est aussi l'histoire d'un amour juvénile attendrissant, bien que voué à une fin funeste. On ne reverra pas Miette et Silvère, victimes des émeutes.

Tout l'art de l'écrivain, se retrouve sans ce premier opus de la saga : portraits à la fois précis et romantique des personnages, descriptions sublimes des paysages, analyse fine du contexte, contribuent au plaisir de la lecture.

Tout est en place pour suivre la destinée des Rougon, des Macquart et des Mouret.

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Quand ils lisent un polar, certains lecteurs trop curieux ou trop angoissés commencent ...par la fin, se privant par là-même de l'incertitude qui fait tout le charme du thriller...

Il est plus rare, dans une lecture, - voire complètement idiot- de finir par le début !!

Je dois avouer que c'est un peu ce qui m'est arrivé avec La Fortune des Rougon, le premier volume de la célèbre saga de Zola, jamais lu jusqu'ici, alors que j'ai dévoré force Rougon-Macquart depuis des lustres. Je ne sais quel (inquiétant? ) désir de remettre un peu d'ordre dans mes lectures et de combler quelques béantes lacunes me pousse ces derniers temps à reprendre cette Histoire d'une Famille au Second Empire avec plus de méthode.

Le premier volume des Rougon, je l'ai enfin lu!

Eh bien, non seulement j'ai beaucoup apprécié mais j'ai trouvé à cette lecture postposée d'un début de saga, un plaisir intense : un peu comme si je regardais dans le cerveau fertile et puissant d'un grand créateur !! C'est quelque chose d'extraordinaire de reconnaître en germe et en projet tout ce qu'on sait avoir été réalisé , et avec quelle maestria !

Dans ce premier volume, comme dans une mandorle médiévale, est déjà contenu tout ce qui fera la matière des autres volumes des Rougon : déjà se dessine la lutte impitoyable entre ces Atrides modernes, les Rougon et les Macquart, qui verra s'étriper les deux « branches », la légitime et l'illégitime, issues de la pauvre « tante » Dide .

Déjà court, comme une lézarde pernicieuse, cette « fêlure héréditaire », cette lascivité charnelle qui sera le tendon d'Achille de plus d'un et d'une descendante de la pauvre vieille folle, de Gervaise à Nana, de Jacques à Claude.

Déjà les rêveurs, de Silvère à Florent, s'opposent aux pragmatiques, de Pierre à Octave.

Dans La Fortune des Rougon, Zola met tout en place : sa « famille » tentaculaire, ses rivalités premières, ses tares fondamentales, ses pôles géographiques -Plassans, le point de départ, Paris, le point d'arrivée .. ou de chute.

Il dresse son plan de bataille, choisit les pions de sa stratégie et expérimente sa méthode, incarnée ici discrètement par la silhouette du Docteur Pascal, humaniste mais observateur impartial et détaché, accessible à la pitié pour les faibles et les éclopés du système mais scientifique matérialiste.

Quant à l'Histoire avec un grand H …et à l'histoire elle-même, Zola fait coup double : un coup d'état dans un coup d'état ! Magistrale mise en abyme !

Zola raconte, dans sa version provinciale (et même provençale, Plassans, c'est Aix, bien sûr!), le coup d'état du 2 décembre 1851, tout en installant, dans sa fiction, un autre coup d'état : celui de Pierre Rougon, paysan inculte et matois, pauvre et dévoré d'ambition, bonapartiste d'occasion, qui met sur la touche son demi-frère, le « rouge » Macquart, brute avinée et dépensière, et prend, par ruse et manigances, la place enviée de Receveur et la rosette ( pas le saucisson, la décoration!) pour bons et loyaux services à la faction bonapartiste. Pierre sera propulsé au premier rang des honneurs, et du pouvoir, tandis que ses fils, Eugène et Aristide, prépare, pour l'un, et suit, pour l'autre, sa fulgurante ascension.

Pas de triomphe, sans victimes. A toute ascension, son sacrifice propitiatoire : ici ce sont deux enfants, deux innocents, la toute jeune fille d'un réprouvé et le petit-fils de la folle : Miette et Silvère.

Leur amour enfantin et pur se fond avec la brève insurrection républicaine, vite réprimée, qui tente de mettre en échec les « putschistes » de décembre.

Miette, porte-drapeau républicain, enroulée dans sa houppelande rouge, sera une petite Marseillaise à la Rude, bouleversante de jeunesse et de courage. Silvère, un pathétique fusillé annonçant déjà ceux du Mur des Fédérés…

En pensant à eux, je songe à cette chanson populaire de la Commune , quelque 20 ans après cette répression du soulèvement républicain de 1851, et que je n'écoute jamais sans un cruel pincement au coeur :

On l'a tuée à coups de chassepot,
à coup de mitrailleuse,
Et roulée avec son drapeau,
dans la terre argileuse,
Et la tourbe des bourreaux gras
Se croyait la plus forte…

Sans ce déchirant assassinat, programmé dès les premières heures du récit et comme écrit sur le front des deux amoureux naïfs et idéalistes – encore un côté tragédie grecque, la Némésis modernisée a toujours le doigt aussi lourd- pas de sacre complet…

Et le lecteur assiste, dégoûté, à la Conjuration des Imbéciles, à l'apothéose des Crapules et au massacre des Innocents.

Quant à la pire crapule, elle a ici les traits d'une petite vieille, vive, intelligente, agitée et sèche comme une cigale méditerranéenne : un Machiavel en jupons, dévorée d'ambition, sans pitié ni scrupule, et d'autant plus acharnée à vaincre qu'elle semble écrasée par le guignon – la tragédie grecque, toujours- et que personne ne la prend au sérieux, pas même son époux : Félicité Rougon, femme de Pierre, le Napoléon III de la famille ! Un sacré morceau : c'est elle, dans l'ombre, qui fait la Fortune des Rougon !!…

Amours sacrifiées, ambitions personnelles déchaînées, contexte historique tendu et mouvementé : tous les ingrédients y sont qui, pour les lecteurs méthodiques , font de ce premier volume des Rougon, un programme alléchant pour les lectures qui suivent… et qui, pour les autres, plus désordonnés, démontrent l' étonnant pouvoir d'une imagination romanesque féconde, déjà toute pleine de projets et servie par le prodigieux talent démiurgique de leur auteur !
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Zola, ton univers impitoya-a-ble ! ♬
Autres temps, mêmes moeurs ! Nous ne sommes pas au Texas dans les années quatre-vingt mais en France au milieu du dix-neuvième siècle et pourtant, les Rougon et les Macquart n'ont rien à envier aux Ewing.
Arrivisme forcené, intrigues en tout genre, haine féroce entre membres d'une même famille : tous les ingrédients sont là.
Zola a donné vie à de sacrés personnages.
Des personnages dévorés par l'ambition, comme Félicité, désespérée par l'attitude de son fils Pascal. Celui-ci, médecin et chercheur a fixé ses visites à un prix "très modique" et soigne avec dévouement une clientèle populaire. Beaucoup seraient fiers d'avoir un tel fils, mais pas Félicité, qui lui lance à la figure : "Mais d'où sors-tu ? lui disait-elle parfois. Tu n'es pas à nous. Vois tes frères, ils cherchent, ils tâchent de tirer profit de l'instruction que nous leur avons donnée. Toi, tu ne fais que des sottises. Tu nous récompenses bien mal, nous qui nous sommes ruinés pour t'élever. Non, tu n'es pas à nous."
"Tu n'es pas à nous." : formule lapidaire et ô combien révélatrice du caractère de celle qui la prononce.
Des personnages prêts à tout : "La révolution de 1848 trouva donc tous les Rougon sur le qui-vive, exaspérés par leur mauvaise chance et disposés à violer la fortune, s'ils la rencontraient jamais au détour d'un sentier. C'était une famille de bandits à l'affût, prêts à détrousser les événements."
Des personnages sans scrupules, y compris vis à vis des membres de leur famille. Ainsi Eugène parlant à sa mère de son frère Aristide : "Surtout défiez-vous d'Aristide, c'est un brouillon qui gâterait tout. Je l'ai assez étudié pour être certain qu'il retombera toujours sur ses pieds. Ne vous apitoyez pas ; car, si nous faisons fortune, il saura nous voler sa part."
Vous comprenez maintenant pourquoi j'ai évoqué Dallas ?
Zola a la dent dure quand il s'agit de parler de ses contemporains.
Son livre est une fiction, mais une fiction à travers laquelle il décoche ses flèches, fustigeant ça et là tel comportement ou telle catégorie sociale : "Les nobles se cloîtrent hermétiquement. Depuis la chute de Charles X, ils sortent à peine, se hâtent de rentrer dans leurs grands hôtels silencieux, marchant furtivement, comme en pays ennemi. Ils ne vont chez personne, et ne se reçoivent même pas entre eux. Leurs salons ont pour seuls habitués quelques prêtres. L'été, ils habitent les châteaux qu'ils possèdent aux environs ; l'hiver, ils restent au coin de leur feu. Ce sont des morts s'ennuyant dans la vie."
L'auteur attribue quelquefois des paroles ou des pensées à ses personnages, mais l'on sent qu'à travers eux, c'est lui qui s'exprime. C'est souvent féroce, il se régale, et pour le lecteur, c'est jubilatoire. Comme lorsque Pascal vient pour la première fois dans le salon de ses parents : "La première fois, il fut stupéfait du degré d'imbécillité auquel un homme bien portant peut descendre. Les anciens marchands d'huile et d'amandes, le marquis et le commandant eux-mêmes, lui parurent des animaux curieux qu'il n'avait pas eu jusque-là l'occasion d'étudier. Il regarda avec l'intérêt d'un naturaliste leurs masques figés dans une grimace, où il retrouvait leurs occupations et leurs appétits ; il écouta leurs bavardages vides, comme il aurait cherché à surprendre le sens du miaulement d'un chat ou de l'aboiement d'un chien."
Zola sait prendre le temps de décrire, de raconter, quand il le juge nécessaire, mais il sait aussi être très expéditif quand il le veut : "À Plassans, dans cette ville close où la division des classes se trouvait si nettement marquée en 1848, le contrecoup des événements politiques était très sourd. Aujourd'hui même, la voix du peuple s'y étouffe ; la bourgeoisie y met sa prudence, la noblesse son désespoir muet, le clergé sa fine sournoiserie." En quelques mots chacun en prend pour son grade, c'est d'une efficacité redoutable.
Quel talent, quel travail !
En plus de l'intrigue (ou des intrigues), en plus des personnages qu'il a créés, Zola écrit dans une langue extraordinaire. "Que des rois se volent un trône ou que des républiques se fondent, la ville s'agite à peine. On dort à Plassans, quand on se bat à Paris." : pourrait-on mieux exprimer le fait que les petites villes de province restent calmes tandis que Paris s'agite ? Difficilement. C'est précis, c'est concis... c'est parfait !
Zola sait faire un portrait en quelques lignes. le personnage est parfaitement décrit, tant sur le plan physique que sur le plan moral : "Il y avait là trois ou quatre négociants retirés qui tremblaient pour leurs rentes, et qui appelaient de tous leurs voeux un gouvernement sage et fort. Un ancien marchand d'amandes, membre du conseil municipal, M. Isidore Granoux, était comme le chef de ce groupe. Sa bouche en bec de lièvre, fendue à cinq ou six centimètres du nez, ses yeux ronds, son air à la fois satisfait et ahuri, le faisaient ressembler à une oie grasse qui digère dans la salutaire crainte du cuisinier. Il parlait peu, ne pouvant trouver les mots ; il n'écoutait que lorsqu'on accusait les républicains de vouloir piller les maisons des riches, se contentant alors de devenir rouge à faire craindre une apoplexie, et de murmurer des invectives sourdes, au milieu desquelles revenaient les mots « fainéants, scélérats, voleurs, assassins »." Ouille, c'est cruel !
Ou encore, en parlant d'Aristide : "Son intelligence, assouplie par ses deux années de séjour à Paris, voyait plus loin que les cerveaux épais de Plassans." Cette fois-ci, ce sont les petites villes de province dont Zola fait le portrait... peu flatteur.

La fortune des Rougon est le premier des vingt romans regroupés sous le titre "Les Rougon-Macquart". Il en comporte des chefs-d'oeuvre ce cycle ! Et si La fortune des Rougon n'est pas le plus connu, le plus flamboyant, il porte en lui les ingrédients qui feront les merveilles futures.
Pour ceux à qui l'idée de lire Zola ferait peur, je répète ce que j'ai écrit dans ma critique de Madama Bovary :
Si vous croyez que les "classiques" sont de vieux ouvrages poussiéreux et rébarbatifs, plongez-vous dans ce roman, je fais le pari que vous changerez d'avis.
Les "classiques" sont justement classiques parce que leur qualité leur permet de traverser le temps et de nous toucher, nous, lecteurs d'aujourd'hui.
Alors, n'hésitez plus, plongez dans Zola. Tout ce que vous risquez, c'est de vous régaler. Zola n'a rien d'un barbon poussiéreux, bien au contraire. Bien des thèmes abordés dans son oeuvre et dans ce livre en particulier restent très actuels.
Par exemple, lorsqu'il écrit : "La veille du jour où il arrêta Eugène sur le cours Sauvaire, il avait publié, dans l'Indépendant, un article terrible sur les menées du clergé, en réponse à un entrefilet de Vuillet, qui accusait les républicains de vouloir démolir les églises. Vuillet était la bête noire d'Aristide. Il ne se passait pas de semaine sans que les deux journalistes échangeassent les plus grossières injures.", cela vous semble-t-il vieillot ou obsolète ? Pas à moi !
Dans son livre, Zola dénonce l'utilisation de la presse à des fins politiques, et les journalistes qui orientent leurs articles selon leur intérêt (ou selon l'intérêt de ceux qui les soutiennent). Cela n'a rien de dépassé ! Bien sûr, les médias ont évolué, la radio, la télévision et internet n'existaient pas à l'époque des Rougon-Macquart mais ce qu'écrit Zola est terriblement actuel.
De plus, le roman est écrit dans une langue riche, très belle, et terriblement agréable à lire.
Et, cerise sur le gâteau, si Zola sait tremper sa plume dans l'acide quand il le veut, il sait aussi se faire romantique à l'occasion et nous offrir de très beaux passages. Certaines scènes tout en pudeur mais en même temps terriblement sensuelles m'ont surprise, je ne connaissais pas cet aspect de l'auteur.
Décidément, plus je lis Zola, plus je l'aime.
La fin du roman est magistrale, et je termine ma lecture avec la certitude de lire (ou relire) les dix-neuf autres volume du cycle. Quel bonheur de savoir que tant de merveilleuses heures de lecture m'attendent !
Je conclus par une dernière citation pour vous appâter un peu plus :
"Lorsque, à dix-sept ans, Pierre apprit et put comprendre les désordres d'Adélaïde et la singulière situation d'Antoine et d'Ursule, il ne parut ni triste ni indigné, mais simplement très préoccupé du parti que ses intérêts lui conseillaient de prendre. Des trois enfants, lui seul avait suivi l'école avec une certaine assiduité. Un paysan qui commence à sentir la nécessité de l'instruction, devient le plus souvent un calculateur féroce. Ce fut à l'école que ses camarades, par leurs huées et la façon insultante dont ils traitaient son frère, lui donnèrent les premiers soupçons. Plus tard, il s'expliqua bien des regards, bien des paroles. Il vit enfin clairement la maison au pillage. Dès lors, Antoine et Ursule furent pour lui des parasites éhontés, des bouches qui dévoraient son bien. Quant à sa mère, il la regarda du même oeil que le faubourg, comme une femme bonne à enfermer, qui finirait par manger son argent, s'il n'y mettait ordre. Ce qui acheva de le navrer, ce furent les vols du maraîcher. L'enfant tapageur se transforma, du jour au lendemain, en un garçon économe et égoïste, mûri hâtivement dans le sens de ses instincts par l'étrange vie de gaspillage qu'il ne pouvait voir maintenant autour de lui sans en avoir le coeur crevé. C'était à lui ces légumes sur la vente desquels le maraîcher prélevait les plus gros bénéfices ; c'était à lui ce vin bu, ce pain mangé par les bâtards de sa mère. Toute la maison, toute la fortune était à lui. Dans sa logique de paysan, lui seul, fils légitime, devait hériter. Et comme les biens périclitaient, comme tout le monde mordait avidement à sa fortune future, il chercha le moyen de jeter ces gens à la porte, mère, frère, soeur, domestiques, et d'hériter immédiatement."

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