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Pot-Bouille, c'est du très bon Zola. Peut-être pas le meilleur qui soit, mais sans nul doute du très bon, bien plus agréable à mes yeux que les deux volumes précédents, Une Page D'Amour et Nana.
On renoue ici avec une mouture que j'aime assez, une façon d'écrire qui me rappelle celle de la Conquête de Plassans ou qui annonce déjà celle de la Terre, par exemple.
À bien des égards, cet opus n°10 fait figure de diptyque : une sorte de dédoublement du n°7, L'Assommoir en version bourgeoise ou bien alors, une manière de préambule au n°11, le célèbre Au Bonheur Des Dames.
Tout d'abord évoquons ce titre étonnant, difficile à comprendre de nos jours, mélange de pot au feu et de bouillabaisse, rimant admirablement avec tambouille et évoquant la "petite cuisine", comme on dit, ce qui se passe en arrière-cour, loin des façades sublimes, parfaitement lisses et polies, agrémentées de brillants et de couleurs affriolantes.
Là, pas d'erreur, qu'on ne s'y méprenne pas, on est dans la crasse, dans l'égout, dans la vomissure, dans la pourriture glauque et flasque que les gens "comme il faut", que les "braves gens" s'ingénient à minutieusement dissimuler derrière des sourires de façade, de belles manières et des attitudes altières.
L'idée d'Émile Zola est manifestement, après la joute en direction de la classe ouvrière qu'était L'Assommoir, de rentrer dans le lard de la bourgeoisie, en peignant ces familles "dignes" qui se bouffent la rate, et en lui signifiant bien qu'elle ne vaut rien, absolument rien de mieux que le bas peuple, l'hypocrisie en plus.
On assiste donc à l'arrivée à Paris d'Octave Mouret (le frère de l'abbé Mouret du tome n°5), jeune loup aux dents longues, qui rêve de conquêtes, que ce soit de femmes ou de commerce ; il veut faire un magasin éblouissant qui rayonnera loin à la ronde et qui écrasera tout.
Celui-ci est donc introduit par l'architecte Campardon dans un immeuble bourgeois, typiquement haussmannien, qui se targue d'une très haute respectabilité et d'une morale impeccable.
L'auteur utilise admirablement le contraste naturel, technique presque, entre l'escalier principal, grand, beau, majestueux, grandiloquent, illuminé, orné d'un tapis rouge, destiné à être vu et montré, et l'autre escalier, l'escalier de service, dissimulé aux regards, celui qu'on veut absolument cacher, étroit, ténébreux, crépusculaire et où pourtant circulent et se passent beaucoup de choses, pour ne pas dire, les principales.
Tout au long du roman, Zola s'applique à descendre en flèche chacun des locataires de chaque étage, de la loge du concierge jusqu'aux chambres de bonnes, sans oublier les propriétaires. Tout le monde y passe, à tour de rôle, à l'exception notoire d'un foyer, siège énigmatique de la famille d'un écrivain qui passe son temps à calomnier la bourgeoisie...
Tiens, tiens..., mais qui cela pourrait-il bien être ? Aucune idée !
Bah oui, il ne pouvait pas trop faire autrement notre Zozo qui accuse, que de se ménager une petite porte de sortie car il crache un peu dans la soupe, lui qui, à cette époque-là, s'était mis à vivre exactement comme les bourgeois sur lesquels il tirait à boulets rouges.
Ce genre de dissonances mises à part (il en était de même pour Hugo), l'écrivain signe un livre féroce, impitoyable à l'égard de l'absence de moralité de cette classe, dont la réalité exsude par la bouche des domestiques, qui vident le fiel côté cour, par la fenêtre des cuisines, non loin de l'escalier de service.
On est lubrique, adultère, cupide, calculateur, mesquin, hypocrite, menteur, faux-dévot, insensible, inconséquent, etc., etc., etc.
Pas besoin de vous faire un plus ample dessin, vous avez bien compris qu'elle sent le gâté cette pot-bouille, mais qu'elle vaut le détour. Ceci dit, ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de choses.
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Pot-bouille, l'équivalent de popotte, de tambouille, d'une mitonnée ordinaire et juste destinée à combler le manque de la faim. Est-ce à cette idée de médiocrité que Zola assimile la vie ordinaire de cet immeuble plutôt cossu, où débarque le jeune Octave Mouret, arrivant tout droit de Plassans, plein d'ambitions, d'idées et de volonté de se faire un nom?

C'est avec naïveté que le jeune homme tente sa chance auprès des jeunes demoiselles, voire des femmes mariées pour assouvir des désirs naturels, assortis d'un attrait pour la réussite sociale. Il faut dire qu'il s'en passe de belles, dans l'immeuble, malgré la vigilance aigrie de Mr Gourd, le concierge garant de la moralité de ces messieurs-dames.

Les cornes fleurissent sur tous les paliers et derrière les portes closes, les corps exultent en bafouant les serments prononcés lors des noces.

Parlons-en des noces : la recherche de l'époux pour les jeunes filles plus ou moins gracieuses et plus ou moins fortunées est une occupation à plein temps pour les mères en quête du gendre idéal, quitte à dépenser des fortunes qu'elles n'ont pas pour parer des atours masquant les disgrâces les jeunes filles en mal de maris. Promesses et trahison, pièges à gogo, tous les stratagèmes sont permis.

L'empereur n'a plus la cote, les électeurs sont prêts à lui donner une leçon. Ambiance de fin de règne

Zola n'est pas tendre pour ce milieu bourgeois, arriviste, et bas de plafond. Aucun personnage n'est paré d'une quelconque aura spirituelle, même les prêtres sont prêts à accepter la compromission. Les hommes sont dominés par leurs instincts de conquête féminine et les femmes ne songent qu'à s'orner de parures clinquantes.

Pas de fin dramatique comme dans la plupart des opus, mais l'on pressent que ce tome n'est le le préquel du récit consacré à l'ascension du jeune Mouret, dans Au bonheur des dames.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Émile Zola a imaginé et construit une immense fresque, Les Rougon-Macquart, bâtie sur vingt romans pour décrire et aussi décrier un certain univers social sous le Second Empire.
Je continue de cheminer pas à pas et de manière chronologique, dans cette oeuvre puissante, et me voici parvenu au dixième roman, Pot-Bouille. Se situant au milieu de l'oeuvre, c'est sans doute un récit charnière pour bien comprendre les intentions de l'auteur et la force de cette longue saga.
Je tiens Pot-Bouille comme l'un des romans les plus rondement menés des Rougon-Macquart, du moins parmi ceux que j'ai lu jusqu'à présent. Et pourtant l'intrigue tient sur trois fois rien. Ah ! Mes amis... Comme c'est féroce, mais comme c'est savamment agencé ! Ici Zola n'est plus un peintre comme j'ai pu le dire naguère, c'est un mécanicien, que dis-je un orfèvre ! car il s'agit bien ici de mécanique de précision, et son roman fonctionne sur un mécanisme parfaitement bien huilé, aux mille rouages dont Zola a su régler la marche avec un soin méticuleux. On sent que l'auteur s'est ici amusé à décrire la bourgeoisie de son époque dans son vraie visage et sans concession.
Rue de Choiseul à Paris, il y a un immeuble au cadre de vie extraordinaire. Il y fait bon vivre, il y a l'eau et le gaz à tous les étages, les habitants sont d'un charme exquis... Derrière les hautes portes d'acajou se cachent des familles tranquilles et irréprochables. Voilà ! Ça c'est pour la façade... Côté jardin ou côté rue, dirons-nous. Mais côté cour, qu'en est-il ? Oh ! Vous êtes si pressé que cela de voir l'envers du décor ? Attendez encore un peu...
L'intrigue, la voici esquissée rapidement.
Le héros, Octave Mouret, sorte de Rastignac tout droit venu de son Plassans natal, ville de Provence née de l'imaginaire de Zola, qui est le berceau de cette lignée dégénérée que forment ces deux familles des Rougon et des Macquart, arrive à Paris et s'installe dans un immeuble bourgeois récent, le fameux immeuble de la rue de Choiseul. Ses intentions sont claires : il recherche une maîtresse qui l'aidera à s'élever socialement.
Il rencontre peu à peu la plupart des habitants qui, sous les dehors d'une bonne morale, ont des relations hors mariage, entretiennent des maîtresses, concluent des mariages d'argent, se déchirent pour des héritages et abandonnent leurs enfants. Ah ! le charmant immeuble... Et ce sont les bonnes au dernier étage qui s'amusent bien de tout cela... Il suffit d'ailleurs de tendre l'oreille côté cour pour écouter leurs ragots.
Le mot « pot-bouille » désignait au XIXe siècle, en langage familier, la cuisine ordinaire des ménages, dans un sens proche de l'actuel « popote ». Pot-bouille se révèle être la marmite où mijotent toutes les pourritures de la famille.
J'ai avancé pas à pas dans ce roman construit subtilement, me promenant dans l'immeuble côté jardin côté cour, empruntant l'escalier principal mais surtout l'escalier de service, celui qui est normalement réservé aux domestiques. Dans la vie, je préfère toujours les escaliers de service aux escaliers principaux, on y apprend davantage sur l'existence... Eh bien ! Je n'ai pas rencontré que des domestiques visiblement... Quelle vie effervescente dans cette immeuble !
Quand il ne s'agit pas d'amour,- si vraiment on peut appeler cela de l'amour, il est question d'argent, de cupidité.
Ainsi, l'ambiance qui prévaut à la succession du père Vabre est d'une cruauté sans nom. Au milieu des va-et-vient dans l'immeuble, sa succession apparaît au coeur du récit. Il est à l'agonie, il n'est pas encore décédé que des discussions n'en finissent pas autour de sa dépouille allongée sur son lit, pour savoir quelle est la part d'héritage laissée par le futur défunt, parce que cet héritage doit justement permettre de payer une dot. Mais oui, il y a toujours une logique dans les sentiments qui s'animent ici...
Dans ces moments-là, vous savez, les liens familiaux sont indéfectibles.
Pot-bouille, c'est la bassesse d'une société sans âmes. Un monde immoral, presque absurde, totalement actuel.
Voici une tranche d'humanité bien laide et sordide. C'est la médiocrité, le sordide en huis-clos.
Il y a de tout dans ce roman, du vaudeville et de la tragédie antique.
Aucun des personnages principaux n'échappe ici à la bassesse. Si l'on cherche du côté des personnages secondaires, seul peut-être le vieux Josserand sort-il relativement épargné de ce « pot-bouille ». Ce personnage m'a totalement ému. Épargné moralement, pas forcément physiquement, le pauvre...
Moi l'indécrottable laïc et anticlérical, c'est un comble, le personnage qui m'a le plus séduit ici fut un ecclésiastique, l'abbé Mauduit. J'ai tellement adoré son regard profond sur ce champ de bataille, son coeur digne posé avec délicatesse sur ce monde pourri.
Pot-Bouille, quel régal ! Et Zola, un fin cuisinier...
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On continue les présentations avec les protagonistes du clan Mouret. Après avoir vu à l'oeuvre François et Marthe dans La Conquête de Plassans, Serge dans La faute de l'abbé Mouret et Hélène dans Une page d'amour, on a matière à penser que ces braves gens ont autant un grain dans la tête que les illustres membres de la famille Rougon-Macquart.

Heureusement il y a Octave. Ah Octave ! Voilà de quoi ramener un peu d'air frais au milieu de cet arbre généalogique perturbé à souhait.
Fils de François et Marthe Mouret, le jeune homme a tout de l'ambitieux qui possède un fort potentiel commercial. Tout juste arrivé à Paris pour conquérir la ville et le coeur des femmes, Octave est logé dans l'immeuble des Vabre, par l'intermédiaire de Campardon, locataire de longue date et vieil ami de Plassans.
Rapidement, Octave prends ses marques auprès des occupants de l'immeuble et dans le quartier ou Campardon lui trouve une place dans le petit magasin des Hédouin, Au Bonheur des Dames. N'oubliant pas ses projets d'ascension sociale, notre héros sait que sa réussite passera par les femmes et met tout en oeuvre pour les séduire les unes après les autres. Seulement, dans cette "marmite ou mijotent toutes les pourritures", Octave ne sait pas encore dans quoi il a mis les pieds...

Avec Pot-Bouille, Zola se lâche et on aime ça !
Sa cible? La bourgeoisie, qu'il n'hésite pas à mettre plus bas que terre en décrivant le mode de vie de ces gens qui mettent tout en oeuvre pour avoir l'air chic alors que l'envers du décor est loin d'être reluisant. A chaque fois que j'ouvre un Zola je sais que je peux m'attendre à des surprises, à passer un bon moment et Pot-Bouille n'a pas dérogé à la règle. Je crois que ce que j'ai préféré dans ce volume des Rougon-Macquart, c'est les personnages. Malgré une intrigue centrée sur Octave, c'est avec tout les locataires de l'immeuble que nous faisons connaissance et il y a vraiment de quoi rire. Ils se veulent tous bourgeois mais en réalité, comme on dirait dans ma Provence natale, ce ne sont que des mange-merde qui font des économies de bout de chandelle pour faire croire à une richesse quasi inexistante. Quand à leur sens moral , il ne vaut mieux même pas en parler! Tant pis si ils font les pires saloperies entre les quatre murs de leur foyer, tant qu'en extérieur ils gardent un pseudo luxe de façade, les apparences sont sauvées!
Ce cher Emile sait mettre sa patte pour donner du style à une histoire qui pourrait agacer à certains moments et qui finalement s'avère très drôle. Il nous dépeint des personnages à la mentalité pitoyable avec une ironie et une finesse dont lui seul a le secret.
D'ailleurs, je lui accorde une fois de plus une mention spéciale pour la garce de service qui sévit dans tous ses romans et qui ici répond au doux nom de Madame Josserand. On a affaire à une vraie matrone qui mène son petit monde à la baguette et qui clame haut et fort "quand j'avais vingt sous, j'ai toujours dit que j'en avais quarante, il vaut mieux faire envie que pitié!". Toute façon, même avec quarante sous elle fait quand même pitié cette brave dame... Bref, vous l'aurez compris, c'est une vipère comme on peut les aimer chez Zola alors si vous n'avez pas encore eu l'occasion de croiser tout cette bande de joyeux drilles, n'attendez-plus, foncez sur ce 10ème opus des Rougon-Macquart, il est excellent.
A lire !
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Octave Mouret, un jeune homme ambitieux, arrive de Plassans à Paris. Il va prendre logement dans un immeuble bourgeois de la rue de Choiseul, occupé notamment par le vieux propriétaire, M. Vabre, qui habite chez son gendre, conseiller au tribunal, et sa fille, par ses deux fils Théophile et Auguste, par une famille de bourgeois modestes voulant poser aux grands, les Josserand, qui ont deux grandes filles à marier, par Campardon, architecte aux deux femmes dont la religiosité est dictée par des commandes de l'Eglise, et une famille d'employés, les Pichon. Au deuxième étage loge un écrivain et sa famille, sur lesquels on n'aura que peu d'informations, mis à part que ce que publie l'auteur est considéré par certains comme des ordures (ça vous rappelle quelqu'un ?). Parallèlement au monde des bourgeois, avec chacun son escalier, vit le monde des domestiques, surtout des bonnes, occupant le dernier étage comme il se doit. Il y a aussi les Gourd, anciens domestiques d'un duc devenus concierges. le livre conte les frasques de tout ce beau monde, à commencer par celles d'Octave, qui fait le lien entre tous les étages en séduisant ou en tentant de séduire une par une les femmes qui y habitent. La mère Josserand est aussi un beau spécimen, une maîtresse-femme écrasant son mari, avec sur les bras deux filles à marier et pas de dot : tous les coups sont alors permis pour aller à la pêche aux maris ! ● Avant tout désireux de sauvegarder les apparences, les bourgeois se conduisent beaucoup plus mal que leurs domestiques mais ne perdent pas une occasion de rappeler leur « décence » et de fustiger la malpropreté de leurs gens et des ouvriers. le livre, qui commence comme une pièce de théâtre de boulevard, est une impitoyable dénonciation de l'hypocrisie bourgeoise du Second Empire. Dans cet immeuble, à part l'énigmatique famille du deuxième, chacun en prend pour son grade et il n'y en a pas un pour rattraper l'autre ! ● Ce tome des Rougon-Macquart forme une sorte de diptyque avec le suivant, Au Bonheur des Dames, qui poursuit l'ascension sociale d'Octave Mouret. ● L'admirable style de Zola, plein de truculence, très riche, à la fois épais comme du miel et fleuri comme un pré, se prête à merveille à cette tâche. ● le titre, superbe, fait allusion à la tambouille qui se mitonne dans ces intérieurs clos, basse cuisine à base de sexe et d'argent, le tout recouvert par l'onction de la religion. ● C'est implacable et c'est magnifique.
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10e livre des Rougon, avant " Au bonheur des dames", mon préféré.
Octave Mouret monte de Plassans à Paris. Il est accueilli par Achille Campardon, qui le connaît de Plassans. Celui-ci lui trouve un logement au 4è étage de son immeuble, rue Choiseul.
On fait la connaissance de la terrible Mme Josserand, qui veut absolument se débarraser de ses filles, Javotte et Anastasie.. Non, Hortense et Berthe. Lors d'un thé chez Clotilde Duveyrier, la fille du propriétaire, le vieux Vabre que tout le monde imagine riche, elle pousse Berthe dans les bras d'Auguste, le fils du propriétaire, afin de la "placer" etde les marier, mais il faut payer la dot de 50.000 francs qu'ils n'ont pas. Elle harcèle son frère, Narcisse Bachelard, vieux négociant ivrogne, qui les lui a promis.
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C'est un roman réaliste, non complexe, mais compliqué, car il faut faire un arbre généalogique de l'immeuble. Il s'agit d'un immeuble bourgeois avec commerçants et magistrats ; Emile Zola se propose ici de faire l'analyse des bourgeois parisiens. Cela se passe au Second Empire, et c'est de la sociologie mise en pratique. En effet, je me demandais, presque jusqu'à la fin qui était Pot-Bouille ? Ce n'était pas la bonne question. La bonne question, c'est : que veut dire l'expression "pot-bouille" ?
Faire pot-bouille avec quelqu'un, c'est se mettre en ménage avec cette personne ; Pot-Bouille, c'est la vie pas possible de tous les habitants de l'immeuble !
Un immeuble bourgeois, qui vit avec dignité, honnêteté, honneur, tact, et des principes moraux.
Mais un immeuble, je reprends les expressions des habitants au fil des pages, plein de saletés, affaires, tourments, où l'on cache le mot de "maîtresse", cochonneries, "ça" (pour le sexe), salopes, vilains, coups de plumeaux, saletés, dégoûts, bêtises, adultères, bons moments, explications...
Bref, ce qu'on appelle aujourd'hui les prises de têtes, les scènes de ménage.
L'hypocrisie bourgeoise prend ici "son paquet" par Emile Zola.
Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient bête
Les bourgeois c'est comme les cochons
… Plus ça devient vieux plus ça devient c...
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Présentation de quelques personnages.
Octave, du 4è étage, notre "héros", est le Casanova de ces dames qui s'ennuient, ou en pleurs. C'est un calicot.
Marie Pichon, du 4è, douce et passive, dont le mari Jules rentre à pas d'heures, tombe dans les bras de qui vous savez.
Mme Eleonore Josserand, du 3è étage, est une maîtresse femme qui crie tout le temps.
Mr Jusserand, employé dominé par sa femme, en crève de détresse.
le fils Léon Jusserand, parti, de caractère rogue, cherche à se faire placer par mme veuve Dambreville.
le fils fou Saturnin, protège Berthe. Tout le monde en a peur sauf elle.
"Sitarane larivé avec grand couteau dans la main,
mi koné Sitarane lé mauvé li lé volèr mauvais kèr"
La fille Hortense plane sur Verdier qui ne lâche pas sa maîtresse.
Enfin Berthe, docile, obéit à sa maman, et devient auprès de son mari Auguste une deuxième Eléonore, reprenant les même arguments qu'elle.
Enfin, dans la famille Josserand, je voudrais l'oncle, Narcisse Bachelard, qui vit à l'extérieur. C'est un sympathique commerçant au nez rouge, qui aurait pu être joué par Galabru en son temps.
La douce Mme Juzeur, du 3è étage aussi, a été plantée là par son mari après une semaine de mariage. C'est "madame Tout-mais-pas-ça".
Au 3è, le couple Campardon, lui architecte, et Rose mélancolique, et leur fille Angèle. Mais il est amoureux de sa cousine Gasparine qui, on dirait perverse narcissique au XXIè siècle, avaleuse de pied de riz à La Réunion, le bouffe entièrement,
Au premier étage, il y a un monsieur inconnu, un "duc".
Il y a aussi la famille Duveyrier, lui magistrat, qui se fait bouffer par sa maîtresse Clarisse qu'il a dans la peau, lui impose sa famille souillon, puis le jette, pour son plus grand bonheur car il en aurait crevé, car elle a trouvé un nouveau vieux riche.Sa femme Clotilde, fille Vabre, pianiste, obsédée de trouver des ténors pour jouer son morceau lors des thés qu'elle propose. Il y a aussi leur fils Gustave, et le vieux Vabre, propriétaire.
Lorsqu'il meurt, tous se déchirent pour un héritage presqu'inexistant.
Je dis, argent, trop cher
Trop grand
La vie n'a pas de prix
Argent, trop cher
Trop grand
La vie n'a pas de prix, pas de prix
Au premier, il y a aussi Auguste Vabre, éternel enrhumé, qui tient le magasin de tissus au rez-de-chaussée, ave sa femme Berthe qui elle, ne pense qu'à soutirer de l'argent à son mari pour faire les boutiques.
Enfin, le dernier enfant Vabre, Théophile, malade chronique aussi, excité et jaloux, vit avec sa femme Valérie aux yeux de feu, avec qui notre play-boy s'est pris un rateau.
Il y a aussi le couple Gourd, concierges, lui grognon moralisateur, mais ce qui se passe dans l'immeuble,
tout-à-fait (Thierry) ! cela ne nous regarde pas ! cela ne nous regarde pas !
Enfin, il y a toutes les bonnes qui se jettent des injures dans la cour des cuisines, et commèrent des la-dit-la-fait ( ladilafé) sur leurs bourgeois et leurs bourgeoises, mais les bonnes, je ne vous en parle même pas !

Bref, une très belle mise en scène de Zola ! je me suis régalé, mais j'ai mis du temps car il fallait que je fabrique et consulte mon arbre généalogique de l'immeuble Pot-Bouille !
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Sur cette couverture, je pense qu'on voit Berthe en chemise, éperdue, sortant de chez Octave Mouret, alors que son mari Auguste ayant découvert le cocufiage, gifle l'amant.
Ma couverture ( le livre de poche, 1957 ) représente un couple. Il pourrait s'agir de Mr Josserand qui essaye de calmer Eléonore, sa femme, qui lui jette un regard noir. Mais si elle fait les yeux doux ( on a du mal à percevoir comment elle le regarde), cela peut être Octave Mouret qui console Marie Pichon... Il y a tellement de situations qu'on peut tout imaginer !


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"Pot-Bouille" est le dixième volet des Rougon-Macquart, histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire. On suit l'ascension d'Octave Mouret, fils des cousins et époux François Mouret et Marthe Rougon, petit-fils des frère et soeur Pierre Rougon et Ursule Macquart, de son arrivée à Paris à son mariage. Ce livre est le prélude du onzième tome, "Au bonheur des dames" (mon préféré pour le moment), dans lequel Octave Mouret nous emmène dans le monde des grands magasins.

Le titre "Pot-Bouille" a été choisi pour définir ce que Zola appelle le "pot-au-feu bourgeois", sorte de tambouille dans laquelle "mijotent toutes les pourritures de la famille et tous les relâchements de la morale". Inutile de préciser que c'était parfaitement bien trouvé et que ce livre porte son titre à merveille, il résume à lui seul toute l'histoire.

Les événements se déroulent à Paris, essentiellement dans un immeuble bourgeois de la rue de Choiseul. Par le biais d'Octave Mouret, qui cherche une maîtresse pour s'élever socialement, Zola dépeint tout au long de son récit la vie bourgeoise et tous ses travers. Il en va des rapports entre voisins, entre les hommes et les femmes, entre les membres d'une même famille, mais aussi avec la domesticité. On suit toute une flopée de personnages à la moralité, au savoir-vivre et au raffinement irréprochables, mais d'apparence seulement : égoïsme, arrogance, faux-semblants, mensonges, cocufiages, cancans, rancunes et hypocrisies révèlent la personnalité de tous (ou presque) les protagonistes. Zola n'y va pas de main morte avec eux, il frappe fort, exagère sans doute un peu : chacun des personnages (ou presque) est abject, plein de préjugés, méchant, aveugle (idiot ?), magouilleur, mesquin. Les femmes, particulièrement, en prennent pour leur grade.

Avec inhabituellement très peu de descriptions, Zola se concentre davantage sur ses personnages et leurs actes, me donnant l'impression d'avoir tourné les pages plus rapidement que d'habitude. Les chapitres relativement courts rendent également la lecture plus dynamique. le style de l'auteur est toujours aussi agréable, facile et (exagérément) réaliste.

Après un début laborieux (avec ces grosses chaleurs, accumulées avec plusieurs nuits sans sommeil, je n'arrivais pas à m'y mettre pour de bon), et après finalement une sieste de plusieurs heures, j'ai repris ma lecture depuis le début et ai quasiment tout lu d'une traite. C'était cruel, humainement décevant et affligeant, mais passionnant et percutant.

Un roman transcendant (tel que Zola m'a habituée) avec un finale tout en douceur, ni trop tragique, ni catastrophique (tel que Zola m'a peu habituée).
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Ah Zola !!! Quel plaisir chaque fois renouvelé lorsqu'on ouvre l'une de ses oeuvres... Ici ne fait vraiment pas exception. Nous suivons un Mouret cette fois, Octave, plus précisément. Parti de sa campagne, il débarque à Paris, dans le but avoué de la conquérir. Il prends rapidement ses marques, mais l'ascension ne se fait pas assez rapidement. Sa solution : séduire, toujours, toute le temps et beaucoup... Mais ce ne sera pas sans heurts. Zola s'attaque encore une fois à la Haute, et n'est vraiment pas tendre... Mais c'est bien ce que l'on aime de lui... Sa plume incisive, vivante et piquante. Ses personnages aussi, qu'il sait très bien présenté et développé... Un vrai régal.
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Zola atteint des sommets de réalisme, cruel et cynique, sans jamais se montrer moralisateur ni se départir de son regard d'investigateur éclairé.

Avec les Rougon-Macquart, il précise avoir voulu décrire "la bousculade des ambitions et des appétits" et dans ce dixième épisode s'attaquer plus précisément aux "vanités imbéciles des petits appartements bourgeois".
De fait, il expose ici la chronique de la vie d'un immeuble bourgeois parisien, topographie d'un plaisir clandestin, avec des adultères sans passions à tous les étages. Nous assistons à une représentation de cirque, d'une ménagerie aux dessous nauséabonds mise à nue, ramassis abject de grotesques abrutis.
Oui... la pourriture est ici dévoilée avec une esthétique crudité : des mesquines intrigues pour des magots inexistants à la lubricité violente qui sévit contre les femmes. Tout cela en catimini, entre deux confessions à l'église, en gueulardise avant le buffet des hypocrites où chacun flattera ses flétrissures avec d'ineptes grimaces de complicité , comédie pour mieux briller en société.
"Quels gredins que les honnêtes gens !", s'exclamait Claude Lantier dans "Le Ventre de Paris". Ici, leur frénésie d'instincts débridés, leur avide fourberie enrobée d'inculture, leurs unions d'aliénations nous imposent ce constat : dans les cloaques bourgeois aux tapisseries brodées de soie, la névrose est reine.
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♬ Sa maison est en carton
Pirouette, cacahuète
Sa maison est en carton
Les escaliers sont en papier... ♬

Pour Zola, l'immeuble de la rue de Choiseul est comme une maison en carton dont il nous montre la vie intérieure.
Tout au long de ma lecture j'ai pensé à ces célèbres gravures du dix-neuvième siècle sur lesquelles figure une vue en coupe permettant de tout voir : habitants, appartements et escaliers. (*)

L'auteur nous invite à une opération "portes ouvertes". Alors, qu'attendez-vous ?
Venez, entrez !

Dans ce dixième volume des Rougon-Macquart, Émile Zola se fait cuisinier.
En effet, d'après le dictionnaire, la pot-bouille est la cuisine ordinaire d'un ménage.
Mais la cuisine dont il est question ici n'a rien à voir avec cette nourriture abondante et appétissante que l'on a pu déguster dans le ventre de Paris.
L'écrivain nous montre la tambouille quotidienne des habitants : les petites histoires, les intrigues, les manigances, les accommodements, les mensonges, les tromperies, les infamies.
Du plus insignifiant au plus grave, du plus bénin au plus abject, il dresse un tableau bien peu reluisant.
Il nous montre la vie de son époque à travers un immeuble ou plutôt, à travers ses occupants.
Les cancans, les jalousies, les petits et grands problèmes des uns et des autres, leurs inquiétudes, toutes les intrigues qui se nouent, les relations cachées, les calculs... c'est un concentré de vie !

Dans cet immeuble bourgeois, plusieurs classes sociales se côtoient. Les maîtres sont en bas, les domestiques en haut dans les chambres de bonnes.
En bas, les intérieurs sont plus ou moins luxueux, selon la fortune des propriétaires ; en haut, c'est le strict minimum... voire moins.
Zola se régale à montrer que derrière des apparences différentes, le fond est le même.
Maîtres ou valets, peu importe : ce sont les mêmes histoires, les mêmes tromperies, les mêmes mensonges, les mêmes dissimulations.
Certains sont mieux habillés, s'expriment mieux, ont plus de culture, mais sous ce vernis séduisant, ne se comportent pas mieux que les autres.
Quelle que soit la position sociale, la nature humaine est la même, et ceux qui se pensent supérieurs ne valent pas mieux que ceux qu'ils considèrent comme inférieurs à eux.
Ils sont sans doute pire, même, parce qu'ils dissimulent sous des dehors qui se voudraient trompeurs leurs vilenies que Zola met au jour avec tout son talent.

Ce tome dix est terriblement corrosif.
Dans L'Assommoir, Zola montrait beaucoup de tendresse pour les ouvriers dont il décrivait la vie laborieuse et difficile. Ici, il n'a aucune pitié pour ses personnages : à des degrés variés, tout le monde ment, dissimule, trompe.
Les bonnes se vengent des injustices ou des vexations qu'elles subissent et cancanent à qui mieux mieux.
Ce que l'on veut dissimuler ne le reste pas longtemps, même si l'on fait semblant pour sauvegarder les apparences.
Certaines scènes semblent tout droit sorties d'un vaudeville : untel se cache dans un placard, unetelle file en douce par l'escalier de service, une porte s'ouvre dans un couloir malencontreusement au mauvais moment, engendrant une rencontre que l'on aurait voulu éviter...
Ah, cet escalier de service que l'on emprunte pour ne pas être vu, mais qui est parfois fréquenté comme une autoroute un jour de départ en vacances ! Certaines scènes sont vraiment cocasses.
D'une façon générale, j'ai trouvé ce volume très drôle, burlesque parfois. Zola manie merveilleusement bien une ironie extravagante et jubilatoire.

Au milieu de passages légers, il glisse des faits plus graves et n'oublie pas de sortir ses griffes pour égratigner la bonne société dont il aime tant dévoiler les turpitudes et l'hypocrisie.
D'ailleurs, s'il fallait qualifier ce tome d'un mot, ce serait celui-ci : hypocrisie.
Dans ce cycle des Rougon-Macquart, Zola adore mettre en évidence tout ce qui se trame dans la société de son époque. Qu'il s'agisse par exemple de magouilles financières dans La curée ou de jeu d'influences politiques dans Son excellence Eugène Rougon.
Ici, il fustige l'hypocrisie de ses contemporains, et particulièrement celle des gens qui se disent "comme il faut". Chez certains, tout est fait pour le paraître, mais la face policée et vertueuse qu'ils offrent au monde n'est qu'une façade qui cache une réalité bien vilaine parfois.
Le décor et l'envers du décor : l'auteur montre tout, et le contraste entre les deux est saisissant.

On sent que Zola s'est particulièrement régalé dans ce volume superbement caustique.
Les multiples personnages composent un extraordinaire échantillon des comportements humains, et parmi eux, j'ai tout spécialement apprécié madame Josserand. Son obsession à marier ses filles traverse tout le roman, grotesque et désopilante, et finit par lui revenir comme un boomerang dans la figure.
Bien fait ! se dit le lecteur, hilare et ravi.
Certaines scènes sont féroces et l'on comprend que Zola a pris un immense plaisir à faire ce qu'il avait prévu, lui qui avait écrit vouloir « montrer la bourgeoisie à nu, après avoir montré le peuple, et la montrer plus abominable, elle qui se dit l'ordre et l'honnêteté ». C'est exactement ce qu'il fait lorsqu'il raconte la mort du père Vabre : il faut les voir se presser tous autour du lit, jouant des coudes pour avoir les meilleures places, chacun espérant obtenir les dernières faveurs du moribond. C'est absolument abject, mais terriblement drôle !

Cette pot-bouille ne sent vraiment pas bon, mais c'est un régal à lire parce que le comique se mêle habilement au tragique pour composer un tableau terriblement humain.
De plus, ce roman est intemporel : les travers que l'auteur dénonce, tome après tome, chez ses contemporains se retrouvent à notre époque. Les hommes ne changeront sans doute jamais.
Enfin, en ce qui concerne le style, Zola s'est surpassé. C'est beau, c'est limpide, c'est un vrai bonheur de lecture.
C'est une sacrée tambouille que ce fabuleux écrivain nous a cuisinée !
Parfaitement mijotée et très bien assaisonnée, je ne peux que vous recommander d'y goûter à votre tour.
Alors, si cette lecture vous dit, je vous souhaite bon appétit !

(*) Un lien pour voir les fameuses gravures : http://grial4.usal.es/MIH/parisBuildings/resource1.html
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