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Revoilà, en 1883, le Zola magique et visionnaire, qui signe chronologiquement son deuxième grand chef-d'oeuvre du cycle des Rougon-Macquart après l'Assommoir paru en 1877.
Au Bonheur Des Dames est une réussite totale selon moi pour au moins cinq raisons que je vais tenter d'égrener ci-dessous :
1°) Premièrement, ce roman répond pleinement à l'un des objectifs du cycle littéraire des Rougon-Macquart qui se propose de dresser une histoire naturelle et sociale sous le Second Empire. Ici, on est en plein dedans. Quoi de plus marquant en effet que l'émergence du nouveau commerce, qui se matérialise par le fleurissement de ce que l'on nommera désormais « Les Grands Magasins » dans le Paris de la seconde moitié du XIXème siècle ? Ce n'est pas tout à fait nouveau et le grand maître et inspirateur d'Émile Zola en la personne De Balzac l'avait bien senti dans son César Birotteau dès 1837, mais c'est bien Zola qui se fait le meilleur porte-parole, rapporteur, clinicien et documentaliste de cette grande évolution sociale du commerce dont nous sommes encore, et pour probablement de longues décennies à venir, les dociles rouages.
À cet égard, Au Bonheur Des Dames se situe sur la même ligne documentaire, qui relève les évolutions sociétales de l'époque, que le Ventre de Paris, qui traitait de l'émergence des Halles centrales ou que son futur autre grand roman, L'Argent, qui présentera quant à lui les ficelles de la mécanique boursière.
2°) En revanche, et c'est ma transition, l'exercice est beaucoup mieux maîtrisé dans Au Bonheur Des Dames que dans le Ventre de Paris. Autant le lecteur croulait sous les éboulis de légumes, les amas de viandes et de gibier ou encore l'indigestion des fruits de saison, autant ici l'auteur sait nous faire le portrait de ce grand déballage de marchandise sans nous étouffer sous des descriptions pléthoriques, sauf peut-être au quatorzième et dernier chapitre où la débauche de linges divers peut devenir fatigante à la longue comme ce l'était dans les grouillantes et débordantes Halles Baltard. Hormis ce petit bémol, on peut dire que Zola parvient à tout nous montrer, sans rien oublier des coulisses et des dédales du magasin sans jamais nous gaver sous l'opulence nécessaire ou l'exubérance obligée des descriptions.
Ça n'a l'air de rien, mais c'est un exercice littéraire très difficile à réaliser. Ce numéro d'équilibriste mérite un sacré coup de chapeau, que je n'hésite pas à donner ici pour la science de la description mise en oeuvre, de la documentation savamment travaillée et entrecoupée de dialogues ou d'actions pour éviter l'écoeurement ou l'overdose du lecteur, histoire de faire « comme si », « en passant », « au hasard », vous en appreniez sur le fonctionnement et la réalité historique du magasin, « sans en avoir l'air ». Un véritable art du roman au service d'une cause plutôt journalistique et/ou documentaire.
3°) On peut aussi remercier Émile Zola de nous faire vivre avec autant d'acuité la réalité des rapports sociaux au sein de cette grande entreprise naissante. Il est fréquent dans ses autres romans que l'auteur charge un peu la mule sur le côté dépravé, qu'il se complaise à vouloir peindre une humanité viciée et irrécupérable, fondamentalement mauvaise. Ici, par un miracle de grâce, il sait jouer la note juste, et rien que la note, (comme aurait pu remarquer un Miles Davis des grands soirs), pas de surenchère.
Il montre des gens à l'oeuvre, avec leurs qualités, leurs défauts, mais avec une certaine neutralité de ton. Il met sur le dos de la lutte pour l'existence les principales déviances du personnel. Les langues de vipère sont odieuses, certes, dignes des pires ordures qu'il nous avait déjà décrites ici ou là, mais dans le seul but d'améliorer leur quotidien, notamment en piquant la place d'un autre ce qui aura pour effet supposé et conséquence attendue d'augmenter leur rétribution à la fin du mois. Ce n'est pas souvent de la méchanceté gratuite, c'est le sous-produit d'une frustration ou d'une vexation. Il y a aussi, ce qui n'est pas si fréquent chez Zola, des personnages résolument probes et positifs, qui font office de petits lumignons, des manières de rayons de soleil, qui parcourent les autres rayons, ceux où en plus des marchandises sont entassées des motivations troubles.
4°) On peut percevoir aussi Au Bonheur Des Dames comme un indispensable liant au sein du cycle littéraire, le carrefour obligé où convergent de nombreuses lignes tendues entre différents romans des Rougon-Macquart. du percement des artères nouvelles de Paris dans La Curée au fonctionnement des grosses fortunes dans L'Argent ; du mode de vie bourgeois dans Pot-Bouille aux errements mondains dans Nana ; en passant par l'émergence d'une société de consommation dont Au Bonheur Des Dames remplit le volet fantaisie et le Ventre de Paris le pendant alimentaire. le monde nouveau apparu au XIXème siècle se cristallise avec vigueur dans ce roman et dont le XXème et maintenant le XXIème siècle sont des avatars.
Le rapport qu'entretient Au Bonheur Des Dames avec les autres romans-clés du cycle est un véritable élément structurant, qui apporte un surcroît de cohérence et de pertinence à l'ensemble de l'édifice à tiroirs que sont Les Rougon-Macquart.
5°) Enfin, c'est mon cinquième point, mais je pourrais en développer encore une demi-douzaine d'autres non moins importants à mes yeux, c'est cette fabuleuse description d'une lutte perdue d'avance, sur le « progrès » ou, à tout le moins, sur l'histoire en marche.
Personnellement, entre mon enfance et maintenant, j'ai assisté à deux de ces mutations irrésistibles, qui balayent tout devant elles, mieux que les vagues d'un tsunami, à savoir la disparition quasi-complète des stations-service indépendantes dévolues au seul débit de carburant et à la fin de la profession de pompiste. J'ai connu cette vague sourde et pourtant formidable qui pulvérisa tout sur son passage en délivrant dans les supermarchés des carburants à prix coûtant, exactement comme Octave Mouret tue sa concurrence avec un produit d'appel, qui est dans le roman la soie « Paris-Bonheur ». C'est exactement ça, rien n'a changé.
J'ai également assisté au remplacement quasi intégral des petits magasins de nos centres villes de province ou d'ailleurs par des mêmes chaînes d'enseignes qui font que désormais, quelle que soit la ville où vous vous arrêtez en France, du Nord au Sud et d'Est en Ouest, vous rencontrez exactement les mêmes magasins, et ceci est valable maintenant dans à peu près toutes les villes d'Europe et bientôt, du monde.
Pour les personnes un peu plus jeunes que moi, cette lutte inégale et perdue d'avance, dans les quelques années récentes pourrait également être illustrée tant par l'arrivée du numérique face à l'argentique en photographie, que par le e-commerce face aux enseignes historiques. Voir capoter Virgin et se figurer la Fnac en train de battre de l'aile était tout bonnement inimaginable avant l'émergence d'Amazon et des téléchargements gratuits sur internet.
De même, il n'y a pas si longtemps, le marché des cartes téléphoniques avait pignon sur rue, désormais, c'est tout juste si l'on peut encore trouver une cabine. Quand je passe devant une de ces survivantes sub-claquantes cabines, je ressens quelque chose de très semblable au déclin du Vieil Elbeuf de l'oncle Baudu décrit dans le roman. Même chose, même constat. Finement observé Émile.

Il en va de même (cela pourrait faire l'objet d'un sixième point, mais j'ai parlé de cinq donc je n'abuserai pas de votre patience) pour les techniques commerciales. On pourrait croire, vu de notre début de XXIème siècle que toutes les techniques agressives et impitoyables du commerce actuel nous proviennent des États-Unis. Non, non, non, messieurs, dames. C'est nous qui les avons inventées ces belles saloperies, et presque toutes, même ! Voilà un beau cadeau de la France à l'humanité, presque aussi grand que la déclaration des droits de l'homme, ce qui n'est pas peu dire.
Oui, honte à nous, tout ce qu'il y a de plus vil et inhumain dans le commerce fut testé grandeur nature dans les grands magasins d'alors et victorieusement importés partout où des gens ont eu envie de bâtir des fortunes en déniant l'humain qu'il y a derrière, c'est-à-dire, partout dans le monde, quelles que soient la couleur de la peau, la religion ou les habitudes culinaires… Les hommes naissent tous égaux en cupidité, égoïsme et appât du gain. Amen.
Un autre point fort intéressant (cela pourrait être un septième point, mais vous connaissez ma position) est celui de l'évolution des comportements suscités par le style même de ces grands magasins. Je pense notamment aux incoercibles kleptomanies qui ont été bien documentées à l'époque, et qui touchent toutes les franges de la population, indépendamment du revenu net des personnes qui s'y adonnent. Émile Zola ne se prive pas pour montrer à l'oeuvre une femme de l'aristocratie, incapable de juguler sa frénésie pour les dentelles de luxe (Mme de Boves).
Autre élément hyper intéressant du roman (éventuel huitième point), le statut des femmes au travail, encore très marginal pour l'époque. Une femme qui s'assumait seule hors mariage, telle que peut l'être l'héroïne Denise, était considérée en ce temps-là être une femme de mauvaise vie (entendez mauvaises moeurs). le fait donc que des femmes, en quantité, puissent accéder à un emploi reconnu honnête, qu'elles puissent même gagner plus d'argent que leur mari (c'est le cas d'Aurélie Lhomme, la première des confections) est une véritable révolution sociale et sociétale dans le couple introduite, entre autres, par ces grands magasins et Zola ne rate pas le coche. Une fois encore, c'est bien observé.
Mes neuvième, dixième et onzième points hypothétiques pourraient être constitués par : l'avènement de la publicité qui explose à l'époque (c'est même pour réfréner cette pullulation que seront créées les colonnes Morris) ; la naissance progressive de la vente par correspondance et le rôle tenu par les grands magasins dans la réduction des marges qui étranglent les fabricants, prélude aux tristement célèbres délocalisations dont nous pouvons constater les effets chaque jour.
Évidemment, cette estimation d'une demi-douzaine d'autres points est une fourchette basse car on pourrait encore parler de nombreux autres éléments nouveaux et épinglés par l'auteur. Si vous voulez des exemples, je m'abaisse encore à vous citer le cas de la concurrence déloyale et quelque peu inattendue, pour un secteur spécialisé du commerce, lorsqu'il voit débarquer une grosse structure généraliste drainant une clientèle monstrueuse, qui se met à exploiter son propre pan d'activité, sa propre niche écologique commerciale, si j'ose dire. Ou bien encore, ce phénomène nouveau pour l'époque, des femmes de province n'hésitant plus à risquer de longues heures de train pour venir faire leurs emplettes au loin dans la capitale et seules (imaginez l'émoi suscité chez les braves maris patriarches provinciaux) dans ces grandes enseignes parisiennes qu'étaient Au Bon Marché, Les Grands Magasins du Louvre, À la Belle Jardinière, le Printemps, La Samaritaine et (postérieurement au roman de Zola) Les Galeries Lafayette.

Bref, je ne vais pas m'étendre plus longuement sachant que nombreux sont ceux qui ont déjà exprimés brillamment les qualités et les défauts de ce roman. Un authentique coup de coeur pour moi, un opus consistant et documentaire, plus distancié et impartial qu'à l'habitude, révélant un vrai pan de l'évolution sociétale du Second Empire et, même si l'on peut reprocher un tout petit peu le statut de quasi sainte vierge de Denise dans cette frénésie d'achat et de vente, on ne va pas se plaindre qu'Émile Zola, pour une fois, ait décidé de faire une manière de fin heureuse et de laisser poindre l'espoir derrière le fatal effondrement des anciennes bâtisses du commerce.
Un très grand cru donc, que je vous conseille sans modération, mais ce n'est, bien évidemment, que mon avis, j'allais dire, bon marché, c'est-à-dire, très peu de chose.
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Après bien des hésitations, je me lance ! Je vais (enfin) écrire une critique sur le roman qui occupe la première place de mon top littérature depuis 20 ans et que nulle autre oeuvre ne semble pouvoir détrôner.

Rien que ça ? vous direz-vous mais en réalité, sachez que je ne disposerai jamais dans mon vocabulaire d'assez de superlatifs pour faire l'éloge du moins noir des romans des Rougon-Macquart.

"Au Bonheur des Dames", c'est tellement de choses à la fois, qui trouvent tant de résonances en moi même si un siècle et demi me sépare de son récit. C'est un roman atemporel parce que précurseur ; c'est un roman dont la trame évoque non seulement l'évolution d'une très belle histoire d'amour, dans toute sa complexité sentimentale et psychologique mais aussi la mutation profonde de toute une société, bouleversée dans ses valeurs et dans son rapport à la consommation. Une société de plus en plus confiante dans son affirmation neuve des goûts individuels comme des aspirations collectives.

"Au bonheur des Dames" est quasiment un huis-clos dont le personnage principal n'est aucunement Denise, cette jeune et frêle orpheline normande jetée dans le grand Paris moderne pour s'y faire une place, ou Mouret, ce golden boy du commerce qui soumet les femmes par sa profonde connaissance de leurs faiblesses. Non, le personnage principal du roman est le magasin Au Bonheur des Dames lui-même, devenu grâce à la magie distillée par la plume experte de l'auteur, un être vivant et pensant dont les organes sont les rayons, eux-mêmes palpitants de la vie de leurs vendeurs, de leurs clientes et de leurs marchandises. le microcosme gigantesque de ce magasin de Nouveautés parisien (actuel Bon Marché- Rive Gauche) dépasse le simple cadre d'un récit ; il est le récit.

Aux indisposés de la description qui n'assimilent pas que la description, exercice si difficile qu'il est volontiers abandonné par des Marc Levy et des Guillaume Musso au profit d'une "prose" facile et vulgarisée, est l'outil majeur dont un auteur dispose pour donner vie et relief à son oeuvre et à ses personnages, je donne cet avertissement : oui, vous trouverez dans ce roman des pages et des pages de descriptifs, tous plus flamboyants les uns que les autres, témoignages finement ciselés de la passion que l'auteur a voulu communiquer à ses lecteurs via son style.

Ceci dit, revenons à l'oeuvre...
La nature de la relation amoureuse qui unit Mouret et Denise est romantique. Ces amants représentent pour moi l'un des couples les plus émouvants de la littérature mondiale. La sensibilité, la pureté, le courage et la persévérance de Denise en font une héroïne digne d'être aimée. Son orgueil, sa beauté, sa puissance et son abnégation font de Mouret un héros digne d'être aimé par une femme telle que Denise.

La narration est également très bien soutenue par un panel de personnages secondaires extraordinaires qui sont aussi fouillés dans leur comportement et leur psychologie que les personnages principaux. Baudu, Jean, Clara, Mme Desforges, les clientes, le financier, Bourras, Pauline... sont tous criants de réalité et participent pleinement à la grande fresque haute en couleurs offerte par Emile Zola à ses lecteurs.

En replaçant le roman, écrit en 1883, dans son contexte historique et politique, le lecteur pourra également apprécier toute la portée d'une satire sociale omniprésente et visionnaire, inscrite en filigrane tout au long de l'oeuvre et qui caractérise toute la série des Rougon-Macquart.
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C'est sans doute celui que je préfère! L'un des plus bienveillants pour son personnage principal, qui s'en sort plutôt bien, compte tenu de la précarité de sa situation lorsqu'elle débarque à Paris, orpheline flanquée de ses deux frères, mal accueillie par son oncle qui lui avait pourtant naguère proposé de l'aider. C'est par bonté d'âme qu'un marchand de tissu l'emploie, malgré ses difficultés liée au développement d'un magasin d'un genre nouveau, qui donne son titre au roman : Au bonheur des dames. Il ne faudra pas longtemps pour que Denise y fasse ses premiers pas dans la vente, avec des débuts extrêmement difficiles, tant les péronnelles en place sont promptes à la méchanceté. Quant à son frère qui court le guilledou et réclame sans cesse de l'argent pour payer ses frasques, il contribue au dénuement de la jeune fille. Mais elle est obstinée et vaillante.


Le flair du jeune et ambitieux Octave Mouret, qu'on a connu papillonnant et opportuniste dans Pot Bouille, se confirme. Peu en peu il met en place une machine de guerre qui va broyer un à un les petits commerces environnants, avec une politique du prix d'appel cassé, sur lequel les petites échoppes ne peuvent s'aligner, et attirant ainsi le tout Paris qui dépense sans compter dans les rayons débordant d'un luxe d'articles tentants. (Les portraits de ces femmes hameçonnées ne sont guère flatteurs).


Toute cette histoire de commerce est égayée par les récits des amours licites ou illicites, et surtout par la passion qui dévore Octave Mouret pour Denise, qui le fait tourner en bourrique, sans calcul de sa part.


C'est aussi un état des lieux de la société de la fin du 19è siècle qui voit la naissance d'une économie de consommation écervelée, conditions précaires des employés, (même si Denise, usant de son influence auprès du patron parviendra à adoucir le sort de ceux ci).


Comme dans le Ventre de Paris, Zola excelle à décrire l'abondance : rayons débordant de marchandises, décorations luxueuses, mises en scènes pour attirer la foule des pratiques, bénéfices faramineux. Tout cela contraste avec la misère de ceux qu'il contraint à mettre la clé sous la porte.

Très belle fresque sociale, qui mêle passion et regard acéré que l'évolution de la société en pleine mutation.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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"Je veux faire le poème de l'activité humaine" écrira Zola dans son ébauche d'Au Bonheur des Dames. Pari réussi ! Car ce onzième tome des Rougon-Macquart (non, je ne les relis pas dans l'ordre ! Oui, je sais, ce n'est pas logique mais je m'en fiche puisqu'il s'agit d'une relecture) est un récit extraordinaire visant à montrer le progrès avec l'implantation des grands magasins et à en faire également la dénonciation : mort des petits commerces, conditions de travail difficiles. Zola, avec tout le talent qu'on lui connaît, s'attache à démontrer cette véritable révolution sociétale en marche. Bien entendu, une grande histoire d'amour verra le jour. On est Zola ou on ne l'est pas ! Cet ouvrage, paru un an après Pot-Bouille, critique au vitriol de la bourgeoisie, paraît plus serein que ce dernier (et que toute la saga).

Je ne serai jamais vraiment objective face à un Zola. Je l'aime trop pour ça. Mais quand même, il faut bien avouer qu'une description de celui-ci n'a pas son pareil pour remuer en nous des sentiments. Non ? Bon, je vous avais dit que je n'étais pas objective. Allez, je cède la parole à ce bon vieil Émile !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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♬ J'étais un inconnu dans les grands magasins
Je me suis reconnu dans les grands magasins ♬
Sans amour, sans aventure, ♬
♬ Je me suis abandonné
A la foule emmêlée ♬
Au bonheur des dames est le onzième opus de la saga des Rougon-Macquart. Si cette fresque est une peinture, Émile Zola en est le peintre, un peintre fabuleux. Et ici, de nouveau, quel talent ! Chapeau l'artiste !
Oui, ce roman est un chef d'oeuvre et j'avoue pourtant que j'y allais presque à reculons, à pas hésitants, compte tenu du sujet. Oui, je me suis dit, un roman de cinq cent vingt-six pages qui parle du quotidien d'un grand magasin, même si cela se passe au dix-neuvième siècle, qui plus est sous le Second Empire, oui je reconnais avoir ressenti un léger moment d'hésitation en abordant ce récit. Mais voilà ! Je me suis embarqué depuis quelques années dans la lecture de cette immense saga en respectant scrupuleusement la chronologie des récits. Ce voyage m'amène forcément à des ressentis inégaux, différents. Des coups de coeur, des déceptions, parfois des sentiments entre deux eaux...
Ici j'ai été séduit par la la qualité littéraire de Zola de savoir nous tenir en haleine sur un tel sujet qui paraît tellement banal au premier abord.
Le roman raconte la lutte féroce des petits commerces de proximité contre les grands magasins, en l'occurrence ici le bonheur des dames, magasin de textiles dirigé de main de maître par Octave Mouret.
Ici Zola n'a jamais été aussi grand, aussi moderne, mais peut-être jamais aussi ambigu.
Zola, parlons-en.
Le sort de ces pauvres vendeuses des grands magasins, de ce grand magasin qu'est le bonheur des dames, leur misère dont le seul responsable est un certain Octave Mouret, est évoqué ici bien sûr, mais le propos est loin d'être manichéen en opposant les employés d'un côté et les patrons de l'autre.
Octave Mouret est le symbole même du capitalisme sans complexe. On penserait aisément que Zola, que nous commençons à connaître à force, ses opinions, ses engagements, ne devrait avoir pour Mouret que mépris.
Octave Mouret, c'est une mécanique conçue pour écraser le monde, un ambitieux qui ne s'arrête jamais. On l'a vu venir avec son ambition de province et même de Provence, on l'a vu monter à Paris, tel un Rastignac besogneux. On l'a déjà vu, habile et cynique, oeuvrer dans Pot-Bouille parmi les méandres des sentiments pour poser son ambition sur le coeur des femmes riches et puissantes. Ce fut en définitive Madame Hédouin, sa fortune, son héritage lorsqu'elle décéda.
Ce qui m'a surpris, c'est que Zola n'appuie jamais le trait pour décrire Octave Mouret, ce qu'il est.
Dire qu'Au bonheur des dames est la fin d'une civilisation, c'est peut-être exagéré. Disons que c'est la fin d'un monde qui ne cesse de continuer de mourir à petits feux. En toile de fond de ce roman s'invite un sujet empli de paradoxe. Se dire qu'on ne peut échapper au sens du vent du progrès. Certes, il a une drôle d'allure, ce progrès. Mais fallait-il un jour renoncer à la bougie, à la lampe à pétrole et lutter contre la fée électricité ? Il faut vivre avec son temps, nous dit-on, nous dit peut-être Zola sans une pointe de mélancolie. Suivre le mouvement ou bien mourir. D'autres ici, dans les pages de cette histoire, mourront, ou voudront même mourir...
Les petits boutiquiers, le petit commerce, c'est un peu le pot de terre contre le pot de fer...
Zola est au milieu du gué, incertain, contemplant à regret ce monde qui s'en va et regardant non pas admiratif mais peut-être fataliste, résigné, celui qui arrive à grande foulée.
Et j'avoue m'être incarné dans ce ressenti étrange et ambigu que traduit Zola dans l'ampleur de son texte magistral.
Mais Zola, c'est de la dentelle, de la soie, de l'épure...
Ce roman est un bonheur pour les yeux.
Le mot bonheur n'est pas anodin, affiché à la devanture du texte. Il se dégage à certains endroits une idée du bonheur, qui n'est pas artificielle. le pessimisme vient plus loin, par les faits...
Les calicots, les paletots, les tissus, les dentelles et les soies en vrac qui coulent comme des vagues sur les étalages, ici des robes, là-bas des gants et des bas. L'abondance est à tous les étages.
Un flamboiement aveuglant de blanc... !
Les étalages rutilants, la foule, l'ébullition constante du matin au soir ; Zola nous met en scène des femmes travailleuses telles des abeilles besogneuses dans une ruche, et d'autres femmes aussi, les clientes reines éphémères d'un jour, esclaves enivrées de leur propre désir, qui agitent tout autant leurs mains frêles parmi les étoffes et les draps. Dit comme cela, le portrait pourrait paraître peu flatteur et un brin misogyne, mais avec Zola chacun en prend pour son grade...
Ah ! le désir affiché comme une arrogance suscite la convoitise de tous les sens... J'ai adoré les voleuses qui arpentent les rayons du Bonheur des dames. Elles sont si nombreuses, tenaces, usent de toutes les ruses. En face, règne une sorte de police interne, notamment en la personne de l'inspecteur Jouve, personnage grotesque et mauvais qui surveille, observe, y compris des scènes personnelles qui ne relèvent d'ailleurs pas de sa mission. Ici encore Zola dénonce avant l'heure un mal interne aux entreprises, la surveillance du personnel, le harcèlement moral et peut-être plus encore, tant qu'à faire...
Et puis vient ici tout au début du récit Denise Baudu. Étrange et touchante figure que le personnage de Denise, elle vient de la province normande, Valognes précisément, avec ses jeunes frères, intriguée, apeurée, admirative elle aussi d'Octave Mouret, ce capitaine d'industrie sans scrupule prêt à raser tout le quartier, à écraser, à broyer sous son joug pour construire l'édifice de ses rêves, un magasin toujours plus haut, toujours plus grand, toujours plus puissant. Elle l'aime quand même pour la grandeur de son oeuvre et peut-être aussi pour sa fragilité qu'elle seule est capable d'entrevoir.
Cet amour presque impossible...
Denise Baudu incarne en quelque sorte les pudeurs de l'écrivain pour retenir ses coups, elle aussi est dans la nuance, dans la retenue. Zola est peut-être gêné d'admirer un univers impitoyable dont il sent l'injustice et l'aveuglement féroce. On sait bien que Zola n'aime pas ça...
Tout l'attrait du roman, selon moi, est la rencontre de Mouret avec Denise. le reste, pourrait presque être sans importance, ou du moins ne tiendrait pas de la même manière.
Sans Denise d'ailleurs, que serait le personnage d'Octave Mouret. Intéressant peut-être de se poser cette question...
Denise est celle qui défend la vertu du petit commerce, elle vient de ce milieu, pas plus loin qu'en face, là où se trouve la boutique de son oncle M. Baudu, mais c'est celle aussi qui a franchi le pas, traversé la rue. Elle a peut-être trahi le milieu d'où elle vient, mais jamais elle ne le ressent ainsi, et jamais son oncle ne lui fait réellement ce reproche , même s'il en souffre.
Denise, employée dans le grand magasin, humiliée tout d'abord par les remontrances, les rebuffades, les jalousies de ses collègues de travail, est une grâce de bonté.
C'est Denise en quelque sorte qui façonne, non pas le destin d'Octave Mouret, mais quelques contours de son personnage.
Un bel écrivain, c'est aussi celui qui sait nous inviter à naviguer dans les failles, dans les incohérences des personnages de son récit.
Au bonheur des dames est autant une vision sociale qu'un roman d'amour. C'est tout simplement magnifique.
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Roman écrit à partir de l'actualité de l'époque, roman historique pour les lecteurs d'aujourd'hui, ce récit mérite vraiment que l'on s'y intéresse. L'action se déroule durant la troisième république sous la présidence de Jules Grévy, il est publié en 1883, ce qui en fait un récit documentaire abordant divers sujets tels que la société parisienne, l'argent, la richesse, la précarité, les avancées du commerce.

Octave Mouret, fils de Marthe Rougon et François Mouret (voir la conquête de Plassans), homme d'action, organisateur de génie et, dirait on de nos jours, prompt à se lancer dans des concepts innovants, dirige fermement le « Bonheur des Dames » grand magasin situé dans le quartier de l'opéra ou évolue une population aisée. le commerce prospère, attire des foules toujours plus importantes, crée de l'emploi, et favorise l'essor économique.

On réalise alors la richesse du sujet exploité par Emile Zola qui passe en revue les différentes couches de la société parisienne : depuis les vendeurs et les vendeuses, exploités, privés d'une certaine liberté, victimes des abus de pouvoir des supérieurs dans cette micro société que représente le Bonheur des Dames, victime des jalousies, de la méchanceté des pairs, en situation précaire car on ne sait pas si on sera autorisé à revenir le lendemain, exploités. Pour dénoncer les travers de ce peuple, l'écrivain donne vie à Denise Baudu : jeune orpheline qui arrive à Paris avec les deux frères dont elle a désormais la charge. Elle arrive chez son oncle, propriétaire d'un petit commerce de textile : « le vieil Elbeuf ». Elle est engagée au Bonheur des Dames et deviendra celle par qui on prend connaissance de l'ensemble des employés, de la hiérarchie existante, des habitudes, d'un règlement qui montre bien peu de respect pour la personne et sa vie privée.

Pour pointer du doigt la bonne société parisienne aisée, Zola introduit la maîtresse d'Octave Mouret, Henriette Desforges, ainsi que les couples qu'elle fréquente, un groupe qui semble très bien représenter les nantis, tout en exposant des phénomènes produits par l'étalage des biens : le vol, les dépenses compulsives, les astuces d'acheteuses…

Mais l'écrivain ne se contente pas de décrire voire de dénoncer, il expose quelques techniques de vente et montre comment le puissant Octave Mouret s'y prend pour exploiter ses clients et créer les besoins chez les femmes. C'est là l'aspect du roman que j'ai vraiment préféré en constatant que les techniques pour forcer la vente sont similaires aux techniques actuelles : flatter le client, changer les rayons de place, promettre des économies à qui se livre aux achats intéressants, faire du client le roi du lieu, proposer des ventes exceptionnelles pour grossir le chiffre d'affaire.

Fort de son succès, le Bonheur des Dames, tout comme le font nos grandes surfaces aujourd'hui, tue le petit commerce, et c'est avec angoisse que l'on verra péricliter le petit commerce… Zola décrira d'ailleurs le commerce comme une machine inhumaine qui n'est pas sans rappeler la mine et le puits de Germinal sorte de monstre assoiffé qui absorbe clients, vendeurs et toute personne qui viennent s'y perdre.

Le personnage de Denise est central : elle met en évidence la méchanceté, l'égoïsme, la cupidité, les moeurs légère de la société. Sa personnalité bien affirmée, ses principes, son travail consciencieux, son ambition en font un personnage qui se détache de l'ensemble et contraste avec l'ensemble du personnel.

Si j'ai trouvé certains chapitres un peu longs, particulièrement les ventes exceptionnelles où se rue la foule des acheteurs, j'ai beaucoup apprécié la richesse de ce roman bien documenté par son auteur qui n'a pas hésité à passer des journées au bon Marché, l'un des plus anciens magasins de Paris.

Belle promenade également dans le quartier de l'opéra, dans ses rues et ses passages couverts.
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Calicots : peuple des commerçants de coton.
Aaaaaaaaaaaah, Emile, mon ami ! Il n'y a que toi ( et Victor ) pour m'arracher des émotions pareilles !
C'est un duel improbable entre Denise Baudu, la petite Normande qui, comme "petite-mère" monte à Paris avec ses deux frères à charge, et le puissant Octave Mouret à la tête d'un empire capitaliste : " Au Bonheur des Dames".
La Bête Humaine,
c'est toi, elle t'appartient.
Non, surtout pas humaine ! le colosse, la mécanique, la cathédrale, la nef de gare, le paquebot, la locomotive ; toutes des créations artificielles pour créer de l'argent, sur le dos des passions du peuple des clientes, que Mouret tient à sa merci, du haut de son escalier.
Il invente des parcours Ikéa et beaucoup de subterfuges pour que des acheteuses compulsives comme madame Marty se sente coupable, la comtesse de Boves devienne cleptomane, madame Guibal joue sur les "rendus".
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Mais l'avidité de Mouret ne va pas sans victimes :
"Nous y resterons tous !"
C'est la descente aux enfers des petits commerces :
Zola nous a fait une démonstration du mal qu'on peut faire aux gens dans l'Assommoir. Dans ce drame du capitalisme, il y a des figures poignantes comme les Baudu et le vieux Bourras ; ceux, congédiés du grand magasin par les commérages des "seconds" ambitieux qui veulent prendre leur place, comme Robineau ou Bouthemont, qui, une fois à la rue, et avec un maigre capital, essayent de rebondir. Tout le quartier meurt à cause de Mouret qui n'en a rien à faire , car, dit-il, si je mets la clef sous la porte, d'autres se feront un plaisir d'exploiter l'affaire.
...et ça continue actuellement, non plus à cause des Galeries Farfouillettes ou le Printemps, mais devant Amazon et d'autres géants...qui n'ont rien inventé, si ce n'est l'utilisation de la toile :
le Bonheur des Dames, c'est une phalanstère qui passe de 400 à 3500 employés en 4 ans, avec des services très organisés d'achats et d'expédition.
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Emile Zola avait déjà la matière pour fabriquer de belles intrigues humaines à rebondissements, depuis la création de la saga Rougon, mais ce qui est surprenant, c'est l'étendue de son savoir, tant sur l'organisation des grands magasins, que ses connaissances sur les étoffes et autres produits.
Dès 1881, il visite des après-midis entiers des grands magasins ( le Bon marché, les Grands Magasins du Louvre, la Place Clichy ), en observe l'organisation, interroge les dirigeants, et note tout dans ses Carnets d'enquête.
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Mais naturellement,ce qui nous intéresse, c'est le combat moral de David, la placide et bonne Denise, qui a une volonté de fer pour subir tous les quolibets à ses débuts, et de Goliath, l'avide Octave Mouret que rien ne fait plier, tellement il est riche... sauf son coeur : )
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David ne gagne pas toujours contre Goliath -et si David s'appelle le Vieil Elbeuf et Goliath, le Bonheur des Dames, le gros écrase le petit, en bonne et cynique logique.

Sauf quand David, comme ici, est une femme, Denise. Dans Denise contre Goliath, c'est Denise qui gagne!

Le roman entrecroise deux luttes: celle du petit commerce contre le grand commerce- les boutiques contre les grands magasins. Et la lutte d'une jeune femme sensible mais vertueuse , morale mais amoureuse contre celui qui veut en faire une de ses maîtresses..

Et plus le Bonheur des dames s'agrandit- c'est le nom du Grand Magasin- , grignotant le quartier tout entier, plus le bonheur de la dame - Denise Baudu en Casta Diva résistant au bourreau des coeurs, Octave Mouret- s'affermit, jusqu'au triomphe final.

Denise Baudu épouse le bel Octave qui quitte pour elle sa maîtresse, Henriette Desforges, une femme du monde influente.

Voilà, en gros, la trame de l'intrigue mais le roman est intéressant à plus d'un titre.

D'abord c'est un roman optimiste, avec happy end ...enfin, pas pour tout le monde: quelques suicides de petits commerçants, ruinés par les grands magasins, émaillent la fin du livre, attestant discrètement -mais qui s'en soucie?- de la brutalité foncière du système économique naissant qui fait toujours nos beaux jours..

Ensuite c'est un roman essentiellement féminin- je n'ai pas dit féministe, tant s'en faut! Jusqu'au titre, le roman grouille de dames: petites commises-kleenex, qu'on exploite et qu'on jette dès qu'elles sont enceintes, malades, ou si elles ont, simplement, déplu, "premières" -les chefs de rayon- aussi dures sinon plus que les hommes, leurs rivaux, et surtout clientes- compulsives, dépensières, voleuses, capricieuses, jalouses, venimeuses, potinières, fashion victims addictives , bref tout un florilège des pires "qualités"attribuées aux femmes.

Mais Denise Baudu, future Mme Mouret -l'autre Mme Mouret ex Mme Hédouin, épousée à grand-peine à la fin de Pot-Bouille a le bon goût de mourir accidentellement sur le chantier du Grand Magasin au début du récit, laissant la voie libre - Denise, donc, est celle qui les venge toutes!

Exemplaire, honnête, travailleuse, ne jouant pas de son charme, sensible, raisonnable, généreuse, secourable, elle résiste aux commérages et aux brimades de ses collègues de travail, aux caprices de ses clientes avec patience mais fermeté, ...et aux avances du patron.

Alors, le Bonheur des dames, apothéose d'une héroïne féminine moderne?

Pas tout à fait: Denise sait qui elle épouse, même si Octave a changé sous son empire, elle le sait cynique, volage, ambitieux, sans scrupule. Son avenir d'épouse ne sera sans doute pas une vallée de roses...

Et la future Mme Mouret ne devient pas directrice de magasin, malgré ses compétences évidentes dans le commerce: elle jouera le bon ange du Bonheur des dames, pensant à améliorer la cantine des employées, leur logement, à sécuriser leur emploi, à leur garantir des droits... Bref, ce sera la Maman, mais Octave reste le Papa. le Papa...et le Patron! Pas de quoi convoquer Louise Michel ou Olympe de Gouges...

Mais le plus grand intérêt du livre est celui du lieu: le Bonheur des Dames, décrit, évoqué avec minutie dans son architecture, son fonctionnement, sa hiérarchie implacable, ses systèmes de vente, son expansion irrésistible, sa magie tentatrice, sa force consumériste.

Le Magasin est vraiment le premier personnage de ce roman qui chante une ode à la société de consommation naissante...

Si Zola revenait, son petit carnet de notes à la main, il raconterait sûrement la chute de ces vieux temples du XIXème siècle, supplantés à leur tour par l'expansion implacable du " e-commerce"...

Mais ceci est une autre histoire, comme dirait l'ami Kipling...
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Un de mes meilleurs souvenirs de Zola, une des seules lectures "classiques" que j'ai appréciée au collège ! Je regrette que dans les versions abrégées parues récemment, certaines des plus belles descriptions du roman soient supprimées. C'est ce qui m'a plu dans le roman, ces descriptions qui m'ont permis de le lire presque comme un documentaire. Et puis c'est je crois le seul des rougon macquart qui finit "bien" !
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J'ai lu ce livre quand j'étais un lycée. J'en avais un vague souvenir de l'histoire, et surtout que j'avais adoré. Et la relecture a confirmé le coups de coeur. Cette histoire a presque 150 ans, mais le sujet reste totalement d'actualité : opérations marketing, soldes, produits d'appel, employés motivés par des primes de vente. On est déjà dans cette société où un patron va créer un besoin qui n'existe pas chez sa clientèle. Les grandes entreprises sont donc en position de gagner plus d'argent, au détriment des petits commerces.
Ce roman est une belle analyse économique et sociale de la société de consommation, dans le Paris de la fin du XIXème siècle. Tout ça avec cette magnifique plume incisive et juste que j'adore.
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