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Critique de Jackiedream


Quel plaisir de retrouver celui qui est, sans doute, mon auteur français préféré ! Et ce n'est pas encore avec ce tome-ci des Rougon-Macquart qu'il me décevra, bien au contraire.
L'histoire ? Denise Baudu, une provinciale sans le sou débarque dans le capitale avec ses deux frères. Son oncle et sa tante tiennent une boutique, le vieil Elbeuf, qui dépérit de jour en jour face à la concurrence de ce grand magasin qui ne cesse de pousser : le Bonheur des Dames. Bien vite Denise va devenir l'un des rouages de l'énorme machine et faire connaissance avec son ambitieux directeur, Octave Mouret. Elle va assister à la mort du petit commerce, aux faillites successives des boutiques alentours, incapables de tenir tête au grand magasin, à ses produits variés et bon marché.
Comme toujours avec Zola, on est complètement plongés dans le milieu étudié : on voit les étoffes chamarrées, on entend les vendeurs s'interpeller, la foule se presser dans les rayons... Comme Denise, on ne peut s'empêcher d'éprouver fascination et horreur mêlées devant ce rouleau compresseur que rien ne semble arrêter. J'ai retrouvé ce crescendo que j'aime tant chez cet auteur, le magasin qui s'agrandit, les sommes brassées qui sont toujours plus astronomiques, le choix de produits toujours plus grand, la clientèle qui se bouscule. Et parallèlement, les petits commerçants qui font faillites les uns après les autres, mais qui continuent de se battre contre une fin qui semble inéluctable. C'est une vraie plongée à l'intérieur du magasin, de cette mécanique bien huilée pour vendre toujours davantage. Chaque vendeur rêve de "manger" son supérieur, de prendre sa place, les ragots et commérages vont bon train. Avec le développement du Bonheur on assiste également à l'ascension de Denise, elle qui était traitée de tous les noms sera respectée de tous à la fin.
On est à cette époque charnière, celle de l'essor des grands magasins, si bien racontée par Zola. A la grande lutte des classes, des commerçants, se mêle le drame individuel. On a tous les points de vue : celui de la clientèle, de la concurrence, de Mouret lui-même, des vendeurs... La machine est impitoyable, broie les plus faibles, ceux qui ne peuvent faire face à la méchanceté des autres employés.
Et puis il y a Denise, personnage étonnant de droiture, de sincérité, de résilience. Elle subvient seule aux besoins de ses deux frères, ne veut pas d'homme dans sa vie. Elle trime pour grimper les échelons (l'affection du directeur l'y aidera aussi) . Elle refuse de se livrer aux hommes, toujours souriante malgré les ragots qui courent d'un bout à l'autre du magasin sur son compte. J'avoue qu'elle m'a quelque peu agacée quand même vers la fin du livre, ne sachant jamais ce qu'elle veut, je l'ai trouvée un peu niaise. La fin m'a d'ailleurs beaucoup surprise, complètement sentimentale et mièvre. Mais ma foi, un peu de douceur et d'amour ne fait jamais de mal.
Encore un énorme coup de coeur, peut être pas mon Zola préféré (je n'ai pas accroché jusqu'au bout avec le personnage de Denise), mais un excellent roman.
Lien : http://lantredemesreves.blog..
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