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« Germinal » où quand Zola fait du Zola
Publié en 1885, « Germinal » est le treizième volume de la série « Les Rougon-Macquart », une « Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire ».
On voit ici débarquer à Montsou, dans le Nord, le jeune Étienne Lantier - fils de Gervaise Macquart et de son amant Lantier - fraîchement renvoyé de son travail pour avoir giflé son employeur.

C'est la crise. La Compagnie des mines décide de baisser les salaires (tiens donc ! La méthode été déjà connue)…Déjà miséreux parmi les miséreux, les mineurs ne tarderont pas à se laisser convaincre par Lantier de se mettre en grève, face à une direction intransigeante dans son refus de négocier avec le personnel.

Germinal, c'est le récit circonstancié d'une grande grève dans le milieu du charbon telle qu'à pu la vivre Zola dans son travail préparatoire à la rédaction de ce sombre treizième volume ; lui qui suivit de près celle d'Anzin au printemps 1884.
C'est aussi, pour moi, le plus noir des «Rougon-Macquart », pire que « L'assommoir »…Un roman où Zola fait du Zola en ceci que plus que dans beaucoup de ses romans, le trait me paraît épais, exagéré, caricatural ; dans ce milieu noir par nature qu'est le charbonnage.

Bref, on l'aura compris : ce Zola là n'est pas mon préféré… dans la forme. Malgré tout, sur le fond, le coté documentaire au sujet de la gestion de conflit de l'époque est saisissant. le combat « syndical » de Lantier édifiant, jusqu'à dans sa démesure. Un combat complexifié par la relation quasi-amoureuse Lantier/Catherine qui ne peut que projeter l'un contre l'autre Lantier et Chaval, un ouvrier vaniteux et brutal, amant de Catherine, quand il prendra fait et cause pour les patrons contre la grève.

Et puis Souvarine…

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Je sais que je ne suis pas encore au bout de mon aventure lecture/relecture des Rougon-Macquart, que je ne suis, finalement, qu'à un peu plus de la moitié du chemin avec ce treizième tome, mais c'est pour l'instant indéniable - l'on verra si je me trompe - : Germinal est le tome qui me vrille le plus les tripes, en ce que je le trouve, pour l'instant, le plus engagé des romans zoliens.

Peut-être davantage que dans L'Assommoir, qui est déjà impressionnant dans son genre, le romancier nous prend par le bras et nous jette au milieu de la déchéance des mineurs, au moment où Etienne, fils de Gervaise justement, rejoint le Voreux, mine de Montsou, créature terrible avalant femmes, hommes, enfants, pour nourrir la bête Capitalisme en la personne de familles bourgeoises comme les Hennebeau, les Grégoire, ou encore les Deneulin, parfois directeur, parfois actionnaire, parfois propriétaire d'une mine, capitalisant sur la misère de ceux qui y travaillent, rognant de plus en plus sur le prix des chariots remontés, menant fatalement à la grève de ceux qui ne parviennent plus à vivre de leur besogne éreintante et mortifère.

Comme à son habitude, grâce au travail journalistique fourni avant l'écriture de ce treizième roman, nous entrons de plain-pied dans le quotidien des mineurs, de leurs journées de travail à leur jour chômé, le dimanche, de la vie emplie de fatalisme des jeunes filles qui, dès quatorze ou quinze ans, sont déjà enceintes, de gré ou de force, bientôt mariées avec celui à l'origine de leur grossesse, de gré ou de force aussi. Moi qui avais surtout été touchée par le personnage d'Etienne à ma première lecture, par son idéalisme pur, même si naïf, j'ai cette fois été émue, révoltée plus encore, par le destin de Catherine, fille des Maheu, famille de mineurs avec qui Etienne va fraterniser à son arrivée, puissant symbole de cet état de fait dévolu à la condition féminine, que la misère et le travail de forçat mènent indubitablement vers cette voie, et dont les exemples sont légion au fil du roman.

Et puis, bien sûr, Germinal, c'est le printemps, du 21 mars au 19 avril du Calendrier Républicain, c'est la germination des graines, enfin ici plutôt de la révolte, qui sourd depuis de nombreuses années, qui n'attendait qu'une impulsion, celle d'un jeune idéaliste épris d'idées socialistes, à l'heure de la multiplication des syndicats ouvriers pour contrer les actionnaires et le Capitalisme grandissant. C'est la grève, qui devient, au fil des mois, véritable révolte, violente, viscérale, comme un cri de souffrance contenu depuis bien trop longtemps face à ce monde qui s'enrichit sur le dos des ouvriers, mais qui se terminera, sans surprise avec Zola, tragiquement.

C'est en somme un grand roman, mêlant comme toujours à la perfection réalisme cru et poésie épique, en une description d'un monde qui va toujours plus vite, en dévorant toujours plus fort, celui qui oeuvre à son évolution. Une description tellement juste, et toujours aussi actuelle.
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Plus on y avance dans ces Rougon-Macquart, on se rend compte de la valeur et la minutie de la mise en scène qu'emploie l'auteur avec brio, il nous partage des moments aussi naturellement possible, Germinal offre une mise en scène est vraiment tenace

On se rappelle une fois de plus du septième tome L'assommoir avec toues les peines du monde que Gervaise a eu pour vouloir sortir de la misère, malheureusement broyée par ses deux hommes Lantier et Coupeau avec lesquels elle aura quatre enfants où dans le neuvième tome on découvre une Coupeau, il s'agit bien sûr de la grande courtisane Nana, celle- là qui va réussir à conquérir Paris à la fois de manière paradoxale par son manque de talent en tant qu'actrice et en même temps par son grand art d'empatter amoureusement la gent masculine...enfin, dans ce treizième tome, l'auteur ressuscite la mémoire de Gervaise avec le dernier des Lantier, Etienne Lantier qui nous conduira dans une grande lutte de la classe ouvrière, une lutte ouvrière qui me laisse dans une position très mitigée quant à apprécier la profondeur du sujet abordé ou le personnage principal pour qui le mot germinal dit tout, il a fallu donc que les germes à la fois des Rougon et des Macquart bouillonnent au dedans de lui pour qu'il s'empare et de la révolution ouvrière et même temps de la faire brinqueballer sur un fil fin
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Incontournable, monumental, sublime, essentiel, emblématique, les qualificatifs ne manquent pas pour qualifier Germinal, le 13ème opus du cycle des Rougon-Macquard du non moins incroyable Émile Zola.
Ma 1ère lecture de ce roman naturaliste s'il en est date...du lycée… Marqué du sceau de l'obligation scolaire, il ne me fut pas aisé à l'époque d'ingurgiter le pavé et de le digérer. Il m'en restait cependant le souvenir d'un Étienne Lantier romanesque, de luttes sociales et de drames.
Quelques 30 années plus tard, à l'occasion d'une LC, s'est profilée pour moi la possibilité d'une re-lecture et ce, pour mon plus grand plaisir.

Re-lire, c'est découvrir à nouveau, mais sans entrave, sans impatience. Connaissant ainsi l'intrigue d'avance, j'ai pu m'attarder plus longuement sur la démarche créative de l'auteur, me laisser envahir par ces trois couleurs : le noir des mineurs et du charbon, le noir de la nuit et de la misère ; le blanc en pendant, le blanc des bourgeois mais aussi de la pâleur des visages sous la suie ; le rouge enfin, le rouge du sang, de la révolte et du feu. J'ai pu prendre le temps de découvrir tous les personnages avec attention, dans le respect de leurs histoires et de leurs convictions, dans l'investigation de leur évolution politique et sociale.
Re-lire, c'était aussi prendre rdv avec moi-même, avec mes souvenirs de lecture d'antan et de la personne que j'étais à cette époque : d'autres envies, d'autres attentes, d'autres besoins. Ce fut la surprise de constater la sélection naturelle opérée par mon positionnement de l'époque et le constat de mon évolution naturelle propre, de mes yeux ouverts sur de nouveaux passages, de nouvelles émotions, de nouveaux constats.
Re-lire, avec d'autres lecteurs, c'était enfin prendre rdv en dehors de moi-même, en symbiose et en choeur, nourrie par des réflexions autres que les miennes, mais rythmées par les mêmes pages, bercées par les mêmes mots. Lire seule et en bonne compagnie.

Au final, c'est l'intemporalité de l'oeuvre qui m'a frappée. Certes, les mines ont fermé, les conditions de travail des ouvriers se sont améliorées. Cependant, les questions posées sur l'exploitation de l'homme par l'homme, de la crise économique, du maintien de l'économie à tout prix au profit de quelques-uns mais au mépris des plus pauvres, de la condition des femmes, de la vanité liée au pouvoir si petit soit il, du syndicalisme et de son pouvoir… bref, toutes ces interrogations me paraissent finalement si contemporaines et actuelles que j'en suis restée troublée.

La lutte continue...
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Au 19e siècle dans le nord de la France, la mine fait survivre des milliers d'ouvriers dans des conditions qui nous sembleraient aujourd'hui indignes pour des animaux et qui les maintiennent dans l'état de sous-hommes. Etienne Lantier, le fils de Gervaise Macquart, un gars de la ville venu travailler à la mine, révolté par la misère et l'injustice qui frappe ses compagnons de travail, va mettre le feu aux poudres et entreprend de réveiller les consciences révolutionnaires endormies en fomentant une grande grève.
Monument de la littérature sociale, Germinal s'attache à montrer la pauvreté telle qu'elle est, sans angélisme ni manichéisme, la misère qui engendre la misère et le vice, l'alcoolisme qui n'épargne pas grand monde, les braves gens qui essaient de surnager, le désir de gloriole qui finit par supplanter les grandes idées humanistes, les patrons pas vraiment des philanthropes, mais pas non plus tous des pourris… La lutte des classes s'illustre de façon poignante et Zola signe là une oeuvre majeure qui bouleversera encore des générations de lycéens. Ainsi qu'il l'avait pressenti, l'internationale ouvrière a fait de grandes avancées sur le plan social depuis le 19e siècle, n'empêche… la lutte des mineurs et de Lantier rappelle des évènements récents qui ont eu lieu en Lorraine dans les usines sidérurgiques et l'injustice sociale a encore de beaux jours devant elle.
A ne pas rater : le film de Claude Berri avec un Lantier magistralement incarné par Renaud.
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C'est grâce à la proposition de faire une lecture commune avec deux autres babeliotes que je me suis enfin décidée à me mesurer à cette légende de la littérature française.
Ne l'ayant pas étudié en classe et n'ayant pas vu le film, j'étais vierge d'a priori.

J'ai été bien sûr subjuguée par le style de l'auteur. Qui est à la fois très descriptif et très percutant, qui parvient à nous faire entrer dans cet univers de la mine qui m'était tout à fait inconnu.

Mais c'est l'objet du roman et son intrigue qui m'ont le plus frappés. Cette exposition d'une profonde misère sociale, d'un monde totalement inimaginable sans description aussi réaliste, m'a vraiment touchée.

Nous rentrons directement dans le vif du sujet et avec Etienne, le fils de Gervaise (que je découvre en ce moment dans l'assomoir) nous découvrons l'univers des corons, le travail difficile, mal rémunéré, sans oxygène, dangereux. Grâce à la puissance évocatrice de l'auteur nous cotoyons les mineurs, le noir, l'univers clos. Et ça m'a glacé.
Puis nous découvrons les familles. Leur extrême pauvreté, aussi bien du côté des logements que de la nourriture, mais aussi la cohabitation avec des voisins très proches. Et la misère sociale, où les hommes boivent, les femmes cherchent à nourrir leur famille et éduquer leurs enfants, pendant que les jeunes filles copulent, parfois malgré elles, jeunes et avec l'espérance d'être mariées à leur tour, ce qui entraînera sa famille dans une plus grande pauvreté puisque l'argent qu'elles gagneront ira au nouveau ménage.

Comment ne pas être atterrée?

Et puis nous découvrons l'univers bourgeois et capitaliste, totalement inconscient de la misère environnante.

Tout cela mènera à une grève d'une grande envergure, dans laquelle les hommes oublieront qui ils sont devenus par leur éducation et l'ordre social pour devenir ce qu'ils sont quand ils ne se laissent guider que par les tripes et la faim.

Un roman dans lequel nous nous enfonçons peu à peu, toujours plus dans l'horreur de la misère. La famille Maheu, la mère et Catherine surtout, m'a beaucoup émue. Leur courage et leur abnégation sont un modèle de force et d'impuissance.

Les idées montrées dans le livre me semblent assez modernes, et j'ai vraiment eu l'impression d'assister à une scène réelle. Derrière l'intrigue, nous pouvons voir une dénonciation de la bourgeoisie, du capitalisme mais aussi de l'absence d'éducation, de la soif de pouvoir. Je dirais que j'en retiens la même sempiternelle question: Comment réagirions-nous à leur place? Entre l'acceptation de son sort, la lâcheté, ou la résistance au risque de perdre tout ce qu'on a?

Un monument que je suis très heureuse d'avoir découvert et qu'il était beaucoup plus facile de lire que je ce que j'imaginais.
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Je réclame la 6eme étoile sur Babelio !
Chef d'oeuvre qui prend immédiatement la pole position dans mon coeur parmi les 13 premiers romans des Rougon Macquart que j'ai lu à ce jour.
Je n'en ferais pas une chronique, cela me semble totalement inutile et puis face à ce monument les mots me manquent forcément.
Un texte qui malheureusement résonne toujours autant en 2022.
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C'est fou comme ce grand classique n'a pas pris une ride.


«««« Mais, à présent, le mineur s'éveillait au fond, germait dans la terre ainsi qu'une vraie graine ; et l'on verrait un matin ce qu'il pousserait au beau milieu des champs : oui, il pousserait des hommes, une armée d'hommes qui rétabliraient la justice. Est-ce que tous les citoyens n'étaient pas égaux depuis la Révolution ? Puisqu'on votait ensemble, est-ce que l'ouvrier devait rester l'esclave du patron qui le payait ? »


Il s'agit d'un contexte qui a marqué son époque : le travail dans les mines de charbon et les grèves du fait des conditions de travail mais surtout de survie inacceptables des familles de mineurs comparées à celles de leurs patrons et bourgeois peu après la révolution. Cependant, la situation des Lantier, Maheu et compagnie peut tout à fait être transposée aux situations de grèves, manifestations et blocages en tout genre que l'on rencontre actuellement.


«««« — L'embêtant, voyez-vous, c'est lorsqu'on se dit que ça ne peut pas changer… Quand on est jeune, on s'imagine que le bonheur viendra, on espère des choses ; et puis, la misère recommence toujours, on reste enfermé là-dedans… Moi, je ne veux du mal à personne, mais il y a des fois où cette injustice me révolte. »


La plume d'Emile Zola est intemporelle et précise. Il a un véritable don pour nous plonger, tout au long des Rougons-Macquart et sans aucune difficulté, dans n'importe quel contexte qui nous est inconnu. Pour nous faire connaître les milieux les plus divers et nous faire rencontrer les personnes les plus différentes dans des ambiances délicieusement variées. Avec Germinal, nous pénétrons donc immédiatement au coeur du milieu minier sans difficulté, parmi ces hommes et ces femmes encore une fois si bien dépeints et présentés, racontés, que l'on se régale du début à la fin.


Je me suis retrouvée projetée en plein coeur des mines et de la vie de famille de ses salariés, je me suis levée avec les travailleurs de nuit, j'ai crevé de faim avec leurs familles qui se partageaient une tartine, j'ai réfléchi à l'opportunité de la grève avec eux et j'ai vainement tenté de contrôler la foule en colère avec Lantier. Je me suis désespérée de l'aveuglement des plus riches et j'ai attendu les secours avec découragement pour Catherine lors de l'accident. Mais j'ai aussi réalisé des pauses hors du temps et de l'éreintement, bien à l'abri du besoin sous le toit et le regard blasé des bourgeois, qui ne veulent pas voir la réalité de cette vie. Or il n'y a pires aveugles que ceux qui ne veulent voir.


«««« — Ah ! ils sont en grève, dit-elle tranquillement, lorsqu'il l'eut consultée. Eh bien, qu'est-ce que cela nous fait ?… Nous n'allons point cesser de manger, n'est-ce pas ? »


*****


Emile Zola nous raconte, avec son talent de conteur, comment des travailleurs sérieux et acharnés en viennent à envisager la grève comme nécessaire alors même qu'elle les privera du salaire de misère qui, jusqu'alors au moins au moins, les fait survivre difficilement. Lorsque les détenteurs du pouvoir de décision et d'achat ont les moyens de ne pas céder, la grève est-elle utile ? Est-elle un devoir ? A-t-elle vraiment le pouvoir de changer les choses ou ce moyen de pression est-il dérisoire et illusoire ? Faut-il la commencer, mais faut-il aussi la maintenir en cas d'échec ? Faut-il savoir s'arrêter ou ne pas céder ? Faut-il tout bloquer et empêcher de travailler ceux qui pourtant le désirent au nom d'une bonne cause ? Comment contrôler une foule que l'on a initiée pour une cause juste et que l'injustice enrage au point de faire enfler sa colère jusqu'à l'incontrôlable propre aux mouvement de foule et aux phénomènes de regroupement ?


Autant de questions que vous reconnaîtrez certainement d'actualité, entre les blocages étudiants, les gilets jaunes et les hommes en noirs qui caillassent tout, les systèmes de retraite, ceux qui se demandent si l'on doit continuer la grève malgré les épidémies… Encore une fois, tout est dans ce récit. S'il peut sembler fataliste, il n'en reflète pas moins les mouvements de va et vient de conscience d'une société qui tend vers une plus grande justice, une plus grande humanité.
C'est malgré tout un récit d'espoir, l'initiation d'un mouvement de revendication de justice social qui continuera de germer, à présent qu'il a été semé. L'idée que tout combat social porte en lui les réformes et les victoires de demain, comme le laissent espérer les derniers mots de ce grand roman :


«««« Maintenant, en plein ciel,le soleil d’avril rayonnait dans sa gloire, échauffant la terre qui enfantait. Du flanc nourricier jaillissait la vie, les bourgeons crevaient en feuilles vertes, des champs tressaillaient de la poussée des herbes. De toutes parts, des graines se gonflaient, s’allongeaient, gerçaient la plaine, travaillées d’un besoin de chaleur et de lumière. Un débordement de sève coulait avec des voix chuchotantes, le bruit des herbes s’épandait en un grand baiser. Encore, encore de plus en plus distinctement, comme s’ils se fussent rapprochés du sol, les camarades tapaient. Aux rayons enflammés de l’astre, par cette matinée de jeunesse, c’était de cette rumeur que la campagne était grosse. Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissait pour les récoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre. »


J'avais adoré l'Assommoir, Au bonheur des dames, ou encore la bête humaine, je suis encore une fois admirative du travail de Zola. Je l'ai même trouvé encore plus facile d'accès que les autres, moins de longueurs (où c'est moi qui évolue). Je vais donc poursuive la lecture de son oeuvre avec avidité, autant pour découvrir des milieux et ambiances différentes que pour rencontrer des personnalités variées, et profiter de la vue d'ensemble de la société, peinture ou fresque sociale que cet auteur nous a légué.
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La misère crasse des mineurs est dévoilée ici sans aucune retenue par Emile Zola, qui nous plonge dans le quotidien sordide de ces familles dont tous les membres risquent leur vie au moindre coup de "grisou", et s'emplissent chaque jour un peu plus les poumons de poussière noire. J'avais à de nombreuses reprises entendu parler des longues descriptions d'Emile Zola, mais je n'en ai pas du tout été gêné, au contraire, et je me permets même de dire que passer à côté de ses romans pour cela serait à mon sens une erreur.
Un monument de la littérature française, à juste titre pour moi.
On assiste également au début des luttes ouvrières, où on comprend bien vite que le Monde à besoin de beaucoup de temps, et de non moins de sang pour évoluer...
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Germinal mérite son statut de classique incontournable de la littérature française. J'avais lu d'autres livres d'Emile Zola comme le ventre de Paris ou Au bonheur des dames. S'il faut reconnaître que ce n'est pas un auteur facile d'accès, la justesse de ces descriptions et la puissance dramatique de ses personnages en font un écrivain d'une grande résonance sociale.

Zola nous emmène dans les mines du nord, où des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants s'enfoncent dans la terre éventrée, creusée de sillons ardents, pour une paie de misère. L'auteur manie à merveille les descriptions réalistes de la pauvreté et de la faim des ouvriers décharnés te de leurs femmes. Il y a quelque chose d'horrible et de saisissant dans cette écriture crue que l'écrivain utilise, ce qui crée des scènes marquantes, comme lorsque Jeanlin est retiré de l'éboulement.

Le livre décrit avec sensibilité le désespoir puissant qui règne dans le coeur de ces gens dont même le travail ne parvient pas à nourrir les familles. A peine la progéniture en a-t'elle l'âge qu'elle est envoyée dans les mines pour rapporter quelques sous, comme la jeune Catherine, 15 ans, dans les mines depuis qu'elle en a 10. La violence est très présente dans les familles ouvrières. Zola créée en sus un parallèle contrasté avec les familles bourgeoises qui possèdent la mine, qui vivent dans une relative insouciance.

Il est difficile d'entrer dans le livre, qui commence par des descriptions de la vie minière, avec une gradation dans la misère. C'est lorsqu'un coup de trop, un changement dans les méthodes de paiement, qu'éclate la grève. Alors, le livre plonge dans la violence primale, une violence bestiale digne des animaux qui meurent de faim, accouchant de scènes sanglantes et brutales.

Les personnages de Germinal manquent parfois un peu de contraste à mon goût. Chaval, par exemple, cumule tous les défauts possibles : lâche, violent, moqueur, traître... D'autres personnages comme La Maheude, qui perdra beaucoup eu fil du roman, sont très touchants. Quant à Etienne Lantier, le héros du roman, c'est un personnage nuancé et intéressant, notamment par son côté idéaliste mais aussi son incapacité à faire des concessions pour le bien commun.

Pour conclure, Germinal est le roman puissant du changement de siècle, de l'entrée dans une nouvelle ère qui broie les hommes dans son engrenage. C'est un roman social d'un grand réalisme et nous fait comprendre comment les droits acquis sont issus de souffrances indicibles. Un grand livre, bien documenté.




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