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Critique de Allantvers


Parvenue aux deux tiers des Rougon Macquart, je pensais avoir touché le fonds en matière d'aperçu de toutes les teintes de noirceur de l'âme humaine, jusqu'aux plus sombres : raté, il y avait encore un degré à franchir avec « La bête humaine », qui nous amène au coeur de l'indicible, là où Eros et Thanatos luttent et se confondent.
Je ne saurais vous dire à quel point ce thriller au suspens haletant, sombrissime au point de noircir les étendues de neige qui le traversent, m'a collée au récit. De chapitre en chapitre, les instincts de mort se dévoilent sous chaque caractère, n'épargnant aucun personnage : du notable sadique assassiné pour ses crimes à l'assassin vengeur, de la jeune femme faussement candide qui ne renâcle pas longtemps à tuer pour libérer devant elle le chemin de sa vie au mari qui lentement empoisonne son épouse pour récupérer son magot, tous ceux-là, ouvertement ou non, maquillent une âme bouillonnante d'instincts tueurs. Et tous donneront la mort, même Cabuche, celui que tout son être désigne comme assassin, qui n'a pas ces instincts-là. Même Lison, la puissante locomotive conduite par Jacques Lantier et qui entraine jour après jour ces centaines de citoyens vers leur brutal avenir, porte en elle la mort.
Il n'y a guère que Jacques pour s'émouvoir de ses propres pulsions, terrifié par cet autre lui-même qui prend possession de ses sens à la vue de la gorge d'une femme, luttant pour maintenir en place ses garde-fous moraux, et à qui les turpitudes mortifères des autres serviront de catharsis.
Quelle terrible histoire que celle de ces bêtes humaines viciées par nature et par l'époque délétère de fin d'empire, pleine de rebondissements et de sordide ! Un roman noir hivernal qui glace jusqu'aux os, l'un des plus trépidants de la grande saga de Zola.

Challenge XIXème siècle 2018
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