AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,89

sur 2621 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
"On riait plus haut, le groupe grandissait, tenait tout le milieu du salon, tandis que le jeune homme, noyé dans ce peuple d'épaules, dans ce tohu-bohu de costumes éclatants, gardait son parfum d'amour monstrueux, sa douceur vicieuse de fleur blonde."

Sa douceur vicieuse de fleur blonde, vraiment ?
Émile, vous permettez que je vous appelle Émile ? Non ? Pourquoi ça ne m'étonne pas, ça… bref, Monsieur Zola, la "douceur vicieuse de fleur blonde", franchement c'est pousser le bouchon un peu trop loin !

Bien sûr, nous ne sommes pas très amis, vous et moi. J'avais été atterrée à l'adolescence par les conditions de vie décrites dans L'Assommoir et Germinal (au point d'en avoir gardé quelques expressions, comme "danser devant le buffet" ou "porion") sans pour autant sentir de votre part la moindre sympathie pour vos personnages.

Nana m'avait confortée dans cette impression et j'avais préféré laisser là votre saga Rougon-Macquart.

Mais voilà qu'à la faveur du Challenge Solidaire, je dois me colleter un autre de vos ouvrages.

Que choisir ?
Cette Curée dont je n'avais pas entendu parler et qui évoquait la spéculation faramineuse autour des grands travaux entrepris dans Paris sous le Second Empire me semblait être une bonne piste.

On y rencontre Aristide Rougon qui se lance à la conquête de Paris, change de nom pour ne pas faire d'ombre à son frère Eugène devenu ministre, choisit donc de se faire appeler Saccard et trouve une épouse avec une forte dot pour s'enrichir lorsque sa pauvre Angèle a le bon goût de disparaître.

Le personnage central n'est en fait pas Aristide, bien que ses manoeuvres pour tirer parti des commissions d'indemnisations fleurissant sur les décombres du vieux Paris et pour dépouiller son épouse prennent de la place, non, c'est Renée, l'épouse en question.
Une jeune fille à qui il est arrivé un drame monstrueux, un viol suivi d'une grossesse, que vous traitez avec la dernière légèreté Monsieur Zola, qui se retrouve et se perd au coeur de ce monde avide de fêtes, de sensations, de scandales, d'argent puisque tout coûte, et cher, et se rend compte à 28 ans que plus rien ne l'intéresse et qu'elle s'ennuie.

Cet ennui la mènera à une liaison lamentable, dont vous nous montrez complaisamment le déroulement, Monsieur Zola.

Eh bien quoi, qu'espérais-je avec des personnages pareils ?
Précisémment qu'ils ne soient pas que "des personnages pareils", Monsieur Zola, faibles, veules, lâches, minables, radins, magouilleurs, et surtout, mous, pleins de mollesse, s'étalant mollement, agissant mollement, avec pléthore de chairs blanches et molles et de femmes molles et blanches, sans compter toutes ces références aux vices, aux vicieux et aux vicieuses, la "douceur vicieuse" citée plus haut constituant l'acmé de ce déballage.

Vous n'en aimez aucun, Monsieur Zola, et ne voulez surtout pas qu'il nous vienne à l'idée de vous confondre avec eux, vous vous tenez au large, vous donnez votre leçon.

En cela vous vous posez en censeur et méprisez votre monde, ce qui n'est pas agréable à lire tant vous forcez le trait.

Et je ne parle pas des tunnels de descriptions ne nous faisant grâce d'aucun ruban ni d'aucun reflet, qu'il s'agisse de vêtements, du Bois ou des appartements de Renée.

Je reste donc sur mon impression, nous nous nous aimons guère vous et moi, Monsieur Zola.
Et cette Curée qui m'a plutôt flanqué la nausée, n'y a rien changé.
Commenter  J’apprécie          1810
J'abandonne "La curée" à la moitié.

Trop, beaucoup trop de descriptions, sur des pages et des pages, on se croirait dans le journal des Frères Goncourt... On a envie de crier "au fait, au fait !"

Il y a bien quelques figures pittoresques comme Sidonie, l'entremetteuse d'affaires, presque un personnage balzacien, mais pour le reste, rien d'inattendu.

On assiste à la coupe réglée de Paris par des promoteurs immobiliers et des agents d'affaires malhonnêtes : Saccard "saccage" Paris ah ah ah tandis que son épouse s'ennuie et entretient une liaison avec son beau-fils ( Phèdre, sors de ce corps !). Aucun des deux ne se sent coupable, la lectrice que je suis n'est même pas choquée, ce n'est un inceste que par alliance et au milieu de tant de mensonges et de turpitudes, cet amour est presque frais.

J'ai arrêté là, je perds mon temps, non parce que l'oeuvre est mauvaise, mais parce que je n'en tire rien. Il y a des amoureux de Zola (des amoureuses surtout, je crois). Qu'y trouvent-ils, je ne sais... J'ai lu "Germinal" et "l'assommoir" à 16 ans, "Le rêve" vers trente ans et "La terre" pendant un été torride en Dordogne : seul ce dernier m'a plu, il creuse tellement profond dans le mal qu'il en est envoûtant ; je ne m'y risquerais plus. Des autres, je ne garde pas grand souvenir.

Il est bien possible que le naturalisme littéraire à l'état pur me rebute, car j'ai l'impression d'y lire ce que je connais déjà du "gros animal social". Bien que Zola n'ait pas été marxiste (il redoutait les hommes de parti et leurs déviances), il faut tenir compte du fait que les oeuvres de Marx ont eu le temps de pénétrer nos analyses contemporaines, de baigner notre compréhension des rouages sociaux et notre sensibilité. Nous continuons, ainsi désenchantés par l'humaine nature, et par le fiasco des idéologies communistes partout dans le monde. Nous sommes pris en étau entre la sauvagerie du libéralisme et notre défiance envers les idéaux mortifères.

Le 19 ème siècle n'était pas encore échaudé par les grandes catastrophes du 20 ème siècle ; Zola, malgré la noirceur de son oeuvre, était encore porteur d'un espoir, celui d'un progrès social par lequel passait l'obligation d'établir un état des lieux. Ce qu'il a fait.

Mais sans doute un Zola d'aujourd'hui serait-il très différent du Zola de naguère.

Car l'espoir a péri au milieu du 20 ème siècle et de son oeuvre ne nous reste qu'un état des lieux accablant dans une absence totale de perspective d'avenir.

Décidément à Zola, je préfère Stendhal et Flaubert, et surtout le 19 ème siècle anglais. Ah Lawrence, George Eliot, Henry James...
Commenter  J’apprécie          611
J'ai adoré d'autre tomes des Rougon-Macquart, mais celui-ci m'a ennuyée...
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (9852) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages des Rougon Macquart

Dans l'assommoir, quelle est l'infirmité qui touche Gervaise dès la naissance

Elle est alcoolique
Elle boîte
Elle est myope
Elle est dépensière

7 questions
591 lecteurs ont répondu
Thème : Émile ZolaCréer un quiz sur ce livre

{* *}