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sur 217 notes
Une loi américaine à venir, interdisant l'avortement à toutes les femmes et l'adoption et la PMA aux femmes célibataires, met en difficulté quatre femmes. Euh... c'est de la science-fiction ? Oui et non, nous sommes dans un futur proche aux États-Unis, avec son nouveau Président — c'est dire le désagrément de ces femmes qui chacune à leur manière vont devoir se battre pour leur liberté.

Après cette lecture, au début un peu laborieuse, puis de plus en plus agréable, les premiers mots qui me viennent à l'esprit sont : déconcertant, poétique et militant. Déconcertant, je vous laisse découvrir pourquoi, militant : puisqu'il s'agit, avec humour et ironie, de défendre la liberté des femmes à disposer de leur corps ; de les inciter à ne plus subir les diktats d'une société patriarcale ; de tenter d'empêcher des illuminés d'imposer leur folie liberticide et pire encore.

Pour ça, pour l'originalité de l'écriture de Leni Zulma, pour la façon dont elle met en scène la souffrance, le courage et les ressources des femmes, pour la portée de son message à une époque où la Cour suprême américaine pourrait bientôt restreindre, voire éliminer le droit à l'IVG dans plusieurs États, Donald Trump ayant promis de nommer un juge anti-avortement à la cour, lire Les heures rouges me paraît une excellente idée.

Merci à Babelio et aux Presses de la Cité pour leur confiance
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Newville, Oregon, bientôt. Les heures tournent, pour Roberta, Susan, Mattie et Gin, quatre femmes qui symbolisent chacune un combat contre les hommes et la société.
Roberta, "la biographe", est professeure d'histoire au lycée. 42 ans, célibataire, elle veut faire un bébé toute seule. Mais le 15 janvier, dans quelques semaines, dans quelques jours, la loi qui interdit la procréation médicalement assistée pour les femmes seules entrera en vigueur. Roberta espère de toutes ses tripes que sa dernière fécondation in vitro réussira.
Pour Susan, "l'épouse", les heures tournent tellement vite qu'elle peine à dégager du temps pour elle, entre ses deux enfants, son mari et la maison, pour lesquels elle a renoncé à une prometteuse carrière d'avocate. Face au temps qui passe, pendant lequel rien ne se passe, elle pense souvent à divorcer, ou à se jeter en voiture du haut de la falaise.
Mattie, "la fille", même pas 15 ans, une des meilleures élèves du lycée, rêve d'un avenir de grande scientifique. Qui pourrait bien être compromis par une grossesse accidentelle. Elle veut avorter. Mais le 15 janvier, dans quelques semaines, dans quelques jours, la loi qui interdit l'avortement entrera en vigueur. Même le Canada, qui a érigé un "mur rose" à sa frontière, refoule déjà les candidates américaines à l'IVG. Restent les cliniques clandestines. Le temps presse, Mattie est à plus de 12 semaines.
Et puis Gin, "la guérisseuse". A 32 ans, elle vit depuis toujours en marge de la communauté, en véritable "femme des bois", que d'autres femmes viennent consulter discrètement pour soulager leurs maux. Dans ce village de pêcheurs à la mentalité superstitieuse et bornée, ce n'est qu'une question de temps avant qu'un procès pour sorcellerie soit ouvert contre Gin, dans cette bourgade proche de Salem (Oregon), cela ne s'invente pas...

"Les heures rouges" est une dystopie qui se déroule dans un avenir tellement proche que cela pourrait bien déjà être demain, et c'est très inquiétant. Au nom d'une loi proclamant que "chaque enfant a besoin d'un père et d'une mère", on interdit d'une part l'avortement, et d'autre part, la procréation assistée et l'adoption pour les femmes célibataires : "une fois l'avortement déclaré illégal, avaient annoncé les membres du Congrès, il y aurait plus de bébés susceptibles d'être adoptés. Interdire l'IVG ne causait de mal à personne, avaient-ils affirmé, parce que les gens qui avaient un utérus défectueux ou un sperme anormal pourraient simplement adopter tous ces bébés supplémentaires".
Sous les auspices d'Eivor, exploratrice islandaise du 19ème siècle au destin tragique, les femmes de ce roman se débattent dans le carcan d'une société patriarcale et réactionnaire, dans laquelle les hommes brillent surtout par leur lâcheté et leur brutalité. On y trouve beaucoup de symboles, à commencer par la couleur et le dessin de la couverture. Du pourpre et du rouge, la couleur du sang et des violences faites à la liberté des femmes. Quant au dessin, pas besoin de vous en faire un...
Si les personnages de Roberta et Susan n'apparaissent pas toujours très sympathiques en raison de leurs frustrations qui virent à l'aigreur et à l'obsession, ceux de Mattie et de Gin sont beaucoup plus attachants. Mais les quatre sont désespérées, chacune à leur façon, et pour cela, touchantes. Leurs luttes qui s'entrecroisent et s'opposent les unes aux autres résonnent jusqu'à nous, remuant coeur, ventre et esprit.
Ce roman lucide, à la fois ironique et poétique, à l'écriture simple, cible clairement les dérives potentielles de l'Amérique de Trump. Pourvu que les heures des droits des femmes ne soient pas comptées...

En partenariat avec les éditions Presses de la Cité via Netgalley.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Cinq femmes malmenées dans leur Féminité : une dystopie?
*
Je mets un point d'interrogation derrière ce mot. Est-ce un futur proche? Une prémonition? Ou juste une élucubration de l'auteure?
Ca fait froid dans le dos en tout cas.
Malheureusement, dans certains pays, les droits de la femme concernant leur liberté d'enfanter (ou non) est bafouée. le droit à l'avortement n'est pas acquis partout. Sans parler du mariage homosexuel ou de l'homoparentalité. Rien n'est figé dans le marbre. Tant de questions restées en suspens sont abordées ici dans ce roman.
*
Un roman polyphonique qui donne la voix à 5 femmes, toutes très différentes mais dont le destin est inextricablement lié par le sujet si brûlant actuellement aux USA : la loi anti-avortement.
Saviez-vous que dans 1 an, l'avortement sera illégal dans 20 états?
Effarant!
*
Une guérisseuse traitée de sorcière, une lycéenne enceinte mais voulant avorter, la biographe célibataire et désireuse d'enfant, une épouse/mère en burn out de la vie de famille et une exploratrice islandaise du 19eme siècle.
Toutes ces femmes très déterminées vont devoir régler leurs problèmes, se battre à chaque moment.
Car rien n'est acquis, tout peut bouger. Elles sont toutes les victimes du fonctionnement de leur société.
*
Je dois dire que le début de cette histoire a été laborieux. Surtout par les écrits de l'exploratrice, ne voyant pas où cela nous mènerait. Mais ensuite, tout s'éclaire. On se rend compte avec effroi que ces dérives sont peut-être à l'ordre du jour en Amérique.
Avec un ton militant, l'auteure nous met en garde, nous les femmes, contre ce patriarcat, carcan virtuel (même si nous ne portons plus le corset :).
Malgré une loi ratifiée, cette même loi peut immédiatement s'annuler quelques temps après. Restons vigilants!
Leni Zumas , sous forme de fiction, a levé les tabous, déversé sa colère et son amertume. Avec de l'humour et un peu d'ironie. Une lecture intéressante et éclairante .
Libre à chacun de se faire une idée.
Et je rajoute que les hommes peuvent également le lire.
*
Merci à Netgalley.
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Une n'arrive pas à avoir d'enfant, une autre rêve d'être autre chose qu'une mère, une autre encore ne veut pas l'être aussi tôt, une dernière a eu une fille qui ne connaît pas son existence...

Dans un futur proche aux ETATS UNIS, l'avortement est interdit, les femmes seules sont menacées à court terme de ne plus pouvoir avoir recours à la procréation médicalement assistée ni à l'adoption.

4 destins de femmes vont se croiser dans les Heures rouges dans une Amérique du futur où encore une fois des hommes décident ce qu'il convient de faire du corps des femmes.

Dans ce récit visionnaire et assez terrifiant la romancière Leni ZUMAS nous invite dans la vie de ces 4 femmes avec humour parfois, poésie souvent et revendique, à travers elles, le droit pour chacune de disposer de son corps.

Dur mais Terriblement actuel.
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Nous sommes le 16 août (déjà...) et les Presses de la Cité font paraître ce roman aujourd'hui pour la rentrée littéraire de 2018 !

J'ai eu le privilège de le découvrir en avant première grâce à une Masse Critique particulière de mon cher Babelio ♥♥♥

Il est l'heure ( rouge...) de vous dévoiler mon avis et de vous inciter à le lire.

Tout d'abord je tiens à vous signaler que ce livre est un bel objet, avec une belle couverture rouge au graphisme suggestif et aux rabats intérieurs.

On suit dans cette histoire 5 femmes, 4 dans le présent et une dans le passé.

Les chapitres sont nominatifs et suivent alternativement ces différentes femmes. Ainsi Leni Zumas en dresse les portraits et nous donne une vision plus généraliste des femmes.

Il y a l'exploratrice au XIX ème siècle, il y a la biographe, la fille, l'épouse et la guérisseuse.

Un élément est au centre du destin de ces femmes, l'avortement sera interdit très bientôt.

Les répercussions sont immenses sur leurs destins et la vie de ses 5 femmes font se croiser, se mêler, se lier

Leni Zumas a réussi à m'intéresser à toutes ses femmes. Qu'elles soient mère ou pas, qu'elles exercent une profession ou pas, qu'elles soient reconnues ou pas ... Elle met leurs forces en avant et pointe aussi leurs fragilités.

Le message de l'auteur sur la liberté de disposer de son corps est distillé de façon intelligente.

L'auteure nous démontre aussi qu'il 'y a pas qu'un modèle de vie à prôner. Qu'une femme peut ne pas se qualifier uniquement par sa condition de mère.

Les hommes par contre ici ne sont pas tellement mis en avant, non ils sont même un peu effacé... Trop peut-être ... Je serais d'ailleurs curieuse d'un avis masculin sur ce livre. Messieurs n'hésitez pas à le lire.

Les Presses de la Cité nous parle de la naissance d'une grande auteure féministe. Je ne sais pas qu'en penser...

J'ai lu et apprécié ce livre que j'ai lu rapidement, le rythme de ces petits paragraphes nous entraînant à tourner les pages facilement.

Toutes les fragilités de ces femmes et toutes leurs forces m'ont séduites. J'ai eu tout de même un faible pour la guérisseuse, un personnage "différent" très touchant.

Un livre à découvrir et à vous procurer
dès aujourd'hui 16 août 2018 dans votre librairie.

Faites connaissances avec ces femmes,
et par leurs intermédiaires avec les femmes !

Et gardons en tête de sauvegarder nos acquis précieux,
merci Madame Simone Veil
et de veiller à nos droits fondamentaux en tant que femme.

Lien : https://imagimots.blogspot.c..
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« Nous ne sommes pas là pour retirer des vies », a déclaré récemment Bertrand de Rochambeau à propos de l'avortement (reportage diffusé le 11/09/2018 sur TMC).
Propos inquiétants de la part de ce médecin, puisqu'il est président du Syndicat national des Gynécologues et Obstétriciens de France (Syngof). Qui l'a promu à ce titre, au fait ?

Si on regarde l'actu récente, on constate que ce n'est pas le seul exemple de remise en cause de la pratique de l'IVG.
Le droit à l'avortement n'est donc pas définitivement acquis. Il faut par conséquent rester vigilants, comme pour d'autres sujets qui furent au centre des 'Manifs pour tous' en France en 2013 : opposition au mariage homosexuel et à l'homoparentalité (adoption, PMA, GPA), défense de la « famille traditionnelle ».

Ces thèmes sont au coeur du roman de Leni Zulmas.
Elle imagine les Etats-Unis ‘demain' : avortement interdit et lourdement sanctionné ; adoption et PMA pour femmes seules, en voie de l'être également. Et, pour blinder le truc : accord entre Canada et Etats-Unis pour refouler à la frontière et dénoncer les petites malines qui essaieraient d'aller faire ‘ça' ailleurs.

Tout cela m'intéresse, l'intrigue se découvre avec plaisir, et les personnages mis en scène ne manquent pas de piquant : une guérisseuse (donc, aux yeux de beaucoup, une ‘sorcière' responsable de tous les maux), une épouse mère de deux jeunes enfants qui a des envies d'ailleurs, une femme battue, une jeune fille pleine d'ambitions. Et puis Ro, cette prof célibataire quadra qui veut faire et élever un bébé seule, sans trop savoir pourquoi : horloge biologique ? peur de la solitude en vieillissant ?

Malgré tous les bons côtés de ce livre, la lecture fut longue et je rechignais parfois à m'y remettre. A cause des extraits énigmatiques de la biographie sur l'exploratrice islandaise Eivør ? des façons elliptiques de désigner les uns et les autres (la fille, l'épouse, la biographe) ? des redondances ?
Il faut dire que je pensais à des auteurs plus 'accessibles' qui abordent aussi ces thématiques, avec ce style d'ambiance féminine (Silvia Avallone, Auður Ava Olafsdottir, Liane Moriarty...).

En bref : le genre de livre sur lequel j'aurai peiné mais que je suis contente d'avoir découvert, et dont je relirai des extraits. Comme celui-ci :

■ « Dépensons l'argent du contribuable pour pénaliser les femmes vulnérables » a dit [la prof d'Histoire] en classe, et un élève s'est exclamé : « Mais si elles enfreignent la loi, ce sont des criminelles ! »
« Les lois ne sont pas des phénomènes naturels, a répondu [la prof]. Elles ont des histoires particulières et horribles. Vous avez déjà entendu parler des lois de Nuremberg ? Ou de Jim Crow ? »
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Ce que j'ai ressenti:

A corps et à cris étouffés, la féminité dans tous ses états d'âmes…

Leni Zumas bouscule les codes de l'écriture dans ce roman choral déstructuré et vibrant de féminité, pour nous présenter cinq femmes… Roberta, Mattie, Susan, Gin et Eivor. Mais ce n'est pas tant leurs prénoms qui importent, plutôt les rôles que chacune incarne.Des rôles où chacune d'entre nous peut se reconnaître. Fille, Mère, Grand-Mère, Amie, Épouse, Guérisseuse, Aventurière, Sorcière, Exploratrice, Professeure, Biographe…

Des femmes fortes et fragiles, unies dans un destin flou commun, menant leurs vies comme elles l'entendent… En dépit des lois, des logiques, de la société, des conventions, des menaces. Elles vivent, survivent, luttent, en équilibre précaire de leurs vagues d'émotions déstabilisantes…Une solidarité féminine qui se devine dans un regard, un geste, une attention…Pas toujours évidente, et pourtant présente, bouleversante…

Cette lecture se fait au rythme des humeurs, des coups de sang, des caresses et des douleurs intimes…Des bourrasques que seule, une femme peut ressentir. Leni Zumas les place au fil des chapitres, au gré de ses rencontres, avec une délicatesse respectueuse mais aussi avec un brin d'audace enflammé…Elle n'a pas peur des mots, des symptômes, elle enfonce les portes de l'impudique et n'hésite pas à mettre en avant, le fonctionnement du corps féminin.

"Aimer la vie comme elle vient."

A corps et à cris révoltés, la féminité dans un avenir éhonté.

Parce qu'il a une touche rougeoyante de dystopie, les femmes de ce roman, sont confrontées à une loi qui va bafouer les droits même, de pouvoir disposer de leurs propres corps. Une menace qui pèse sur leurs vies, leurs choix, leurs envies, leurs horloges biologiques. Et pendant ce temps-là, Les Heures Rouges s'égrainent, les cycles se poursuivent, le sang continue de couler…Et justement, cette interdiction prochaine va se fracasser sur les attentes de ces femmes, qui vivent à leur manière, leurs corps au féminin. Tantôt lasses, désespérées, heureuses, effrontées, indisciplinées, courageuses: Les femmes dans toutes leurs charmantes contradictions…

Elle est subtile, cette étiquette de science-fiction parce qu'il semble qu'on le touche presque du doigt, ce futur nébuleux. On pourrait bientôt voir les erreurs du passé reprendre forme, revivre éventuellement une nouvelle chasse aux sorcières version : demain. Alors Leni Zumas, avec sa fiction toute contemporaine, nous interpelle sur une des dérives potentielles susceptibles de se produire. Avec talent et une originalité surprenante. Juste des choeurs de femmes, des temps écarlates échoués sur des pages blanches..Libre à chacune et à chacun, de se faire sa propre idée, de se révolter, de s'engager, de ressentir au féminin: Les Heures Rouges.

"Le matin rouge où je partis pour Aberdeen, elle dit : « Allez, débarrassons nous de cette fisa défectueuse. »



A corps et à cris libérés, la féminité à faire valoir.

En cette rentrée littéraire et au vu de l'actualité internationale, cette histoire a les atouts nécessaires pour vous séduire. A l'instar de sa luminosité dans cet avenir obscurantiste, cet enjeu de découvrir un roman féminin, fort et engagé va réjouir tout un lectorat qui aurait envie de matière à réfléchir sur nos problèmes de sociétés passés ou à venir.

J'ai beaucoup aimé la sensibilité et la portée psychologique que Leni Zumas apporte dans son premier roman. Il y a comme une urgence dans ces morceaux de vies choisis, une urgence pour que les femmes prennent à coeur leurs libertés, une urgence pour faire changer les mentalités…

Alors, de toute urgence, vous aussi, découvrez Les Heures Rouges! Coup de Coeur!



"Et l'écume des vagues vire au rouge."



Ma note Plaisir de Lecture 10/10

Remerciements:
Je tiens à remercier très chaleureusement Babelio ainsi que les éditions Presses de la cité pour l'envoi de ce livre. Ce fut une lecture captivante!
Lien : https://fairystelphique.word..
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****

Newville, dans l'Oregon, est une petite ville proche de Salem. Dans un futur proche, quatre femmes sont touchées par la nouvelle loi fédérale, dénommée UPUM, qui proclame que chaque enfant a besoin d'un père et d'une mère. Désormais, l'avortement est un crime et l'adoption par une femme célibataire totalement impossible. C'est ainsi que Roberta la biographe, Suzan l'épouse, Mattie la fille et Gin la guérisseuse vont être impliquées dans la marche d'un peuple vers une catastrophe...

Voici un roman étonnant, puissant et totalement addictif !! Léni Zumas signe ici un roman très prometteur. Avec une écriture rythmée, sans détail inutile, dotée d'une fluidité dévouée à l'histoire, l'auteur nous pousse dans un monde glaçant. Les femmes ne sont plus libres de leur corps, elles subissent la loi rigide d'une maternité imposée.
Avec des regards croisés, les 4 personnages sont meurtries par une vie qu'elles n'ont pas choisies et elles tentent chacune à leur façon de garder la tête haute. Malgré leur lien, elles sont seules face à leur choix et il leur est parfois simplement difficile d'espérer...

Un immense merci à NetGalley et aux éditions Presse de la Cité pour leur confiance.
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Leni Zumas nous offre une dystopie pas si éloignée de la réalité dans certaines parties du monde. L'Amérique puritaine pourrait en effet demain adopter cette loi UPUM "Chaque enfant a besoin d'un père et d'une mère ».

Newville, Orégon, quatre femmes : Susan, l'Epouse, femme au foyer, transparente tant pour ses enfants que pour son mari a renoncé à sa carrière pour sa famille.

Roberta, la Biographe, Professeure célibataire de 42 ans. L'horloge biologique tourne, elle veut un enfant.

Mattie, la Fille, pas tout à fait 15 ans, meilleure élève du cours de Ro, enceinte dès la première fois avec son amoureux Ephraïm...

Gin, la Guérrisseuse, 32 ans, "marginale" vit près de Salem, de là à être estampillée "sorcière" comme au XVIIème siècle, après tout il y eut des précédents...

Et puis, L'exploratrice Eivor Minervudottir, fil rouge, lien entre les chapitres de cet étrange roman, dont l'histoire est racontée par la biographe.

5 femmes, 5 destins contrecarrés par une société patriarcale contre laquelle les femmes n'auront de cesse de devoir se battre pour exister en tant que personnes adultes responsables de leur vie, de celles qu'elles voudront donner au monde.

Les femmes veulent avoir le contrôle de leur corps, les hommes veulent le pouvoir de tout contrôler...

Cette question de la procréation a-t-elle toujours été l'enjeu d'un pouvoir absolu du patriarcat ? le roman de Leni Zumas soulève des questions, à chacun d'apporter sa réponse au travers de la condition de Roberta, Mattie, Susan, Gin et Eivor l'Islandaise.

Le lien tissé entre toutes ces femmes, leurs doutes, peurs, leurs tous petits espoirs souvent étouffés dans l'oeuf par cette loi que certaines ont prise pour une "comédie politique" mais qui va être bel et bien voté par le Congrès.

Au nom d'une loi soi-disant protectrice de la famille, on oblige les femmes à garder un embryon non désiré. On ôte l'espoir d'être mère aux femmes célibataires, la stérilité n'ouvre pas systématiquement droit a être assisté médicalement pour enfanter. L'avortement est définitivement impossible sous peine d'être poursuivi pour homicide. Aucun droit à l'erreur dans les laboratoires, là encore la poursuite pour homicide involontaire est une épée de Damoclès. Mais il y aura plus d'enfants à l'adoption, c'est le pari fait par les politiques... enfin pas pour les célibataires puisque "UPUM" dit ce qui est bon pour l'enfant.

Au travers de ces cinq destinées mais également à travers le temps, un lien existe entre ces femmes qu'il vous faudra découvrir. "les heures rouges" est un roman fictionnel qui alerte sur les dérives possibles d'une société oppressante qui remet en question le droit des femmes à être des femmes.

Long est le chemin pour la liberté des femmes, toujours semé d'embûches, de larmes, trop rarement d'espoirs et de victoires, comme en Irlande ou un référendum ouvre la voie aujourd'hui la voie à une loi qui rendra peut-être aux femmes la pleine possession de leur corps.

Le roman de Leni Zumas est poignant, réaliste. Il appelle à la vigilance, dit les frustrations des femmes au travers ces personnages, toujours touchantes, emblématiques d'une souffrance bien réelle. L'auteure d'une écriture directe, limpide, sensible, joue de l'ironie des situations, pose son décor dans une Amérique "Trumpienne" aux dérives moralistes sous-jacentes qui donne froid dans le dos.

Je remercie les Editions Presses de la cité pour cette plongée dans un univers pas si avant-gardiste, la découverte de la plume parfois lyrique de Leni Zumas et de sa belle foi en l'humanité pour traiter un sujet délicat.

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Je dois dire que la quatrième de couverture donne extrêmement envie de découvrir ce livre. Même en la relisant juste avant de commencer la lecture, je me suis faite cette même réflexion.
Cela dit, étant donné la moyenne et les critiques Babelio, ce roman n'a pas été un coup de coeur pour tout le monde. Je ne savais donc pas si j'allais accrocher ou pas, mais j'avais vraiment envie d'aimer ce livre !…

Tout compte fait, mon avis est assez partagé sur certains points. J'ai d'ailleurs eu bien du mal à noter cette lecture. :')

Commençons par ce qui justifie ma note 4/5, qui équivaut quand même à une très bonne découverte :
J'ai aimé ma lecture. Aussi simple que cela. Dès le début, j'ai apprécié la plume ; je l'ai trouvée agréable, jolie, même, par moments. le changement de pdv est fluide, les personnages sont intéressants. J'ai rapidement aimé suivre nos quatre protagonistes. J'ai trouvé ce livre prenant, bref j'ai accroché au récit.

Puis concernant l'histoire, il est important de préciser que j'ai lu ce roman (qui date de 2018) en 2023. Et que de manière assez ironique (pas certaine que ce mot-là soit approprié, mais je pense que vous aurez compris…), le lire à l'heure d'aujourd'hui n'a donc rien de surprenant en ce qui concerne le scénario (et c'est bien sinistre que de réaliser la situation actuelle aux US…). Bien sûr… Interdiction de l'avortement aux États Unis, annulation de l'arrêt Roe vs Wade… Comme une sensation de déjà vu avec ce qu'il s'est passé en 2022…

Ce roman est catégorisé comme une dystopie. Pour moi, il n'a rien de dystopique.

Ensuite… venons-en aux points sur lesquels je suis davantage partagée.
Disons que je ne m'attendais pas à cela en lisant le roman. Après avoir lu la quatrième, je m'attendais à davantage d'action, davantage de moments ‘percutants'. (Encore plus parce qu'on nous cite Virginia Woolf et Margaret Atwood quand même !) Une part de moi n'a pas été dérangée par le changement comparé aux attentes que j'avais et a quand même beaucoup apprécié cette lecture. L'autre part de moi a été un peu désappointée, je l'admets. Cette description de cette société qui régresse et réduit les libertés des femmes… je voulais en voir plus. Me sentir davantage choquée, révoltée, ressentir plus de compassion pour nos héroïnes…
J'aurais voulu voir davantage de moments durs, et davantage mouvements peut-être, davantage de rébellion. Même si en soi on le voit un peu (il y en a dans l'ombre, comme on peut le voir avec les quelques personnes qui pratiquent encore l'avortement de manière très secrète), disons qu'il m'a manquée un petit quelque chose. Un petit truc vraiment marquant qui aurait fait que cette lecture soit un vrai coup de coeur. En lisant le résumé, je m'attendais à quelque chose de grand, de remarquable, de ‘waouh', que je n'ai pas eu.
Cette lecture n'est pas un regret ceci dit, mais je finis simplement avec un petit goût d'inachevé, satisfaite et insatisfaite à la fois… ^^'

Conclusion : j'ai du mal à savoir si j'ai vraiment aimé cette lecture ou si j'en ai été déçue. :') Un peu des deux je pense, mais globalement j'en retirerai quand même du positif, alors ça va !
J'ai hésité pour ma note, entre 3,5 et 4/5… Je me suis finalement décidée pour le 4/5. Quelque part, c'est vraiment intéressant de lire ce livre aujourd'hui car il nous fait prendre conscience de la réalité de ce roman, ce contre quoi il alerte s'étant bel et bien produit… (même si dans l'histoire, c'est au niveau fédéral et qu'il y a des différences avec aujourd'hui, en soi la volonté de restreindre voire interdire l'IVG est bien semblable).
La plupart des critiques que j'ai lues dataient de 2018/2019. L'ayant lu en 2023, cette lecture prend une dimension bien différente désormais… On peut dire que c'est un roman totalement actuel.
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