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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il faudrait peut-être relire entièrement ce livre pour en écrire une critique qui commenterait en détail tout son contenu tellement il est dense et varié, touchant aux meilleurs comme aux pires des comportements humains, explorant ces conditions humaines insondables à travers les vécus des deux protagonistes principaux, le vieil homme, John Gload, et son gardien en prison Valentine Millimaki.

Ce sont deux êtres dont les vies ont débuté durement, marquées par leur condition orpheline, suicide ou décès dramatique des parents, aléas de deux existences qui vont se rencontrer, connaître finalement chacun l'intime de l'autre, devenir quasiment amis, écoutant chacun les confessions de l'autre, celles du vieux criminel au jeune gardien, et les difficultés de sa vie personnelle que celui-ci lui confie volontiers.

Tous leurs échanges s'inscrivent dans les paysages immenses du Montana que Kim Zupan décrit dans toutes leurs splendeurs, montagnes, rivières, champs de céréales, animaux sauvages, dans le vent ou la pluie, sous le soleil ou dans la neige, tout un florilège d'une nature que les deux hommes aiment, en partagent les saveurs, imprégnés chacun de cette éternité immuable.

Les femmes ont une place importante dans les vies de l'un et de l'autre, ils n'ont pas vraiment réussi leurs vies sentimentales, chacun ressentant une profonde dépression de leurs vécus tumultueux. Les femmes sont d'abord les mères, disparues prématurément, puis les compagnes, mais aussi de simples rencontres éphémères, souvent sans paroles échangées, mais auxquelles l'auteur donne une aura presque magique.

Le meurtre, la mort sont omniprésents, du côté de John qui a tué sans hésiter, sans même réfléchir parfois, et du côté de Val qui recherche ponctuellement des disparus, vieillard ou jeune fille que la nature a engloutis dans ses griffes impitoyables.

La méditation sur la condition humaine est d'un réalisme saisissant, par exemple dans ce passage où John, observé depuis les fenêtres d'une "maison pour les vieux", finit par y entrer, interpellé par la déroute de ces vies finissantes, pitoyables, qu'il pourrait envisager d'abréger pour libérer ces malheureux prisonniers d'une destinée qu'ils ne maîtrisent plus.

C'est vraiment un très beau roman noir où les idées fusent à chaque page, où les dialogues ont une ampleur exprimant le dit et le non dit, où les silences parlent, où l'humain est au coeur de toutes les lignes écrites par Kim Zupan, lignes que le lecteur arpente et ne voudrait plus quitter...
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Dans le cadre de ses fonctions au bureau du shérif du comté de Copper, Valentine Millimaki, jeune adjoint, passait son temps à enquêter sur les délits ruraux et pistait, avec son chien, à travers la broussaille, la forêt, les ravins abrupts, les hautes montagnes de Great Falls et les coins les plus reculés, les disparus. Des disparus qu'il retrouvait, pour la plupart, déjà morts. Mais il surveillait aussi les détenus dans la prison adjacente au tribunal, affecté à la garde de nuit. C'est là qu'il allait faire plus ample connaissance avec John Gload, un tueur en série, qui s'était laissé arrêter sans mot dire. Dans ces couloirs sombres, aux heures les plus noires, des confidences allaient s'échanger...

Deux hommes que tout semble séparer, surtout les barreaux de la prison. L'un, détenu pour plusieurs crimes violents et sanguinaires, en attente de son procès. L'autre, adjoint du shérif, hanté par les nombreux cadavres qu'il découvre et dont le mariage bat de l'aile. Fortement marqués par la mort durant leur jeunesse, leur vie va néanmoins prendre une direction bien différente. John Gload va trouver en Millimaki un confident, lui qui pourtant restait cloitré dans son mutisme. Ce dernier va peu à peu apprendre à connaître le vieil homme et bien malgré lui s'épancher sur ses problèmes. C'est au coeur d'une nature éblouissante, sauvage, parfois suffocante ou hostile que Kim Zupan plante son décor. Il dépeint avec virtuosité cette région du Montana, ces grands espaces parfois impitoyables. Il décrit une amitié évidemment improbable, presque amorale, et dresse le portrait de deux hommes esseulés, cabossés, aux nombreuses fêlures. Un premier roman remarquable, impressionnant, d'une force et d'une intensité incroyables. Une plume très travaillée et parfaitement maîtrisée.
Saisissant...
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Dès son arrestation, à laquelle il ne s'oppose pas, le vieux John Gload sait qu'il pourra faire confiance à l'adjoint du shérif Val Millimaki et quand ce dernier est affecté à la garde de nuit de la prison, les longs tête à tête vont révéler les failles et fêlures de chacun. Un duo où Val et John vont s'apprivoiser, découvrir leur histoire et leur parcours se faisant paradoxalement écho, dans l'étrange silence d'une surveillance de nuit, où seuls quelques cris ou quelques cauchemars d'autres prisonniers viennent scander ces confessions où se libère la parole... tous deux orphelins et témoins de la mort d'un de leur parent mais des parcours différents l'un s'enfonçant dans l'indifférence jusqu'à tuer sans état d'âme, l'autre s'investissant dans la recherche de personnes disparues et souvent retrouvées sous forme de cadavre...
Deux solitudes, deux êtres construits de bric et de broc, si ce n'est dans un cadre de nature qui leur permet de trouver un terrain commun.
J'ai été enthousiasmée par le talent d'écrivain dans ce premier roman Les Arpenteurs où Kim Zupan réussit à transformer grâce au lyrisme de son écriture, deux êtres ordinaires en héros malheureux........un vrai coup de coeur pour moi
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John Gload s'est installé devant sa ferme pour attendre les policiers venus l'arrêter. Pour cet homme redoutable, c'est la fin d'une longue carrière criminelle. Les agents se montrent brutaux et insultants. Seul Valentine Milimaki, un des adjoints du Shérif, se distingue par son calme et son respect. Il surprend même le criminel quand il lui pose des questions sur son verger.

Les deux hommes se retrouvent à la prison du comté où Gload est incarcéré pour la durée de son procès. Milimaki est d'abord chargé d'escorter le vieil homme dans la journée puis il est affecté à la garde de nuit de la prison. Leurs rares conversations distantes et banales au départ donnent désormais place à de véritables échanges. Les deux hommes vont se trouver de nombreux points communs. Ils souffrent tous les deux de terribles insomnies, ils ont une même passion pour l'agriculture et ce sont de véritables solitaires.

Milimaki est à une période critique de sa vie. Son manque de sommeil l'enfonce dans un étourdissement brouillant les limites entre rêve et réalité. Sa femme vient de le quitter. Il ne parvient pas à s'accoutumer à son nouveau poste à la prison et un traumatisme de sa jeunesse lui revient à l'esprit en permanence. Milimaki est parfois chargé avec l'aide de son chien de retrouver des personnes qui se perdent ou disparaissent dans les grands espaces du Montana. Quand il arrive trop tard, il prend les cadavres en photo pour une collection macabre qu'il tient pour lui-même.

Ces deux hommes fermés et peu causants vont progressivement s'ouvrir l'un à l'autre. Pour justifier ces visites, Gload va égrener au fil du temps des révélations sur des affaires oubliées. Si Milimaki veille à maintenir une distance, Kim Zupan montre comment, au fur et à mesure, les barrières tombent, les langues se délient et les coeurs s'ouvrent. L'écriture au rythme lent oscille entre les descriptions lyriques de la nature, le récit sans pathos de faits criminels et les échanges pudiques entre ces deux êtres taciturnes. le récit est entrecoupé de souvenirs, d'hallucinations ou de visions cauchemardesques. Les existences qui se révèlent progressivement ajoutent à ce roman la beauté et la force tranquille suggérées par les paysages du Montana.

A mes yeux, "les arpenteurs" est un des plus beaux romans des éditions Gallmeister.
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Valentine Millimaki est le jeune adjoint du shérif d'une ville du Montana. Son activité principale est de chercher des personnes disparues dans la montagne, mais depuis quelque temps, il ne retrouve que des cadavres. Alors que l'hiver touche à sa fin, la prison accueille John Gload, un vieil assassin soupçonné de crimes innombrables. L'agent Val est assigné au service de nuit pour surveiller le détenu : au cours des longues veilles, un dialogue s'installe entre les deux hommes et une étrange amitié se noue. « On est amis, John, dans la mesure où vous êtes de ce côté des barreaux pour le meurtre présumé d'un homme, et où je suis de l'autre côté afin de m'assurer que vous restiez en vie et que vous soyez puni. » (p. 86) Tandis que l'un raconte son passé et ses méfaits, l'autre lâche quelques bribes d'existence : ses insomnies, son mariage en perdition, son enfance bouleversée par la disparition de sa mère. Prisonniers de leur passé et des démons qui les hantent, le jeune homme et le vieillard parcourent leurs souvenirs et les étendues arides des sentiments déçus.

L'opposition est saisissante entre l'intérieur sombre et étroit de la prison et les grands espaces montagneux : dans la première, il y a la vie, si misérable soit-elle, alors que les seconds n'abritent que désolations et corps sans souffle. « Il se demande ce qui pouvait susciter une telle cruauté dans un si beau paysage. Comme si le vent qui balayait les flancs depuis les escarpements gelés et mornes apportait avec lui l'appétit des loups et des ours, pareil à un microbe contaminant le sang. » (p. 227) de même, en constante opposition, Valentine et John s'attirent et se repoussent jusqu'à former un visage unique et complexe, celui de l'humanité face au temps.

Ce premier roman est plutôt réussi, mais le style imagé est parfois ampoulé et emphatique. Toutefois, Kim Zupan offre de très beaux tableaux des extérieurs hostiles et puissants du Montana. Plus je lis les oeuvres publiées par les éditions Gallmeister et plus j'ai envie d'aller poser mes valises dans leurs paysages grandioses.
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L'année 2015 est là, et que serait une année sans un bon Gallmeister ? Avec Les Arpenteurs, cette merveilleuse maison frappe encore fort dans mon âme de lectrice !

La force des auteurs américains de notre époque est ce don à reprendre la grande qualité de leurs classiques, à conter une histoire unique et pourtant commune, à nous plonger dans le quotidien aride, de merveilleux paysages, à nous donner la sensation d'être bien plus que de simples êtres humains. Tout cela... en un livre !

Je n'ai jamais aimé la lenteur dans les romans et ce que j'aime dans ce livre c'est que cette lenteur est littéralement indispensable, elle est l'essence de ce livre mais cela n'empêche pas les événements de se dérouler, le récit d'être raconté. Vous découvrirez dans ce roman un duo qui va se former progressivement au fil des confidences. Un petit air de la Ligne Verte ou Dead Man Walking tout cela mené par une plume magnifique et une traduction exemplaire.

En effet, je dois le répéter mais c'est essentiel, la traduction est vraiment un élément clé et un exercice difficile dans ce genre de romans et Laura Derajinski retranscrit parfaitement l'atmosphère, la relation qui se forge entre John Gload cet être à la fois humain et effroyable et Val Millimaki un jeune homme qui recherche une certaine approbation de ses aïeuls.

On plonge dans cette amitié et on voit que Val ne sortira pas indemne de ces conversations, à se livrer à cet homme va t-il se délivrer du poids de son quotidien ou alors s'enfermer dans un cercle vicieux où sa vie ne lui conviendra plus ?

La fin est vraiment à la hauteur de l'ensemble et je ne peux que saluer ce titre qui est indispensable pour les amoureux du genre. J'aimerais reprendre les mots de Rick Bass sur ce livre, car si je ne vous ai pas convaincu, ses mots sauront le faire :

"Les Arpenteurs est un rêve fiévreux inspiré, un roman d'aventure, une parabole lyrique. Kim Zupan est une merveille" - Rick Bass

Premier coup de coeur de l'année !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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J'avais lu des avis très élogieux de ce premier roman américain mais je m'y suis avancée toutefois avec un peu de circonspection. Je craignais avoir affaire à plus de deux cent cinquante pages de huis clos, dans le style du film Garde à vous, dont les plus ancien(ne)s se souviendront, de tête-à-tête entre deux hommes, et de trouver cela un peu longuet.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit, en gros, mais avec une mise en situation prenante, un arrière-plan bien fourni, des personnages secondaires cohérents, et je vous annonce donc tout de suite qu'on ne s'y ennuie pas un instant.
D'un côté des barreaux, à distance prudente, il y a Valentine Millimaki, plus jeune adjoint du shérif du comté de Copper, dans le Montana, celui qui écope des gardes de nuit et autres missions peu engageantes. de l'autre côté, à moitié dans l'obscurité est assis John Gload, un homme âgé de soixante-dix-huit ans, qui attend sa condamnation pour un meurtre affreux, mais où les preuves de son inculpation sont des plus légères. le lecteur sait très vite ce qu'il en est de la culpabilité de John Gload, le fond du roman n'est pas là, mais dans la manière dont deux hommes si différents se reconnaissent, s'apprivoisent, en viennent à une sorte d'amitié. Il faut dire que Val n'est pas un policier comme ses brutes de collègues, qu'il a eu une enfance douloureuse, qu'il est en pleine perdition conjugale… de plus, le plus jeune et l'homme âgé partagent un même goût pour la terre et l'agriculture. En quelque sorte, tous deux sont des laboureurs contrariés par la vie (d'ailleurs le titre américain est The ploughmen, Les laboureurs).
Tout le roman ne se passe pas dans les couloirs glauques de la prison, et permet de visualiser aussi bien les banlieues tristounettes de la petite ville que les canyons désolés où Valentine part à la recherche de personnes disparues. Car Kim Zupan excelle autant à décrire les rudes paysages de sa région que les sombres profondeurs des coeurs masculins. Un très beau roman que je conseille plus que volontiers !
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« Bon sang, Val, voilà ce que tu es, à peine plus qu'un fantôme qui arpente la terre avec tous ces cadavres dans la tête. » Valentine Millimaki est shérif dans le Montana. le jour, il arpente les contrées arides et rocailleuses à la recherche de disparus. La nuit, il surveille des prisonniers. Au fil des longues nuits d'insomnie, il se lie étrangement avec un serial killer très âgé, John Gload. le jour et la nuit s'entremêlant dans l'esprit confus de Millimaki, les frontières se brouillent peu à peu entre le permis et l'interdit. Il se sent étrangement proche de la vie trouble du vieil homme, d'autant que sa vie conjugale s'étiole dangereusement, comme un fantôme porteur de ses propres ombres intérieures, passées et présentes.

« Les Arpenteurs » constitue le premier roman de Kim Zupan, « … originaire du Montana. Il a grandi aux alentours de Great Falls, dans la région qui tient lieu de décor à son livre. Il a été tour à tour fondeur, professionnel de rodéo, pêcheur de saumon en Alaska, réparateur d'avion à réaction et charpentier », comme le précise la quatrième de couverture. Cette oeuvre est une merveille d'écriture, tant la poésie affleure sous chaque mot. Sous la plume de Kim Zupan, le paysage est sublimé, la nature se déploie dans sa majesté grandiose et menaçante : sous la rocaille, les serpents ne sont pas loin, qu'ils soient animaux ou humains. L'auteur sait également décrire très finement et poétiquement les tourments, la noirceur et la rédemption possible de l'âme humaine :
« La nuit, le dehors est à l'intérieur avec moi. Ça rentre avec moi, c'est comme si je pouvais regarder mon corps, et tout ce que je vois, c'est moi-même dans le lit, il n'y a rien entre moi et le reste, dehors. » (p. 128.)
Le lecteur progresse dans l'intrigue, aux côtés du shérif, comme dans un mauvais rêve. L'esprit de ce dernier se brouille à force d'insomnies. Les rares épisodes de sommeil sont autant de cauchemars sans fond d'où il lui faut vite se relever sous peine de se noyer. Sous les pavés du quotidien, la folie guette, tapie dans l'ombre. Dès lors, le vieux meurtrier apparaît comme le mauvais conseiller duquel il faudrait s'éloigner sans tarder, la prison comme une antre maléfique qui altère à jamais les êtres qui passent, comme cette mexicaine qui rendait visite à son mari, prisonnier : « A la gauche de Millimaki, la jeune Mexicaine était toujours assise, aussi blanche et immobile qu'une caryatide, ses yeux reflétant le vide au-delà de la chaise où s'était assis son mari si peu de temps auparavant, deux portails noirs d'un néant glacial et insondable, un espace lointain où les larmes ne pouvaient ni se former, ni couler. » (p. 260.)
La fin réserve de belles surprises, et ouvre à d'autres possibles. « Les Arpenteurs » est un premier roman noir fabuleux, qui laisse dans son sillage, à la lisière des souvenirs, quelques arpents de lumière.
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Le thème de ce roman présenté en cercle de lecture m'avait intéressée.
Mais qu'elle ne fut pas ma surprise de lire un tel premier roman : s'il s'agit d'un coup d'essai pour Kim Zupan, c'est un coup de maître.
Une écriture magistrale qui balaye le fond de l'histoire, laquelle pourrait se révéler noire, horrible, pour ne laisser en premier plan que cette histoire humaine entre deux personnages masculins enfermés dans une vie totalement opposée.
Une histoire d'amitié, de destin, qu'est-ce qui fait que tel chemin ou tel autre est le nôtre ?
A lire impérativement, et à Monsieur Kim Zupan, un seul mot : encore
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Le délitement de la vie.
L'arpentage des terres agricoles s'est développé dans l'Egypte ancienne mais si les techniques ont évolué depuis avec les relevés par satellite, l'arpenteur peut encore se servir de l'empan de ses jambes pour mesurer le monde. Autant John Gload, serial killer incarcéré, que son gardien de nuit, Valentine Millimaki, en savent quelque chose puisque tous deux ont eu des vocations et des vies contrariées. Insomniaques, ils occupent leur temps, pour Gload, à concevoir des rendements agricoles obtenus à partir de surfaces imaginaires, pour Millimaki, à parcourir les étendues sauvages du Montana à la recherche de portés-disparus. Toujours les mêmes obsessions les taraudent : Gload entend les vols vociférant des mouettes, Millimaki ne trouve que des morts qu'il photographie inlassablement. Entre les deux hommes une entente secrète s'instaure, masquée par les rôles sociaux à tenir, les non-dits agissant comme des caisses de résonance, les obligations réciproques. Toute parole compromettante émanant de Gload sera rapportée au supérieur hiérarchique de Millimaki afin d'alourdir un dossier déjà accablant. Toute sa vie, John Gload a tué, décapité et mutilé ses victimes, les enterrant dans la nature afin qu'elles ne puissent jamais être identifiées. La peine de mort abolie, il craint l'enferment qui est une mise à mort programmée et différée. le jeune policier n'a pas vu son couple partir à la dérive. Sa femme qu'il adore le quitte. Valentine devient une ombre le jour et la nuit. John perçoit les changements chez son gardien et loin d'en profiter, il compatit à sa manière, montrant une lucidité et une subtilité d'esprit qui l'humanisent profondément.
Ce 1er roman sans pathos de Kim Zupan est diablement réussi d'autant qu'il joue d'échos entre des comportements humains où les notions de bien et de mal se brouillent ainsi du flic arriviste Weldon Wexler prêt à tout pour parvenir à ses fins quels que soient les moyens utilisés. John Gload est effrayant car il tue sans état d'âme et sa clairvoyance à propos des vies lobotomisées n'en est pas moins troublante mais sa finesse psychologique le hisse bien au-dessus des rustauds policés. Alors que le roman se recentre sur un huis-clos avec un assassin incarcéré et un policier dépassé, la tension demeure de bout en bout et jamais l'attention du lecteur ne se relâche. le titre original : « The Ploughmen » pouvait se traduire par : « Les laboureurs », au sens littéral. La traductrice a préféré lui calquer un titre de son invention autrement plus évocateur.
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