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Il faudrait peut-être relire entièrement ce livre pour en écrire une critique qui commenterait en détail tout son contenu tellement il est dense et varié, touchant aux meilleurs comme aux pires des comportements humains, explorant ces conditions humaines insondables à travers les vécus des deux protagonistes principaux, le vieil homme, John Gload, et son gardien en prison Valentine Millimaki.

Ce sont deux êtres dont les vies ont débuté durement, marquées par leur condition orpheline, suicide ou décès dramatique des parents, aléas de deux existences qui vont se rencontrer, connaître finalement chacun l'intime de l'autre, devenir quasiment amis, écoutant chacun les confessions de l'autre, celles du vieux criminel au jeune gardien, et les difficultés de sa vie personnelle que celui-ci lui confie volontiers.

Tous leurs échanges s'inscrivent dans les paysages immenses du Montana que Kim Zupan décrit dans toutes leurs splendeurs, montagnes, rivières, champs de céréales, animaux sauvages, dans le vent ou la pluie, sous le soleil ou dans la neige, tout un florilège d'une nature que les deux hommes aiment, en partagent les saveurs, imprégnés chacun de cette éternité immuable.

Les femmes ont une place importante dans les vies de l'un et de l'autre, ils n'ont pas vraiment réussi leurs vies sentimentales, chacun ressentant une profonde dépression de leurs vécus tumultueux. Les femmes sont d'abord les mères, disparues prématurément, puis les compagnes, mais aussi de simples rencontres éphémères, souvent sans paroles échangées, mais auxquelles l'auteur donne une aura presque magique.

Le meurtre, la mort sont omniprésents, du côté de John qui a tué sans hésiter, sans même réfléchir parfois, et du côté de Val qui recherche ponctuellement des disparus, vieillard ou jeune fille que la nature a engloutis dans ses griffes impitoyables.

La méditation sur la condition humaine est d'un réalisme saisissant, par exemple dans ce passage où John, observé depuis les fenêtres d'une "maison pour les vieux", finit par y entrer, interpellé par la déroute de ces vies finissantes, pitoyables, qu'il pourrait envisager d'abréger pour libérer ces malheureux prisonniers d'une destinée qu'ils ne maîtrisent plus.

C'est vraiment un très beau roman noir où les idées fusent à chaque page, où les dialogues ont une ampleur exprimant le dit et le non dit, où les silences parlent, où l'humain est au coeur de toutes les lignes écrites par Kim Zupan, lignes que le lecteur arpente et ne voudrait plus quitter...
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Dans le cadre de ses fonctions au bureau du shérif du comté de Copper, Valentine Millimaki, jeune adjoint, passait son temps à enquêter sur les délits ruraux et pistait, avec son chien, à travers la broussaille, la forêt, les ravins abrupts, les hautes montagnes de Great Falls et les coins les plus reculés, les disparus. Des disparus qu'il retrouvait, pour la plupart, déjà morts. Mais il surveillait aussi les détenus dans la prison adjacente au tribunal, affecté à la garde de nuit. C'est là qu'il allait faire plus ample connaissance avec John Gload, un tueur en série, qui s'était laissé arrêter sans mot dire. Dans ces couloirs sombres, aux heures les plus noires, des confidences allaient s'échanger...

Deux hommes que tout semble séparer, surtout les barreaux de la prison. L'un, détenu pour plusieurs crimes violents et sanguinaires, en attente de son procès. L'autre, adjoint du shérif, hanté par les nombreux cadavres qu'il découvre et dont le mariage bat de l'aile. Fortement marqués par la mort durant leur jeunesse, leur vie va néanmoins prendre une direction bien différente. John Gload va trouver en Millimaki un confident, lui qui pourtant restait cloitré dans son mutisme. Ce dernier va peu à peu apprendre à connaître le vieil homme et bien malgré lui s'épancher sur ses problèmes. C'est au coeur d'une nature éblouissante, sauvage, parfois suffocante ou hostile que Kim Zupan plante son décor. Il dépeint avec virtuosité cette région du Montana, ces grands espaces parfois impitoyables. Il décrit une amitié évidemment improbable, presque amorale, et dresse le portrait de deux hommes esseulés, cabossés, aux nombreuses fêlures. Un premier roman remarquable, impressionnant, d'une force et d'une intensité incroyables. Une plume très travaillée et parfaitement maîtrisée.
Saisissant...
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Point commun entre Val Millimaki et John Gload ?
Comment ? La taule ? One point !

Jeune adjoint du shérif vs tueur froid et impitoyable.
A priori, rien de commun si ce n'est ces longues heures nocturnes partagées en attendant le procès.
Rien ne prédisposait ces deux hommes à se confier mutuellement au point d'en faire des confidents.
Une vie de couple en déliquescence pour Val, un quotidien solitaire marqué par une violence omniprésente chez John.
Puis vint ce besoin irrépressible et commun de se raconter au point d'en devenir proches, contre toute attente...

"Hypnotique et crépusculaire", la promesse était belle.
De fait, Les Arpenteurs est un premier roman hallucinant de noirceur qu'il convient de saluer à sa juste valeur.

Il est comme çà des petits miracles opportuns dans la vie d'un homme.
Val et John ne tutoyaient pas vraiment le bonheur, pour des raisons diverses et variées, mais ressentaient tous deux cette attraction malsaine en dépit des codes édictés par une certaine bien-pensance.
Une dangereuse fascination se muant subtilement en une nécessité commune de se délester de ses plus noirs secrets au point de ressentir rapidement le manque de l'autre.

Kim Zupan ou l'art de tisser une amitié contre nature.
Un magnifique portrait d'hommes à la dérive en quête de rédemption.

L'écriture, à la fois âpre et caressante, parvient à trouver le juste et fragile équilibre entre somptueuses étendues du Montana, symbole de liberté par excellence, et profond sentiment d'enfermement personnel.
Le contraste est saisissant, le choc émotionnel d'autant plus percutant.

A découvrir fissa!

Merci à Babelio et aux éditions Gallmeister pour ce petit moment de grâce.
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Les arpenteurs, c'est l'histoire d'une amitié, une amitié particulière, celle qui va se créer au fil des jours entre un jeune shérif adjoint et un vieil homme de 77 ans, tueur en série de son métier.
La mission confié à notre policier ?
Recueillir les informations auprès du vieillard afin de trouver les preuves qui le feront condamner.
Valentine, Val pour les intimes, devient donc le confident du prisonnier qui se laisse apprivoiser aisément et pour une simple raison, il a un service à demander.....
Kim Zupan nous entraine dans le sillage de ces deux personnages, le jeune en manque de sommeil et dont la vie de couple se délite, et l'ancien qui ne dort pas non plus et qui attend résigné la fin de son périple meurtrier.
Un récit entre présent et flashback, qui nous permet de mieux cerner ces deux êtres que la vie n'a pas toujours gâté et de comprendre les liens qui se tissent entre eux.
Pas de rebondissement extraordinaire, l'assassin est connu dès le départ. Pas de course poursuite ou d'enquête menée de main de maître.
L'intérêt de ce livre réside dans la description de ces deux personnalités atypiques, l'auteur attache également une certaine importance aux lieux et aux paysages traversés.
Un polar qui sort des sentiers battus et que j'ai beaucoup apprécié.

Merci à Babélio et aux Editions Gallmeister de m'avoir permis de découvrir ce livre qui figurait dans mes envies depuis un moment.
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C'est un premier roman, et c'est un coup de maître. Un cadre sublime évoqué avec passion, qui fait penser à l'Amerique de Jim Harrison, et un style magnifique qui envoûte dès la première page et peut vous faire lire n'importe quoi.

Kim Zupan raconte un huis clos pénitentiaire et l'improbable amitié entre un gardien et son prisonnier. le tueur en série n'est pas toujours haïssable, et l'homme de loi est parfois faillible.

Il nous donne à réfléchir sur la condition humaine, peut-être même sur la peine de mort. de part et d'autre des barreaux, sans complaisance pour l'horreur des crimes commis, des humains parlent de la difficulté à vivre.

C'est rude, émouvant, dérangeant, ça ne laisse sûrement pas indifférent .
Merci aux Babeliotes qui m'ont donné envie de lire ce grand roman.

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2 hommes. L'un est meurtrier depuis toujours, l'autre est son gardien. Tous deux sont dans la même prison.
Physiquement d'abord, le 1er est dans sa cellule, le 2nd de l'autre côté de la barrière, dans le couloir.
Moralement également. Chacun est prisonnier de son passé, de son histoire, de sa vie présente.
Chacun rêve de grands espaces.
Tous deux ont vécu parmi les morts depuis leur enfance. L'un tue, l'autre découvre des corps...
L'écriture de ce roman est très masculine, âpre, sans état d'âme...
Je n'ai pas aimé cette lecture, je ne l'ai pas détesté non plus. Je suis arrivée au bout du livre, ni plus ni moins...
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C'est une histoire de rencontre, de solitudes, de frustrations et de secrets trop longtemps tus. de ces choses que l'on garde généralement en soi, pour soi, jusqu'au jour où sans l'avoir cherché, elles sortent. Parce que c'était lui, parce que c'était moi aurait dit Montaigne.

C'est l'histoire du jeune Valentine Millimaki, adjoint du shérif local quelque part dans un comté du Montana, et de John Gload, criminel multirécidiviste enfin sous les barreaux après une vie de meurtrier. La nuit, le jeune veille le vieux. Et ils se parlent.

Les Arpenteurs de Kim Zupan – traduit par Laura Derajinski – est un petit livre intimiste, qui nous place peu à peu en lecteurs-voyeurs un peu gênés de ces moments d'intimité entre Valentine et John. Intimité devenant amitié, au fil des nuits.

Car contre toute attente, ils ont tant en commun : parents, femmes, vies solitaires, rapport à la terre, rapport à la mort, place introuvable dans le monde tel qu'il est, besoin d'exprimer ce qui ne veut ou ne peut pas sortir.

Si le vieux n'a plus rien à sauver, encore peut-il léguer quelque chose au plus jeune avant de partir : « Je veux juste que vous sachiez comment ça marche, Val. Je veux juste que vous compreniez comment fonctionne le monde ».

C'est beau, poétique, superbement écrit, parfois un peu longuet, mais ce livre typique de l'ancien temps de l'éditeur à la patte d'ours parlera fortement aux adeptes du nature writing pur et dur, dont je suis.
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Quelle belle maison d'édition que Gallmeister qui, dans ce style du « nature writing », me séduit souvent, comme cela a été le cas avec Les Arpenteurs. Kim Zupan signe ici un premier roman à l'écriture remarquable, bien rendue par la traduction, où la nature magnifie l'atmosphère qui se dégage du récit. Il y a de la beauté dans ces lignes, alors que le sujet est on ne peut plus glauque. Deux personnages se rencontrent : Valentine Millimaki, l'adjoint du shérif, en pleine crise existentielle, et John Gload, le tueur en série qui a trouvé bien tôt sa « vocation », et qui est en attente de son procès. Chacun a ses propres motivations à parler et à écouter. Une connexion se crée entre eux, mais plus indirecte et réaliste que ne le laisse entendre le quatrième de couverture. La terre finira-t-elle par rendre ses disparus ? Une histoire qui hante.
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Dès son arrestation, à laquelle il ne s'oppose pas, le vieux John Gload sait qu'il pourra faire confiance à l'adjoint du shérif Val Millimaki et quand ce dernier est affecté à la garde de nuit de la prison, les longs tête à tête vont révéler les failles et fêlures de chacun. Un duo où Val et John vont s'apprivoiser, découvrir leur histoire et leur parcours se faisant paradoxalement écho, dans l'étrange silence d'une surveillance de nuit, où seuls quelques cris ou quelques cauchemars d'autres prisonniers viennent scander ces confessions où se libère la parole... tous deux orphelins et témoins de la mort d'un de leur parent mais des parcours différents l'un s'enfonçant dans l'indifférence jusqu'à tuer sans état d'âme, l'autre s'investissant dans la recherche de personnes disparues et souvent retrouvées sous forme de cadavre...
Deux solitudes, deux êtres construits de bric et de broc, si ce n'est dans un cadre de nature qui leur permet de trouver un terrain commun.
J'ai été enthousiasmée par le talent d'écrivain dans ce premier roman Les Arpenteurs où Kim Zupan réussit à transformer grâce au lyrisme de son écriture, deux êtres ordinaires en héros malheureux........un vrai coup de coeur pour moi
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J'ai acheté ce livre tout à fait par hasard, un premier roman noir où l'on entre, dès les premières pages, dans l'enfance de Val avec un événement qui le marquera à jamais. On comprend que l'on ouvre la porte sur une lecture où les cadavres se cachent un peu partout, que ce soit pour Val mais également à travers ceux que Gload a semés derrière lui, en petits morceaux, lui seul connaissant la carte de ses trésors macabres.

Au fil des nuits et des conversations va se nouer entre les deux hommes une relation ambigüe, où le plus âgé écoute les conversations alentour, observe son jeune interlocuteur et détecte en lui les blessures qui ombrent ses yeux rongés par les insomnies et les nuits de veille, par son travail de recherche de personnes disparues dans la nature, accompagné de son chien, Tom. Gload pourrait apparaître comme un tueur sanguinaire et sans morale, mais il a sa morale, sa justice, son humanité et il va s'attacher au jeune homme, le respecter et même lui confier une dernière mission.

Je lis très peu de roman de ce genre car je trouve qu'ils possèdent outre des scènes glauques parfois inutiles, souvent les mêmes ressorts et à trop en lire je n'y prends pas de plaisir. Alors j'en glisse de temps en temps, retrouvant les grands espaces américains, les étés brûlants, la nature omniprésente, la détresse de ces hommes et femmes qui n'arrivent plus à communiquer, à se comprendre et se confrontant parfois à l'humain dans ce qu'il peut avoir de plus contradictoire, ne comprenant pas toujours où sont les limites d'une relation. Ici tout devrait séparer les deux hommes et pourtant, à la faveur des ombres de la nuit, ils trouvent un terrain propice pour s'écouter, s'accepter si ce n'est pour se comprendre et on ne saurait dire d'ailleurs quel sentiment les lie. Il n'y a pas d'admiration, pas de tendresse mais ils arpentent chacun à leur manière leur territoire à la recherche des souvenirs enfouis, des cadavres à exhumer et des instants de bonheur perdu, l'un devenant peu à peu inspirateur de l'autre.

J'ai trouvé l'écriture particulièrement adaptée à l'ambiance, aux caractères des personnages, restituant et imageant les différents lieux mais également les relations entre chacun des personnages. C'est un premier roman d'une remarquable efficacité que ce soit au niveau du ressenti de la psychologie des personnages mais également dans l'évocation d'un contexte, où différents combats sont menés, où la mort et l'absence sont omniprésents, où les faits, malgré l'horreur pour certains, ne s'étalent pas dans des descriptions insoutenables. Un récit qui s'attache plus à l'intimité d'une relation improbable entre deux hommes que séparent le rôle, l'âge, le futur et qui pourtant vont trouver un terrain propice au rapprochement.

J'ai beaucoup aimé.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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