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Critique de H0rage


le genre : la mort est mon métier

Ça commence par un prologue. La narratrice, la Mort, rien que ça, nous explique tranquillement à nous, lecteur, directement, que nous allons mourir, et puis nous parle des couleurs, du ciel, d'une voleuse de livre… Ou là, me dis-je… Je vais avoir du mal, c'est bien confus. Mais je n'aime pas m'avouer vaincue. Alors je persévère.
Bilan : 600 pages lues en un week-end. L'envie totale de ne pas avoir à refermer ce livre…
Petit résumé : 1939. Liesel Meminger, 9 ans, se rend avec son petit frère et sa mère à Molching, en Allemagne. C'est dans cette petite ville qu'un couple doit accueillir et s'occuper des enfants. La mère est trop faible, malade, pauvre, et il n'y a pas de père (quoique Liesel ait capté le mot “Kommunist” dans les conversations …). Premier drame (ça commence bien ! ) : le petit frère de Liesel meurt pendant le voyage. Et premier vol de livre pour la petite fille (qui ne sait pas lire) : le manuel du Fossoyeur. On l'aura compris, La voleuse de livre c'est souvent grinçant. Liesel va vivre et être élevée par un couple à Molching, rue Himmel (traduction : le ciel), Hans et Rosa Hubermann. Dans l'histoire, ce sont eux les parents de Lisel. Deux magnifiques personnages. Ils ne sont pas aisés (la rue Himmel est une des rue pauvres de la ville), mais d'une générosité absolue, surtout Hans (Rosa aussi, mais elle le cache sous des abords plus frustres, n'hésitant pas à copieusement insulter les gens et à distribuer des raclées à la petite fille).
Hans Hubermann, c'est celui qui repeint les volets des maisons pour un cigarette si la famille est trop pauvre pour le payer. C'est celui qui se lève toutes les nuits pour apaiser les cauchemars de Liesel, sans jamais se plaindre. C'est lui qui apprendra à lire à la petite fille, en échec à l'école. C'est lui qui, pour honorer une promesse datant de la Grande Guerre, va caché Max Vandeburg, juif, dans son sous-sol.
Et puis il y a Rudy Steiner, le meilleur ami de Lisel depuis son arrivée à Molching, avec lequel elle va grandir et faire les 400 coups (voler des pommes, des patates, des livres …) Rudy qui se prend pour Jesse Owens, qui défie quotidiennement son chef des Jeunesses Hitlériennes juste parce que ça le fait rire, qui n'hésite pas à se battre ou à plonger dans une rivière d'eau glacée pour récupérer le livre de Liesel. Parce qu'il l'aime Liesel, il aimerait bien l'embrasser…
Difficile de faire un résumé de livre foisonnant. Il faudrait encore parler de Max, le juif du sous-sol, ami de Liesel et des Hubermann qui partagent tout ce qu'ils ont avec lui. Max qui comme Liesel fait des cauchemars la nuit. Max qui va lui écrire un livre
Et puis il y a la narration. Une narratrice omnisciente, la mort, qui nous permet de suivre tous les personnages de l'histoire sans en sacrifier (façon de parler) aucun. Une narratrice qui use et abuse de la prolepse temporelle, créant des effets d'attente à la limite du soutenable et nous empêchant de lâcher ce livre !
Les livres sur la seconde guerre mondiale sont légions. Celui-ci a un double intérêt : celui de s'intéresser à l'horreur de la seconde guerre mondiale de façon détournée (les personnages sont des allemands ordinaires qui essaient de survivre. Peu d'entre eux adhèrent finalement à l'idéologie nazie, mais tous ou presque adhèrent au Parti pour qu'on les laisse tranquille et qu'ils puissent manger). Celui également de présenter la lecture et l'écriture comme une échappatoire, une porte de sortie de l'horreur. Liesel se nourrit de livres et de mots, presque au sens propre du terme. Très symboliquement, Liesel va survivre grâce aux mots, à la lecture et à l'écriture.
C'est un roman bouleversant, et qu'on n'a pas envie de refermer. une immense réussite.
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